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Accueil du site > Tribune Libre > La hausse du prix du pétrole pose un immense problème aux Etats-Unis

La hausse du prix du pétrole pose un immense problème aux Etats-Unis

L'administration Biden reconnaît que le baril cher est néfaste pour l'économie américaine, mais elle ne peut pas influer sur la situation. Or, il y a seulement quelques années, les compagnies pétrolières américaines pouvaient faire effondrer le cours mondial simplement en augmentant la production. Alors pourquoi l'Amérique se retrouve-t-elle impuissante aujourd'hui ? 

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Le prix moyen de l'essence a dépassé aux Etats-Unis 3,4 dollars le gallon (environ 0,9 dollar le litre), soit un record depuis 2014. En Californie, à Hawaï et au Nevada les prix ont déjà dépassé la barre des 4 dollars, soit pratiquement le record de l'été 2008, quand le pétrole frôlait les 150 dollars le baril. À titre de comparaison : au printemps 2020, pendant la première vague de coronavirus, le prix moyen de l'essence chutait jusqu'à 2,1 dollars le gallon à cause d'une demande insuffisante. 

Mais à présent, les raffineurs sont confrontés à une pénurie d'offre de la part des producteurs pétroliers. Par rapport à fin 2019, la production pétrolière est inférieure de 14%. Au final, les prix ont augmenté de 2/3 depuis le début de l'année. 

L'offre limitée du pétrole a lieu à l'échelle mondiale. La coalition de l'Opep+ menée par la Russie et l'Arabie saoudite utilise cet instrument précis pour maintenir le prix du pétrole à un niveau élevé. Cependant, les compagnies américaines ainsi qu'européennes ne peuvent réagir à cette politique par une augmentation de la production. Or c'est ce qu'ils faisaient au milieu du XXe siècle, quand la hausse de l'offre sur le marché mondial avait divisé par plus de deux le cours pétrolier. 

Fin 2015, sous la présidence de Barack Obama, les Etats-Unis avaient décider de lever l'embargo sur les importations de pétrole, qui était en vigueur depuis plus de 40 ans. Il avait été décrété à cause du "choc pétrolier" de 1973, quand les pays du Moyen-Orient avaient refusé de livrer pendant un certain temps du pétrole aux Etats-Unis et en Europe à cause de leur soutien d'Israël pendant la Guerre du Kippour. Mais au cours de la dernière décennie, grâce aux technologies de schiste, les producteurs pétroliers américains avaient rétabli leurs positions sur les marchés national et mondial. 

Après l'élection de Donald Trump, la hausse de la production et des exportations de pétrole est devenue l'une des priorités de la politique économique américaine. M. Trump avait promis aux électeurs d'accélérer la croissance de l'économie américaine, et le pétrole relativement bon marché était censé devenir l'un des principaux mécanismes pour cela. 

Ce qui ne fut pas une réussite totale, car grâce à l'apparition en 2016 de l'alliance Opep+, qui a décidé de limiter la production, les prix ont commencé peu à peu à se redresser. Toutefois, après l'effondrement de 2014, ils n'ont jamais franchi la barre psychologique des 100 dollars le baril. Mais à présent, les analystes des plus grandes banques de Wall Street prédisent que l'an prochain déjà le marché assistera à un tel niveau des prix. D'autant que les compagnies américaines et européennes ne prévoient pas d'augmenter significativement leur production. 

La raison est simple : la plupart des producteurs pétroliers occidentaux étaient très réticents à investir ces dernières années dans la hausse de la production à cause d'une pression croissante des combattants contre le réchauffement climatique. Depuis quelque temps, ces combattants incluent non seulement des activistes écologiques, mais également de grandes institutions financières qui évaluent l'effet climatique des projets qu'elles financent, ainsi que les gouvernements qui s'engagent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

L'une des premières décisions prises par Joe Biden après son investiture début 2021 a été le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat, dont s'était retiré Donald Trump. Les démocrates revenus au pouvoir ne cachent pas qu'ils voudraient donner le rythme du passage à l'énergie propre au monde entier, et les compagnies pétrolières et gazières sont immédiatement devenues l'une de leurs cibles principales. 

Le sommet mondial sur le climat du 12 novembre à Glasgow, organisé sous l'égide de l'ONU, a marqué une sorte de point de non-retour pour toute la politique climatique américaine et européenne. Cet événement a servi de prétexte pour de nouvelles déclarations "vertes" sur fond de hausse continue des prix d'hydrocarbures. C'est dans le contexte du sommet sur le climat qu'il faut percevoir les appels de Joe Biden, début novembre, adressés aux membres de l'Opep+ à augmenter la production pétrolière. 

L'Opep+ a choisi la voie la plus réfléchie et productive : elle fait revenir sur le marché l'excédent de pétrole progressivement et sans hâte, ce qui énerve sérieusement d'autres producteurs pétroliers mondiaux, qui voudraient un équilibrage rapide du marché d'un côté ou de l'autre. 

L'augmentation prévue de l'offre par l'Opep+ à hauteur de 400.000 barils par jour permettra de faire revenir sur le marché le pétrole manquant dans deux ou trois mois. Cependant, l'Opep+ à elle seule ne parviendra pas à remédier au déficit pétrolier, cela nécessite la participation des Etats-Unis et d'autres producteurs. 

