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Accueil du site > Tribune Libre > Pierre Rabhi : une oasis médiatique dans un désert écologique

Pierre Rabhi : une oasis médiatique dans un désert écologique

 « L’écologie ne peut se satisfaire des quelques aménagements plus ou moins démagogiques qui ne remettent pas en question un modèle d’existence, à l’évidence incompatible avec les principes fondamentaux de la vie et opposé à l’avènement d’un humanisme universel, seul en mesure de donner un sens et une cohérence à notre histoire » - Pierre Rabhi : extrait de sa préface à la réédition de l’ouvrage de Fairfield Osborn « La planète au pillage » de 1948.

_____________

 

 

  Agriculteur, agroécologiste, Pierre Rabhi est un des pionniers de l'agriculture biologique.

A l’heure où l’écologie est partout dans tous les discours mais nulle part dans sa pratique ou bien dans une portion tellement congrue que cela en devient risible, s'il ne fait pas tous les jours "le buzz", néanmoins, Internet a bel et bien boosté la popularité de Pierre Rabhi ; ce qui ne doit pas nous empêcher de… comment dire ? …

... de questionner cette popularité toute relative certes mais bien réelle.

 

***

 

  Mère Teresa de l’écologie (soit dit en passant… dommage que les bidonvilles du Caire soient toujours aussi bondés), si un mort c’est déjà et toujours un mort de trop, sans doute doit-on saluer le fait que l’enseignement de Pierre Rabhi a très certainement permis à une poignée d’individus de sortir de l’enfer des villes et d’un consumérisme productiviste corrupteur des âmes pour, une fois à l’air libre et suffocant, goûter aux bienfaits d’un « changement fondamental, spirituel et individuel dans le fondement d’une présence au monde consciente et apaisée. »

Et si cette poignée de rescapés, par les temps qui courent, c’est déjà la mer à boire pour l’écologie, rappelons à toutes fins utiles, qu’il ne suffit pas de cultiver navets, poireaux et carottes dans des conditions de préservation optimale de la biodiversité - culture bio oblige ! -, pour changer le monde, à défaut, la donne, et moins encore la vie de son voisin de palier.

 

 A-politique, jamais un mot plus haut que l’autre, serein, zen s’il en est et s’il en fut, Pierre Rabhi n’est jamais aussi à l’aise qu’en dehors de la politique ; et ça tombe plutôt bien : il n’en fait pas.

Aimé de tous, journalistes, banquiers, animateurs de télé, Nicolas Hulot, Yehudi Menuhin en son temps - manquait plus que Mandela… et pourquoi pas… Obama, François Hollande demain ! -, Pierre Rabhi ne dérange personne ; le chant de son colibri non plus (1), et la cadence de ses interventions pour éteindre les incendies d’une civilisation en perdition avec ses feux de forêts incandescents pas davantage, et ce bien qu'il fasse sa part (2) ; faut dire qu’au rythme auquel les secours s’organisent, tout le monde a largement le temps de s’en mettre plein les fouilles et la forêt de brûler de fond en comble, du sol au plafond, papier-peint et moquette.

 


Pierre Rabhi,
Nicolas Hulot chez Drucker 

 

   Qu'à cela ne tienne...

 Le croirez-vous ! Le petit algérien que son père confiera à un couple d’européens à la suite de la mort de sa mère, sans doute pour qu’il puisse échapper au fait d’être un petit algérien du Maghreb - autant pour ceux qui le sont restés ! -, a fini chez Drucker. Oui, Drucker !

Belle promotion sur canapé rouge de surcroît car si en France tout finit avec des chansons, il semblerait qu’aujourd’hui toute existence trouve sa récompense le cul posé dans un fauteuil tout un après-midi durant, en prime time, avec pour public des téléspectateurs citadins désoeuvrés des dimanches après-midi, et pour lesquels c’est de toute façon déjà trop tard, bien trop tard car le cancer qui guette les uns et ruine la vie des autres - cancer environnemental et alimentaire (l’air qu’ils auront respiré et la bouffe qu’ils auront mangée des années durant) - ne les lâchera pas de si tôt.

 

 Converti au catholicisme à l’âge de 16 ans - d’où son prénom -, Pierre Rabhi, un rien janséniste - l’écologie est un appel ; n’est pas écolo qui veut ! -, semble avoir trouvé des solutions pour quelques adeptes de l’auto-gestion écologique en petit comité ; pour les autres… ce sera « pollution as usual » et business aussi pour le plus grand bonheur des pollueurs non payeurs.

