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Accueil du site > Tribune Libre > Le fascisme - Ses origines - Volet N° 6

Le fascisme - Ses origines - Volet N° 6

HItler et Mussolini {PNG}

Le soir de Munich, le maréchal Jodl écrit avec un plaisir non dissimulé dans son journal : « Le pacte de Munich est signé. En tant que puissance, la Tchécoslovaquie n’existe plus... ».

La Tchécoslovaquie cédait à l’Allemagne 28 600 km² de son territoire où vivaient 2 800 000 Allemands sudètes et 800 000 Tchèques.

Toute la partie prise par les Allemands comprenait de très importantes fortifications tchèques qui constituaient une des lignes de défense des plus formidables d’Europe.

Les accords de Munich ouvraient le bal des vautours où deux nations, la Pologne et la Hongrie, après avoir menacé la Tchécoslovaquie, revendiquaient à leur tour, de larges portions du territoire Tchécoslovaque. La Pologne et la Hongrie ayant des frontières communes avec la Tchécoslovaquie.

La Pologne (qui subira un véritable martyre lorsque les Nazis l’envahiront à son tour), s’attribua 1 700 km² autour de Teschen qui comprenait 228 000 habitants, dont 13 300 Tchèques.

C’est la Hongrie qui remporta le jack pot, juste après l’Allemagne. 195 000 km² furent « adjugés ». Littéralement mis à l’encan par le comte Ciano et le maréchal Von Ribbentrop, ces territoires comprenaient en outre, 50 000 Magyars (Hongrois) et 272 000 slovaques.

Mais ce n’est pas tout ! Les rapaces s’emparèrent, avec ces amputations territoriales, des ressources de ce pays, comme le système ferroviaire, routier, télégraphique, téléphonique. Les Nazis s’emparèrent de 66 % du charbon, 80 % de la lignite, 86 % des produits chimiques, 80 % du ciment, 80 % des textiles, 70 % du fer, 70 % de l’acier, 70 % de l’énergie électrique, 40 % du bois… produits par la Tchécoslovaquie. Avant qu’Hitler et ses complices mettent le grappin dessus, c’était un pays en plein essor industriel, à présent réduit à la faillite et les habitants à la misère. Les Nazis instaureront un véritable régime de terreur avec le Gauleiter Reinhart Heydrich. 1

Après Munich, Mussolini ne compte pas rester inactif, ni en arrière-plan. Il veut marquer l’Histoire et se prépare à attaquer la Grèce. « Entrons toujours en guerre – dit-il au général italien Armellini, du Grand-Etat-major – nous verrons ensuite ce qu’il faut faire ».

Avouons qu’un tel raisonnement ne cesse d’étonner et révèle plus de l’impréparation brouillonne que d’un véritable raisonnement de stratège et de chef militaire.

Après l’effondrement de la France, profitant de la débâcle et de la défaite de la bataille de France, Mussolini, qui ne dispose en réalité que de quelques dizaines de bombardiers commence par envisager dans un premier temps, un coup de main à Malte, en Égypte, en Libye. Avec l’éloquence qu’on lui connaît, il vante au peuple italien les capacités opérationnelles de l’armée italienne. Mais comment peut-il ignorer ses faiblesses ? Résolu à ne pas mener d’opérations en commun avec l’Allemagne, à ne « constituer aucun commandement opérationnel unique », mais à faire une « guerre parallèle », Mussolini fait amener sur les côtes septentrionales africaines, 6 divisions italiennes. Elles font face à 2 divisions britanniques stationnées en Égypte, sous commandement du Général A. Wavell. Mais la supériorité en nombre des divisions cache une infériorité systémique de l’armée italienne et patente. Les 2 divisions italiennes sont des divisions blindées, quand tout le corps expéditionnaire anglais est motorisé et idéalement adapté aux terrains désertiques et plats. Ce qui présente un réel avantage.

Les divisions italiennes souffrent d’un sous-équipement pour une guerre dans le désert. Peu de moyens de transport adapté, difficile de ravitailler en eau, et les troupes positionnées inconfortablement en « défensive » que leur impose le maréchal Italo Balbo. Pendant que Mussolini prend ombrage de l’importance grandissante dans l’armée de ce grand dignitaire fasciste qu’est Italo Balbo. Il représente pour le Duce un rival dangereux.

L’avion de Balbo est abattu par un tir de la DCA italienne, au-dessus de Tobrouk. Mussolini est fortement soupçonné d’être l’instigateur de « l’accident ».

Tout pour la Lybie !

Le 11 Juillet, le cri de guerre est lancé. Mais l’autorisation d’attaque est retardée « sine die », ainsi que l’invasion de l’Égypte car deux autres invasions pressent, celle de la Yougoslavie suivie de la Grèce limitée à l’Epire2 et subordonnée à l’intervention de la Bulgarie. Comme on peut le constater Mussolini a de l’appétit, mais a-t-il les moyens de ses ambitions ?

