Petit vocabulaire personnel : Homme
L'homme est le revers de ma médaille.
Il est mien sans que je puisse jamais le saisir et les anciens me reprochent la grande propension à comprendre les nouveaux, à tout accepter d'eux ; c'est sûrement qu'ils ont oublié que j'étais avec eux aussi « généreuse », à moins qu'au contraire j'aie changé ! Peu importe
Cet agacement devant mon grand amour des hommes, des leurs, pas seulement leur peau douce, leurs muscles souples sous des doigts amoureux, pas seulement ce désir ardent de l'amant, ce désir qui nous ouvre les cuisses en un imperceptible mouvement involontaire, quand on roule, affolée, au devant de lui. Ce désir, passion, qui nous mène tout droit en enfer.
C'est dans les gestes de son travail, physique ou manuel, que mon sang monte, la chaleur, et ce rien de dérèglement qui nous extirpe du réel moment, juste parce qu'on le voit, animal, si loin de soi ! Et qu'il me touche ; insatiable dans cette quête d'impossibles horizons...
Pas seulement ce sexe « haut, doux comme une apothéose, tendre érigé, pauvrement nu qui s'ouvre et s'offre à l'ingénue qui ose tendre et rider sa peau ».
Tout lui pardonner, cette fragilité non assumée qui le rend cruel ; cette lâcheté qui le tient qui le caractérise et le confond ; cet égoïsme plein d'allant, d'allant-de-soi, ce « plein de soi » d'évidence et qui vous prend comme appui, vous, femmes, sans l'once d'une reconnaissance. Cette force que je jalouse et dont je veux quelques éclats.
Enfant gâté ou déchiré, homme, tu es sûr de ton fait, même dans tes doutes et surtout dans tous les détours que tu inventes pour cribler tes failles.
Tu es l'autre que je veux m'approprier, engranger, retenir, que je guette et que j'attends.
Mais Dieu sait que cet autre est terrible quand il se sent dépassé. Alors pourquoi à ce point le comprendre ? À ce point être incapable de le haïr après qu'il m'a déçue, déchiré ou anéanti l'âme ?
Le premier qui m'a vue aura déterminé tout mon être ; mon désir, ma capacité à être. Mais était-ce lui ? Était-ce moi qui induisis les choses ? La question reste ouverte et n'est pas sans saveur ! Le père et sa fille : l'esquisse d'un vécu.
Homme, tu fais la femme que sera ta fille : ta violence sera indépassable, ta douceur tissera les draps de son bonheur amoureux.
Tu regardes devant, très souvent, et plus tu es homme plus le passé t'assomme. La nostalgie te sied comme des jupons d'organdi car la vie t'appelle et tu as œuvre à mener. Tu possèdes quelques menus péchés : cynisme ou dérision sont d'évidence les atours de ta lâcheté.
Tu n'es rien sans la femme, ton marche-pied, ton égérie, ton appétit ou ton havre ! Mais tu lui fais payer car tu n'aimes guère à être attaché.
L'homme est tendre, attendri et attendrissant mais ne sait guère faire la part des choses : il se soumet et devient veule, se rebiffe et devient arrogant, s'extirpe et se rend inaccessible ou bien, rarement, admet, se livre et s'épanouit. C'est qu'il en faut des ingrédients pour faire d'un homme un homme ! S'il meurt plus tôt, c'est qu'il a occulté, tenant en force un rôle qui ne lui était point imputé.
L'homme se croit obligé, ou se croit autorisé ; parfois c'est parce qu'il se sent obligé qu'il s'autorise. En tout cas, sans affectation, l'homme joue au caïd, au héros, au sage, à l'entrepreneur sans rien laisser percer : cet effort devenu nature le mine ; et c'est bien dommage. La plupart des veuves ne s'en remettent pas. Mais si elles s'en remettent c'est encore plus dommage !
On peut se douter que la mère y est pour quelque chose ; mais ce n'est pas tout ! Car à l'âge critique, la mère est peu de chose. Critique, ce n'est pas une critique, juste l'âge où l'enfant sort de sa chrysalide, s'étonne, a besoin de soutient mais le refuse. Il faut jouer fin. Quand on est mère.
Il y a des hommes qui disent « je t'aime » juste après « bonjour ». Si vous êtes une garce, vous riez, si vous êtes saine, vous fuyez.
Il y a des hommes qui vous disent « je ne t'aime pas » juste avant l'orgasme ; là, il n'y a pas de choix, garce, vous ne l'êtes pas.
Il y a ceux qui font traîner les choses, comme pour se faire désirer : tant d'inopportunisme rebute.
Mais il y a ceux, en revanche, qui, au deuxième soir apporte leur sortie de bain et leur brosse à dent : être garce alors n'est pas un choix mais un instinct de survie.
Mon Dieu ! Je dis « homme », je parle « sexe », je pense « amour » ! Est-ce incontournable ?
Mon amour ardant, agenouillé sur le bois qu'il sculpte, les cuisses tendues sous le jean... je tremble …muscles des épaules bandées, visage grave et beau d'être aussi concentré je ne dis rien, je pars... je ne dis rien et pars... et je suis alanguie
Les yeux mouillés de tant de confidences, sous la lune gelée, il frissonne, je fonds.
