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Accueil du site > Tribune Libre > Le revenu d’existence collective, pour supprimer le chômage (...)

Le revenu d’existence collective, pour supprimer le chômage ?

Ce revenu serait un revenu attribué par la collectivité à tout citoyen français jusqu’à sa mort. Comme dans la proposition Attali-Chambain, il regrouperait toutes les aides sociales inhérentes au traitement du chômage ; cependant, il aurait des effets induits beaucoup plus considérables. En effet, ce revenu ne serait pas soumis à la situation du citoyen face à l’emploi, mais inhérent à sa citoyenneté. En compensation de ce revenu, ceux qui choisiront de ne pas exercer d’activité privée intégreront le secteur que j’appellerai le secteur quaternaire.

Le secteur quaternaire
Ce secteur regrouperait toutes les activités n’ayant pas pour objet d’être rentables. On pourrait y classer l’art, les services à la personne, l’amélioration du domaine public, la politique, etc. On peut par secteur calculer le nombre d’heures annuelles nécessaire à l’amélioration du service public.

Je vais prendre l’exemple de l’enseignement : les directeurs d’écoles, les proviseurs et aussi les enseignants se plaignent qu’avec la réduction des effectifs leur sont imposées des tâches qui ne relèvent pas exclusivement de leurs attributions. On peut aussi estimer qu’il manque des surveillants. Ces heures sont quantitativement chiffrables. En faisant le décompte de toutes ces heures nécessaires par année, il deviendra facile de déterminer le nombre d’heures de travail collectif à exiger des citoyens relevant du REC -qui ont choisi de ne pas exercer dans le privé. Les conditions d’attribution de ces tâches restent à définir en fonction des compétences, mais cela ne me semble pas incohérent. D’autre part, c’est ainsi que se justifie son attribution : c’est bel et bien un revenu d’existence collective, et non individuelle. Pour disposer de ce REC, le citoyen devrait signer un contrat indéterminé l’engageant à tenir sa responsabilité envers la collectivité dans le cas où il choisirait de s’y consacrer, et dans le cas où il choisirait d’exercer une activité, il devrait la justifier.

Les modalités d’attribution du REC
Les citoyens seraient tous égaux devant le REC. Pour ne pas défavoriser les familles ayant des enfants par rapport aux autres, il conviendrait d’attribuer pour chaque enfant, dès la naissance, un REC progressif jusqu’à sa majorité, date à laquelle il disposerait de son intégralité. À cette date, il pourrait alors choisir, soit de gérer son REC pour se lancer dans la vie indépendante, soit de poursuivre ses études en laissant la gestion de son revenu à ses parents. La condition nécessaire pour l’attribution du REC serait la nationalité française.

Les effets induits du REC
Le REC étant attribué à vie à tous les citoyens, ceux-ci n’auraient plus peur du chômage, et ne seraient donc plus à la merci de décisions économiques de leurs employeurs, imposées par la rentabilité. C’est l’aspect psychologique, mais je vais poursuivre sur les effets induits sur la rentabilité des entreprises. En effet, ce REC diminuerait d’autant les salaires. Je vais prendre un exemple, mais je vous prierai de ne pas vous attacher trop aux chiffres, puisque je ne suis ni gestionnaire, ni comptable, ni économiste.

Partons du principe qu’aujourd’hui, pour avoir une vie sociale un minimum décente, il faut disposer d’un revenu équivalent au SMIC, que j’arrondirai à 1000€ nets. Pour les salaires les plus faibles, il faudrait calculer une progressivité de leur diminution, mais à partir d’un certain seuil minimum (1,5 fois le SMIC), on permettrait alors aux entreprises de diminuer du SMIC tous les salaires.

Pour les entreprises
Ainsi un salaire de 2000€ avant le REC descendrait à 1000€ après, et le pouvoir d’achat du citoyen n’en serait pas modifié puisque, salarié ou non, le REC serait un droit. La baisse générale des salaires permettrait alors aux entreprises de revenir à un niveau de compétitivité tel que la nécessité de délocaliser leurs emplois sur d’autres territoires deviendrait quasiment caduque. Les investissements et créations d’emplois seraient relancés à très court terme.

