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Accueil du site > Tribune Libre > Lettre ouverte sur un scénario du pire. De l’usage d’armes (...)

Lettre ouverte sur un scénario du pire. De l’usage d’armes radiologiques à un ultimatum russe de guerre nucléaire à l’Ukraine

 Comment comprendre la situation en Ukraine avec la contre-offensive qui a été annoncée plusieurs fois, mais toujours retardée et reportée ? Quels risques peut-elle entraîner cette guerre en général, et cette contre-offensive en particulier sur l’Ukraine, la Russie et l’Europe ?

Pour la contre-offensive ukrainienne projetée, tout dépendra des armements suffisamment performants et en quantité mis à la disposition de l’armée ukrainienne pour s’assurer qu’elle percera les fortifications que les forces russes ont certainement édifiées sur les fronts de guerre. Et encore faut-il que la contre-offensive réussisse pour apporter la victoire à l’Ukraine, ce qui n’est pas dit sur le théâtre de guerre qui reste incertain.

 

Donc, fort des armements massifs qu’apportent les États-Unis et l’Europe à l’Ukraine, et une volonté du pouvoir de Kiev de libérer ses territoires occupés par les forces russes, la guerre continuera mais ni l’Ukraine et ses alliés occidentaux ni la Russie ne peuvent préjuger de ce qui ressortira de cette guerre. Le conflit s’enlise sans visibilité de sortie de guerre pour les deux parties, plus le conflit dure plus la situation devient difficile, le facteur temps semble militer plus pour la Fédération de Russie que pour l’Ukraine qui risque de s’épuiser comme d’ailleurs les pays occidentaux qui seraient obligés de changer leur plan, s’il n’y a pas d’évolution positive dans cette guerre.

 

D’autre part, la mobilisation de 300 000 réservistes par la Fédération de Russie en septembre 2022 montre qu’au contraire, la guerre va se poursuivre jusqu’au bout d’autant plus le président russe Vladimir Poutine a averti à plusieurs reprises les pays européens sur le risque de cobelligérance dans le conflit. Signifiant à l’Occident que si la Russie se trouvait en danger, il n’hésiterait pas de recourir à l’arme nucléaire.

 

Heureusement que la prudence l’a emporté pour les deux camps sur le risque d’une Troisième mondiale. Cependant, le soutien massif en armements y compris lourds et aériens, aujourd’hui, et même de livrer des avions de chasse F-16 à l’Ukraine et les chars lourds US Abrams, cet automne, de même des sanctions économiques tout azimut, l’Union européenne est au onzième paquet de sanctions, conjuguées aux autres sanctions prises par le G7 à Hiroshima, au Japon, au mois de mai 2023, conforte l’Occident dans l’escalade de la guerre avec la Russie.

 

Aussi, ce que l’on peut dire, « si les pays concernés essentiellement occidentaux et russe ne prennent pas le chemin de la raison et ne trouvent pas des compromis pour arrêter cette guerre et qu’ils se dirigent résolument vers la paix, tout laissera penser que la guerre en Ukraine va s’enliser dans la durée et provoquer des incertitudes telles que « tout peut arriver ».

 

Et qu’entend-on par incertitudes sur cette guerre qui risque de durer ? Qu’arrivera-t-il en 2023 ou en 2024 si le conflit se prolonge ? Peut-on penser que la guerre en Ukraine restera en l’état, c’est-à-dire d’un côté l’Ukraine soutenu par l’Europe et les États-Unis, de l’autre la Fédération de Russie, et les deux camps qui s’épuisent dans une guerre sans visibilité de sortie ; les combats durent toujours et, le 24 juin 2023, ils auront bouclé le seizième mois.

 

Le problème qui va se poser dans cette guerre, c’est le facteur temps. Le doute, avec le temps, va s’installer aussi bien du côté russe que du côté ukrainien. En effet, l’idée que la Russie battra en retraite et quittera l’Ukraine est déjà une option retenue par les pays occidentaux comme pour le régime de Kiev. Une telle situation si elle venait à arriver pour la Russie ne mettra pas seulement en échec la Russie, elle la mettra en déroute. Ce sera une véritable débâcle, une catastrophe militaire pour la Russie ; non seulement, elle l’affaiblira d’une manière irréversible mais sera extrêmement grave pour son statut de grande puissance nucléaire mondiale. Ses prétentions géostratégiques sur l’aire d’influence que l’OTAN, et donc de l’Occident lui dispute, seront définitivement rabaissées. Même l’alliance avec la Chine sera remise en question.

