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Mort d’un écrivain et poète palestinien

 

L'écrivain palestinien Walid Daqqa est décédé le 7 avril 2024 en détention après avoir passé 38 ans dans les prisons israéliennes, "lieu sans portes" comme il disait. Atteint du cancer de la moelle osseuse, il a été privé de soins médicaux. "Torturé, humilié, privé de visites familiales et de soins médicaux" (1) dénonçait Amnesty international quelques semaines avant sa mort. Walid Daqqa avait purgé sa peine de 37 ans en 2023 pour avoir tué un soldat israélien, mais un tribunal de l'entité sioniste l'a condamné à 2 ans supplémentaires.
Daqqa était l'auteur de plusieurs romans comme "Témoignages de résistance : La bataille du camp de Jénine 2002″ (2004), "La conscience façonnée ou la ré-identification de la torture" (2010), mais aussi des contes pour enfants, notamment "L’histoire secrète de l’huile" (2018), "Le conte secret de l’épée" (2021) ou encore "Le conte secret de l’esprit / Le retour des martyrs à Ramallah" (2022). Lors de la publication de son dernier livre pour enfant, "Le secret du pétrole ", Daqqa est placé en isolement. Dans la préface, Daqqa avait écrit : "J’écris jusqu’à ce que je sois libéré de prison, avec l’espoir de libérer la prison de moi".

Mais Walid Daqqa était aussi poète. Voici un de ses poèmes écrit pour sa fille Milad :

Un lieu sans porte

Un jour où Milad venait de rentrer d’une escapade au bord de l’océan, je lui ai promis au téléphone que je l’emmènerais là-bas, la prochaine fois. Elle s’est arrêtée quelques secondes, hésitante, comme si elle ne voulait pas me choquer, avant de finalement répondre : « non, tu n’as pas de porte ».

Longtemps, à chaque fois que Milad me demandait au téléphone « papa, où es-tu ? », j’évitais d’utiliser le mot prison. Je craignais que ce soit trop pour elle, à cet âge tendre, de commencer à vivre avec ce mot et ses lourdes implications. Déchiré, je me débattais avec cette question : devais-je dire à ma fille la vérité ? Ou devais-je lui cacher la réalité amère, empêcher les implications du mot prison de s’immiscer dans son imagination ?

Avec ses visites, Milad avait compris ce qu’était une prison bien avant qu’elle ne connaisse la signification du mot. Pour elle, c’était un lieu sans porte. Où son père était confiné. Qu’il était incapable de quitter. Et pour elle, s’il n’y avait pas de porte, il ne pouvait y avoir d’escapade au bord de l’océan. Pas de petit-déjeuner pris ensemble. Et pas d’opportunité pour moi de l’accompagner à la garderie qu’elle appelait affectueusement « l’école ».

Mohamed Belaali

Blog M Belaali

 

(1)https://www.amnesty.org/en/documents/mde15/7798/2024/en/

 


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2 réactions à cet article    


  • Seth 11 avril 14:02

    C’est curieux que Rakoko qui était à court de sujet n’ait pas traité de celui-là pourtant particulièrement prégnant ces temps-ci... smiley

    Y’aurait-il un parti-pris chez Ragogo du fait de la position de moumoute sur Gaza en ce moment ? Question à examiner de près.


    • JPCiron JPCiron 14 avril 22:31

      Tristement, ses goêliers sont emmurés en un lieu sans porte ni fenêtre : celui de la schizophrénie sioniste fondamentaliste, une tare sournoise, contagieuse, qui infiltre-infuse même nos politique et nos médias. Jusqu’à nous pourrir tous de l’intérieur.

      Comme l’analysait Claude Lévi-Strauss, l’occident ne trouve plus en son sein de quoi se renouveler. Il ajoutait que l’espoir, s’il en était un, viendrait de l’Orient.

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