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Accueil du site > Tribune Libre > Les POUTRES qu’ils ne sauraient VOIR !

Les POUTRES qu’ils ne sauraient VOIR !

Les analystes et décideurs des mondes politiques, économiques, sociétaux, financiers, démographiques et religieux... découvrent chez les autres les pailles des dysfonctionnements, des erreurs maintenues et assumées et des solutions défectueuses ou inadaptées. Ils ne relèvent pas les poutres dans leur propre vision des phénomènes. Une saine et courageuse introspection et des analyses objectives à contre-courant de la "pensée correcte" met en évidence des voies communes pour régler les problèmes devenus insolubles avec les modes de pensée dominants.

En France la pensée correcte fait des ravages, surtout dans le domaine économique : nous sommes obnubilés par la comparaison avec l'Allemagne qui ne se différentierait que par une population de 83 Mhab au lieu de 67 Mhab chez nous. Et les perroquets médiatiques de toutes les couleurs vocalisent dans les médias : comme le Français ne saurait être considéré comme inférieur à l'Allemand, ce ne peut être que la gestion économique qui ferait la différence et il serait impératif d'imposer à notre peuple des mesures restrictives en terme d'avantages sociaux, de temps de travail, de salaires (pour les bas salaires), d'indemnisation du chômage, de modalités de retraite, telles que préconisées et mises en application dans les "lois Hartz I à IV" et en outre, à l'inverse, des réductions des impositions et charges sur les entreprises, sur les dividendes, et sur les hauts salaires et revenus. Une partie de "ces modernisations" pour "adaptation à la mondialisation" a été décidée en fin de Hollande et en début de Macron (selon son programme électoral), avec de maigres résultats, toujours bons à prendre et à s'en attribuer les mérites ! Cependant les coûts et conditions de travail étant relativement proches dans nos deux pays, les énormes différences en terme de balance commerciale (+250 Md€ et - 50 Md€) en terme de déficits publics (+ quelques Md€ et -80Md€), en terme de chômage (5% et plus de 8% en cat 1) sont trop visibles au point de cacher d'énormes poutres dans nos yeux :

- du côté francais, l'abandon progressif des activités industrielles surtout ces deux dernières décennies (réduction de 20 à 10% de la part des productions industrielles dans le PIB français) avec la primauté donnée aux services et à l'amélioration des marges par des délocalisations massives et par les odes à la mondialisation des échanges. Du côté de l'Allemagne les activités industrielles sont maintenues et développées et profitent des échanges, alors que la France en pâtit : pour les soldes des échanges, d'un côté du travail pour 2,5 à 5 millions de travailleurs et de l'autre des emplois en moins (chômage !) pour 0,5 à 1 million de travailleurs ! (les nombres varient avec l'inclusion des emplois indirects). En outre, les exportations massives allemandes comprennent une forte rentrée de charges sociales et d'impôts et taxes, payées par les pays clients ! La France, aux échanges commerciaux déficitaires, participe aux financements des comptes publics et sociaux des pays fournisseurs !

- le paramètre déterminant est la démographie comparée de nos deux pays avec les politiques d'adaptation :

Les démographies et leur évolutions sont primordiales. En France on se gausse d'une forte natalité (environ un excés de 200 000/an de naissances sur les décès en moyenne depuis 1946, avec des pointes vers 250/300 000/an pendant le babyboom) source de futurs travailleurs actifs pour développer le pays et financer les retraites ! Alors que ces Allemands riches et donneurs de leçons, vont bientôt être confrontés au financement des retraites, surtout de la vague issue du babyboom (entre 1947 et 1967 les naissances étaient de l'ordre de 1 million à 1,3 million avec des excédents naissances/décès de 300 à 400 000 /an) ; ce "paquet" va prendre sa retraite financée par des actifs nés après 1972 au rythme de 700 000/an (inférieur au nombre de décès), avec un déficit cumulé de naissances de 5,26 M entre 1972 et 2018 ! Même si les Allemands et l'Allemagne ont fait des économies et quelques provisions, la situation devrait être catastrophique !! Et fort heureusement ce ne sera pas le cas ! L'Allemagne a su transformer un déficit continu de naissances en un grand avantage économique et financier !! Alors que pour la France l'accumulation constante d'excédents de naissances/décès s'est tranformée en croissance du chômage et en une catastrophe économique et financière !

Comment peut-on commettre de si graves erreurs d'interprétation des statistiques économiques, financières et démographiques ?