Pour la société
Les bénéfices pour la société seraient multiples. Sans exhaustivité : outre l’amélioration de nos conditions de vie collective par les activités d’échange, l’économie nationale se trouverait fortement relancée quasiment immédiatement. Le retour sur notre territoire de la fabrication de produits jusqu’ici nécessairement importés permettrait, par simple effet de balancier, de ne plus importer d’autant. D’autre part, ce REC serait imposable sur le revenu, et l’assiette serait élargie à toute la collectivité nationale. La retraite ne serait plus en danger, puisque le REC s’y substituerait, et la couverture sociale ne souffrirait plus de déficit chronique, puisque tout le monde y cotiserait, sans exception non plus. Les allocations familiales, comme les différentes aides à la scolarité, ne seraient plus nécessaires, puisqu’intégrées à ce revenu, etc.

Autre considération à prendre en compte : les salaires ayant alors très fortement diminué, et le REC n’étant accessible qu’aux citoyens, les effets sur l’immigration seraient alors très dissuasifs, sans pour autant agir de façon discriminatoire, puisque les revenus du travail restent accessibles aux résidents étrangers, mais beaucoup moins incitatifs pour ceux venant des pays les moins développés.

Pour le citoyen
Il est évident que l’emploi ne doit pas être découragé, et ce serait le cas puisque que le REC ne peut être supprimé ni diminué. Ainsi, tout salaire proposé par un employeur viendrait en supplément, incitant toujours ceux qui ne veulent pas se contenter de ce revenu à travailler pour améliorer leurs conditions de vie. Les avantages pour les conditions de vie ne seraient pas négligeables non plus, en termes de flexibilité de l’emploi, puisque les entreprises pourraient alors trouver plus facilement des citoyens proches de leur lieu d’exercice disposés à ne travailler que quelques heures ponctuellement ou de façon dispersée dans la semaine.

L’évolution du montant du REC
Le REC serait évalué chaque année en fonction de la santé économique du pays. Ainsi, une fois établi son montant initial, et le pourcentage qu’il représente par rapport aux rentrées financières du pays, ce taux serait conservé. Dans le cas où les citoyens se laisseraient tenter en masse par le choix de l’activité collective non productrice de richesses, le produit économique du pays s’en ressentirait immédiatement en diminution, et le niveau de vie des citoyens serait diminué d’autant. Le REC aurait donc pour principe fondamental la bonne santé économique de notre pays. Il serait, par l’activité choisie, notre conscience collective.

Conclusion
Je ne suis pas en mesure de chiffrer concrètement une telle proposition, mais je ne pense pas qu’elle soit incohérente, et je n’y vois aucun obstacle majeur constitutionnel (au contraire), politique ou technique. Je n’y vois rien qui bafoue l’égalité, ou qui provoque une quelconque discrimination, et une mise en place progressive ne devrait pas rencontrer d’obstacle majeur. Je ne suis évidemment pas en mesure d’y discerner objectivement des effets pervers possibles, puisqu’elle émane de mon propre esprit. Les discussions que j’ai pu avoir à son sujet avec Gaëlle, qui est gestionnaire et comptable, n’ont fait apparaître aucune ineptie. Par ailleurs, elle tente d’en établir une évaluation approximative.

La e-Cité aujourd’hui ne dispose pas en son sein d’expert suffisamment qualifié pour en modéliser la viabilité, et je le regrette. Je serais ravi si des commentaires faisaient apparaître une faille dans mon raisonnement.


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18 réactions à cet article    


  • Emile Red (---.---.19.48) 9 décembre 2005 11:04

    Comment réellement on le finance ???

    Doux et vieux rêve libertaire...

    Domage............


    • José Peres Baptista José Peres Baptista 9 décembre 2005 11:12

      Le REC remplacerait tous les revenus et allocations sociales actuelles sauf celles de la santé.

      La viabilité du REC est actuellement étudiée par un économiste.

      Quant au rêve, je suis assez d’accord avec vous mais n’est-ce pas en proposant une part de rêve qu’on obtient une once de réalité ? smiley Je place en lien l’adresse de la section de mon association où est exposé le REC ainsi qu’une évaluation approximative de son incidence sur l’économie.


      • HKac HKac 9 décembre 2005 11:43

        Votre article présente une option intéressante qui entre tout a fait dans l’esprit de mon article publié sur Agoravox sur le « Plus petit dénominateur commun ».

        Il est clair qu’une telle proposition se heurterait à de forts obstacles idéologiques. Sa mise en oeuvre ne serait pas simple. Il n’est pas dit qu’elle serait viable même. Mais tout de même, votre idée vaut le coup d’être défendue.

        Pour vous dire, même des gens de l’UMP, ont réfléchi sur des sujets très proches du vôtre. Je fais allusion à un rapport remis par Madame Christine Boutin en septembre 2003 présentant, entre autres, le concept de « Dividende Universel ». Je vous invite à le consulter sans a priori idéologique gauche/droite.