Le Haut-Etat-major italien se pose la question. Doit-on privilégier la guerre aéronavale « à outrance », contre les Anglais, comme l’envisageait Mussolini en Avril 1940 ? Il se trouve que les Anglais sont très frileux à l’idée d’un engagement rapide de leurs forces aéronavales en Méditerranée. Car la flotte anglaise de Cunningham pèche par un manque de protection de la RAF, si elle s’aventure trop loin de ses bases. En se rapprochant des côtes d’Italie, l’aviation du Duce représente un réel danger pour la flotte amirale britannique.

Mais pour les mêmes raisons qui font hésiter les Anglais, la flotte italienne elle-même ne peut non plus trop s’éloigner de ses bases, sans risquer d’être anéantie par les Anglais. En effet, la bataille au large du cap Stilo avait révélé aux amirautés italienne et anglaise, les faiblesse de l’une comme de l’autre, Italiens comme Anglais confrontés aux mêmes problèmes.

Le projet de guerre maritime à outrance de Mussolini tombe à l’eau.

A partir de Septembre, les Anglais se dotent du « radar ». La flotte italienne n’en possédant pas, elle navigue à l’aveugle, contrainte de se battre contre un ennemi bien plus fort qu’elle, invisible et très mobile : la flotte sous-marine anglaise.

Mussolini songe alors à une offensive aérienne. Mais là aussi, l’Italie pèche par le nombre excessivement réduit d’avions à sa disposition. Pour attaquer les Anglais au-dessus de Gibraltar, Mussolini ne dispose que de... 3 avions !

Toujours enthousiaste malgré tout, il joue les ventriloques auprès du peuple italien, et surtout auprès d’Hitler pour avoir « l’honneur de bombarder l’Angleterre, » en même temps que la Luftwaffe procède à des raids aériens intensifs contre la capitale anglaise.

Dans ce but, le Duce finit par envoyer 75 bombardiers et 95 chasseurs en Baltique (pour les lancer sur Londres), les éloignant des théâtres d’opérations prévus.

Début du mois d’Août, son gendre Ciano entre dans la danse.

Le Comte Ciano débute « sa » guerre. Elle aura lieu contre la Grèce. Ce projet n’est pas récent. Il date de l’occupation de l’Albanie par l’Italie, au moment du renvoi du roi Zog.

Mais la Grèce n’est pas l’Albanie. Les intérêts économiques italiens et allemands, sont en compétition. Les mines de nickel intéressent au plus haut point les intérêts industriels allemands, comme le colosse de l’acier et de l’armement, Krupp.

Toujours pour son propre compte, Ciano convoque à l’insu du Haut-Etat-major italien, le général Visconti Prasca, stationné en Albanie avec comme ordre de mission : se préparer à attaquer la Grèce.

Pour préparer l’opinion publique italienne, Ciano mobilise la presse en prétextant l’assassinat par les Grecs de l’illustre patriote albanais Daut Hoggia, défenseur de la Liberté en Tchamourie3. Or, ce patriotisme n’existe que dans l’imagination de Ciano. Il ne s’agit dans les faits que d’un voyou tué par le parent d’une de ses victimes, dans un règlement de comptes inter-familiaux. Pour mieux sensibiliser les Italiens, la propagande fasciste clame haut et fort son slogan : « Les tchamouristes veulent leur indépendance et Daut Hoggia est leur martyr ! ».

Comme en Italie, personne n’a jamais entendu parler des tchamouristes et de la Tchamourie, tout le monde se pose des questions incapable de situer « ce pays » sur une carte.

Mais toute cette agitation ne convient pas aux Allemands. Le 17 août, Von Ribbentrop intervient auprès du trop remuant Ciano, lui intimant de se « tenir tranquille ». Les Balkans sont leur pré-carré, les Italiens devant renoncer à toute action dans cette partie de l’Europe.

Hitler, lors de sa rencontre avec Mussolini au col du Brenner, le 4 octobre, réitère les injonctions de Ribbentrop en lui conseillant d’éviter tout geste regrettable. Aussi, pour compenser l’amertume ressentie par le Duce, il lui offre une division blindée entière.

Le 20 septembre, toute la machine de guerre semble grippée. Mussolini ordonne, sans faire part à son chef d’Etat-major le maréchal Badoglio, la démobilisation de 600 000 hommes (sur des effectifs totaux de l’armée italienne de 1 200 000 hommes).

Cette démobilisation brise l’organisation des troupes et des grandes unités. Le Duce use de cet artifice pour se faire passer auprès du peuple pour un chef qui ose ce qu’aucun autre dirigeant n’a fait avant lui !

