Pénurie de profs, plus de 60% des postes non pourvus aux concours de recrutement
Et si nous parlions du plaisir d'enseigner ? C'était le slogan des pouvoirs publics il y a déjà trente ans pour attirer les diplômés vers le professorat. L'époque des Jack Lang, des Philippe Mérieu, des donneurs de leçons pédagogiques qui créérent les fameux IUFM pour formater des militants de la diversité à leur image.
C'était aussi l'époque (et c'est moins connu bizarrement), où les filières publiques et privées sous contrat furent séparées par des concours de recrutements distincts. Celle aussi où les affectations des profs furent "académisées" au détriment du choix de postuler pour un établissement précis avec accord du chef d'établissement. L'époque, en fait, où les inciviltés, violences et baisse du niveau scolaire se répandaient. D'abord dans les banlieues, puis partout en France.
Aujourd'hui, en 2022, l'école publique est inclusive et intégratrice. Autrement dit, sa mission principale est de garder un troupeau dont ne veulent pas les écoles privées réservées à la "sérénité" des enfants bien nés, comme l'école Alsacienne où le ministre Pape N'Diaye a scolarisé sa progéniture. Comme toujours, c'est la gauche bobo qui sermonne le vilain peuple raciste et ignorant mais qui vit planquée dans des quartiers bourgeois avec des écoles protégées. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, l'axiome de ces gens-là.
Conséquence de cette logique, les jeunes diplômés évitent l'enseignement. Un poste sur trois à peine pourvus aux différents concours de recrutement. 1500 postes vacants de professeurs des écoles dans les académies de Paris-Créteil-Versailles (y compris dans la capitale intra-muros). Du jamais vu à un tel degré.
Classes ingérables, climat scolaire infect, rémunérations peu attractives, système de mutation rigide sans queue ni tête où le social passe avant le mérite avec une marée de postes bloqués, peu d'aide au logement, pas de médecine du travail. Inutile de développer ce que chacun sait déjà.
C'est la timidité des solutions qui nous questionne. Recours massif aux vacataires (moins payés et plus flexibles), autonomie de recrutement par les chefs d'établissement (cas de Marseille), rattrapage limité du point d'indice pour le traitement des titulaires. Difficile de compenser des années de rabaissement d'une profession autrefois respectée, aujourd'hui déconsidérée à l'image des infirmières et des policiers. Etre professeur de nos jours, c'est passer pour un vulgaire fonctionnaire en vacances aux yeux d'une partie de l'opinion publique. C'est encadrer des enfants de plus en plus mal élevés, subir des parents parfois agressifs, une hiérarchie cassante et accepter des affectations par défaut. Autant embrasser une carrière militaire, avec suivi médical et renconversions à la clé.
Le coût exhorbitant du logement en région parisienne et l'absence de priorité au logement aggravent le problème. En 1996, il y avait quatre candidats pour une place au professorat des écoles dans l'académie de Créteil (93/94/77). En 2022, 400 postes sur 1000 proposés sont pourvus. Tout est dit.
Alors, à l'image de l'académie de Versailles, va-t-on généraliser les "jobs dating" pour recruter des profs ? Votre narrateur a d'abord crû à une farce, une fake news, à cette annonce. Mais la réalité dépasse désormais la fiction, et ce recrutement direct de gens libres de se présenter avec de faux diplômes a eu lieu (!) Détail croustillant, l'affiche de publicité pour cet évènement a disparu de google images...
Reste ce petit clip très sympa du SNES pour résumer la logique de ce recrutement de contractuels :
https://www.youtube.com/watch?v=M3iCcft0VVU
En attendant des "jobs dating" pour recruter des docteurs "faisant fonction" dans les déserts médicaux, ainsi que des dentistes, pour des techniciens d'usinage à l'aise avec leurs perceuses et des pincettes ? Un monde formidable où tout devient possible...
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