Marianne et Atropos ou le transhumanisme sélectif
Le monstre froid de l’état est-il moins cruel qu’Atropos, cette Moire qui coupe le fil de la vie ?
L’état dirigé par Emmanuel Macron semble aimer la mort. Celle des enfants qu’il souhaite vous faire avorter. Celle des soldats d’une armée déjà étique qu’il envisage de fourvoyer en Ukraine. Et aussi celle des indésirables qui ont cessé d’être utiles à la société : pas ou plus productifs, plus assez solvables, coûteux à maintenir en vie. La prochaine loi euthanasie servira de pied que l’on glisse dans entrebâillement de la porte pour ensuite l’ouvrir en grand à toutes les dérives. C’est toujours la même histoire, à chaque transgression. Vous serez euthanasié parce que vous l’aurez voulu, puis que vous aurez cédé à l’aimable insistance de votre entourage ou de vos médecins. Puis votre consentement deviendra optionnel. Les conditions strictes le seront de moins en moins : la piquouse létale pour indigence, pour handicap, pour dépression, pour convenance personnelle de votre famille, pour solde débiteur au crédit social.
Et bien sûr seront convoqués pour ce débat parlementaire les arguments les plus compassionnels possibles : rien n’a changé depuis la « mort miséricordieuse » vendue par la propagande du régime Nazi avec Aktion T4. Les partisans inondent depuis longtemps déjà les médias avec un narratif bien huilé qui force sur la dose d’émotions et occulte la rupture anthropologique majeure, la fin annoncée du « Tu ne tueras point ». Revient en mémoire le seuil qui ouvre la civilisation selon l’anthropologue Margareth Mead1 : un fémur cassé puis guéri. L’hominidé avec une jambe brisée était condamné. Il ne l’est plus aussi sûrement quand ses congénères prennent soin de lui, le protègent et le nourrissent pendant tout le temps où il ne peut se mouvoir. Le dernier signe de notre civilisation perdue sera-t-il d’achever un frère en humanité, au lieu de le soulager de sa douleur ?
Il n’est pas nécessaire, hélas, de gâcher ses illusions sur l’issue du projet de loi. Comme d’habitude, les pseudo-débats préparatoires étaient pipés. Pour l’essentiel, l’opposition de droite est trop lâche pour faire son travail, et sa servilité face au magistère prétendument moral de la gauche rend nauséeux. En ces temps de disette budgétaire, les soins palliatifs serviront de variable d’ajustement. Mais personne ne voudra l’admettre, et ça se fera en catimini.
Rêvons un peu : que les médecins décident de façon quasi unanime au sein de leur ordre d’exclure et d’interdire d’exercice définitivement tout confrère qui se livrerait à un tel acte, nonobstant ce que décideraient les législateurs sur sa légalité. Mais le corps médical n’a pas dit grand-chose lors du galop d’essai du Rivotril en EHPAD, spéculer sur son courage serait bien hasardeux. Ils perdront avec cette loi la nécessaire confiance du patient au soignant et la déshumanisation de leur métier empirera. Les seuls gagnants dans l’histoire seront les caisses de retraite et les assurances sur la santé.
Et en même temps, la recherche se poursuit pour qu’advienne l’homme augmenté, celui qui ne meurt pas. Le transhumanisme continue de pousser ses pions, d’investir des sommes considérables. N’allez pas jusqu’à imaginer que vous pourriez en profiter. C’est en vous faisant mourir plus tôt que se dégagent des marges de manœuvres financières qui alimentent ces investissements colossaux. Pour que eux, les très nantis, ou leurs enfants, puissent en profiter. Vous ne pensiez tout de même pas qu’après avoir éradiqué la fraternité et la liberté, une égalité serait garantie ? La sélection pour accéder au transhumain se fera par l’argent.
Illustration : @VoixdEnfant
1Attribution incertaine : https://www.geneve.ch/themes/culture/bibliotheques/interroge/reponses/est-origine-de-affirmation-selon-laquelle-le-premier-signe-de-civilisation-serait-un-femur-casse-puis-soigne
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