Il démembre en quelques sortes son armée, mais devant l’opinion publique le fait pour le bien de l’Italie. Comprenne qui pourra.

Le 12 octobre, Hitler s’empare des puits de pétrole roumains, mettant Mussolini devant le fait accompli. Mussolini décide de lui rendre la monnaie de sa pièce.

Sans en référer à Hitler, il prend l’initiative d’occuper la Grèce.

Ciano préfèrerait en référer à Badoglio avant d’enter en action. Mussolini lui répond : « Badoglio n’est pas au courant, mais je veux bien ne plus être italien si quelqu’un fait des difficultés pour se battre contre les Grecs ».

Le général Armellini réplique qu’avec 9 divisions stationnées en Albanie, ce projet est une véritable folie !

Habitué aux volte-faces du Duce, Ciano et Armellini espèrent qu’il va changer d’avis. Mais contre toute attente, le Duce tient bon. Il convoque Ciano et son Etat-Major au Palazzio Venezio.

La réunion qui en découle est un modèle du genre. Tout d’abord, dans le préambule, les idées sont exprimées confusément. L’historien R. Battaglia remarque la « légèreté criminelle » de Mussolini.

Extrait : « Le but de cette réunion… est de définir d’un point de vue général, les modalités de l’action que j’ai décidé de mener contre la Grèce. Cette action aura… des objectifs d’ordre maritime et d’ordre territorial... »

En effet, le Duce compte occuper les Îles ioniennes, Zante, Caphalonie, Corfou et s’emparer de Salonique. Ces conquêtes renforceront la présence italienne en Méditerranée, par rapport à l’Angleterre. Une fois ces régions prises, pour le Duce, occuper la totalité de la Grèce, ne sera plus qu'une simple formalité. Il fixe le coup d’envoi de la guerre contre la Grèce, le 26 octobre. Il la justifie en prétendant l’avoir mûrement réfléchie.

Or, à l’étude du préambule et son PV, il ressort un véritable imbroglio. Mussolini veut combiner 2 plans de guerre totalement incompatibles entre eux, le plan G, avec attaque de l’Épire qui ne nécessite que de petites divisions d’attaques, devant une Grèce qu’il imagine complètement tétanisée. De plus, Mussolini compte sur la participation conjointe de la Bulgarie.

Le plan intitulé « plan Guzzoni » date de 1939, et prévoit l’invasion totale de la Grèce.

Ce plan exige 3 mois de préparation, au moins, et 20 divisions minimum. Mais c’est avec une grande désinvolture que Mussolini combine les 2 plans, « 1ère et seconde phases », persuadé que la Grèce, prostrée, se laissera envahir passivement. Mussolini apporte une modification combinatoire militaire : attaquer Salonique située à l’opposé de l’Épire. Ce qui, derechef relève d’une parfaite méconnaissance de la géographie de la Grèce.

L’État-major italien dénonce l’aberration d’un tel projet. Ciano qui cautionne les plans de son beau-père cherche à convaincre son auditoire, arguant que non seulement la Grèce ne réagira pas, mais sous l’effet de surprise, elle s’effondrera dès les premiers combats. Il cite, pour appuyer ses dires, Jacomini, son homme de confiance pour rappeler que les Grecs se trouvent dans un état économique lamentable, qu’il existe un véritable fossé entre le peuple grec et leurs classes dirigeantes de ploutocrates hostiles aux Italiens, - une minorité de gens très riches, anglophiles, qui se fichent bien de l’invasion de leur pays !- qu’il suffira de faire refléter les salaires élevés des Albanais depuis l’annexion de l’Albanie par l’Italie, par rapport aux salaires pratiqués en Grèce, pour rallier à eux, les classes populaires grecques.

Prasca, désigné par Mussolini pour conduire les opérations rassure l’assistance, quelques divisions suffiront largement pour conquérir ce pays sous-développé. Prasca craint d’être supplanté par un général au grade supérieur au sien, si Mussolini décidait de grossir les effectifs. Et de bluffer, une fois de plus, en bernant tout le monde sur la minutieuse préparation bien en amont de l’opération – dans les moindres détails – et dans l’ordre de fortes probabilités d’une victoire assurée.

Pour Prasca, le moral des troupes est au beau fixe et leur enthousiasme « sans égal ». Sur les risques des pertes élevées, qu’on lui fait remarquer, Mussolini conseille à tout le monde de ne pas s’en préoccuper.

Prasca demande aux troupes d’être en ordre de bataille.

1 Reinhart Heydrich : Gauleiter (Reichsprotektor) de la Tchécoslovaquie, sera assassiné par la résistance tchèque. Après l'exécution d'Heydrich, les mesures de répression furent d'une grande férocité, avec les massacres de Lidice. 