        Les germes d’idées n’ont parfois pas d’odeur politique et une idée peut toujours être défendue si elle va dans l’intérêt de tous.


        • José Peres Baptista José Peres Baptista 9 décembre 2005 12:37

          HKac,

          J’avais lu votre article que j’avais trouvé intéressant. Cependant, et cela n’enlève rien à la qualité du vôtre, j’avais soumis le mien le 2 décembre mais il n’a été publié qu’aujourd’hui.

          Je connais la proposition de Christine Boutin et l’ai lue. D’autre part, certains mouvements comme ATTAC ou Les Verts ont eux aussi formulé de telles propositions.

          Mais, et je précise à ma connaissance, la mienne est la seule à proposer dans le même temps de réduire d’autant le coût du travail ainsi que l’indicement de ce revenu sur l’état de santé économique du pays. Quant à la viabilité économique, comme écrit plus haut, j’ai soumis ma proposition à un économiste puisque je crois sincèrement qu’il est quasiment impossible à un simple citoyen d’en faire une juste évaluation.


          • HKac HKac 9 décembre 2005 13:45

            Jose Peres Baptista, Soyez-certains que je serai un lecteur attentif si vous communiquez sur les évolutions du REC. Bonne continuation.


            • Oscar (---.---.202.181) 9 décembre 2005 14:05

              A propos du RAC et du REC. Vous pouvez consulté le site du collectif de resistance au travail obligatoire sur : www.collectif-rto.org

              Ps : RAC : Regime d’assurance chômage


              • José Peres Baptista José Peres Baptista 9 décembre 2005 14:52

                HKac,

                Le REC est la première proposition de ma toute jeune association à être exposée et soumise à évaluation. Je communiquerai à ce sujet des suites qui y sont données sur le site de mon association et partout où l’on m’accordera la possibilité de le faire, soyez-en assuré.

                Oscar,

                J’ai consulté votre site mais ne me reconnais pas dans ce qui y est présenté. Cependant, je ne peux que vous souhaiter de continuer votre démarche si vous y croyez.

                José


                • (---.---.123.107) 13 février 2006 16:03

                  Mais qui paierait pour ce rec ? Qui aurait le droit de devenir français ? Cette proposition originale m’a l’air difficilement finançable...


                  • bheu (---.---.34.77) 16 mars 2006 19:14

                    C’est une bonne idee comme il devrait y en avoir beaucoups d’autres. population fr =

                    63 213 894 hab 1rec/hab et /moi * 1000 =

                    63 213 894 000 par mois bien sur,

                    63 213 894 000 * 12 = 761 332 452 000

                    pib fr 2004 est de 1 724 000 000 000

                    ca me parait aussi inconcevable que de marcher sur la lune.

                    I Il faudrait un changement des mentalites, arreter de privilegier le marché des armes ,promouvoir une economie equitable pour tous, qui temps qu’elle ne seras pas mise en place ne permetras pas d’equilibre economique.

                    II Ce type de politique economique pour le peuple ne peu s’appliquer à un seul pays, il s’isolerait dans un monde ou les etats finance les entreprises et les chaumeurs mais pas les travaileurs. Il faudrait une union des peuples europeens et pas ses dictature etatique liberal .Etats qui ventent leur armement sur toute la planette et le vend a qui à la plus de chance de l’utiliser pour ainsi devenir l’un des meilleurs fournisseur d’armes techonogique.

                    Mais avant tout reconnaitre que notre systeme de formation est de moins en moins efficace. Depuis 1215 1ere universite fr à paris, elle ne sont toujours par asse efficaces. Pourtant nos anciens jeune le demandait deja et se son batuent en 68 mais pour obtenir quoi. Une population toujours aussi manipulable qui continue de croire que tous peuvent trouver un travail, alors que les grandes entreprise lisencient a tours de bras,1 000 000 par ans depuis 1990. Elles ne seront jamais beaucoup plus rentable si elles pratiquent une economie equitable et que la population continue de grimper.


                    • José Peres Baptista José Peres Baptista 16 mars 2006 19:32

                      Bheu,

                      Difficile d’interpréter l’intention de votre commentaire mais j’aurais tendance à le prendre de façon plutôt positive. Par ailleurs, j’en discute en fin de mois avec une députée, preuve qu’il n’est pas si irréaliste.


                    • skblllz (---.---.153.240) 16 mars 2006 19:59

                      Votre idée est « en marche » en Belgique depuis plus de 5 ans au niveau politique.

                      Prenez contact avec ces personnes. Vous ne serez pas déçu.