 

 Aussi, force est de constater que Pierre Rabhi c’est bel et bien l’arbre qui cache non pas la forêt mais le désert écologique qui recouvre la France et l’Europe car, jamais l’érosion des sols et leur pollution ne se sont aussi bien portée ! Jamais l’agriculture productiviste et son relais syndical (FNSEA) n’ont été autant dominants ! Et enfin : jamais l’écologie politique, militante, une écologie qui sache établir un rapport de force face à une classe politique sous le contrôle totale d’un productivisme sans conscience ni vision, n’a été aussi absente, vaincue et finalement abandonnée par les Verts eux-mêmes qui refuseront - mais… s’en souvient-on encore ? -, d’occuper le ministère qui leur est pourtant consacré : ils opteront pour le logement avec Cécile Duflot (à quand un Cohn-Bendit à l'éducation ?).

Et la « conférence sur le climat Paris 2015 » à venir en décembre n’annonce rien de bon : une vaste fumisterie de plus, un spectacle pour des gogos qui penseront que l’écologie est arrivée à bon port alors qu’elle n’est même pas encore partie ; et plus encore, une conférence au cours de laquelle un président qui souhaitera sans doute acquérir enfin une stature de chef d’Etat, et qui plus est… de dimension internationale - stature qu’il n’aura jamais, condamné qu’il est, par les choix qui sont les siens, à n’être que le valet de l’hyperpuissance étasunienne et son complice -, ne se privera sûrement pas de tenter de briller sous les feux d’une rampe médiatique qui n’est plus qu’un spectacle creux pour des journaux de 20H qui n’ont plus rien à voir avec une information digne de ce nom.

Et tout ce beau monde aura sauvé la planète.

 

 Ecologiste pour un peu ésotérique, alibi de tous ceux qui couvrent année après année l’inaction de l’Etat et de la classe politico-médiatique sur les questions environnementales, décidément, Pierre Rabhi c’est bien l’oasis pour quelques happy few plantée au milieu d’un désert écologique !

 Alors, sachez ceci : il n’y en aura pas pour tout le monde ! Aussi, caravane, passe ton chemin, toi et tes crève-écologie, comme dans d’autres lieux les crève-la-faim, passe ton chemin et ne te retourne pas. C'est inutile.

 

1 - Colibris c’est aussi un mouvement. Créé en 2007 sous l’impulsion de Pierre Rabhi, Colibris se mobilise pour la construction d’une société écologique et humaine.

2 - Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »

 

 ______________

 

Pour prolonger, cliquez : Paul Ariès - décroissance

 


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21 réactions à cet article    


  • patatas.fritas patatas.fritas 1er septembre 2015 20:35

    Si Rabhi Dérange est oas qu’un peu et pas qu’ici !!! 





    • alinea alinea 1er septembre 2015 21:46

      Drôle d’impression ressentie à la lecture de cet article !
      L’écologie est l’affaire des gens, et ce sont les gens qui la vivent, la promeuvent ; c’est normal, car elle va tellement à l’encontre du monde marchand, de ce capitalisme ultra libéral et financier qu’il ne peut pas en être autrement !
      Rabhi fait sa part et ne se contente pas de parler ; bravo. Après, il fait sa part à sa façon ; à nous de faire la nôtre à la nôtre !!
      Il n’y a pas de désert écologique ; les écologistes, les vrais, même s’ils sont encartés font un boulot essentiel dans leur coin ; pas assez nombreux ? Certes !!


      • soi même 1er septembre 2015 23:45

        A défautdfe reconnaitre des illustres inconnues qui dérangent, il faut des hommes comme ça, et Pierre Rabbi est un transitoire messager, un coureur qui transmet le jalon, et pour ceux qui comprenne pas je leur dit Merde !


        • Doume65 2 septembre 2015 00:08

          J’espère ne pas trop le trahir en résumant ainsi la pensée de l’auteur :

          Les médias, en mettant en avant des hommes comme Pierre Rabbi, se débarrassent à bon compte de leur responsabilité en ce qui concerne problème écologique. Cela ne saurait cacher la désespérante inaction des pouvoirs publics dans ce domaine.


          • Céline Ertalif Céline Ertalif 2 septembre 2015 14:52

            @Doume65  Oui, je me demande si l’auteur cherche autre chose qu’ à être désagréable. Moi, je suis plutôt supportrice de Vandana Shiva, je la conseille à tous ceux qui veulent bouffer de l’écolo ! Bien que liée à la famille Gandhi, notre Vandana est une combattante qui a un style très différent de Pierre Rabhi, même si les deux se connaissent et ont beaucoup de points en commun.


            Il y a une parenthèse qui m’a laissé perplexe : « à quand un Cohn-Bendit à l’éducation ? ». Est-ce une allusion à Gabriel Cohn-Bendit ou une provocation sur l’histoire de pédophilie que les as de la mauvaise foi nous resserve éternellement ? Merci d’avance à Serge Uleski de répondre, j’aime bien comprendre ce que l’on me propose à lire. 

          • Rincevent Rincevent 2 septembre 2015 16:41

            @Doume65

            OK, donc le problème c’est le comportement les médias et des décideurs sur la question, pas Rabhi ! Or, c’est quand même un peu l’impression que j’ai eu avec cet article.


          • Claude Courty Claudec 2 septembre 2015 18:21

            @Doume65
            En d’autres termes, et pour le dire plus poliment que « soi-même », Pierre Rabhi nous montre du doigt la lune, mais ceux à qui il s’adresse ne voit pour la plupart que son doigt (par stupidité pour les uns, par calcul pour d’autres).


          • Serge ULESKI Serge ULESKI 2 septembre 2015 19:58

            @Rincevent

            Il est question de Daniel, qui, dans les années 70, chez Pivot, nous expliquait qu’il n’y avait rien de plus excitant que de se faire déshabiller par une petite fille de 4 ans.


          • Serge ULESKI Serge ULESKI 2 septembre 2015 20:16

            @Doume65

            Ca peut être ça, en effet.


          • Serge ULESKI Serge ULESKI 2 septembre 2015 20:23

            @Rincevent

             »Pour changer le monde, il faut commencer par se changer soi-même.">

            i>

            C’est tarte ! Et c’est faire l’impasse sur la culture politique, scientifique et historique du combat écologique.

            Pour changer le monde, il faut surtout se donner les moyens de le faire en étant capable d’établir un véritable rapport de force entre ce monde-ci et celui que l’on peut appeler de ses voeux.

            C’est une question éminemment politique, or, Rabhi n’en fait pas... d’où mon billet à son propos à l’heure où l’écologie a déserté le champ politique et la lutte.

            Et comme un fait exprès : jamais l’érosion des sols et leur pollution ne se sont aussi bien portée ! Jamais l’agriculture productiviste et son relais syndical (FNSEA) n’ont été autant dominants là où la confédération paysanne a totalement disparu du paysage politique ; Bové est parti cachetonner à Bruxelles en tant que député européen ! Et enfin : jamais l’écologie politique, militante, une écologie qui sache établir un rapport de force face à une classe politique sous le contrôle totale d’un productivisme sans conscience ni vision, n’a été aussi absente, vaincue et finalement abandonnée par les Verts eux-mêmes.

            Le système fait le ménage (il sort l’écologie du combat politique) pour mieux nous servir un Pierre Rabhi a-politique et a-historique, soutenu par l’inénarrable  Hulot qui lui aussi a beaucoup de mal avec l’engagement politique. Normal, ses sponsors n’en font pas non plus ; ou bien plutôt, ils ne font que ça : de la politique ; celle du pire.

            Rabhi chez Drucker, est-ce la goutte qui fait déborder le vase ?

             


          • Aristoto Aristoto 2 septembre 2015 00:47

            Un curé rien de plus !

            Ne l’oubliez jamais la nature est mortelle, nous en somme la preuve vivante !!!


            • Passante Passante 2 septembre 2015 07:43

              puis quand tu rabhi pierre, paul en ploie ..


            • Le p’tit Charles 2 septembre 2015 10:11

              Parlez moi d’écologie...sur une planète polluée à l’extrême... ?
              Fallait commencer au XIX siècle...pas au XXI...
              Faut dire qu’au pays des « Lumières »...les couillons sont rois..ils donnent des leçons de morale en polluant...


              • foufouille foufouille 2 septembre 2015 11:07

                il faut regarder en dessous : soutenue par la fondation Hulot.
                et le beau village participatif s’est transformé en montage financier avec logement pour bobo végétarien.


                • kalachnikov lermontov 2 septembre 2015 11:26

                  Quoi, un nouveau énième messie pour populace effarée et comme souvent bien malgré lui ? Un énième ripolinage de la morale oppressive-coercitive éternelle oh, merci Moïse génial inaugurateur, à base évidemment de culpabilité mais que t’es un bon à rien et qu’il faut que t’aies peur ? C’est que ça va si mal, ma bonne dame !

