La future contagion du mouvement des Indignados

Depuis une semaine les espagnols s'approprient la rue pour dénoncer le piège démocratique. Vous n'en n'aurez sûrement pas entendu parler si vous vivez en France, ou alors si c'est le cas, on vous aura seulement 'des)informé qu'il s'agissait de rassemblements contre le chômage et contre l'austérité. Ce n'est pas le cas, on a ommis(par oubli ?) de vous informer sur l'essentiel de la nature des manifestations,une critique de nos systèmes démocratiques.

Le mouvement est parti d'une plateforme indépendante, "Democracia Real Ya !"soutenue par des centaines d'associations ou d'autres mouvements qui luttent pour la démocratie, les droits de l'homme ou la justice.

Aujourd'hui, dans plus de 60 villes d'Espagne on peut observer des centaines voire des dizaines de milliers(Puerta del Sol et Plaza Cataluna) d'espagnols débattre, chanter, manifester, parler, se rencontrer et camper toute la journée et toute la nuit. Les espagnols se réapproprient l'espace public et sont décidés à ne pas laisser le monopole de la parole aux hommes politiques.

Parmis les principales revendications exprimées par les manifestants, par les "indignados" comme on les appelle, en référence au best-seller de Stéphane Hessel, on trouve une forte volonté de changer le système démocratique qui ne l'est apparemment pas assez.

Ainsi, No les votes (Ne vote pas pour eux) est un slogan très répandu dans le mouvement qui ne prend pas parti pour un parti politique.

Comme dans tout mouvement démocratique et populaire, les avis divergent, ainsi, certains veulent seulement quelques améliorations et demandent une réforme électorale. D'autres veulent déprofessionaliser la fonction politique, la possibilité de mener des référendums d'initiative populaire et d'autres encore exigent la démocratie directe.

Tous pensent que ce sont les manipulations politiques qui séparent le peuple du pouvoir qui ont permis au pays d'être dans une telle situation, le chômage grimpe à 20% et chez les jeunes les chiffres officiels donnent 43% de sans travail.

Le mouvement s'étend partout dans les autres démocraties du monde, en effet les autres citoyens voient bien que même si leur situation est meilleure qu'en Espagne, l'exclusion, l'injustice, l'austérité et le piège démocratique est globalement le même.

Dans la lignée des révoltes arabes ayant fait tomber quelques dictateurs, ce mouvement populaire sans précédent qui vise à dépasser nos démocraties actuelles risque bien d'enclencher une spirale infernale pour les politiciens.

En effet, cet exemple de lutte montre à tous les abstentionnistes, à tous ceux qui ne veulent pas voter pour des candidats qui ne leurs plaisent pas, à tous ceux qui reconnaissent qu'à chaque élections ce sera une personnalité de l'UMP ou du PS qui l'emportera, une nouvelle manière de s'exprimer.

Les espagnols avaient élu un socialiste, le résultat n'est pas brillant. Les français feraient bien d'en tirer des conclusions. Reste qu'il est très difficile de penser dans nos sociétés ou les médias font l'actualité et choisissent ce sur quoi nous réfléchiront.Au moment ou j'écris cet article (22mai 15h) Google actualité référence plus de 9000 articles en français sur l'affaire DSK et ses dérivés quand seul 500 couvrent la fronde espagnole. Et c'est sans dire que très peu d'eux font état des revendications démocratiques : non, pour BFM TV par exemple, ce ne sont que des protestations anti-chômage. Ironie du sort, BFM TV conseille même aux manifestants qui manifestent d'aller s'exprimer en votant dimanche 22, alors que ceux-ci dénoncent ces élections...

Se débrouiller seul, sans les représentants grassements payer, et se réapproprier l'espace public. il y-a fort à parier pour que l'année 2012 soit très chaude puisqu'elle verra les élections espagnoles précéder d'un mois les élections françaises.

La conjoncture électorale pourra-t-elle révéler l'imposture démocratique aux yeux de tous et créer une prise de conscience révolutionnaire ?