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Mémoire et culture : 02 (Aisne) en force

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Le 02 dans la liste des départements de France, c'est l'Aisne, un département qui recèle des centaines de monuments et d'édifices classés. Et depuis le 20 septembre 2023 9 sites axonais de la première guerre mondiale sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, et depuis le 30 octobre 2023 la Cité internationale de la langue française est ouverte à Villers-Cotterêts. Succès garanti avec les visiteurs actuels et à venir.

Les sites de la Première Guerre Mondiale, qui fut une tragédie incommensurable, sont porteurs d'un message de paix par l'étendue du désastre qui fit des millions de morts. Les derniers Poilus rescapés ont disparu et le devoir de mémoire à l'échelle de l'humanité est incontournable face à l'inhumanité de la guerre (avec une actualité qui nous taraude : guerre en Ukraine sur notre sol européen et guerre au Moyen-Orient avec les massacres perpétrés par le Hamas et la riposte israélienne dans la bande de Gaza qui fait des milliers de victimes)

Or l'Aisne avec son Conseil départemental, suivi en cela par 13 autres départements français, ainsi que nos voisins belges, a fait acte de candidature pour l'inscription des sites funéraires de la Grande Guerre au patrimoine mondial de l'humanité dans le cadre de l'UNESCO.

Le 20 septembre 2023, en Arabie saoudite, la 45 ème session du Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a retenu 9 sites de l'Aisne ayant donc droit à la reconnaissance internationale, monuments et cimetières où reposent en paix soldats français, américains, danois, russes, belges, roumains, allemands,anglais. Mention particulière pour les tirailleurs sénégalais, les combattants venant du Pacifique.

Un circuit peut permettre de visiter les 9 sites en un laps de temps raisonnable ; une journée suffit.

D'abord les sites de Craonne et Craonnelle. Le village de Craonne ( qu'on se rappelle la chanson de Craonne !) avec son pélerinage annuel émouvant, au lever du jour, sur le plateau de Californie. Le cimetière français de Craonnelle, à flanc de colline avec les noms des soldats tués sur le Chemin des dames, de sinistre mémoire.

Puis au beau milieu du Chemin des dames, Cerny-en-Laonnois : plus de 5000 soldats dans le cimetière français, plus de 7500 soldats dans le cimetière allemand et cette chapelle de la réconciliation franco-allemande et ce monument aux soldats britanniques. On se prend à penser, avec cette réconciliation entre la France et l'Allemagne, voulue par le général De Gaulle et le chancelier Adenauer, après 3 guerres entre les 2 pays et des millions de morts, que le retour à une paix durable n'est pas impossible après des combats sanglants. Leçons pour Azerbaïdjanais et Arméniens, pour israëliens et palestiniens... ?

Puis Braine et son cimetière danois à côté du cimetière français pour le souvenir des "malgré-nous" danois enrôlés contre leur gré dans l'armée du Reich.

Puis Oulchy avec son colossal monument national des "Fantômes" de Paul Landowsky, ces géants de l'Europe des Alliés.

Puis le cimetière américain de la colline du bois de Belleau, de plus de 20 hectares, avec ses 2289 tombes qui nous font penser à cet autre cimetière, celui des plages du débarquement de 1944, avec Colleville-Omaha beach. Le parcours à pieds sur les sentiers de la colline du bois de Belleau s'impose avec ses arbres témoins de la catastrophe, ses cratères d'artillerie, ses trous d'obus,ses abris, ses lignes de tranchée.

A Saint Quentin, en ville, le cimetière allemand avec son monument commémoratif en forme de temple grec et ses noms allemands et français inscrits dans la pierre, inauguré par GuillaumeII. Les pertes en vies humaines furent terribles dès le début de la guerre, de part et d'autre.

Le Sourd accentue encore la commémoration bilatérale puisque le cimetière est franco-allemand, cimetière que les allemands ont voulu. Avec la tombe de Friedrich von Bismarck petit-fils de celui qui a fait l'unité allemande. Officiers allemands et français sont distingués de la même manière.