Son intelligence me hisse – je le veux fondu en moi- au septième ciel.
Homme, tu es ma muse.
Mur infranchissable, autre, comment peut-on te soumettre ?
« je me tordais, mordais mes draps du manque de lui » dit-elle
« quand je le voyais, je tremblais de désir »...
Ce n'était que des moments d'étranges inspirations où le monde éboulé de tous ses artifices laissait place juste à soi unifié dans ses sens ; il est là le désir, quand tout s'éteint d'autre. Il n'est pas un but à satisfaire, un manque à combler, il est un plein qui forcément s'achève. Il n'est que vie comme un miracle entière car le désir veut tout du passé, de la mémoire, de nos fantasmes, du mental et de notre intelligence ; le désir exige tout de nous, ainsi, nous coupe-t-il du reste. Mais quelle force à l'instant dans ce cas rassemblée ; dispersée toute ailleurs le reste de la journée ?
Mais je dis « homme »et je parle « désir ». Est-ce incontournable ?
Ils sont devenus rares les hommes à désirer ; ce ne sont pas les années qui éteignent les ardeurs mais c'est la connaissance des erreurs du passé, le reflet d'un amour, le relent d'un déboire et surtout, surtout, l'autre plus jamais inconnu, de se ressembler tous.
Il y a le flux le reflux l'impossible maintien d'une tension exaltée. Car le désir est neuf ou n'est que vanité. Il peut tout aussi bien n'être qu'un rot à expulser.
Le désir est sincère ou il n'est pas ; il s'appuie sur des zones peu conscientes, sur des rêves, des ambitions qui sont loin de la réalité d'un corps, d'une voix, d'un geste. Et c'est pourquoi l'infirmière qui aime le médecin, la secrétaire son patron, la midinette le châtelain sont aussi honnêtes que la femme qui aime l'homme-enfant, le fragile ou bien l'artiste en herbe en qui elle croit !
Cela n'empêche, bien entendu pas la déconvenue, ni la désillusion et la rupture.
Le désir est unique et personnel ; qu'on ne cherche pas à le mettre en cage ! Et chacun pourra y mettre les mots de sa poésie intime !
L'amour n'est pas aveugle ; s'il y a aveuglement c'est que l'amour est loin !
Mais homme, tu n'es pas qu'un amant ! tu n'es pas qu'un objet de désir, tu n'es pas qu'une muse ou qui n'a muse que femme : la sienne ou qui s'amuse des femmes ; on s'en fout, tu es comme nous, mammifère qui fait comme il peut !
Possessif, adjectif ; mon amour, mon mari, mon fils, mon ami, mon amant, mon camarade, mon compagnon, mon père, mon maître, mon professeur, mon psy, mon médecin, mon gourou, mon plombier, mon frère ; frère.
Mon petit.
Bien sûr, on peut le faire à l'envers, sauf pour « amant » car « amante » n'est pas du même bord, « maître » car « maîtresse » non plus ne lui ressemble pas, « gourou », « plombier » !
L'homme est si fragile, bien qu'il le cache comme il peut, que je n'aime guère les femmes qui les exploitent et les combattent .
Mais tu n'es pas qu'un Prince plus ou moins charmant, tu deviens un mari, un père qu'aucune autre émotion n'égale quand tu ris avec ton bébé, que tu le berces, le changes, lui parles … à l'abri des regards, tu t'oublies dans cette profonde tendresse qui n'appartient qu'à toi, et à lui.
Père, par ton amour, tu fais la femme ; elle ne deviendra pas « femen », elle ne vendra pas sa pudeur, elle pourra dire « non », elle saura dire « oui » ; femme, par ton amour tu fais le fils. À chacun d'entre nous, cent pour cent des responsabilités.
Mais te voilà aujourd'hui, après tes frasques de jeunesse, des aventures, tes risques pris de façons heureuses puisque tu es vivant, qui ne crache pas sur un peu de confort ; ta femme, ta moitié, ta compagne ou ton épouse, selon de quelle époque tu es, t'apporte ce dont tu rêvais finalement ; à l'été ou au début de l'automne d'une vie, on est moins querelleur, jaloux, on peut être libre en couple mais on aime aussi bien ce partage essentiel des moments, ordinaires ou pas.
Il prend du ventre et acquiesce plus volontiers. Moulé par sa moitié, l'homme s'est démultiplié sur toutes les nuances de l'aigritude, de la passivité, du ronron de son savoir-faire, de ses caprices devenus essentiels, mais, ...que je t'aime comme ça, toi qui réussis encore à m'étonner, m'émouvoir ou m'agacer. Que j'aime faire l'amour avec toi qui me connais par cœur et dont je sais tout...
Aussi, et de la même manière, je n'ai plus de fusion extatique qu'avec mon cheval, Mistral que j'aime, qui m'aime et ce confort et cette confiance m'ôte à tout jamais le désir ou l'envie de chevaucher de jeunes fougueux que je dois éduquer.
La plénitude s'acquiert, le présent et le réel s'y accordent...
Homme, je te glorifie, je te chante et pourtant je n'ignore rien de tes vilenies parce qu'elles ne sont qu'exceptionnellement exclusives.
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