Le premier élément réside dans la définition des actifs et des inactifs. Les premiers sont censés assurer les retraites des seconds et déjà on s'inquiète de la baisse inquiétante du rapport nombre des actifs/nombre des inactifs (retraités). Ce rapport a une valeur maxi théorique d'eniron 2 et une valeure pratique inférieure, car tous les actifs ne travaillent pas (mères au foyer, chômeurs, sans emploi, handicapés, malades...). Pour être plus conforme à la réalité on doit prendre en compte dans les inactifs les jeunes dès leur naissance jusqu'à leur entrée effective sur le marché du travail. Dans ces conditions le rapport actifs/inactifs devient <1 (sauf si on réduit drastiquemet le nombre de retraités par des mesures idoines) : c'est la réalité de notre vie sociale et économique ! Dans notre comparaison France/Allemagne depuis 1972 jusqu'à nos jours, (pour ce qui concerne le cumul naissances-décès) pour le stabilité de la population, le nombre d'inactifs (jeunes) en Allemagne a baissé de 5,26 millions, alors qu'en France il a augmenté de 9,2 millions (au rythme moyen de 200000/an). Naturellement ces nombres ne sont à utiliser qu'en tant que cumuls différentiels de jeunes à la charge des états, collectivités territoriales et familles : pour l'Allemagne seulement en dépenses publiques c'est un gain ou une absence de dépenses (par rapport à une stabilité de la population) s'élevant à plus de 1000 Md€ et en contre partie ce serait une dépense réelle et effective pour la France de 1840 Md€. Ces valeurs sont déterminées avec une dépense moyenne publique de 200 000€ par jeune (150 à 250 000€ selon le niveau de formation et l'âge d'entrée sur le marché du travail). L'Allemagne depuis les années 75 a fermé des classes puis des écoles, des collèges et des lycées et réduit ainsi ses dépenses ; alors que la France a dû faire le contraire, la fermeture des écoles et des classes dans les campagnes a été surcompensée par des ouverture en ville amplifiée par l'accroissement des naissances.

Le second élément réside dans la prise en compte de l'immigration de travail de jeunes adultes élevés dans leur pays d'origine. Et c'est là que la politique allemande conforte son avantage et compense les handicaps théoriques de sa démographie.

Prise en compte de la réunification. Les statistiques de l'Allemagne ont été aussi réunifiées : les valeurs de la RDA étant ajoutées à celles de la RFA. Par exemple, les deux millions de travailleurs issus de la RDA qui se sont déplacés dans l'ex-RFA ne rentrent pas dans les flux migratoires, car ils sont allemands à 100%, natifs d'Allemagne. Les dépenses publiques pour "leur élevage" de 400 Md€ (en valeur actuelle) ne sont pas prises en compte, par contre le Chanchelier Kohl estimait les dépenses publiques pour la réunification à 500 Md DM, (dérivant à 1000 Md DM soit 500 Md€). Comme les travaux de réhabilitation des diverses infrastructures de la RDA ont essentiellement profité aux entreprises de la RFA, alors les ressources publiques en impôts et charges sociales sur ces travaux, alliées aux économies non comptabilisées des 400 Md€ ci-dessus, ont fait que le coût de la réunification n'a en rien pesé sur l'économie allemande, bien au contraire. Les allemands issus de "colonies" allemandes dans les pays de l'Est (Silésie en Pologne, Roumanie, Bulgarie, Croatie...) et dans les Républiques de l'URSS (pays Baltes, Biélorussie (ex Prusse orientale), Ukraine, Russie) pour un nombre de plus de 3 millions n'ont pas été considérés comme des migrants classiques issus de l'étranger, mais comme des immigrés nés allemands à l'étranger : là encore il y a eu un énorme avantage en terme de dépenses publiques "d'élevage", de plusieurs centaines de Md€ !

Une immigration complémentaire au regroupement de la grande famille germanique s'est imposée, d'autant plus qu'elle ne coûtait rien en dépenses publiques d'élevage et de formationn professionnellle. La population allemande a non seulement été stabilisée par une immigration de remplacement ou compensation des déficits de naissances, mais encore a augmenté par des flux migratoires de travail. Le cas de la vague récente d'environ 1 million de réfugiés (avec beaucoup de travailleurs plus des femmes et des enfants) doit être traité séparément car il sort de la politique générale adoptée jusqu'alors, bien que déjà plusieurs centaines de milliers ont déjà trouvé un travail en Allemagne.