2L’Epire : région montagneuse partagée entre la Grèce et l'Albanie. 

3Tchamourie/Tchamouriote : petite minorité albanaise vivant en Grèce.


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9 réactions à cet article    


  • L'apostilleur L’apostilleur 28 août 2023 10:12

    A l’autrice 

    Aurais-je raté votre démonstration annoncée en préambule à votre série sur le fascisme (*) ou bien doit-elle suivre ?

    (*) « ..Le fascisme est-il mort avec Mussolini au siècle dernier ? Ou bien, protéiforme, comme nombre de régimes politiques totalitaires, a-t-il subi les mutations contemporaines nécessaires aux puissances de l’argent, pour s’imposer dans les instances gouvernementales actuelles, nationales ou supra-nationales ? C’est ce que nous tenterons de démontrer ici... »


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 29 août 2023 07:27

      @L’apostilleur

      Bonjour, avant de démontrer les similitudes frappantes entre le « fascisme » d’hier et celui d’aujourd’hui, il faut en connaitre les origines et son histoire, ce que je m’attache à faire. 
      Le dernier volet de mes articles y sera consacré. 


    • Radix Radix 28 août 2023 11:59

      Bonjour

      Article intéressant, même s’il manque de dates pour situer les événements.

      Sur les capacités de l’aviation italienne, elle en a donné un exemple lorsque Mussolini a attaqué la France en 1940.

      Les bombardiers chargés d’attaquer la flotte française à Toulon préféraient lâcher leurs bombes sur la ville pour éviter d’affronter la défense anti-aérienne des navires.

      C’est ce que m’a raconté mon grand-père qui était marin sur l’un des navires mouillés dans la rade.

      Radix


      • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 29 août 2023 07:29

        @Radix

        Bonjour, Au sujet des dates, les volets prochains seront bien plus précis, sans redondance. Merci de me l’avoir fait remarquer. 


      • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine Opera pacem animis afferrunt ;-) 28 août 2023 16:06

        Quand la République est en danger après décennies de démagogie destructrice des valeurs, une dose de fascisme peut être nécessaire le temps de resserrer les boulons.

        Sinon, c’est la Soumission... autre forme de fascisme... durable !

        Ceci dit je préfère le Topless au Hijab !


        • eau-mission eau-mission 29 août 2023 09:54

          @Opera pacem animis afferrunt smiley

          Dans son article, M.Dugois propose le mot ochlocratie ; pour lui c’est le gouvernement par la foule et ça ressemble fort à votre démagogie destructrice des valeurs

          Je ne vois pas figurer le fascisme dans son cycle :
          monarchie -> tyrannie-> aristocratie -> oligarchie -> démocratie -> ochlocratie (-> monarchie).

          Au fait, le fascisme avait-il pour but de rétablir une République ?


        • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine Opera pacem animis afferrunt ;-) 29 août 2023 16:09

          @eau-mission

          Bôf... tu sais... vu le point où on en est... les blancs seraient incapables de revenir aux valeurs de leurs grands parents, ils n’en n’ont même pas la volonté.
          Ils ont la trouille du lendemain pour leurs enfants, lesquels enfants n’en ont rien à battre de leurs géniteurs...
          La société se dirige vers un état bâtard... communautariste, léopardisé.
          Un consensus salvateur par la rigueur et la qualité serait largement minoritaire. D’ailleurs, même parmi les rigoristes... pas sûr de trouver la qualité...
          Un jeune sur 5 de 18 ans, ne sait pas lire correctement ! ( ça vient de sortir )


        • eau-mission eau-mission 30 août 2023 16:00

          @Opera pacem animis afferrunt smiley

          Sois patient ou pro-actif, mais que diable choisis ton camp ! Tu prétends là que le parallèle qui guide Nicole ne mène à rien. Et si c’était une analogie (voir mon profil) ?

          La patience, c’est pas mon truc. Si analogie il y a entre 38 et aujourd’hui, il me faut la connaître. Comme je voudrais savoir si Antonietta a fini par éveiller le désir de Gabriele (par contre, je me fous de savoir où, comment et combien de fois Marcello a b.. Sophia).

          Proposition : Brigitte est la Xanthippe du moment. Et si Manu déserte l’Elysée elle sera reine. Toi comme Dugois en seront comme deux ronds de flan. Ou babas à la papa.

          Le seul truc qui m’échappe, c’est si Brigiel sera reine ou roi. Ca, c’est à Nicole de nous le dire. Mon rayon, c’est de lire JPP : qu’on arrête vite Iter, la fusion contrôlée est une utopie.

          Très pertinente, cette Marie de Gandt. Merci de m’avoir poussé à la découvrir.


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