Pouvoir d’achat : éléments de réflexion
Stricto sensu, le pouvoir d'achat exprime la quantité de biens ou de services qu'une unité monétaire - un euro par exemple - permet d'acheter. Le pouvoir d’acquérir, comme l’écrivait Adam Smith1 en 1759.
Pour un bien ou un service donné, le pouvoir d'achat, d'une quantité donnée de monnaie, varie en sens inverse de l'évolution de leur prix. Ainsi, et toute chose égale par ailleurs, le pouvoir d'achat augmente quand l'inflation baisse, et inversement.
Lato sensu, le pouvoir d'achat d'un agent économique est celui que lui procure son revenu disponible brut (RDB), c'est-à-dire la quantité de monnaie qui lui reste réellement de disponible pour consommer, épargner et/ou investir, une fois qu'il a payé l'ensemble de ses prélèvements fiscaux et sociaux, le tout corrigé de l'indice des prix à la consommation (IPC), communément nommé inflation.
En termes de variation, l'évolution (Δ) du pouvoir d'achat sera calculée de la manière suivante :
Δ pouvoir d'achat = Δ RDB − Δ IPC
Avec 2 : RDB = ((revenus d'activités (principalement le salaire) + revenus du patrimoine + revenu des prestations sociales) − prélèvements fiscaux et sociaux) ; Δ IPC = inflation calculée et publiée par le gouvernement selon la norme européenne.
Ainsi, pour un RDB stable − qui est largement du ressort de la qualification et du maintien dans le travail de l'agent économique −, en monnaie courante, la variation du pouvoir d'achat sera uniquement dépendante de l'IPC, dépenses contraintes et coût du logement compris. Alors, et toute chose restant égale par ailleurs, pour l'agent économique, l'évolution de son povoir d'achat sera uniquement ressentie à l'aune du niveau de son RDB. Pour un RDB faible, toute hausse de l'IPC ou d'une inflation spécifique sur tel ou tel élément indispensable de son niveau de vie – par exemple une dépense contrainte - sera ressentie comme une agression sur son pouvoir d'achat. Pour un RDB élevé, cela ne sera pas du tout le cas.
Le pouvoir d'achat de la monnaie nationale – l’euro par exemple - est aussi représentatif de la quantité de biens et de services qu'elle permet d'acheter à l'étranger. En effet, il faut considérer qu'au niveau international, le pouvoir d'achat de l'unité monétaire d'un pays dépend de la variation de son taux de change vis-à-vis de l'unité monétaire – appelée devise (le dollar par exemple) - dans laquelle est souvent exprimé le prix des biens et services importés, notamment les matières premières. Ainsi, le pouvoir d'achat d'une monnaie par rapport à une devise varie dans le même sens que son taux de change. Il augmente quand son taux de change augmente. Il diminue quand son taux de change baisse. Lors de comparaisons internationales du pouvoir d'achat respectif de chaque devise, il est fait appel au concept de parité de pouvoir d'achat (PPA). Dans ce cas, la PPA élimine la différence entre les taux d'inflation des pays.
Quand l'inflation ou la dépréciation de la monnaie nationale est seule responsable de la diminution du pouvoir d'achat, on parle d'érosion monétaire du pouvoir d'achat.
L'importance du pouvoir d'achat d'une monnaie n'est plus à démontrer, tant pour les consommateurs − qui contestent d'ailleurs souvent les mesures statistiques moyennes de l'inflation et du pouvoir d'achat −, que pour leur gouvernement, qui a besoin de cet indicateur macroéconomique. Quoiqu'il en soit, chaque pays veille à ce que l'inflation n'altère pas sa monnaie sur le plan intérieur ni son cours vis-à-vis des autres devises. D'où la mise en œuvre d'une politique économique anti-inflationniste soutenue par une politique monétaire, conjuguée à une politique de taux change, dont l'objectif principal est la stabilité des prix, associée à une parité adéquate sur le marché des changes.
N.B. : La monnaie n'existe que par le pouvoir d'achat qu'elle donne à son détenteur national ou international au moment de son utilisation comme moyen de paiement. C'est son pouvoir d'achat qui fait en grande partie son cours sur le marché des changes, c'est-à-dire sa valeur, son prix par rapport à une autre monnaie alors nommée devise.
(1) Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre II, chap. 2, p. 295, lignes 36-40 (Ed. Economica, Paris 2000).
(2) En d’autres termes : la baisse des revenus d’un agent économique, sans baisse de prix (IPC=0%), altère son pouvoir d'achat. L’inflation sans hausse des salaires, altère aussi son pouvoir d'achat.
Exemple : si vos revenus baissent (salaire, etc.) de 3% et que l’inflation est de 0%, votre pouvoir d'achat baisse de 3%. Si vos revenus restent identiques, alors que l’inflation est de 5%, votre pouvoir d'achat diminue de 5%.
Évolution du pouvoir d'achat en 2021 : LIEN
Crédit photo : LIEN.
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le 20/06/22 : L’inflation (LIEN),
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