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Accueil du site > Tribune Libre > La question des hautes rémunérations (1)

La question des hautes rémunérations (1)

Pourquoi revenir sur les hautes rémunérations alors que je me suis déjà abondamment exprimé sur cette question dans mon livre, devant une mission d’information de l’Assemblée nationale et au cours d’entretiens avec des journalistes de la presse écrite , de la radio ou de la télévision ?
D’autant qu’un blogueur, Claude, intervenant sur une note précédente, Entreprise : Préliminaires , m’en a d’une certaine manière découragé : Une suggestion aussi si vous me la permettez : débarrassez vous définitivement de la question de la rémunération des grands managers que personne ne peut comprendre en dehors de ce milieu. Laissez sa part au feu, vous ne l’éteindrez pas dans ce pays avant longtemps. La relation des Français avec l’argent est trop complexe. Votre pensée et vos réflexions serviront bien mieux la cause de l’entreprise en général.
Si je persiste, c’est essentiellement parce qu’en dépit de l’abondance des commentaires, il me semble que cette question n’a pas encore été suffisamment clarifiée et qu’elle donne toujours lieu à beaucoup de confusion et de superficialité, favorisées au demeurant par le silence forcé de la plupart des chefs d’entreprise.
De plus la perspective prochaine de la discussion de l’amendement déposé à l’initiative de Pascal Clément,devenu Garde des Sceaux entre-temps, au projet de loi Confiance et modernisation de l’économie ne manquera pas de relancer le débat.
Enfin, même si cette question ne concerne en fait en France que les dirigeants d’un nombre réduit de très grandes entreprises cotées, elle a néanmoins contribué à détériorer gravement l’image des entreprises dans ce pays et à accentuer la remise en question de la réconciliation des Français avec l’entreprise qui avait été un des grands acquis du premier septennat de François Mitterrand.
Aussi avant d’engager notre réflexion que j’espère collective sur l’entreprise, suivant à retardement le conseil de Claude, j’aimerais l’écarter au moins provisoirement de notre parcours.
Je me souviens d’un propos de Bernard Maris qui n’est pas précisément un homme du grand patronat au cours de l’émission Mots Croisés à laquelle nous avions tous deux parmi d’autres participé, soulignant qu’il n’était pas choqué que les grands patrons qui réussissent gagnent beaucoup d’argent, mais qu’il était scandalisé par les avantages dont bénéficiaient ceux qui quittaient leurs fonctions, notamment en cas d’échec.
Plus récemment, Edouard Tétreau, l’auteur de Analyste au coeur de la folie financière  que j’évoquais il y a deux jours, expliquait dans un article du Monde du 17 mai 2005 que l’honneur et l’efficacité des vrais capitaines d’industrie tiennent au contraire dans ces deux mots latins : ad nutum. La révocation, sans indemnité d’aucune sorte, « d’un simple signe de tête ». Il est normal, ajoutait-il plus loin, que des mandataires sociaux soient très bien payés ?ils ne le sont parfois pas assez- pour conduire, dans un monde concurrentiel ouvert, des entreprises qui sont les seules sources de richesses dans nos sociétés.(?) Mais il est souhaitable que ces dirigeants, en cas d’échecs avérés, puissent être révoqués ad nutum.
L’apparence est celle du bon sens : payons bien ceux qui réussissent et privons de tout avantage ceux qui échouent. Qui pourrait s’opposer à un tel principe ? Le problème est qu’ayant dit cela, on n’a rien réglé du tout.
La question essentielle est de savoir comment les grandes entreprises peuvent être dotées de chefs d’une dimension et d’une qualité suffisantes. Et pour cela, interrogeons-nous successivement et au fil des prochains jours sur le profil qui est généralement le leur, sur la spécificité de leur fonction, sur les conséquences de la transparence à laquelle ils sont astreints en ce qui concerne les avantages financiers dont ils bénéficient, sur la manière dont ceux-ci sont décidés, sur la diversité des instruments utilisés et sur leur niveau souhaitable ou acceptable.


Prochaine note : (2) Profil


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