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Missak et Mélinée, de l’Affiche rouge au Panthéon

Entrés en France par la petite porte, dérobée, Missak et Mélinée Manouchian, immigrés, arméniens survivants du génocide turc, communistes, résistants contre le nazisme, étrangers, français de préférence, entreront au panthéon au mois de février.

Missak et Mélinée, de l'Affiche rouge au Panthéon

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Entrés en France par la petite porte, dérobée, Missak et Mélinée Manouchian, immigrés, arméniens survivants du génocide turc, communistes, résistants contre le nazisme, étrangers, français de préférence, entreront au panthéon au mois de février.
Par le bon-vouloir d’un président de la République qui vient de commettre la 30ème loi depuis 1980, sur l’immigration, inspirée, soufflée, votée par toute la droite et l’extrême droite !

Étranges parcours ! D’un homme, d’une femme et de l’hommage qui leur est rendu.

Avec eux, seront aussi honorés 22 camarades du groupe résistant des FTP-MOI parisiens (Franc-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée) dont a fait partie en février 1943, Missiak Manouchian, nommé commissaire technique en juillet et commissaire militaire le mois suivant.

Ce groupe était constitué de résistants au nazisme de 7 nationalités différentes : 8 Polonais, 5 Italiens, 3 Français, 3 Hongrois, 2 Arménien, 1 Espagnol et une femme, roumaine, transférée à Stuttgart et décapitée le 10 mai 1944.

L’émouvante lettre de Missak Manouchian à Mélinée, son épouse, est connue du grand public depuis 1961, grâce à la chanson L’Affiche rouge de Léo Ferré, franco-monégasque, né à Monaco, français de naissance (1926), monégasque de choix (1953), mort en Italie (1993). Léo Ferré, anarchiste, mis en musique et chanté le poème (texte et analyse littéraire) paru d’abord dans l’Humanité, Strophes pour se souvenir (1955) de Louis Aragon, communiste.

Chanson qui a été interdite sur les ondes nationales françaises jusqu’en 1982 !

Un communiste, un anarchiste, rendant hommage à vingt-et-trois étrangers, nos frères pourtant, luttant contre le nazisme, pour la liberté et criant la France, en s’abattant !Chanter la France et la Liberté, dans le même camp. Rendre hommage à des personnes aux noms imprononçables. En pleine Guerre froide et, surtout, en pleine Guerre d’Algérie.

Louis Aragon, dans ces Strophes pour se souvenir, mettait en poème les mots de Missak Manouchian dans sa lettre, sans haine mais non sans amour, à Mélinée écrite quelques heures avant d’être fusillé. Et rendait hommage, au groupe de Missak Manouchian, sans le nommer et, ainsi, à tous ceux qui, quelle que soit leur nationalité, avaient le même engagement.

Pour se souvenir.

Se souvenir de Mélinée, de sa dernière lettre à Missak, moins connue, tout aussi émouvante.

Se souvenir de leur vie.
De leur combat.
De leur destin.

Unis et séparés.
Et à nouveau unis.


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4 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 1er janvier 14:22

    Le tout sous le régime le plus vichyste depuis la mise en pause de la version originale, ça laisse rêveur...

    Ce n’est pas la première fois que la république pisse joyeusement sur ses « héros », mais ça ne cessera jamais de me surprendre.

    Le tout encore dans l’absolue indifférence des sous-hommes médiatisés, dans lesquels l’éducation nationale est venue très tôt pondre ses œufs toxiques, nous sommes dans l’élevage en batterie, un appauvrissement généralisé suppléé par l’accueil des fonds de cuve du tiers-monde.

    Que va donner cette phase de darwinisme inversée ?

    Très certainement un produit que tout le monde trouvera très naturel d’éliminer tant il est surnuméraire et qu’il fait tâche dans le paysage.

    Nous sommes tous des gazaouis en puissance.



      • xana 2 janvier 11:37

        A part Clocel, grand silence frisé de la part de nos commentateurs.

        Eh oui, ici on parle de héros, qui étaient aussi des communistes et des métèques.

        On ne peut pas nier qu’ils aient été des héros, mais pour la plupart des gens, ces types-là n’étaient pas fréquentables !

        Alors mieux vaut faire comme si cet article n’existait pas, et s’abstenir de commenter...

        La lâcheté, c’est déjà ici que ça commence.

        Pour moi, qui n’ai jamais eu le courage de militer alors que j’étais à la fois communiste et anarchiste de coeur, j’admire ces types qui puaient la sueur et ne parlaient pas bien le français.

        Il se trouve (je l’ai appris il y a quelques années) que je suis en quelque sorte parent avec l’un d’entre eux. Cela me fait chaud au coeur.

        Mon père et mon oncle ont participé à la libération avec la 2eme DB. Les équipages de leurs chars étaient des marocains et des noirs (à l’époque on disait des nègres). On les envoyait mourir pour notre patrie...

        Ceux-là aussi sont de ma famille.


        • titi titi 2 janvier 15:26

          @xana

          " et s’abstenir de commenter...

          "
          Alors moi j’ai pas commenté.
          J’ai mis un lien vers un documentaire qui fait parler ces FTP-MOI.

          Lien que je ne commente pas : c’est la parole des ces FTP-MOI qui a de l’importance, pas mon commentaire.

          Par contre je vais commenter votre commentaire...

          "On les envoyait mourir pour notre patrie...

          « 
          Ecoutez ces FTP-MOI.
          Surtout la fin qui est très émouvante.
          Leurs motivations sont très loin d’être la défense »de notre patrie« .

          Un autre documentaire sur le sujet :
          https://www.youtube.com/watch?v=xtYBNzbMr08

          Donc ils agissaient pour venger leurs familles (premier extrait), ou pour Staline (deuxième extrait) mais certainement pas pour »notre patrie« 

          Ce qui n’enlève rien à leur courage, bien évidemment.

           »Les équipages de leurs chars étaient des marocains et des noirs (à l’époque on disait des nègres).

          « 
          Sachez que le Maroc n’était pas une colonie, mais un protectorat, avec un Sultan reconnu par la France.
          Ces marocains, »on ne les envoyait pas mourir pour notre patrie".
          C’est le Sultan du Maroc, qui aidait la France.
          Il sera d’ailleurs le premier chef d’état invité par De Gaule à la libération.

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