Entre 1946 et 1972, en Allemagne, il y a un accroissement naturel de la population (baby-boom) ; ensuite c'est la grande période de déficit naturel de naissances (5,26 millions) plus que compensée par l'immigration de travail (diminuée par une émigration allemande). La population (entre 1972 et maintenant) a cependant augmenté d'environ 5 millions. Les statistiques allemandes précisent la présence de 18 millions de personnes directement immigrées ou issues de l'immigration (le regroupement germanique inclus) dont 9 millions pour l'Europe incluant 5,9 millions issues de l'UE (Pologne 1,8 M, Italie 0,86 M, Roumanie 0,8 M, Grèce 0,4 M, Croatie 0,4 M etc...). Pour tous les pays de l'UE, "l'élevage public" des futurs émigrés vers l'Allemagne a fortement grevé leurs finances publiques, sans aucune compensation des Gouvernements allemands successifs. Il est à noter, dans le cadre de réparations "morales" de la seconde guerre mondiale, que la RFA finançait à hauteur de 300 000 DM le départ de l'URSS de chaque personne de confession juive qui voulait rejoindre Israël, afin de compenser les frais et charges dépensés par l'URSS pour "leur élevage" ! Cette mesure aurait dû être envisagée pour toute autre immigration de travail vers l'Allemagne, au moins dans le cadre de l'UE. De telles mesures auraient fortement réduit les déficits et dettes publics des états concernés !

Ainsi, depuis 1972, l'immigration de regroupement germanique et l'immigration de travail a permis une économie potentielle de dépenses publiques de l'orde de 2000 Md€ pour l'Allemagne, alors que les excédents de naissances en France se traduisent par des dépenses réelles publiques d'environ 1800 Md€. Ces chiffres sont des poutres que ne veulent pas voir tous les analystes "politiquement correct". On doit cependant considérer que les travailleurs immigrés en France ont aussi été "elevés" aux frais de leur pays d'origine !

 

Au lieu de vilipender l'économie française et ses entreprises, il faut se réjouir que malgré ses handicaps l'économie française a créé des millions d'emplois dans le privé (et aussi dans le public) pour absorber cet afflux continu de jeunes sur le marché du travail, afflux majoré par les travailleurs immigrés ! Si le cumul des excédents des naissances est de plus de 15 M, la population française entre 46 et maintenant est passée de 40 à 63 Millions ! D'où un solde de 8 M correspondant à l'immigration d'étrangers (en France les naissances issues de couples comportant au moins un immigré sont considérées comme des naissances naturelles françaises, (contrairement à L'Allemagne qui a longtemps privilégié le droit du sang par raport au droit du sol), nombre devant être majoré par le nombre de Français expatriés à l'étranger, donc des émigrés !

Balance commerciale franco-allemande

L'Allemagne est le premier fournisseur et le premier client de la France, avec des soldes très déséquilibrés : environ une trentaine de Md€/an, en échange de biens et de services, ce qui correspond à 300 000 emplois directs et près de 1M emplois en comptant les emplois indirects induits. Les valeurs intégrent les recetttes du tourisme favorables à la France !

 

ANALYSE de la SITUATION FRANÇAISE en tenant compte es éflexionx ci-dessus

Maintenant les analyses sur les spécifications françaises de chômage, de déficits publics, de retraite, d'assurance maladie, de politique familiale, de politiques industrielles et financières, d'échanges commerciaux de marchandises et de services, peuvent et doivent être revues en prenant en compte les disparités mises en évidence !

La France est trop souvent addicte aux déficits chroniques dans ses différents comptes publics (état, collectivités territoriales, assurance maladie, sécurité sociale, unedic/assedic (chômage)...). Les déficits sont de l'ordre de quelques pourcents des dépenses concernées et pourtant les mesures délicatement et finement concoctées sont peu ou pas efficaces. Si elles réduisent le pouvoir d'achat (hausses CSG, TVA, TIPP...) la consommation baisse, la production baisse d'où des licenciements et le mécontentement populaire augmente. Si les prix baissent soit par des importations issues de délocalisations, soit par des baisses des charges sociales (compensées par l'état et donc par des impôts ou taxes) ou par des baisses de salaires (d'où baisse du pouvoir d'achat) la situation ne s'améliore guère : il faudrait un "gap" important pour que les baisses de prix entraînent une augmentation des exportations et une réduction du déficit de la balance commerciale avec une amélioration de l'emploi !