 

Quant à l’Occident, la voie sera balisée pour élargir son aire d’influence à l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, le Monténégro, l’Albanie au détriment de la Russie ; ce qui explique le soutien progressif pratiquement sans réserve de tous les types d’armements dont l’Ukraine a besoin, de même pour son financement par les États-Unis et l’Europe. Cependant, si on se réfère à la mobilisation de 300 000 réservistes, en septembre 2022, la Russie a contré cette situation d’affaiblissement par l’apport de nouvelles troupes dans le conflit.

 

Force de dire que la Russie ne lâchera pas prise, et l’Occident et le régime de Kiev eux aussi ne lâcheront pas prise. La guerre va donc se poursuivre. Il faut aussi souligner que plusieurs parties extérieures au conflit, comme la Chine, l’Afrique du Sud et d’autres pays d’Afrique s’y joignant, de même l’Indonésie de concert avec d’autres pays d’Asie, ont cherché à intercéder dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie, pour parvenir à un compromis pour la paix. Mais la réponse a été toujours la même pour l’Ukraine si la Russie ne quitte pas les territoires ukrainiens, il ne peut y avoir de discussions, de compromis possibles, et donc la guerre. Ce refus systématique du gouvernement de Kiev est aussi soutenu par les alliés occidentaux de l’Ukraine.

 

Dans cette guerre, il faut dire que nous avons deux camps. D’abord la Russie qui n’est pas seule, elle a un allié de poids, la République populaire de Chine qui bien qu’elle est pour le respect du droit international, n’a pas néanmoins condamné l’invasion russe de l’Ukraine. Elle est donc pour la Russie bien plus qu'un soutien de circonstance. D’autant plus que la Chine a pratiquement le même problème avec l’île de Taïwan qu’elle considère comme faisant partie de la Chine. La Russie, dans un certain sens, fait aussi face au problème de populations russophones d’origine russe, majoritaires dans la région de l’est de l’Ukraine, et qui ont demandé leur rattachement à la Russie. Ce qui explique les événements qui ont surgi depuis 2014 jusqu’à la guerre déclarée en février 2022.

 

Le camp opposé, c’est l’Ukraine envahi et ses territoires annexés. Soutenus par ses alliés occidentaux, l’Europe et les États-Unis visent, dans un contexte géostratégique majeur, à construire la grande Europe. L’objectif dans la stratégie occidentale est évident, c’est celui de contrer le camp adverse Russie-Chine qui veut changer les règles mondiales. En clair, mettre fin à la domination occidentale, ce qui est inacceptable pour l’Occident qui se targue de défendre les valeurs libérales et démocratiques contre un ordre autocratique. D’où la réalité d’un clivage majeur dans l’ordre mondial.

 

On comprend dès lors que la guerre en Ukraine pour l’Occident dépasse les objectifs même de l’Ukraine. En obligeant la Russie à revenir sur ses annexions sur les régions de l’Est et du Sud-Est de l’Ukraine, elle permet, d’une pierre deux coups, à l’Ukraine de récupérer ses territoires, et de l’autre, d’opposer un front puissant, solide capable de mettre en échec les prétentions du camp adverse.

 

Ceci étant, qu’en est-il de la guerre aujourd’hui ? Nous sommes en juin 2023, que préfigure la guerre en Ukraine ? Tout d’abord la réponse de Washington à travers les déclarations de deux hauts responsables de la Maison Blanche. Comme l’a déclaré John Kirby, le coordinateur des communications stratégiques au Conseil de sécurité nationale des États-Unis, dans l’interview, à Hiroshima, sur le site japonais www3.nhk.or.jp.

 

« Takagi Masaru : Quelle est l’importance de la contre-offensive attendue de l’Ukraine contre la Russie ?

