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L’environnement stigmatisé et régulièrement amalgamé

Les mot "stigmatisation" et "amalgame" sont surexploités ces derniers temps, notamment en politique, pour un fait social, racial aussi. Mais ces termes sont très maladroitement appliqués, et utilisés à outrance. Rappelons leur véritable sens.

Stigmatiser : Blâmer publiquement, dénoncer, condamner avec force
Amalgame : Confusion volontaire d'idées ou de concepts distincts visant à les discréditer

Et s'il est un domaine ou ces mots ne sont pas du tout utilisés malgré leur réalité, c'est bien l'environnement. Eh oui.
Loin de moi l'idée d'abuser encore plus de ces mots, ils sont suffisamment utilisés partout et n'importe comment, toujours est-il, qu'en France notamment, la stigmatisation des animaux sauvages est une réalité très loin d'être vue et entendue. Les preuves sont nombreuses, avec, par exemple, les espèces dites "nuisibles", qui stigmatisent véritablement des animaux qui n'ont d'audace que de vivre. Alors, certes, on pourra légitimer cette catégorisation pour certains par leur pullulement, comme les chiens, pigeons, sangliers, corbeaux et autres lièvres et lapins, ce qui est tout à fait vrai, mais qui omet un détail relativement important, et pourtant jamais évoqué : leur explosion démographique est entièrement liée aux activités humaines. Eh oui. Dire qu'ils sont nuisibles sans remettre en cause nos sociétés, vouloir les exterminer sans diminuer nos pratiques qui sont en relation directes avec leur accroissement, c'est de ne voir en l'iceberg que sa partie émergée, sans se soucier de ce qu'il se passe au dessous.

Quant aux autres espèces nuisibles, belettes, fouines, étourneaux, geai, martre, putois, pie grièche, ragondin, rat musqué, raton laveur, renards et visons, il faudra m'expliquer en quoi ils sont nuisibles, et comment ils peuvent l'être au niveau national alors même que pour la majorité de ces animaux, nous ne connaissons même pas leurs effectifs.

Et si cette stigmatisation ne concernait que les animaux nuisibles.... Mais que nenni. Bien d'autres espèces sont stigmatisées, comme le vautour fauve, le blaireau, la limace, l'escargot, la mouche... Enfin, suis-je bête, si je commence l’énumération, je n'en finirais pas, puisque sont stigmatiser toutes les espèces vivantes.
Et si certains sont protégés, pas de problème ! Il suffit de pratiquer l'amalgame pour faire pression et faire céder les élus avides de voix. Le cas du loup est ainsi particulièrement frappant, puisque pour chaque attaque de cheptel, on va l'accuser ; alors même que dans une majorité des cas, ce sont des chiens errants qui œuvrent. Mais amalgamer le loup au chien est très pratique, cela permet de toucher des indemnités tout en remettant en cause un mammifère qui ne fait que reprendre ses terres ancestrales, ou il a vécu durant bien plus de temps que nous.

Mais excluons les grands mammifères que peu de gens côtoient, au final, et concentrons nous sur des animaux que tout le monde connait. Par exemple, le corbeau, fréquemment stigmatisé pour son bruit et ses déjections ; alors même que de notre côté, nous faisons un bruit d'enfer entre la voiture, la télé, les cris, la tronçonneuse, la tondeuse, la tailleuse, la souffleuse, j'en passe et des meilleurs ; au niveau de la pollution, ça pourrait être drôle si ce n'était pas aussi navrant : on râle sur le corbeau qui salit la voiture quand de l'autre côté, avec cette même voiture, on tapisse la ville entière d'un noir profond, poumons y compris, on n'hésite pas à jeter nos ordures qui vont mettre des années à se dégrader en faisant des ravages monumentaux sur la faune et la flore, on utilise toutes sortes de produits qui vont s'infiltrer dans les eaux et la rendre impropre à la consommation... La liste de nos dégradations est très longue, mais peu importe, au final, au moins, nous, on respecte la voiture et on évite de salir sa belle carrosserie, n'est-ce pas ?

