La décision d’Israël de frapper l’Iran
J’ai lu récemment de nombreux éditoriaux et analyses suggérant que Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, pourrait mettre en œuvre un plan visant à lancer une attaque militaire indépendante contre les installations atomiques iraniennes pour apaiser les problèmes intérieurs et le stress. En revanche, il pourrait opter pour un remède à l’étranger pour résoudre les problèmes intérieurs d’Israël.
Les données disponibles ne permettent pas d’écarter cette possibilité sur le papier. Néanmoins, dans la pratique, les administrations israéliennes successives n’ont pas pris de décisions significatives telles que l’exécution d’une attaque militaire contre l’Iran avec toutes les complications et les conséquences potentielles que certains commentateurs discutent hâtivement.
Il est vrai qu’il existe des facteurs internes qui soutiennent la probabilité qu’une administration Netanyahu adopte une telle résolution. Néanmoins, en fin de compte, il y a des facteurs régionaux qui doivent être pris en compte lorsqu’on discute de cette notion. La région du Moyen-Orient connaît des transformations géopolitiques rapides, qu’il s’agisse de nouveaux accords, de nouvelles méthodes de résolution des crises et de fin de conflits, ou de la réouverture des lignes de communication entre les factions en guerre.
Il est donc illogique de déclencher une guerre pendant une période où il est vague de savoir qui est pour ou contre l’idée, sans parler du fait que l’atmosphère stratégique mondiale est très instable, alors que le principal allié conventionnel d’Israël, les États-Unis, est plongé dans un tourbillon de difficultés et de défis mondiaux croissants, sans parler de ce dossier qui n’est pas semblable à tout autre problème, mais plutôt l’un des dossiers les plus dangereux de la politique étrangère américaine.
Les médias américains rapportent des délibérations internes concernant une nouvelle méthode pour aborder le problème nucléaire iranien, au moyen de la tactique « freeze for freeze ». Cette proposition a été soumise aux partenaires de Washington, y compris Israël. Elle repose sur une proposition d’accord provisoire qui inclut la levée de certaines sanctions imposées à l’Iran en échange de la suspension de certaines actions du programme nucléaire iranien.
Cette mesure vise à remédier à l’absence d’une formule appropriée pour relancer l’accord nucléaire de 2015, ainsi qu’à apaiser Israël, qui a informé les États-Unis que l’Iran avait franchi une « zone dangereuse » et a menacé de lancer une opération militaire pour entraver les plans atomiques iraniens.
La partie iranienne est informée de la proposition américaine et est opposée à l’idée de suspendre l’enrichissement d’uranium à un niveau de pureté supérieur à 60 %, quelles que soient les incitations, sauf s’il s’inscrit dans le cadre d’un accord global.
L’un des dilemmes est que l’administration Biden est convaincue que la diplomatie est le moyen le plus efficace de contenir la menace nucléaire iranienne, tout en veillant à ce que l’Iran n’acquière pas d’armes nucléaires. Les parties iranienne et israélienne se déplacent entre ces deux points, la première se sent relativement rassurée et manœuvre les questions nucléaires et stratégiques, tant que l’option militaire est mise de côté, tandis que la seconde est sous pression en raison de crises internes et a également des préoccupations concernant les changements stratégiques en cours dans la région, craignant que l’opportunité d’éliminer la menace nucléaire iranienne ne soit perdue.
Un éditorial du Times évoque la notion d’Israël acceptant un Iran nucléaire. L’auteur considère qu’une attaque militaire unilatérale contre l’Iran serait un test pour les États-Unis, car cela serait non seulement dangereux mais également ambigu en termes d’impact et de résultats attendus. La raison principale est que l’administration Biden est peu susceptible de prendre le risque de partir en guerre directement contre l’Iran pour défendre son allié Israël.
Selon plusieurs experts, y compris en Israël, la connaissance nucléaire de l’Iran diminue l’efficacité de toute attaque militaire contre ses installations nucléaires. Les capacités nucléaires iraniennes sont maintenant une réalité indéniable. La stratégie des États-Unis pour arrêter la course de l’Iran vers la possession de l’arme nucléaire est de combler l’écart de connaissance, reconnaissant que la menace réside désormais dans la transformation de cette connaissance en capacités d’armement. Ainsi, le conflit entre les efforts « militaires » et « diplomatiques » se limite à gagner du temps et à retarder ce processus de transformation, plutôt que de l’annuler ou de l’éliminer complètement.
Dans les circonstances stratégiques actuelles, il est crucial de faire la différence entre l’Iran armé de l’arme nucléaire et l’Iran possédant des connaissances nucléaires. La scène régionale et internationale n’offre à aucune partie, qu’il s’agisse d’Israël ou d’autres, l’opportunité de développer un scénario hypothétique précis pour les conséquences de toute frappe préventive.
Le régime iranien a subi des changements significatifs depuis la guerre en Ukraine et les récentes protestations internes. Alors que les dirigeants iraniens ont peut-être fait preuve de prudence par le passé, ils sont devenus plus impulsifs sur le plan stratégique en raison des changements à la fois dans les conditions régionales et mondiales et au sein du régime iranien lui-même.
Cela complique toute discussion sur l’idée d’une frappe préventive. Néanmoins, le concept de « vivre avec » une Iran nucléaire reste un sujet d’inquiétude et d’appréhension égales, car l’Iran se distingue des autres pays et régimes par son attitude envers Israël ou d’autres voisins du Golfe et de la région arabe. Tant que Téhéran poursuit son projet régional, il est difficile de soutenir qu’un Iran nucléaire sera moins une source d’inquiétude et de perturbation.
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