Cas de l'Italie

Si l'Allemagne bénéficie de conditions exceptionnelles financées par les pays européens et par les pays clients, comme décrites ci-dessus, l'Italie, contributrice occulte des avantages de l'Allemagne, dispose d'une balance commerciale positive (30 à 50 Md€/an) et d'une balance touristique positive : son économie et ses finances publiques devraient être solides ! Au lieu de cela l'Italie est accusée d'une dette publique excessive et de budgets en déficits : la raison en est que l'Italie du temps de la lire, sujette à de fréquentes dévaluations, subissait des taux d'intérêt majorés. Depuis l'a mise en place de l'euro, il n'y a eu aucune dévaluation de l'euro spécifique à l'Italie, donc ce pays devrait disposer des mêmes taux d'emprunts que l'Allemagne !! Avec des taux identiques depuis la mise en service de l'euro, les intérêts de la dette auraient considérablement baissés, d'où une forte réduction des déficits budgétaires italiens et une dette publique réduite au point d'être dans les critères européens de bonne gestion ! Quant au taux de chômage italien de l'ordre de 10%, il faut relativiser car il subsiste un nombre important d'emplois au noir, d'une économie dite souterraine, qui ne rentre pas dans les chiffres officiels.

Pour revenir à la France, dans la mesure où les charges "d'élevage" des jeunes ne sont pas mutualisées au sein de l'UE ou de l'Eurogroupe, il faut impérativement que les Français prennent leur destin en main propre, au lieu d'attendre des solutions efficaces du Gouvernement qui se plie en élève modèle aux injonctions du néolibéralisme de la Constitution Européenne (libre concurrence ouverte à tous et faussée par essence). Les Français doivent agir en donnant la priorité de leurs achats aux produits réellement fabriqués en France, au niveau individuel, collectif et national  : l'Allemagne ponctionnant les pays européens par ses exportations et sommée de rééquilibrer ses échanges, surtout en intra-européen, devrait ignorer l'attitude des acheteurs/consommateurs français. Il est à noter que bien souvent un Allemand, par patriotisme économique, donne la préférence à un produit allemand à prix égal si ce n'est un peu plus cher.

En particulier en France, pays disposant d'un fort potentiel agricole, il est anormal de ne pouvoir répondre à la demande nationale en produits issus de l'agriculture biologique, avec un solde commercial en déficit d'environ 3 Md€ ! Ce solde provient en grande partie des produits transformés par l'agro-industrie, domaine où la France accumule des retards : les efforts publics étant insuffisamment portés sur la conversion en bio des exploitations agricoles, là où les créations d'emplois sont importantes. De plus, les Autorités françaises défendent très mal les labels bio français vis-à-vis des producteurs (Espagne, Pays-bas) qui produisent (moins cher) sous serre et souvent hors sol des produits bio de moindre qualité en goût et en composés organo-leptiques, et qui dénaturent la bonne réputation du bio en terme de goût, de saveurs, de texture, de composition et de facteur de bonne santé (pas de pesticides, pas de chimie, pas d'antibiotiques dans les élevages...). Il faut imposer des étiquetages sincères et complets pour permettre de choisir ses produits !

Ensuite le gouvernement de la France et les collectivités territoriales doivent par des mesures adaptées faciliter les exportations  : les exportations sont en hors TVA, mais elles incluent des impôts sur les entreprises, des charges sociales sur les salaires et des impôts sur les salariés. Revenir à l'équilibre de la balance commerciale, c'est entre 0,5 et 1,5 millions d'emplois, donc moins d'allocations chômage et des recettes publiques supplémentaires d'environ 25 à 30 Md€, avec les comptes sociaux en équilibre ou même en excédent, et un buget national conforme aux directives de l'UE. Evidemment avec une balance commerciale excédentaire les comptes publiques iraient vers l'équilibre avec une réduction (au moins relative) de la dette publique.

 

L'implication de l'UE et de la BCE

L'UE ne doit pas se contenter d'être un protagoniste zélé de l'économie de marché néolibérale, d'une libre concurrence (faussée par essence) avec des marchés ouverts à tous : la libre concurrence est toujours faussée par les entreprises et par les états ; ces derniers favorisent leurs entreprises en jouant sur les taux d'imposition, sur les différentes déductions fiscales, sur les charges sociales des entreprises... L'UE, contrairement à sa Constitution est incapable de faire respecter les engagements en terme d'harmonisations fiscales et sociales !