 

« John Kirby : Eh bien, la guerre pourrait se terminer aujourd’hui. Il ne devrait pas y avoir besoin d’une contre-offensive. M. Poutine devrait simplement rappeler ses troupes et les faire quitter l’Ukraine parce qu’elles n’ont pas leur place dans ce pays. Maintenant, alors que les combats continuent, que le temps s’améliore, et que nous voyons déjà le printemps en Ukraine, le temps devient plus sec et plus propice aux opérations, et vous voyez que les Russes ont investi beaucoup d’énergie et beaucoup de forces, en particulier dans cette ville de Bakhmut. Et nous estimons que les Russes veulent mener des offensives dans d’autres parties de l’Ukraine le long de ces 600 miles vers le sud ou vers le nord jusqu’au Donbass et au-delà.

 

Et le président Zelensky a dit qu’il voulait aussi avoir la capacité de passer à l’offensive. Maintenant, où il le fait, quand il le fait, comment il le fait, avec quels effectifs, tout cela dépend de lui. Il est le commandant en chef, lui seul peut décider quelles opérations militaires il va mener.

 

Ce que nous devons faire, aux États-Unis, et je pense que vous entendrez aussi les dirigeants du G7 à ce sujet, c’est continuer de soutenir et de s’assurer qu’il a les outils, la formation, les capacités, les systèmes d’armes pour gagner tous les combats qu’il va mener dans les semaines et les mois à venir.

 

Vous m’avez demandé à quel point c’était décisif. Nous savons que nous sommes à un point d’inflexion dans la guerre en Ukraine, et les semaines et les mois à venir seront cruciaux, et c’est pourquoi il est si important que les dirigeants du G7 se réunissent aujourd’hui. Ils parlent de l’Ukraine aujourd’hui, également pour obtenir des perspectives supplémentaires du président Zelensky, afin d’aller de l’avant. » 

 

De même, dans le journal Le Monde : « Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a rejeté tout cessez-le-feu défavorable à Kiev, soulignant que continuer à armer et renforcer l’Ukraine était la seule voie pour atteindre une « vraie paix ». Il a aussi estimé que l’attaque en Ukraine avait viré à l’« échec stratégique » pour Moscou. »

 

Force de dire que tout l’Occident parle d’une même voix dans la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie. Cependant, dans le conflit russo-ukrainien qui, en réalité, est un conflit entre l’Occident et la Russie et derrière la Chine, dont l’enjeu est la domination, l’Occident cherche à pérenniser sa domination et la Russie cherchant à l’éliminer. On comprend parfaitement la position américaine. Pour l’establishment américain, il n’est pas question que la Russie sorte victorieuse de la guerre en Ukraine.

 

Or, que se passe-il aujourd’hui ? On parle sans arrêt de contre-offensive ukrainienne, et les déclarations sur son déclenchement sont contradictoires, alors que, sur le plan tactique, on ne doit pas faire trop de bruit sur la contre-offensive pour profiter de l’effet de surprise sur l’ennemi. D’autre part, plusieurs faits sont annoncés qui explique le retard de son déclenchement comme l’attente de nouveaux véhicules blindés occidentaux selon le président ukrainien. Et ne perdant pas de vue qu’au mois de mai 2023, le président de l’Ukraine s’est lancé dans une campagne diplomatique en Union européenne et au Japon, visant à obtenir plus d’aide militaire et d’armes, un soutien essentiel pour permettre à l’Ukraine de mener à bien la contre-offensive.

 

Et l’enjeu est considérable dans cette contre-offensive contre les forces russes. Si elle se traduit par un échec, elle poussera les pays occidentaux à diminuer leur aides et même lui recommanderont de négocier avec la Russie, ce qui ne pourra qu’entériner la perte des territoires ukrainiens annexés par la Russie.

 

Or, qu’en est-il de cette contre-offensive qui se déclenchera vraisemblablement en été, selon le coordinateur des communications stratégiques au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby ?

 

Lorsque l’on sait que des composantes de l’armée ukrainienne sont formées dans plusieurs pays d’Europe et du matériel d’armements issus de plusieurs pays, et surtout face à une armée russe, considérée parmi les trois plus grandes armées du monde avec les États-Unis et la Chine, il est difficile de faire un pronostic positif sur les résultats qu’apporterait après la fin de la contre-offensive ukrainienne. Déjà, le Premier ministre hongrois Orban tire la sonnette d’alarme sur cette contre-offensive.

