• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Mes parents sont preneurs d’otage

Mes parents sont preneurs d’otage

“Prise d’otage dans une école primaire”… Voilà un titre d’article évocateur de panique et d’horreur. On imagine les enfants recroquevillés et apeurés dans une salle de classe avec leur instituteurs et institutrices sans défense. On imagine les parents, angoissés et impuissants derrière les grilles barricadées de l’école où leurs progénitures sont retenues prisonnières. On imagine le preneur d’otage, armé, cagoulé, menaçant, négociant la vie de ces innocents otages contre une somme démesurée d’argent. La réalité fut toute autre. Aucun enfant ne fut prisonnier et aucun parent ne subit cette angoisse. Il y avait pourtant bel et bien des otages : la directrice de cet établissement privé catholique des Bouches du Rhône, une secrétaire et trois institutrices. Quant aux preneurs d’otages, il était nombreux : une quinzaine. Une quinzaine d’adultes. Une quinzaine d’hommes et femmes. Une quinzaine de parents. Des parents d’enfants scolarisés dans cette même école indignés que leurs enfants aient pour instituteur un stagiaire qu’ils qualifient d’incompétent. 

Depuis le début de l’année scolaire, les parents reprochent à cet instituteur de CM1 l’absence de devoirs et d’autorité, le manque de travail en classe, le chaos et le stress qui y règnent en plus des punitions excessives. Leurs enfants, selon eux, souffrent de cette situation au point d’en pleurer et d’en détester l’école. Quant aux parents, ils ont tenté d’améliorer la situation en faisant part de leur mécontentement à l’inspection académique par courrier. Faute de recevoir de réponse, la directrice leur a écrit. Suite à ce courrier, elle a reçu une réponse lui expliquant qu’il fallait patienter. C’est donc après avoir, selon eux « épuisé tous les recours » que les parents ont décidé de prendre Mme la directrice et d’autres membres de l’école en otage. Qu’espéraient-ils exactement ? Attirer l’attention sur leur problème de manière « médiatique, inédite mais pacifique ».

Médiatique, soit. Inédite, certes. Pacifique ? Il est difficile de comprendre en quoi l’enfermement de personnes contre leur gré soit une action pacifiste. Quel genre de relation entretiendront ces parents et ces employés de l’école suite à cet incident ? Dans une société où l’on a de plus en plus de moyens de communiquer, la communication ne semble pas se faire plus facilement pour autant. Plutôt que de persister dans leurs discussions, plutôt que de confronter l’enseignant en question, plutôt que de chercher à collaborer pour comprendre la source du problème et en trouver la solution, les parents ont choisi de se monter contre lui en prenant d’autres individus comme bouclier.

Ils ont peut-être des raisons valides d’être mécontents et révoltés. Ce qui est certain, c’est qu’en tant que parents, ils sont responsables de la protection des intérêts de leurs enfants. Cependant, ne sont-ils pas aussi sensés montrer l’exemple à leurs enfants ? Ces parents qui sont prêt à de tels complots pour assurer une excellente éducation à leurs progénitures, ne devraient-ils pas commencer par leur inculquer les valeurs des échanges et d’une communication ouverte et civilisée ? Admettre à son enfant que l’on a un casier judiciaire, c’est embarrassant. Expliquer à son enfant que pour lui assurer une éducation réussie on a dû prendre quelqu’un en otage… c’est le comble d’une éducation ratée d’avance. Enfin, tout est bien qui finit bien pour les parents et les otages puisque ces derniers ont été libérés et l’enseignant en question quitte l’établissement. Encore faudra-t-il lui trouver un remplaçant qui ne craigne de se faire prendre en otage au moindre mécontentement des parents…


Moyenne des avis sur cet article :  3.35/5   (17 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • Nanar M Nanar M 9 décembre 2011 12:21

    N’ont qu’à mettre leurs enfants dans le public smiley


    • Cap2006 10 décembre 2011 08:25

      1- prendre en otage pour absence de devoir à la maison, relève de la psychiatrie...
      2- confier une classe à un débutant, sans véritable formation, ni réel tutorat ou suivi, relève de l’incompétence...
      3- refuser de voir qu’il y a depuis si longtemps des profs pervers, violent, malades mentaux.... et au mieux les déplacer d’une école à l’autre pour qu’ils puissent continuer de sévir... relève du pénal...

      à l’image de notre société...

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Natasha

Natasha
Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès