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Accueil du site > Tribune Libre > Le général de Gaulle, François Mitterrand et l’Afrique

Le général de Gaulle, François Mitterrand et l’Afrique

S’il y a des personnalités françaises qui ont influencé de manière décisive le destin de l’Afrique francophone, il s’agit sans conteste du général de Gaulle et de François Mitterrand.

Lorsque le 18 juin 1940, le général de Gaulle, de Londres, lance son appel aux Français, le ton est donné sur la place qu’il réserve aux colonies africaines de la France : " La France n’est pas seule, elle peut compter sur son empire colonial...", dit-il en substance. Ceci montre à suffisance l’intérêt qu’il attache aux colonies d’Afrique, pourvoyeuses de ressources naturelles et humaines pour la métropole. Il n’est dont pas étonnant que lors du référendum sur la loi cadre de 1958, tous les partisans du non, à l’exemple du président Sékou Touré de Guinée, sont vus d’un mauvais œil par le général, traqués et pourchassés... Tous ceux qui, comme lui, souhaitent une indépendance en dehors de l’Union, paieront un lourd tribu.

Les années de plomb  :

Les pays africains francophones qui obtiennent leur indépendance au début des années soixante ont à leur tête des sbires, acquis aux idéaux du général ; ceux qui ne les partagent pas sont purement et simplement écartés des sphères du pouvoir, emprisonnés, et parfois même, lorsque la chance n’est pas avec eux, assassinés. Les exemples sont légion : Ruben Um Nyobé, Félix Moumié, Marien Gouabi et bien d’autres, dont la liste occuperait un ouvrage de plusieurs volumes.

Foccart, gaulliste pur et dur, assoit les réseaux africains dont la mission est non seulement de traquer les indésirables, mais aussi de contrôler les ressources stratégiques nécessaires à la suprématie mondiale de la métropole. Après la disparition du général dans les années soixante dix, les présidents qui lui succèdent à l’exécutif français, tous de droites, de Georges Pompidou à Valéry Giscard d’Estaing, perpétuent cette vision gaulliste de l’Afrique. Qui ne souvient pas du renversement de Bokassa et de son remplacement par David Dacko, réveillé nuitamment à Paris, et embarqué à destination de Bangui à bord d’un avion militaire, où grande sera sa surprise de se retrouver le lendemain à la tête du pouvoir centrafricain ? Et le coup d’Etat avorté du Bénin, planifié par les réseaux Foccart ?

Dans les pays francophones d’Afrique, les régimes dictatoriaux et autocratiques sont entretenus par les héritiers du général de Gaulle. Toute chose ayant une fin, le glas sonne en mai 1981 avec l’arrivée au pouvoir, en France, du socialiste François Mitterrand...

L’ère de l’espoir :

La gauche au pouvoir ! C’est le branle-bas, l’inquiétude au sommet des régimes dictatoriaux d’Afrique francophone...

Ayant été longtemps été dans les cercles politiques français, sans pouvoir de décision, Mitterrand va imprimer sa vision de la politique africaine. Jusqu’à cette date, l’humanité n’arrive pas à accoucher de l’humanité en Afrique francophone ; François Mitterrand veut y parvenir... Le premier à subir ce revers de la politique africaine de la France est le président camerounais Amadou Ahidjo, clef de voûte des réseaux Foccart qui, par une pirouette dont seule Mitterrand détient le secret, cède son fauteuil à l’actuel président, en novembre 1982. Même si, conscient de la duperie dont il a été l’objet, il tente par un coup d’Etat de revenir aux affaires en avril 1984, il est trop tard, car les temps ont changé, tant en France qu’en Afrique, où le président François Mitterrand tient à faire évoluer les choses avec plus d’humanisme. Au sommet de la Baule en 1989, il annonce le cap de ce que seront, dorénavant, les relations franco-africaines : la prime à la démocratie...

Pour ce messie des temps modernes, ‘"l’aide au développement devrait dorénavant être assujettie au degré de démocratie "... C’est la stupeur générale chez les chefs d’Etats africains participant à cette grand-messe France-Afrique. Même si cette volonté de changement du président Mitterrand se heurte à des forces d’inertie en France comme en Afrique, ceci ne l’émeut point, et il continue sa mission d’humaniser, un temps soit peu, les relations franco-africaines, et ceci aujourd’hui a porté ses fruits, avec l’instauration de la démocratie dans plusieurs pays francophones. Les Africains, dans leur grande majorité, lui en sont reconnaissants...

Quand le président François Mitterrand disparaît, en janvier 1995, c’est une grande perte pour l’Afrique, qui voit ainsi partir un de ses grands bâtisseurs. Il laisse en Afrique de nombreux orphelins qui lui sont redevables de l’immense travail accompli... Même s’il s’agit d’une œuvre inachevée, il n’en demeure pas moins vrai qu’il a eu le courage exceptionnel de rompre des vieilles habitudes ayant eu cours légal depuis la naissance des Etats modernes d’Afrique...

Même si l’effondrement de l’empire soviétique, la chute du mur de Berlin avec son corollaire, la fin de la guerre froide, sont des facteurs déterminants dans l’avènement de la démocratie pluraliste dans plusieurs pays africains de l’espace francophone, le chef d’orchestre de la démocratisation est sans conteste le président François Mitterrand, dont les prises de positions ont été déterminantes.

Dix ans après sa disparition, les acquis africains de son double septennat sont la disparition des réseaux Foccart et l’instauration de la démocratie dans la majorité des Etats francophones d’Afrique. Pour répondre aujourd’hui au Président Chirac, gaulliste de souche et de sang, qui, à l’époque, affirmait que " la démocratie n’est pas un luxe pour les Africains", nous disons qu’elle l’est, dans la mesure où le luxe, c’est ce qu’on désire acquérir... La démocratie permettant une liberté d’opinions, d’expression, de pensée et bien des libertés nécessaires à un réel épanouissement de l’homme, alpha et oméga de tout développement, elle peut donc être considérée comme un luxe.


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7 réactions à cet article    


  • mathias (---.---.153.33) 18 janvier 2006 14:05

    trop d’hagiographie tue l’hagiographie.

    PS dire que la france avait les colonies comme pourvoyeuseses de main d’eouvre et de richesses naturelles est historiquement faux à partir de 1905 - 1910 ; on considere en effet que des cette epoque, les colonies françaises representaient au global une charge : elles coutaient plus cher à la France en investissements, en infrastuctures, etc, qu’elles ne produisaient


    • fredz (---.---.144.11) 18 janvier 2006 17:46

      C’est incroyable de sortir des énormités pareilles. C’est quoi cette propagande N Et Jean-Christophe, lui aussi c’est le bienfaiteur de l’Afrique ?

      Contentez vous de taper « Miterrand Rwanda » sur google et lisez les 10 premiers résultats. http://www.congopage.com/article.php3?id_article=1280 http://www.liaison-rwanda.com/article10415.html


      • (---.---.47.238) 18 janvier 2006 18:20

        Comme Winston Churchill on ne se pose plus la question : Ou est l’enormite de Charles de Gaulle. Dans la bataille des chars lui a pris la fuite.Toutes ses camerades alors sont devenus des prisoniers Allemands.


        • mowglii (---.---.64.89) 18 janvier 2006 21:28

          le commentaire precedent n’a pas le courage d’etre signé ;

          rappelons que le general De Gaulle a été prisonnier en 14- 18 et a realisé 5 tentatives d’evasion .

          rappelons que De Gaulle a écrit Le bouquin tactique que toute l’armée allemande ( ont Guderian ) a lu , et qui théorisait le blitkrieg grace aux chars

          rappelons qu’apres avoir enfin obtenu - trop tardivement - une brigade de chars à conduire, il a pu appliquer ses tactiques et a réalisé ( contre les chars allemands ) la seule percée de ’armée française en juin 40 ; Percée que l’armée française n’etait pas en mesure d’exploiter

          le petit mitterrand pantouflard recevant la francisque, puis rejoignant opportunement la resistance, ministre des colonies (ou de l’interieur ? ) de la 4eme republique , incapable de se rejouir de la fin du mur de Berlin et ecoutant le telephone de carole bouquet est un talleyrand de quartier à coté de l’Homme du 18 juin ...


        • mocfilm (---.---.38.76) 19 janvier 2006 16:15

          Que de grandeur, quelle ouverture d’esprit dans les réactions précédentes ; entre les pourfendeurs de Mitterrand, les idolatres du général et vice versa... cet article est visiblement partisant. Et alors, il n’est pas hypocrite, il appelle les critiques et souleve le débat.

          Effectivement, en France, il est de l’avis général que Mitterrand a poursuivi la politique africaine du général. C’est la première fois que j’entends cet autre son de cloche. Je vais aller en parler de ce pas à quelques amis africains.


          • ALEXOU (---.---.42.183) 9 février 2006 13:29

            Ca dépent mittérrand à effectivement fait des choses bien en afrique en soutenant mandella contre le régime d’apartheid sans discontinuer il à aussi bien fait d’annuler la dette des pays du tiers monde en 89 et quelques discours généreux(cancoun, la baulle).....En négatif il à fait des erreurs carrefour et dévelloppement, maintenu les reseaux elfs(comme avant de gaulle, pompidou, vge puis chirac)....Fait des conneries au rwanda(même si lugan ou péan le défendent il à fait des erreurs d’analyse lui et d’autres...)....Mais il est vrai que même de gaulle voir le cameroun et les bamilikés ou encore le biafra a fait des conneries même si il avait lui aussi ouvert la voie commencé par deffere en 56 de la décolonisation en 60....Les choses sont donc complèxe !!


            • Théo (---.---.137.117) 12 avril 2007 23:50

              Cet article me semble franchement mal informé. C’est vrai que Mitterrand a fait campagne sur la rupture avec la Françafrique mais il s’est très vite renié et a accompagné méthodiquement le génocide rwandais (lire L’inavouable, de Patrick Saint-Exupéry, aux éditions Les Arènes). S’il a fait un peu d’agitation pour dézinguer des dictateurs sans intérêt économique pour la France comme Moussa Traoré (Mali), il a soutenu à fond la caisse ceux qui tenaient les positions « utiles » de la France en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Cameroun, au Togo. Qui a oublié Papamadit, le petit nom de son fils porteur de valises, Jean-Christophe Mitterrand ?

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