Les producteurs pétroliers américains devront de toute façon accroître la production, pensent les analystes. Le département américain de l'Energie a déjà annoncé sa volonté d'augmenter la production de pétrole de schiste. En 2022, selon les prévisions de cette institution, la production pétrolière aux États-Unis s'élèvera à 11,73 millions de barils par jour (contre 11,02 millions de bpj actuellement). 

Bien des choses dépendront du sort de l'accord Opep+. S'il était supposé auparavant que l'excès de pétrole serait entre 2 et 2,7 millions de bpj, à présent, vu la hausse prévue de la demande et la baisse prévue de l'offre des pays hors Opep+, on s'attend à un déficit de 1,5 million de bpj. 

Dans ses estimations l'Opep part du principe que la Russie et les Etats-Unis deviendront les principales sources d'augmentation de la production l'an prochain. La Russie produit déjà au-delà du quota établi, selon les données de l'Opep+, mais ce n'est pas encore un facteur critique, car tous les membres de l'alliance ne sont pas capables de relancer la production après le fléchissement de l'an dernier. 

Quant aux Etats-Unis, ils augmentent déjà la production, même si cela n'avance pas aussi bien qu'à l'époque du "boum de schiste" de la décennie précédente. L'économie américaine, comme toute autre d'ailleurs, ne peut pas exister sans un approvisionnement énergétique suffisant. L'énergie supplémentaire est nécessaire même pour remplir les engagements de décarbonation, or il est possible de l'obtenir actuellement seulement à partir de combustibles fossiles.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3321


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9 réactions à cet article    


  • Parrhesia Parrhesia 19 novembre 2021 10:06

    Tout cela, au demeurant bien observé, provient avant tout du fait que l’économie des États-Unis n’est plus gouvernée par de véritables Américains, tels qu’à l’époque où la General Motors était « Number 1 Worldwide »,

    Les États-Unis sont dirigés par leur cinquième colonne mondialiste, tout comme la France, et ceci indépendamment de la différence de puissance économique.

    Il serait temps que les puissances occidentales, toutes les puissances occidentales, commencent à appréhender ce genre de détails, si elles ne veulent pas être littéralement bouffées par les « happy few » du N.O.M.


    • Et hop ! Et hop ! 19 novembre 2021 14:12

      @Parrhesia : «  Il serait temps que les puissances occidentales, toutes les puissances occidentales, commencent à appréhender ce genre de détails »

      Il serait surtout temps que les puissances occidentales commencent à appréhender ... les 200 milliardaires les plus influents du monde, et qu’elles les traitent comme les usurpateurs et les dictateurs qu’ils sont, comme ils ont traités Saddam Hussein, le Colonel Khadafi, etc.. en bombardant leurs habitations, en confisquant tous leurs biens, en les emprisonnant et en les jugeant et en les assassinant en public avec leur famille.

      Malheureusement, les puissances occidentales, toutes les puissances occidentales, c’est QUI ?

      C’est des gouvernements composés d’hommes que ce cartel de multi-miliardaires à sélectionns et placés au pouvoir pour servir leurs intérêts.

       


    • Marengo 19 novembre 2021 13:39

      L’Amérique va s’effondrer ! comme New-York dans l’Affaire Tournesol ! Faites sans tarder allégeance à la Russie et à la Chine avant d’avoir usé leur patience ! 


      • zygzornifle zygzornifle 20 novembre 2021 08:21

        Heureusement il y a Tesla mais Biden déteste Must et voudrait que sa boite coule ou dégage cas Must n’aime pas les syndicats.

        Biden est une momie dont le cerveau a été retiré en premier ....


        • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine nemesis 20 novembre 2021 08:55

          Je m’intéresse à la Bourse occidentale depuis le premier Krach pétrolier...

          Je peux avancer avec certitude cette constatation,

          Quand le prix du Baril monte, la Bourse est ébranlée ( smiley ), idem quand il descend.

          Moralité : faut pas bousculer mémé !


          • yvesduc 20 novembre 2021 09:01

            Merci pour cet article. J’aimerais croire que Big Oil limite sa recherche de nouveaux gisements à cause de la pression des écologistes, mais j’ai beau me pincer, là vraiment je n’y crois pas ! Les écologistes ont bon dos ! smiley


            • chantecler chantecler 20 novembre 2021 09:08

              C’est ben triste !

              Nous , notre carburant on le paie trois fois plus cher .

              Mais nous sommes taxés encore sur la consommation au nom du CO 2 .

              Une solution pour les USA : introduire le cyclo pousse :

              https://ttb-travel.com/blog/cyclo-pousse/


              • pierrot pierrot 20 novembre 2021 09:19

                Pour la préservation du risque climatique, il est hautement souhaitable que le prix du pétrole soit élevé pour freiner sa consommation et la faire disparaître à terme.


                • titi titi 21 novembre 2021 18:59

                  @L’auteur

                  Le pétrole qui remonte je ne vois pas très bien en quoi c’est un problème pour les producteurs nord américains, USA et Canada, dont les couts d’extraction sont bien plus élevés qu’au moyen orient.

                  Le seul souci que ca pourrait poser, c’est que vu que c’est déjà le plein emploi, les producteurs vont avoir du mal à recruter.

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Patrice Bravo

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