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Accueil du site > Tribune Libre > Le crash de l’hélicoptère de Raisi  : brouillard ou (...)
#15 des Tendances

Le crash de l’hélicoptère de Raisi  : brouillard ou complot  ?

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Le crash de l’hélicoptère du président iranien Ebrahim Raisi mérite une contemplation et une réflexion approfondies, étant donné ses circonstances mystérieuses.

Cette discussion n’a pas pour but de trouver des preuves de l’hypothèse actuellement maintenue par le régime iranien - celle d’un temps difficile et de conditions météorologiques difficiles - ou de la théorie promue par certains observateurs suggérant la présence de certains soupçons autour de l’incident.

Ces tâches sont du ressort des autorités d’enquête et des principales agences de renseignement mondiales, qui ont tout intérêt à découvrir la vérité sur des incidents aussi importants et influents. L’incident, par sa nature même, soulève des questions.

Il ne s’agit pas ici des capacités de l’hélicoptère, de sa vétusté ou d’autres facteurs parfois responsables, car le stock d’équipements vétustes et délabrés de l’Iran s’accroît en raison de l’impact des sanctions internationales.

Cependant, cette question particulière n’est pas étroitement liée à cette préoccupation, puisqu’il existe la possibilité d’acheter des hélicoptères à la Chine, à la Russie et à d’autres pays. De plus, il est peu probable que le président et ses assistants aient pris le risque de monter à bord d’un avion en sachant à l’avance qu’il risquait de s’écraser dans des conditions météorologiques connues de tous, que ce soit à partir des données météorologiques ou pendant le vol aller.

Ce qui me frappe le plus - en tant qu’observateur - dans cet incident, c’est que l’Iran s’est immédiatement tourné vers une explication définitive dans le cadre des conditions météorologiques, malgré le fait que deux hélicoptères, qui faisaient partie de la flotte aérienne présidentielle participant à l’inauguration du barrage de Giz Galasi à la frontière irano-azerbaïdjanaise, sont arrivés avec succès à Tabriz, alors que seul le troisième, qui était l’avion du président iranien, s’est écrasé.

Toutes les déclarations officielles semblent s’accorder pour attribuer la cause de l’accident aux conditions météorologiques, et se distancient totalement et catégoriquement de toute théorie du complot ou de tout doute sur l’existence d’une attaque ciblée contre l’hélicoptère présidentiel. Ce qui est le plus frappant ici, c’est que cette approche n’est pas typique du régime iranien et de ses dirigeants. D’ordinaire, chaque événement, petit ou grand, qui se produit en Iran est toujours, sans hésitation ni discussion, imputé à des «  ennemis », généralement Israël et les Etats-Unis.

Cette fois-ci, les «  ennemis  » ont brillé par leur absence suspecte dans la pensée politique iranienne, ce qui soulève des questions en soi. Et ce, bien que des soupçons aient été émis à l’étranger, Israël s’étant immédiatement empressé de nier tout lien avec l’incident.

Entre-temps, le vice-premier ministre serbe Aleksandar Vulin, qui dirige l’Agence de sécurité et de renseignement, a commenté l’incident en affirmant que les dirigeants du monde libre étaient en danger. Vulin aurait également déclaré qu’il ne doutait pas que les services de renseignements iraniens, qu’il considérait comme les meilleurs au monde, découvriraient ce qui était arrivé au président iranien. Toutefois, il a ajouté qu’après la tentative d’assassinat du premier ministre slovaque Robert Fico et la disparition du président Raisi, il était très difficile de dissiper l’impression que c’étaient bien les dirigeants du monde libre qui étaient en danger. Il a conclu en déclarant que dans le monde où ils vivent, la liberté est punie.

En examinant l’incident, nous trouvons trois scénarios ou hypothèses possibles  : premièrement, des conditions météorologiques défavorables  ; deuxièmement, des problèmes de maintenance et la détérioration de l’avion  ; et troisièmement, l’existence d’un complot ou d’un acte prémédité. En réalité, les deux premières raisons ne peuvent être exclues, car elles sont hautement probables.

Cela est d’autant plus vrai que le secteur du transport aérien iranien a connu plusieurs accidents au cours de la dernière décennie. Il s’agit notamment de nombreux avions qui sont sortis des pistes au moment du décollage ou de l’atterrissage, d’autres qui se sont écrasés à la suite d’incendies de moteur, d’autres encore qui sont entrés en collision avec le sommet de la chaîne de montagnes Zagros, dans le centre de l’Iran, ainsi que d’accidents impliquant des hélicoptères transportant des officiels iraniens.

Quant à la troisième hypothèse, elle a elle aussi un héritage iranien et ne peut être écartée, même si les résultats de l’enquête officielle suggèrent le contraire.