 

« Le Premier ministre hongrois a mis en garde contre l’opération très médiatisée des forces de Kiev

Tout doit être fait pour éviter une contre-offensive ukrainienne contre les forces russes car elle aurait des conséquences dévastatrices pour Kiev, comme l’a déclaré, dans news-24.fr, le Premier ministre hongrois Viktor Orban. »

 

« Lors d’une interview avec Kossuth Radio vendredi, Orban a déclaré que « même quelqu’un comme moi avec un an et demi d’expérience dans le service militaire sait parfaitement… que si j’attaque, je perdrai trois fois plus que celui qui est en défense. »

 

L’Ukraine a probablement une population de « quelque part entre 20 et 30 millions » pour le moment, ce qui est « une fraction » de ce que la Russie a, dit-il. La population russe dépasse les 146 millions d’habitants, selon les données du Service fédéral des statistiques.

 

Le lancement d’une contre-offensive majeure par Kiev dans de telles conditions « serait un bain de sang » a averti le dirigeant hongrois.

 

« Même dans le meilleur des cas, aucun meilleur résultat n’a pu être obtenu… sur le champ de bataille, que ce qui aurait pu être obtenu par des négociations avant même le conflit », il a dit.

Zelensky promet une contre-offensive imminente

 

« Nous devons faire tout notre possible avant le lancement d’une contre-offensive pour convaincre les parties qu’un cessez-le-feu et des pourparlers de paix sont nécessaires », Orban a insisté.

 

L’Ukraine planifie depuis des mois une contre-offensive à grande échelle contre les forces russes, affirmant que cela permettrait à Kiev de reprendre tous les territoires perdus au profit de la Russie, y compris la Crimée. L’opération devait commencer au printemps, mais avait été retardée à de nombreuses reprises, les responsables ukrainiens se plaignant du mauvais temps, du manque de munitions et de la réticence de l’Occident à fournir des avions de combat.

La Hongrie a adopté une approche équilibrée depuis le déclenchement du conflit entre Moscou et Kiev en février 2022. Budapest a fourni une aide humanitaire à l’Ukraine, mais a refusé d’envoyer des armes au gouvernement du président Volodymyr Zelensky, contrairement à de nombreux autres États membres de l’UE. La Hongrie a également constamment appelé à un règlement pacifique de la crise et critiqué les sanctions imposées par Bruxelles à Moscou, affirmant qu’elles n’avaient pas atteint leur objectif et nuisaient davantage à l’UE qu’à la Russie. »

 

Que peut-on dire de ces déclarations ? Que le Premier ministre hongrois s’efforce d’arrêter la contre-offensive est peine perdue. Pourquoi ? Le processus est en marche, la guerre ne s’arrêtera pas à moins d’un miracle. L’Occident mise tout sur la contre-offensive, et, après toutes ces préparations et la livraison de tous les armements, la contre-offensive se déclenchera irrévocablement parce qu’elle est voulue par l’Occident et le gouvernement de Kiev aussi parce qu’ils sont totalement engagés depuis le début de la guerre et bien avant, depuis la révolution de 2014.

 

Elle sera certainement dévastatrice pour les deux camps, en particulier pour l’attaquant parce qu’il est le plus exposé, il est dans l’attaque contrairement aux forces russes qui seront dans des défenses fortifiées. La question fondamentale qui se pose : « La contre-offensive réussira-t-elle à forcer les défenses russes et à faire reculer l’armée russe ? Ne perdons pas de vue du rapport des forces, la Russie une puissance militaire et nucléaire mondiale alors que l’Ukraine a moins de 30 millions d’habitants puisque plus de 13 millions de la population ukrainienne ont quitté l’Ukraine pour l’Europe et les États-Unis depuis la guerre, auxquels il faut aussi ajouter quatre millions de russophones dans les quatre régions de l’Est et du Sud-Est de l’Ukraine qui ont choisi d’être intégrés à la Russie. 

 

Comme l’a fait remarquer le Premier ministre hongrois « la population de la Russie dépasse les 146 millions d’habitants », et de surcroît une puissance militaire hors norme par rapport à la puissance de l’Ukraine. Ce qui nous intéresse ici, c’est qu’arrivera-t-il si la contre-offensive ne va pas changer l’équilibre des forces, et va s’épuiser malgré tous les combats qu’elle aura menés, et au final sans résultats. Que sera l’heure de vérité sur la contre-offensive menée par les forces armées ukrainiennes ?