Dans cette pérégrination mémorielle il n'y a pas que des cimetières de morts au combat. A Effry ce sont des prisonniers civils et militaires qui sont enterrés. Près de 700 russes, belges, roumains, français décédés dans la froidure et faute de soins.

Enfin à Veslud, sur un site en arrière du front, sur une colline boisée , derrière l'église du village, s'étend peut-être le plus emblématique cimetière allemand.

Clap de fin de ce parcours de recueillement informatif pour éviter l'oubli ou l'effacement de ce qui fut une horrible boucherie.

Un deuxième rendez-vous est donné, par le département de l'Aisne, aux visiteurs avertis et en quête de sens. A 67km de Veslud ,Villers-Cotterêts vient d'inaugurer sa Cité internationale de la langue française. 

Qu'on se rappelle l'article de l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui impose contre la langue latine, la langue française dans les actes justice et administration du royaume de France : "afin qu'il n'y ait cause de douter sur l'intelligence desdits arrêts, nous voulons et ordonnons ( c'est le roi François premier qui décide) qu'ils soient faits et écrits si clairement qu'il n'y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté ou incertitude ni lieu à demander interprétation."

C'est en effet dans le château de Villers-Cotterêts, au coeur de la ville, édifice Renaissance laissé trop longtemps à l'abandon et entièrement rénové, qu'un des grands projets culturels du président Emmanuel Macron vient de voir le jour après plusieurs années de travaux. Un prochain sommet de la Francophonie sera accueilli sur ce site inauguré par le président en présence de la ministre de la culture Rima Abdul Malak ( à laquelle a succédé il y a peu Rachida Dati). Plus de 200 millions d'euros ont été nécessaires pour mener à bien la création de cette Cité internationale de la langue française.

La majestueuse cour d'entrée, dans laquelle de multiples mots de notre langue parlée sur tous les continents sont suspendus dans un ciel sans faille, donne le "la" de cette cité nouvelle : "Objectif, mettre en valeur les mots, l'orthographe, l'histoire (le français n'est pas le même au 12ème siècle, au 16ème, au 17ème), mais aussi les sonorités, la modernité et les évolutions passées et actuelles. Le tout aussi bien à travers des textes que des chansons, des écrivains ou des artistes français ou francophones".On nous annonce aussi que les humoristes , les comédiens et les chanteurs seront les bienvenus.

Nombreuses salles attractives pour un large public,dans la plus grande diversité, pour une culture pour tous. Un café, une vaste librairie ainsi que des studios pour des résidences pour les écrivains, musiciens, chercheurs, complètent harmonieusement l'ensemble.

La cité a été conçue en premier lieu pour divertir dans le sens noble du terme. Pour s'instruire avec les dernières trouvailles technologiques : bibliothèque magique, dispositif immersif, bibliothèque du futur, intelligence artificielle. Le visiteur peut aussi y voir de multiples oeuvres d'art.

La Cité célèbre la langue française qui a sa place dans notre identité. Cette langue de la république, sans oublier l'histoire de la royauté qui la précède, cette langue monde, réjouira tous les âges. Langue monde mise en avant par la chanteuse du Bénin Angélique Kidjo " Le français permet de jouer avec le second degré, offre plus de subtilité que l'anglais. Angélique Kidjo qui dit aussi :" J'ai parlé le français avant même de savoir l'écrire. C'est une langue employée par tous les africains et elle est très vivante".

Les concepteurs de la déambulation n'ont pas hésité à inventer des jeux, à intégrer des sketches d'humoristes comme ceux de Dany Boon, Gad Elmaleh...

L'Aisne, le 02, a ainsi réussi à mêler mémoire et culture, dans un département trop méconnu, aux trésors trop souvent oubliés.

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1 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 20 janvier 17:23

    Bonjour,

    Evoquer « mémoire et culture » de l’Aisne en ne traitant que les souvenirs militaires et la « Cité internationale de la langue française » sans dire un mot des monuments classés de Laon et de Soissons, et sans citer Coucy-le-Château, voilà qui est surprenant, non ?

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