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Accueil du site > Tribune Libre > Le chevalier double : un conte fantastique à méditer...

Le chevalier double : un conte fantastique à méditer...

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Combattre ses propres démons, vaincre le mal que chacun peut avoir en soi, parvenir à faire triompher le bien, c'est, là, le thème de cette nouvelle fantastique intitulée "Le chevalier double", écrite par Théophile Gautier.

Nous sommes, tous, plus ou moins, soumis à une dualité, le bien, le mal, et nous avons tous eu la tentation du mal.

Dans ce conte de Théophile Gautier, une jeune châtelaine, prénommée Edwige, mariée au comte de Lodbrog, s'est laissé envoûter par un étranger "beau comme un ange", au sourire glaçant, un chanteur, accompagné d'un corbeau noir.
L'histoire se déroule dans un pays du Nord qui n'est pas nommé, comme le suggèrent les noms des personnages aux consonances scandinaves.

Venu se réfugier dans le château de la dame, par une nuit d'orages et de tempête, cet inconnu est double : un sourire d'ange et un regard terrifiant.

On retrouve au début de ce récit, de nombreux ingrédients du conte fantastique... le lieu : il s'agit d'un château, le moment : l'histoire se déroule la nuit. L'évocation de la tempête est particulièrement inquiétante : "Il faisait un terrible temps cette nuit-là : les tours tremblaient dans leur charpente, les girouettes piaulaient, le feu rampait dans la cheminée, et le vent frappait à la vitre comme un importun qui veut entrer."

Dans cette description, on perçoit, comme souvent, dans le registre fantastique, le procédé de personnification de certains éléments du décor, ce qui accroît le mystère et la peur.

Après le départ du mystérieux inconnu, la châtelaine donne naissance à un fils, prénommé Oluf... mais elle perçoit en lui, le "regard noir de l'étranger".

Un "mire", une sorte de médecin ou de mage est consulté : il déclare, aussitôt, que le petit "Oluf" a une étoile double, une verte, une rouge, une verte comme l'espérance, une rouge comme l'enfer..."

L'enfant grandit, tantôt "bon comme un ange", tantôt "méchant comme un diable".

Choisira-t-il le bien ou le mal ?

Quel sera son destin ? Qu'est-ce qui pourra le sauver du mal ?

Il devra combattre, de toutes ses forces, le mal qui est en lui, dans une lutte héroïque et féroce, il devra vaincre ses mauvais démons.
Ce combat est mis en scène, quand Oluf rencontre son double maléfique : un choc violent entre deux chevaliers, un choc dont l'issue semble incertaine...

Ainsi, chacun d'entre nous doit lutter contre des pulsions de haine, de jalousie, de rancoeur, chacun d'entre nous a une part d'ombre.

Ce récit fantastique a valeur de message : il nous montre toutes les difficultés de vaincre les forces du mal : le mensonge, l'hypocrisie, la méchanceté, le désir de soumettre, la violence.

Ne sommes-nous pas tous doubles ?

Il nous faut souvent affronter ces forces du mal, les vaincre, essayer de dépasser le désir de vengeance, la haine.
C'est ce qui fonde l'humanité : cette lutte passe par la réflexion, par l'effort, par des conflits internes qu'il nous faut résoudre, et comment les résoudre ?
Comment affronter ses propres démons ?

Ce récit, bref, fascinant, facile à lire, écrit dans un style original et vivant, nous entraîne dans un univers fantastique, tout en nous incitant à la réflexion : une lecture de vacances accessible à tous !

 

Le texte :

https://fr.wikisource.org/wiki/Romans_et_Contes_de_Th%C3%A9ophile_Gautier/Le_Chevalier_double

 

Photo : Pixabay


Moyenne des avis sur cet article :  3.63/5   (8 votes)




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9 réactions à cet article    


  • ALEA JACTA EST ALEA JACTA EST 12 août 2016 16:05

    Merci d’ attirer notre attention sur cette nouvelle que je ne connaissais pas.On associe systématiquement la littérature fantastique aux auteurs anglo-saxons, alors que du côté français il y a aussi une tradition littéraire qui remonte au moins à Chrétien de Troyes.

    Comme souvent le fantastique permet d’ aborder des mythes comme, dans le cas présent,le bien et le mal qui luttent au fond de nous tous....cette dualité trouble et ambigüe qui nous est si propre.

    • rosemar rosemar 12 août 2016 19:47

      @ALEA JACTA EST

      On peut lire toutes les nouvelles fantastiques de Théophile Gautier : on passe un bon moment et le style de cet auteur est riche d’inventions et de vocabulaire....Un autre conseil de lecture : Le pied de momie, du même auteur...




      Le bien et le mal font partie de notre humanité, et c’est un thème passionnant, oui.

    • soi même 12 août 2016 18:14

      ( Nous sommes, tous, plus ou moins, soumis à une dualité, le bien, le mal, et nous avons tous eu la tentation du mal.) car vous connaissez des êtres où se n’est pas le cas ?


      • rosemar rosemar 12 août 2016 19:49

        @soi même

        Je pense que nous sommes tous soumis à cette dualité : nous avons tous connu, un jour, la tentation du mal, au moins en pensée.

      • François Vesin François Vesin 13 août 2016 12:04

        @rosemar
        Il y a une très forte inspiration chrétienne dans votre approche 

        qui me pose problème : la « tentation » du mal !

        D’aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfance, je ne
        comprenais pas ces notions de bien ou de mal (incarnées) tant elles 
        me semblaient la plus part du temps étrangères à ce qui me procurait
        du bien ou me faisait du mal.
        En revanche, je comprenais ce qui m’apparaissait juste ou injuste
        comme autant d’éléments constitutifs de ce que l’on appelle le - bon sens -.

        C’est une humanité souffrante celle qui passe son temps à se questionner
        vainement sur « les forces du mal » , livrée aux bonimenteurs toujours prêts
        à lui fourguer des solutions toutes faites dont on peut constater la vacuité !

        Si la princesse du conte fait appel à son - bon sens -, elle saura décider en
        conscience de la tournure qu’elle entend donner à sa relation avec le
        bel étranger. Ce qui n’est pas juste, c’est de regarder pas le trou de la serrure
        pour s’approprier une tranche de vie qui n’appartient qu’à celles et ceux qui en 
        sont les acteurs.

        Remplaçons princesse par Peuple, bel étranger par Politique et surtout,
        laissons la porte ouverte si nous voulons nous affranchir des nuisibles
        qui prétendent nous gouverner !




         


      • rosemar rosemar 13 août 2016 12:16

        @François Vesin

        Le conte de Gautier est lui-même empreint d’une inspiration chrétienne : il suffit de lire les premières phrases du texte pour en prendre conscience...
        Pour le reste, oui, c’est la raison et la réflexion qui nous guident vers le bien, mais nous avons tous connu, je pense, cette tentation (comment dire autrement ?) du mal...

      • fred.foyn 13 août 2016 07:59

        La ligne entre le bien et le mal est petite et glissante, le basculement d’un côté ou de l’autre est en réalité le fait (toute sa vie) de situations personnelles permettant ce basculement.
        Aucun individu sur terre n’échappe à cette dualité. 

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