                      Cordialement

                      Skblllz

                      Voir site ci-dessous


                      • José Peres Baptista José Peres Baptista 17 mars 2006 10:48

                        Merci pour le lien vers cette organisation, on y trouve en effet des réflexions et idées extrêmement intéressantes.


                      • HERON (---.---.141.18) 20 mars 2006 11:02

                        Le RE est l’une des propositions importantes des écologistes français et européens. Ce RE résoudrait beaucoup de problèmes dans notre vieille société. Yves Cochet (candidat à la candidature chez les verts) en fait la promotion. Yann Moulier Boutang (directeur de la revue Multitudes)en explique les avantages.


                        • Fred (---.---.155.75) 20 mars 2006 11:21

                          Cette loi semble effectivement non financable car si les salaires verses diminuent cela veut dire que les revenus de l’etat preleves sur les salaires baissent avec eux. L’etat ne peut pas verser plus qu’il ne recoit.


                          • José Peres Baptista José Peres Baptista 20 mars 2006 11:55

                            Fred,

                            Sur le caractère non finançable de ma proposition, je ne serais pas aussi catégorique que vous. Associée à d’autres dispositifs, comme asseoir les charges sur la valeur ajoutée par exemple, elle pourrait s’avérer fonctionnelle. Le site placé en lien plus haut sur l’organisation belge présente des documents sérieux qui prouvent qu’un tel revenu n’aurait rien d’utopique. Je suis conscient des difficultés de la mise en place d’un tel système mais surtout de l’importance du rejet psychologique : sortir du modèle « tout travail » représente un choix politique que nos sociétés semblent avoir du mal à envisager tant nous sommes conditionnés par cette valeur. Cependant, en constatant que le le taux de chômage augmente et qu’il n’est pas près à mon sens de baisser, de plus en plus de personnes arrivent à connaître des périodes de plus en plus longues d’inactivité. Cette inactivité représente une perte phénoménale pour la société sur tous les plans. Leur manque de ressources ne constitue pas seulement une source de pauvreté pour eux mais pour toute la société puisqu’ils ne consomment pas. D’autre part ce sont des personnes qui disposent tout de même de compétences inexploitées, c’est un énorme gâchis.

                            Lorsque l’on considère, même nos dirigeants le font, la nécessité croissante d’aide ou de services aux personnes on peut tout à fait admettre aussi qu’une telle proposition pourrait alors s’avérer un formidable renforcement de cohésion sociale. Donner pour activité aux jeunes désoeuvrés le soutien aux personnes âgées, par exemple, relèverait de ce registre. Le choix se porterait alors sur le fait de savoir si de telles initiatives doivent être initiées en privé ou encadrées par l’Etat. Ma préférence va au second parce que j’estime que seules les collectivités locales sont à même de connaître au plus près ce genre de besoins.

                            Pour en revenir au financement, cette proposition a été analysée par un économiste qui n’y a pas relevé d’incohérence majeure, même si les chiffres que j’ai employés mériteraient probablement d’être affinés. Je dois aussi en discuter avec une députée en fin de mois.


                          • termitor (---.---.109.37) 9 mai 2006 03:38

                            L’economie creditrice existe deja dans ce sens , ou dividente social ,

                            mais elle definie en plus comment financer et faire tourner l’economie, car bien sur il faut finance, la finance en economie creditrice est « gratuite » suis la capacite productive (et pas la finance)


                            • caspé (---.---.228.121) 14 août 2006 17:53

                              Le REC peut apparaître comme une solution interressante face au problème de seuil de pauvreté que connaît notre pays dit « moderne et industrialisé », et également la fin de cette course à la rentabilité. Néanmoins la question du pouvoir d’achat et d’égalité entres les citoyens ne m’apparait pas aussi évidente, car il reste destiné aux personnes ayant la nationalité Française, cela pourrait presqque ressembler à une punition économique pour les étrangers installés en France. En ce qui concerne les effets pervers qui vous paraient inexistant, je vous parlerais, non pas d’un effet mais d’un fait, celui d’une France assisté et d’une jeunesse démotivé et sans envie de construire son avenir. Et le fait d’avoir l’assurance d’un revenu à la majorité pourrait contribuer à perputuer, voir, accélérer ce phénomène.


                              • Bernard HERON 26 novembre 2007 12:09

                                Pour ceux que cela intéresse, je propose un texte qui peut démontrer que ce Revenu d’Existence n’a rien d’utopique : http://www.paris14.lesverts.fr/spip.php?rubrique5 Il répond a des questions posées dans les commentaires. A disposition pour toute information. BH

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