 

Comme l’a déclaré John Kirby : « Nous sommes à un point d’inflexion dans la guerre en Ukraine, et les semaines et les mois à venir seront cruciaux. » Précisément tout va se jouer dans cette contre-offensive, celle qui a eu lieu à l’été 2022, elle a eu quelques succès, mais elle n’a pas duré. Et les combats ont fait du surplace avec quelques villages et villes prises comme, par exemple, Bakhmut par la Russie. Dans cette guerre, malgré tout l’optimisme affiché par Kiev pour une victoire sur l’armée russe, ce qui nous intéresse, c’est qu’arrivera-t-il si la contre-offensive est un échec ? 

Certainement, ce sera une grande déception tant pour le gouvernement de Kiev que pour les alliés occidentaux, surtout si les pertes enregistrées dans la contre-offensive seront considérables.

 

Évidemment, si les forces armées ukrainiennes sortent victorieuses des forces armées russes, le problème ne se pose pas puisque, en cas de négociations, le camp de l’Ukraine sera en bonne position, et pourra mieux négocier avec la Russie la fin de la guerre. Le problème de la suite des événements ne se posant plus, ce cas reste cependant hypothétique.

 

Ce qui nous intéresse, c’est le cas où la contre-offensive serait un échec, l’Occident se retrouvera dans l’incertitude ; il diminuera forcément les aides et cherchera à relancer le dialogue avec la Russie par l’intermédiaire de la Chine qui s’était déjà proposé pour chercher une solution à la crise russo-ukrainienne. Mais la situation risque d’être chaotique, l’Occident même s’il recherche une sortie politique laissera traîner encore le conflit. La situation sera autre pour le gouvernement de Kiev qui lui aussi est confronté à l’incertitude. Il ne peut plus miser sur la victoire comme il l’a espéré avant la contre-offensive.

 

Le désespoir va poindre et avec l’armement que l’armée ukrainienne dispose, le risque est que le gouvernement de Kiev, sachant qu’il est acculé, et le soutien de l’Occident remis en question, pourrait prendre des décisions extrêmement graves. Déjà la centrale nucléaire de Zaporijjia est menacée, et le directeur de l’AIEA ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Le risque est que la centrale nucléaire soit bombardée, c’est un premier risque d’autant plus qu’elle est occupée par les Russes.

 

Un bombardement de la centrale électrique avec une hausse des radiations pourrait mettre en danger toute la région de Zaporijjia et au-delà. C’est la première menace. La deuxième menace est l’emploi d’armes radiologiques. L’Ukraine possède 4 centrales nucléaires et elles fonctionnent toutes, ce sont elles qui produisent une partie importante de l’électricité du pays. Et les déchets radioactifs proviennent pour l’essentiel des centrales électriques. Dans une situation de désespoir, tout est possible dans une guerre qui s’enlise et surtout que la contre-offensive qui devait faire reculer les forces russes n’aura pas atteint de résultat.

 

Utiliser des armes radiologiques contre l’ennemi est une possibilité qui peut s’offrir au perdant malgré qu’elle s’assimilerait à un auto-suicide. L’idée maîtresse est « Je n’ai pas vaincu, l’ennemi ne vaincra pas aussi ». En fait, la guerre changerait de nature ; ce serait désormais des armes conventionnelles lestées, entourées de matériaux radioactifs destinés à être répandus en poussière lors de l'explosion, qui seraient employées.

 

Un emploi répété de ces armes radiologiques créera certainement la panique dans les régions annexées ; il est clair qu’il y aura urgence pour une réunion du Conseil de sécurité ; mais la situation ne sera pas dénouée par les cinq membres dotés du droit de veto. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni vont s’opposer à la Russie, lui demandant de se retirer des territoires ukrainiens annexés. Le Conseil de sécurité sera donc impuissant de régler la crise. Dès lors, la Russie, depuis l’attaque de Moscou par des drones, le 30 mai 2023, sait qu’elle pourra être touchée par des bombes radiologiques. La capitale russe ne serait pas à l’abri. Moscou n’aura pas le choix, le gouvernement russe lancera un ultimatum au gouvernement ukrainien sur une attaque nucléaire sur la capitale de l’Ukraine, c’est-à-dire Kiev, s’il ne met pas fin publiquement aux attaques radiologiques et aussi fin aux hostilités. En clair, Moscou impose la fin de la guerre à l’Ukraine, ce n’est pas une reddition comme ce qui s’est passé pour le Japon, en août 1945, avec les deux villes Hiroshima et Nagasaki rasées, et l’occupation du Japon.