                  Bon, en lieu et place, de l’action plutôt que du commentaire, devenir, devenir soi, libérer la créativité surtout. Aux premières goulées d’air frais, t’auras plus envie de revenir.

                  https://verslautonomie.wordpress.com/2012/03/12/quelques-pdf-sur-la-permaculture/


                  • Yanleroc Yanleroc 2 septembre 2015 13:34

                    Pierre Rhabi, ....Cabanel, les écologistes de cœur, les Colibris et tant d’ autres sont dignes 
                    d’ admiration , mais je ne peux m’ empêcher de penser à Sisyphe ou cet insecte qui roule sa boule de terre inlassablement au sommet d’ un monticule, et qui redescend la chercher à chaque fois.

                    C’ est beau, c’est admirable, ça force le respect, mais combien dérisoire vu de + haut. ( au dessus des Chemtrails par ex. ou de la Lune si vs voulez )
                    Cultiver son îlot de verdure ne peut nous faire oublier le monde environnant ; ce ne peut être la solution prit séparément . Là encore , il faut pouvoir vivre à la campagne, et au delà des critères de pauvreté ou de richesse, c pas donné à tout le monde !
                    Comment se la jouer « retour aux sources » si les bombes vs tombent sur la tête..

                    D’ ailleurs, si on peut cultiver son potager et être ¢ auto-suffisants, on peut aussi se passer de fric !
                    La monnaie, l’ argent, la finance, sont les 1ères choses à supprimer, pour faire du Monde,
                     un paradis de verdure !!..

                    • julius 1ER 2 septembre 2015 16:18

                      à la lecture de cet article qui fleurait bon le cynisme où peut-être une certaine désillusion ???

                      j’ai pensé au Thema d’Arte du 1/09 consacré au .. sable qui n’est pas si abondant que cela puisque
                      le sable des déserts ne peut pas servir à la construction à cause de sa forme trop ronde qui ne s’agrège pas dans les mélanges bétonnant ... je ne crois pas que beaucoup de personnes savent cela ????
                      ce qui veut dire que maintenant d’immenses dragueurs vont raboter le fond des océans afin de maintenir un taux de croissance important tout cela bien sûr au préjudice de l’écosystème.... et là bien sûr on joue à nouveau « après moi le déluge » puisque on ne peut pas modifier l’écosystème sans qu’il n’y ait de retombées négatives .....
                      donc Rhabbi est certainement une goutte d’eau dans l’océan mais sa vision est juste.... la croissance infinie dans un monde fini est tout à fait d’actualité, ce n’est qu’un mensonge de plus de même que vivre tous comme des milliardaires n’est pas soutenable !!!
                      il faudra bien trouver un équilibre dans le développement et la croissance ainsi qu’une juste répartition des richesses sinon je pense que l’on aura la guerre et le chaos. !!!!


                      • Serge ULESKI Serge ULESKI 2 septembre 2015 20:26

                        @julius 1ER

                        « une juste répartition des richesses sinon je pense que l’on aura la guerre et le chaos. !!!! »

                        On a la guerre et le chaos là où l’on trouve des richesses.


                      • gaijin gaijin 2 septembre 2015 16:58

                        la stratégie du colibri

                        il faut comprendre que le monde change ......en fait il a déjà changé mais ça ne se voit pas
                        les siècles précédents ont été ceux de la lutte des grandes idéologies et des grandes illusions de masse
                        de tout cela il ne reste plus rien a part quelques musulmans rétrogrades brandissant leur kalach un certain soir de 1989 le monde et devenu un , global .........et la minute d’après il a cessé d’être..... comme tout phénomène arrivé a un sommet change .........des millénaires de construction d’états et d’empire ont pris fin en silence et voici revenu le temps de l’individu, alors bien sur il faudra du temps avant d’en voir les manifestations ( pas de notre vivant ) un homme comme pierre rabbhi le sait avant que la plante sorte de terre elle a déjà du pousser et il faudra encore du temps avant d’en voir les fruits ......


                        • Claude Courty Claudec 2 septembre 2015 18:06

                          En dépit de mérites incontestables et de son capital de sympathie, la tendance « écolo-bisounours », n’a pas plus de chances qu’une autre de sauver la planète. Le « Bio », dont P. Rabhi est l’emblématique figure, n’est qu’une manière un peu moins stupide et brutale de traire notre mère nourricière qu’est la Terre, pendant que ses pires prédateurs, toujours plus nombreux et avides, n’en continuent pas moins de la tarir.


                          Pour approfondir cette réaction, voir :

                          http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com

                          Pour lire le dernier article publié, cliquer ici



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