Dans l'attente d'une mythique application de la Constitution de l'UE la France doit oeuvrer dans l'Eurogroupe pour modifier le statut de la BCE. Celle-ci ne peut actuellement que financer les banques : elle ne peut financer des États ou des collectivités territoriales pour des projets de grand intérêt général, contrairement aux grandes banques Centrales (USA, Japon, Chine, Angleterre...) à la banque Mondiale ou au FMI. La restauration agrobiologique des terres, la protection hydrologique des sols et des nappes phréatiques, les ouvrages de protection contre les déréglements climatiques, la recherche et les développements des agricultures bio intégrées (permaculture, économes en eau, adaptées aux eaux saumâtres...), la production d'énergies renouvelables... sont applicables et généralisables dans les pays européens comme dans des pays africains soumis à l'énorme stress de la croissance démographique et des famines en nombre croissant. Elles ont besoin de financements adaptés hors des contraintes des marchés financiers rivés à la rentabilité à court terme. La BCE a mis en oeuvre (à partir de mars 2015) un vaste programme de création monétaire (le QE) de plus de 2500 Md€ (60 MD€/mois, puis 80 Md€/mois puis retour à 60 et finalement à 40 Md€/mois). Initialement seuls des emprunts d'état sans risques, négociables sur le marché secondaire, et dont l'échéance de remboursement était inférieure à 3 ans, étaient concernés : ce qui veut dire que les premiers achats de la BCE (ou des BC nationales) sont déjà remboursés. Les remboursements ne réduisent pas le bilan de la BCE mais sont affectés au QE en cours, donc la part mensuelle nouvelle de création monétaire affectée au QE dépend des remboursements. Puis la BCE a acheté des emprunts à moyen et long terme et même des emprunts non étatiques.

Le but initial du QE était multiple :

- remonter le niveau de fonds propres des banques européennes ; objectif atteint.

- donner des moyens financiers aux banques pour financer l'économie, les investissements des entreprises et pour créer des emplois ; objectif non atteint par manque de demande des entreprises, la demande en consommation restant modérée. Alors les banques ont utilisé les moyens financiers supplémentaires à leur disposition pour les faire fructifier sur les marchés financiers, en particulier les marchés boursiers, qui ont crû fortement, bien plus que l'activité économique (effet spéculatif). Faible croissance des économies des pays de l'Eurogroupe, d'où un niveau de chômage trop élevé se réduisant trop faiblement. Avec les perturbations trumpiennes des échanges mondiaux, la croissance économique mondiale et européenne s'éffrite, avec de plus en plus d'annonces de plans de licenciements.

- remonter le niveau de l'inflation vers 2%, afin de stabiliser les déficits publics (2% d'infaltion et 2% de croissance conduit à 4% de croissance en euros courants : avec des déficits publics inférieurs 3 % en euro courant, alors le ratio dette publique/PIB diminue. Mais l'inflation arrive péniblement à 1%, ce qui est insuffisant avec une faible croissance ! L'objectif n'est donc pas atteint !

Il faut donc réorienter les buts du QE :

Qu'aurait-on pu faire avec la création de 2500 Md€ ? En dehors du renforcement du bilan des banques et de leur robustesse face aux risques financiers, avec seulement 500 Md€/an pendant 5 ans pour financer des travaux et équipements utiles et indispensables, mais non rentables avec des financements par les marchés financiers, on crée 5 millions d'emplois directs et plus d'une dizaine de millions en prenant en compte les emplois indirects (fournisseurs de produits, de matières consomables, d'énergies, de machines et matériels de production et de manutention, de services divers...) : globalement l'eurozone serait alors proche du plein emploi !

Les travaux indispensables pour économiser l'énergie, pour produire des "énergies décarbonnées, pour construire des infrastructures de transports collectifs (métros, trams, trains, téléphériques...) pour protéger les rives des cours d'eau et des rivages marins, pour rénover les ponts et viaducs dégradés, pour entretenir les bâtiments publics et le patrimoine, pour restaurer biologiquement les sols agricoles et forestiers, pour protéger les nappes phréatiques, pour... etc... un programme de 500Md€/an est une nécessité. Mais on ne peut faire financer par la BCE un tel programme pendant des décennies ! Alors il faut s'adapter et innover !

Impératifs à respecter :

- La BCE parfois prête aux banques souvent à court terme pour faciliter des opérations : les banques sont tenues de rembourser ; donc les prêts ou avances de la BCE devront être remboursés.

