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Les corridors mondiaux s’entrechoquent au Moyen-Orient

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Ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient avec les conflits et les tensions à Gaza, dans la mer Rouge, en Irak, en Syrie et dans d’autres régions est, à mon avis, l’un des résultats des mauvais calculs stratégiques des États-Unis depuis 2015.

Cela est particulièrement vrai depuis que l’administration Obama a concentré ses efforts sur la signature du Plan global d’action conjoint avec l’Iran, ouvrant la voie à la réduction par les États-Unis de leur intérêt pour le Moyen-Orient et la région du Golfe et à la concentration sur la stratégie Asia First. Cette orientation a permis à l’Iran d’avoir les coudées franches au Moyen-Orient et même de se vanter ouvertement de contrôler quatre capitales arabes et de se préparer à occuper la cinquième dans une région qui a longtemps été l’un des principaux piliers de l’influence et de la domination américaines dans le nouveau système mondial.

Ce qui s’est passé ces dernières années n’est pas tant un déclin de la puissance américaine, mais plutôt un déclin de la volonté et de la capacité des Etats-Unis à utiliser leur puissance pour défendre leurs intérêts dans la région.

Les indicateurs quantitatifs et qualitatifs continuent de refléter l’écart dans l’équilibre des forces entre les États-Unis, leurs alliés et leurs concurrents stratégiques.

C’est dans ce contexte que l’on peut comprendre les dimensions des projets de corridors économiques entre l’Orient et l’Occident, en particulier l’initiative chinoise Belt and Road, dont le Moyen-Orient est un pivot central, par opposition au corridor économique reliant l’Inde à l’Europe via le Golfe, la Jordanie et Israël.

Le Moyen-Orient, ou une grande partie de celui-ci, est le dénominateur commun des deux projets stratégiques. Plusieurs questions stratégiques sont en jeu dans ces projets, la principale étant qu’ils sont l’expression de la concurrence entre les Etats-Unis et la Chine.

Le corridor économique soutenu par les États-Unis, lancé une dizaine d’années après le début du projet Belt and Road, revêt une grande importance pour Washington, car ses dimensions stratégiques sont aussi significatives pour les États-Unis que les intérêts économiques et commerciaux qu’il représente pour tous, de l’Inde aux pays européens.

Bien que la Ceinture et la Route soit un projet gigantesque impliquant 155 pays à travers le monde, le corridor économique est un levier de soft power inestimable qui peut changer la scène géopolitique au Moyen-Orient. Les deux moteurs de ces projets, la Chine et les États-Unis, ont des visions stratégiques différentes et imbriquées.

Si le projet est lié aux efforts américains pour normaliser les relations entre l’Arabie saoudite et Israël, la médiation chinoise, qui a réussi à concilier les positions de Riyad et de Téhéran et à les rapprocher, n’est pas détachée de la préparation des opportunités pour le succès de l’initiative Belt and Road.

Les observateurs s’accordent à dire que cette médiation a renforcé la position de la Chine dans la région du Golfe et au Moyen-Orient.

En revanche, les efforts américains pour parvenir à un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël avant la fin du mandat du président Biden se sont heurtés aux circonstances de la guerre de Gaza entre Israël et le mouvement Hamas, d’autant plus que l’Arabie saoudite a lié le pas vers la normalisation à la création d’un État palestinien - une proposition que le gouvernement Netanyahou a jusqu’à présent rejetée.

Le fait est que la Chine a atteint une grande partie des objectifs de l’initiative «  la Ceinture et la Route  » en étendant son influence économique et stratégique dans une région qui fait depuis longtemps partie de la sphère d’influence des États-Unis.

Le projet de corridor économique offre à Washington l’occasion de récupérer l’initiative et d’essayer d’arrêter l’expansion chinoise dans un point névralgique stratégique clé.

Ceci est d’autant plus vrai que les États-Unis ont reconnu le risque d’une perte d’influence et d’une diminution de la dissuasion américaine suite à la guerre de Gaza, qui permet à certaines milices pro-iraniennes de tester les limites de la puissance américaine et même de viser les flottes stratégiques américaines qui sont le fer de lance de l’influence mondiale des États-Unis et notamment de la confrontation avec la montée en puissance de la Chine.

Bien que les deux initiatives visent à combler le fossé entre les puissances régionales concurrentes, le conflit Iran-Israël reste l’un des principaux obstacles géopolitiques, en particulier pour le corridor économique. Toutefois, compte tenu des tensions géopolitiques générales au Moyen-Orient, d’autres menaces pèsent sur le projet «  la Ceinture et la Route ».

Le principal défi pour ces initiatives et projets est l’environnement géopolitique plein de tensions et de conflits régionaux, avec la question palestinienne comme l’un des principaux mots-clés, surtout en ce qui concerne une intégration réelle et pratique d’Israël dans un système de sécurité régional qui garantit la stabilité et est orienté vers le développement.

La question la plus pressante pour les observateurs est la suivante  : La compétition entre les Etats-Unis et la Chine est-elle un obstacle à la stabilité du Moyen-Orient, contribuant à approfondir le conflit entre les puissances régionales et à maintenir la polarisation stratégique, ou bien le désir de sécurité et de stabilité de certaines de ces puissances, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, parviendra-t-il à créer l’environnement nécessaire à la poursuite de leurs ambitieux plans de développement afin d’éviter l’impact de la compétition polaire sur la région et d’œuvrer en faveur de la paix et de la coexistence malgré tous les facteurs de désaccord et de divergence  ?


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2 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 13 mars 11:59

    le temps du racket des caravanes est terminé

    Haifa ne remplacera pas l’Istanbul ottoman et Venise est devenue un produit touristique juteux

    les aviens gros porteurs et les porte conteneurs ont pris le relais, les Chinois les savent, par contre, les Indiens et les Israéliens continuent à y croire


    • Berthe 14 mars 00:35

      « les tensions à Gaza », une broutille quoi !! les sio** ards sont aux palestiniens ce que les maroquiens sont aux Saharouis !! Il vient sans doute de là le problème surtout !! Un petit billet sur la maroquie ne serait pas de trop. 

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