La vraie victoire sur le Hamas
Lors de sa participation à la Conférence de sécurité de Munich, le président israélien Isaac Herzog a déclaré que la normalisation des relations entre son pays et l’Arabie Saoudite signifierait une « victoire » sur le Hamas. Il a basé cette déclaration sur le fait que l’un des objectifs de l’attaque du mouvement contre Israël le 7 octobre était de faire échouer les discussions privées sur les relations israélo-saoudiennes. Il a ajouté : « C’est pourquoi je crois sincèrement qu’avancer vers la normalisation et faire tous les efforts possibles est une opportunité historique très importante ».
Le point de vue du président israélien semble en effet logique, car la promotion du processus de paix est une réponse importante au comportement de l’axe du mal et du terrorisme dans notre région. Toutefois, la question principale demeure : comment cet objectif peut-il être atteint ? Si la position d’Israël repose sur des considérations compréhensibles, le point de vue de Riyad sur la question de la normalisation découle d’une base stratégique extrêmement réaliste et tout aussi logique.
L’Arabie saoudite, avec tout son poids, son importance spirituelle et stratégique, son patrimoine historique, ses valeurs et ses principes, ne peut ignorer les réalités du passé, qu’il soit récent ou plus lointain. Il n’est pas envisageable de sacrifier son statut, son histoire et sa vision de l’avenir au nom de la normalisation s’il n’existe pas de fondements solides et de constantes pour assurer une véritable sécurité régionale.
Oui, la paix et la consolidation de la stabilité régionale constituent une réponse efficace aux partisans de la violence, du chaos et du terrorisme dans notre région. Toutefois, l’approche la plus efficace consiste à s’attaquer aux causes profondes de la crise, à éliminer les motifs de haine, de violence et d’incitation, et à supprimer les prétextes utilisés par les organisations terroristes pour attiser le feu, que ce soit contre Israël ou d’autres pays de la région.
La position de l’Arabie saoudite sur la normalisation des relations avec Israël, telle que réitérée par le gouvernement de Riyad, présuppose la reconnaissance d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Cette position n’est plus seulement une condition saoudienne, mais reflète un consensus entre la plupart des nations et des puissances influentes.
Même les alliés occidentaux d’Israël reconnaissent que la reconnaissance d’un État palestinien indépendant est une condition préalable essentielle pour aborder le conflit israélo-palestinien dans ses fondements. Ignorer cette réalité n’apportera aucun succès significatif.
Il ne s’agit plus seulement de répondre à des organisations terroristes comme le Hamas ou d’autres ; il s’agit maintenant d’éradiquer l’héritage de la haine et de la discorde dans notre région. Privilégier le rétributivisme tout en maintenant les racines du conflit signifie que l’attentat du 7 octobre pourrait se reproduire, qu’il soit le fait du Hamas ou d’autres organisations terroristes et milices qui prolifèrent au Moyen-Orient.
Leur taux de multiplication dépasse celui des parasites. Ce qui est encore plus dangereux, c’est que les nouvelles générations de ces milices et organisations surpassent leurs prédécesseurs en termes de danger et de menace. Elles ont de l’audace, des capacités de planification et de l’initiative.
Un avenir effrayant se profile donc à la fois pour Israël et pour le monde arabe. La victoire véritable et durable d’Israël et de ses voisins arabes ne réside pas dans des mesures tactiques telles que la réponse au Hamas par la normalisation avec une superpuissance régionale telle que l’Arabie saoudite. Il s’agit plutôt de rapprocher les points de vue divergents et de développer des visions communes avec les Saoudiens et les autres nations arabes.
Il s’agit de créer une feuille de route réaliste pour parvenir à la sécurité et à la stabilité qui favorise un environnement de coopération au développement régional, promeut une culture de coexistence, rejette la haine et se concentre sur les intérêts communs, les rêves et les aspirations des jeunes générations - tant arabes qu’israéliennes. La réflexion stratégique à long terme est ce dont Israël a le plus besoin pour faire face à cette crise sans précédent.
Malgré les pressions internes et externes et l’impact psychologique et sociétal de l’attaque terroriste du 7 octobre, il est important d’éviter les options suicidaires et à somme nulle.
Le désir de vengeance, de rétribution et de restauration du prestige et des images mentales doit céder la place à une réflexion sur l’avenir et les générations futures, dans le but d’éviter que cette tragédie ne se reproduise. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a récemment indiqué que « la plupart des pays arabes sont favorables à une normalisation des relations avec Israël ».
M. Blinken a souligné que « pratiquement tous les pays arabes souhaitent véritablement intégrer Israël dans la région afin de normaliser les relations », si ce n’est déjà fait. Il a ajouté que la normalisation inclurait « des engagements et des garanties en matière de sécurité afin qu’Israël se sente plus en sécurité ». Israël devrait se concentrer sur cet aspect particulier.
Son intérêt stratégique à long terme l’emporte largement sur l’idée de démanteler l’organisation terroriste du Hamas en reprenant le plan de normalisation avec les pays arabes, alors que les facteurs explosifs et la menace des milices restent intacts et mettent en danger les deux parties.
L’expérience historique nous a appris que le terrorisme connaît des hauts et des bas et que les nouvelles générations de ces groupes sont encore plus extrémistes et violentes que leurs prédécesseurs. Ce problème ne fait aucune distinction entre Israël et le monde arabe ; il constitue une menace pour tous les peuples de la région et du monde.
Israël doit reconnaître que les pays arabes souffrent également du terrorisme du Hamas et d’autres organisations. Ces pays ont un intérêt stratégique réel et sérieux à résoudre ce conflit. Il est essentiel de se concentrer sur l’avenir et les plans de développement de la population.
L’attaque terroriste du 7 octobre a exercé sur certains pays arabes une pression similaire à celle exercée sur Israël. Il est donc plus que jamais nécessaire de s’attaquer aux causes profondes du conflit. Il est tout aussi important de comprendre la situation des Palestiniens, coincés depuis des années entre des autorités corrompues et la main de fer du Hamas.
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