 

Non, c’est une fin de l’hostilité imposée par la Russie du fait que la guerre a pris d’autres proportions, d’autres voies extrêmement dangereuses pour les populations civiles, qu’elles soient russe, ukrainienne ou des autres régions des États proches du conflit.

Dans cet ultimatum, le gouvernement russe spécifiera aux États-Unis, au Royaume-Uni et à la France, trois puissances nucléaires reconnues par l’ONU, que des armes nucléaires ne doivent en aucun cas être livrées à l’Ukraine.

 

Si le gouvernement de Kiev n’obtempère pas à l’ultimatum de Moscou, et que Kiev est touché par une attaque nucléaire, toute attaque nucléaire par l’Ukraine contre la Russie se soldera de représailles massives contre l’Ukraine et l’Occident, dans un rapport qui peut être d’une attaque nucléaire ukrainienne pour dix attaques nucléaires russes. L’objectif de Moscou de ce rapport de force de 1 pour 10 est de mettre haut la barre de l’ultimatum, et aussi montrer que la Russie n’a plus de choix, plus d’alternative, qu’elle ira jusqu’au bout. C’est son statut de grande puissance qui est en jeu, une menace existentielle qui pèse sur tout le territoire russe.

On comprend dès lors que la situation va devenir très dangereuse pour l’Ukraine, pour l’Europe, pour les États-Unis et aussi pour la Russie. Tous ces pays risquent d’être touchés par une guerre nucléaire localisée entre la Russie, l’Europe et les États-Unis.

 

Et c’est la raison pour laquelle l’auteur de cet écrit lance un appel aux décideurs du monde sur ce qui peut résulter de cette guerre entre la Russie et l’Ukraine qui est en fait une guerre entre la Russie et les États-Unis, les pays d’Europe ne font que suivre la première puissance du monde. Comme l’OTAN, sa vraie puissance émane de la première puissance du monde, les États-Unis.

 

Cet écrit est une « lettre ouverte » adressés au monde entier, et surtout au peuple ukrainien, aux peuples d’Europe et au peuple américain qui sont les plus concernés. Elle est adressée au peuple russe qui est aussi le plus concerné, mais que peut faire le peuple russe qui est menacé ? Et la guerre en Ukraine qui a éclaté relève, au départ, essentiellement des populations russophones majoritaires dans l’Est et le Sud-Est de l’Ukraine qui ont demandé à être rattachées à la Russie.

 

Aussi, j’exhorte les cinq décideurs des États-Unis qui sont le président des États-Unis, Joe Biden, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, le secrétaire d’Etat à la défense, Lloyd Austin, le Chef d'État-Major des armées des États-Unis), Général Mark A. Milley, le Chef de la CIA William Joseph Burns, de prendre en considération les risques que laissent poindre la guerre en Ukraine.

 

Peut-on raisonnablement tout miser sur l’Ukraine qui peut vaincre la Russie qui est la deuxième puissance du monde ? C’est un peu comme si le Mexique soutenu par ses alliés pouvait vaincre les États-Unis. Cette guerre est un non-sens, dans l’impasse et dans l’impossibilité de dialogue, elle peut se transformer en une guerre que les puissances occidentales regretteront longtemps. Les armes nucléaires qu’elles soient radiologiques, et jusqu’à présent, aucune attaque radiologique n’a existé, ou nucléaires tout court, restent des armes nucléaires. Elles peuvent mettre des pays entiers dans le chaos nucléaire, se rappeler Hiroshima et Nagasaki, avec des répercussions sur le reste du monde.

 

J’exhorte les cinq décideurs américains à une solution raisonnable à cette guerre. Et vous seuls avez le pouvoir d’arrêter la guerre si vous le voudriez. Pensez au danger que cette guerre laisse encore planer sur l’Ukraine, la Russie, l’Europe et les États-Unis.

 

Messieurs les décideurs américains, ne vaudraient-ils pas mieux que la Russie garde les quatre régions annexées de l’Ukraine d’autant plus que la population russophone est majoritaire et a aspiré à rejoindre la Russie et éviter que la guerre en Ukraine qui se trouve dans l’impasse, qu’après la contre-offensive, se transforme en guerre radiologique puis en guerre nucléaire.