On pourra aussi évoquer les "ravageurs" de culture, que sont les limaces, escargots et autres "parasites". Alors même que notre consommation est sans limite (consommation excessive de viande, consommation de légumes tropicaux qui obligent de grandes cultures potentiellement destructrices), on va refuser le droit de se nourrir aux végétariens, sans pour autant mettre en place des moyens de protection, si ce n'est les produits chimiques qui vont polluer encore plus les nappes phréatiques, et sans leur permettre de consommer ne serait-ce de consommer une seule feuille.


Stigmatisation ? Amalgame ? "oiseau de mauvais augure" ; "cervelle de moineau" ; "têtu comme une mule" ;
Nous passons notre temps à stigmatiser et à amalgamer les espèces qu'on croit inférieur, c'est à dire, toutes celles n'appartenant pas à la notre. Et même plus que cela, puisque nous nous considérons bien souvent supérieur aux autres, stigmatisant ainsi le monde entier mis à part sa petite personne et sa petite espèce.
Reprenons encore des termes d'actualité, je sens que vous les aimer pour vous en gaver constamment ; les propos à l'odeur nauséabonds sont très légions sur l'environnement et ce qui la compose (humanité mis à part ; oui, il faut bien le préciser, n'oublions pas que nous en faisons parti, n'en déplaise à certain(e)s). Et puis, se rappeler "les heures les plus sombres de notre histoire", au niveau écologique, est facile : cela concerne tout nos faits et gestes, ou presque.
Disons que la majeure partie de nos "heures les plus sombres" en terme d'assassinat de la vie débute au 19è siècle, au début de la révolution industrielle, un terme bien choisi, jugez plutôt : Changement d'un régime politique à la suite d'une action violente.
Violente ? Oui, concernant la révolution industrielle, la violence aura été à l'encontre de la nature toute entière, faune, flore, biodiversité, écosystèmes [insérez là tout mot se rapportant à la nature].
Et ne croyez pas que ces "heures les plus sombres de notre histoire" sont derrières nous ; non non, nous nageons en plein dedans, nous nous noyons dedans.

Alors, stigmatisation, amalgames, effectivement, en ce qui concerne l'environnement, ces mots sont plus qu'actualités. Heureusement que certaines personnes, associations et certains sites tentent d'inverser cette tendance.


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3 réactions à cet article    


  • annie0478 1er octobre 2013 17:54
    Merci POlivier pour ce que je viens de lire ! Magnifique et désespérant tout à la fois.... longtemps je me suis sentie bien seule à m’indigner de ce que l’on fait subir à la flore et à être horrifiée par toutes les horreurs que l’on inflige à toutes les espèces vivantes sur cette planète. Heureusement la venue d’internet m’a permis de lire des articles tel que le vôtre et de découvrir au fur et à mesure des années que nous ne sommes plus seuls et que nous avons maintenant des moyens de nous grouper pour faire entendre notre voix ..... Si on ne veut pas donner une planète morte à nos descendants il serait temps, grand temps même, d’accepter la cohabitation avec les autres espèces et ne plus leur reprocher une prolifération qui est de loin inférieure à la prolifération humaine !!!!
    Respectez la nature et laissez leur territoire aux animaux et cette nature vous respectera. Tuez tout ce qui vous gêne et cette nature deviendra une nature morte. 


    • Le421... Refuznik !! Le421 1er octobre 2013 18:42

      En fait, derrière les « roms » et le travail du Dimanche, la nature semble reléguée aux cent diables...
      Déjà, nos petits-enfants cracheront à juste titre sur nos tombes pour le merdier qu’on leur prépare.
      Les riches ont oublié, ça leur fait mal d’ailleurs rien que d’y penser, qu’ils sont irrémédiablement condamnés à mort et qu’ils finiront en lambeaux comme nous, les petits...
      Pourtant, avec nos maigres moyens, nous polluons forcément moins.


      • POlivier 2 octobre 2013 16:43

        Hélas nos moyens et nos rapprochements font pâles figure face aux rouleaux compresseurs destructeurs de l’environnement, mais qui ne tente rien n’a rien.

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