 - Dans le QE actuel de la BCE, les sommes en jeu dépassant les fonds propre de la BCE, celle-ci crée de la monnaie pour acheter des obligations (détenues par les banques) sur le marché secondaire. Les émetteurs des obligations, des emprunts doivent alors payer les intérêts à la BCE et lui rembourser le capital à l'échéance. Donc lorsque tous les emprunts auront été remboursés, la BCE aura reçu des capitaux égaux à ceux qu'elle a émis pour le QE : les deux se compensent et s'annulent comptablement. Donc si la BCE doit participer aux travaux indispensables pour s'adapter aux changements climatiques et pour restaurer la planète, les sommes avancées devront être remboursées ! Il n'y a pas de nécessité d'imposer des taux d'intérêts autres que 0%.

- Les sommes avancées par la BCE, pour ce nouveau programme d'action, seront prélevées sur les remboursements des obligations détenues par la BCE dans le cadre du QE. Comme il est probable que pendant quelques années un minimum de QE soit maintenu au profit des banques, alimenté par les remboursements, alors il est possible de limiter à 250/300 Md€/an le financement de la BCE aux états et collectivités territoriales.

- Le complément du financement des divers programme sera assuré par les états : en France, compte tenu des prélèvements publics, TVA incluse, l'état peut prendre à sa charge 50% des sommes engagées dans les différents travaux, sachant que l'ensemble des prélèvements sera un peu supérieur à 50%. C'est une opération relevant du DOMO (Dispositif One More One) où l'état ajoute un euro à chaque euro engagé par la BCE. En France l'opération sera d'autant plus intéressante qu'il y aura des emplois supplémentaires, donc des cotisations supplémantaires et moins d'allocations (Chômage et autres prestations), donc une amélioration des comptes publics !

- La partie financée sans intérêt par la BCE devra être remboursée par les bénéficiaires des travaux financés à 100%, le remboursement se faisant par annuités de capital sur des durées de 5 à 50 ans selon la nature des travaux et selon leur "rentabilité". Déjà les bénéficiaires ne rembourseront pas la totalité du montant des travaux, mais environ 50%. Donc pour des travaux d'isolation de logement la durée dépendra des prestations : 5 ans pour des isolations de combles ou de sous-sols, 30 ans pour le remplacement de fenêtres par du double ou triple vitrage ! Pour des travaux d'infrastructure (métros, trams...restauration du biotope des sols....) les collectivités territoriales actuelles françaises vont se précipiter sur des financements/subventions (à 0% ) des états et sur des emprunts (à la BCE) de très long terme et sans intérêts sur les 50% restants.

- Pour la génération d'énergies propres (solaire, éolien, méthanisation..), la baisse des coûts de certains équipements est telle que le financement par la BCE au taux zéro pourrait s'appliquer sur la quasi totalité des prestations (infrastructures et équipements) remboursables en 10 ans, sans faire appel aux subventions publiques (état, collectivités) ni aux surtaxes de consommation. Nota : au vu des taux actuels sur les marchés financiers, les fournisseurs d'énergie propre pourraient aussi garantir un prix de l'énergie stable sur dix ans dans la limite du montant des obligations (à 0%) souscrites par le client : le client paierait donc à l'avance ses consommations d'énergie et se substituerait à la BCE !

 

Conclusions provisoires

Les mesurettes intragouvernementales, dans un système néolibéral addict aux profits et destructeurs des ressources planétaires fossiles ou des biotopes, ne peuvent qu'agir à la marge sans régler les problèmes de plus en plus pesants : les retombées néfastes (catastrophiques ?) du réchauffement climatique et des diverses pollutions demandent une autre approche combinant les actions individuelles et collectives des citoyens, aux nouvelles mesures financières de la BCE : c'est le travail de tous, c'est leurs implications positives qui permettront de créer des richesses compensatoires et donc des emplois ! En outre, des méthodes nouvelles d'agriculture biologique devront être mises à la disposition des pays africains et des pays en voie de développement soumis aux effets néfastes de leur démographie galopante.


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3 réactions à cet article    


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 9 juillet 2019 18:14

    quand on enfonce des portes ouvertes, il faut faire attention à ne par courir trop vite, car le précipice est souvent juste après la porte !


    • Samy Levrai samy Levrai 9 juillet 2019 19:57

      Ah le coup d’une autre Europe, il y avait longtemps...


      • Esprit Critique 11 juillet 2019 10:14

        Je résume : Les politiciens étant des brasseurs d’air incapables, l’avenir est dans l’éolien.

        T’as compris le TOPO ?

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Auteur de l'article

hugo BOTOPO


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