 

Messieurs, « Pensez au peuple ukrainien, au peuple russe, aux peuples d’Europe (Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Allemagne, France…), au peuple américain si la guerre va dégénérer en guerre nucléaire. Pensez aux risques de guerre nucléaire qui pèsent sur l’humanité. La guerre en Ukraine mériterait-elle de mettre en danger l’Europe entière, la Russie entière et les États-Unis.

 

Messieurs, « Pensez à l’humanité entière qui vous regarde ».

Je prie aussi Dieu le Tout Puissant d’orienter les hommes qui décident de la marche du monde vers la Raison.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective


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3 réactions à cet article    


  • Géronimo howakhan Géronimo howakhan 6 juin 2023 14:12

    Salut, le pire ou le meilleur ; car à quoi bon continuer cette « expérience » visiblement ratée, humaine, si si, ce pire-meilleur serait, sera, ce qui est déjà arrivé au moins une fois entre 12800 ans et 11600 ans...chute de débris de comète ...inondation ultra rapide, grosses vagues etc etc

    cela dit bien sur ?????

    et selon Platon pour les mêmes raisons que aujourd’hui ..nous et notre mental dégénéré...

    situation aujourd’hui, aussi très bien décrite dans les « lamentations de Hermes à Aesclipius » (texte hermétique que la pensée ne peut saisir) , écrites au moins il y a 4500 ans..on dirait un texte écrit il y a quelques jours à propos de nous aujourd’hui

    là pareil cherchons et nous trouverons

    je ne mets plus de lien, si cela doit croiser votre (global) chemin ,ça arrivera..je mets votre car ça a croisé mon chemin..c

    c’est ainsi

    nous faisons tous semblant d’ignorer certaines eschatologies sinon c’est une mort à petit feu..qui, quoi..moi de même..

    et oui il y a dans cette histoire une démence particulière, un truc que rien n’explique..sauf sauf sauf , une souffrance au delà de ce qu’elle doit etre..

    Comme dirait un des nombreux pionner de ces recherches : actuellement nous cochons toutes les cases pour être la prochaine civilisation disparue ..

    or dans cette phrase il y a cochons...mais qui est donc le grand méchant loup ??

    ite missa est, Deo gratias...

    si vis pacem, para panem...et cœtera


    • stappy 8 juin 2023 23:29

      L’enjeu est bien sûr la domination occidentale de plus de 1000 ans. C’est sérieux.

      Cette brillante aventure de 1000 ans et plus peut se terminer par un désastre nucléaire, l’auteur voit juste.

      Le drame est que des occasions ont été manquées, comme par exemple l’organisation par l’ONU de referendums en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

      Ce refus de l’Occident de recourir à des sorties honorables, après le sabotage des accords de Minsk et des négociations de mars 2022, démontre une volonté en béton de conquête de nouveaux territoires OTAN/UE.

      Comme l’auteur le note justement, un recul de la Russie serait très dangereux pour sa survie de puissance nucléaire, et pas seulement.

      Le conflit opposant les deux plus grandes puissances nucléaires est donc dans une impasse. Je crois que nous ne sommes pas vraiment conscients du danger qui nous menace. C’était déjà comme ça à la veille de la guerre de 14. Seul Jaurès …

      Un autre drame (mini celui-là) est que les citoyens occidentaux qui appelleront à une sortie de guerre par la négociation seront immédiatement traités de munichois, de pétainistes, de défaitistes, de lâches voire pire … On comprend pourquoi les voix pour la paix sont si discrètes.


      • anaphore anaphore 11 juin 2023 19:26

        Pourquoi je n’ai rien à branler du blubi-bulga indigeste de cet article qui se perd en conjectures. Les US(S) ont oublié avec les Ukro-nazis que l’issue de cette guerre ne peut échapper à la Russie et ses intérêts vitaux. Elle n’a pas été atteinte par les sanctions des technocrates néolibéraux de Washington et de Bruxelles. La suite se passera sur le champ de bataille. Et là il faudra que les Otanusiens mouillent leur culotte et envoient des troupes en Ukraine, autant dire la porte ouverte aux frappes tactiques nucléaires des russes. Et là les otanusiens déclenchent leur feu nucléaire sur la Russie ? ..... Sans déc..... les occidentaux se sont foutus dans la merde . Point barre ! 

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