La première hypothèse concernant le rôle des conditions météorologiques semble étrange et frappante. En effet, les conditions météorologiques n’étaient pas surprenantes, ni pour les agences de sécurité concernées qui sont censées appliquer des protocoles pour protéger le président et les dirigeants de haut niveau, ni pour le pilote lui-même, qui avait un grade militaire élevé dans l’armée iranienne.

En outre, les experts estiment que le brouillard, les nuages et le terrain ne devraient pas affecter de manière significative la trajectoire de l’hélicoptère de Raisi, étant donné qu’il est équipé pour atterrir même si les deux moteurs tombent en panne - un événement peu probable. En effet, si les deux moteurs tombent en panne, l’appareil fonctionne en mode auto-rotation et peut atterrir en toute sécurité. Selon les experts, le seul scénario possible est que l’hélicoptère perde ses deux pales, ce qui le ferait plonger à grande vitesse et ne laisserait aucune chance de survie aux passagers, ce qui est à peu près ce qui s’est passé.

La perte des deux pales a ses raisons techniques, qui soulèvent à leur tour des questions sur les causes et ce qui a pu se passer avant le décollage de l’hélicoptère, ainsi que sur son état technique à ce moment-là.

Il y a de nombreuses questions qui manquent de réponses, et je pense qu’elles resteront sans réponse. Cependant, il est évident que le régime iranien a tenu à éviter de soulever des doutes sur l’incident dès le début. Cela peut être dû à la crainte d’être exploité pour créer un chaos interne, ou peut-être à la connaissance préalable de ce qui allait se passer.

L’accent a été mis sur l’absorption des effets de la crise, la préparation progressive de l’opinion publique aux nouvelles, l’accent mis sur la causalité des conditions météorologiques, et peut-être plus tard sur la recherche des causes de l’incident et le traitement de celui-ci d’une manière que le régime juge appropriée après avoir organisé la scène interne.

Ce qui alimente le plus la théorie du complot autour du crash de l’hélicoptère du président iranien, c’est que les institutions du pays sont très vulnérables en termes de sécurité. Des événements antérieurs ont reflété cette vulnérabilité et son niveau profond, notamment l’assassinat d’un scientifique nucléaire par un «  robot tueur  » près de Téhéran. Dès lors, l’hypothèse d’une infiltration des services de sécurité iraniens, y compris ceux chargés de la protection du président lui-même, devient une possibilité qui ne peut être totalement écartée. Cependant, le «  calme  » de la réaction iranienne cette fois-ci laisse soupçonner un complot interne orchestré par des factions du régime. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que Raisi était le candidat le plus probable à la succession du Guide suprême.

Cela suggère que l’affaire est liée à une lutte de pouvoir pour les postes plutôt qu’à un conflit sur les politiques, car Raisi était connu comme le «  yes man  » et le président le plus engagé à exécuter les ordres de Khamenei sans poser de questions.


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4 réactions à cet article    


  • Jean 27 juin 08:46

    ou panne


    • Boaz Boaz 27 juin 11:43

      Accident ou sabotage, peu importe, l’essentiel, c’est la « retraite anticipée » d’une sacrée crapule.


      • ETTORE ETTORE 27 juin 11:50

        «  »«  »"Cela suggère que l’affaire est liée à une lutte de pouvoir pour les postes plutôt qu’à un conflit sur les politiques, car Raisi était connu comme le «  yes man  » et le président le plus engagé à exécuter les ordres de Khamenei sans poser de questions.

        «  »«  »« 

        ....

        Cette » proposition " semble atterrir, bien plus convenablement que l’hélico .


        • ilias 28 juin 02:15

          Je vais vous dire l’hypothèse la plus plausible. Depuis plusieurs années une opposition diverse dont les moudjahidines khalq en sont le noyau, s’est vu encouragée et financée par l’occident, USA,UK et Israel surtout, à tel point qu’elle fait des rencontres périodiques dans les capitales occidentales encadrée par des supporteurs de haut niveau de plusieurs pays, soit à titre individuel ou en représentation d’une entité publique gouvernementale ou non. Il n’est pas exclu que cette opposition ait des interfaces par sympathie, mais plus par mercenariat bien huilé, dans des structures de la haute administration, dans l’armée et surtout peut-être dans les services de sécurité opérationnels. Et l’enveloppe des rétributions étant importante, on assiste alors à un travail en réseau regroupant des individus relevant chacun d’une structure différente l’un par rapport à l’autre et devant travailler en collaboration pour des opérations bien organisées de ciblage de personnalités décisionnaires à des niveaux importants de l’Etat iranien. Ceci n’est qu’une hypothèse mais qui me parait bénéficier d’un haut degré de vraisemblance.

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