L’autonomie de la Corse à l’épreuve du « en même temps » de Macron
En Corse, Macron s'était montré fidèle à lui-même : pédant et arrogant. Aux aspirations et aux difficultés des Corses, il avait répondu par le conservatisme et plus de centralisation. Lorsque l'on parle à Macron d'avenir humain, il répond par des chiffres et, lorsqu'il utilise les mots, il accumule les symboles, les lieux communs, les incantations et les fausses certitudes. Derrière l'écume de sa pensée, le fond est toujours le même. Il est jupitérien, jacobin, conservateur et ultralibéral. En 2018, Il avait fait peser la culpabilité de la mort du préfet Erignac sur tous les Corses. Toutefois en septembre 2023, il a prononcé le mot « autonomie » pour la Corse mais en le confrontant à son « en même temps » jacobin. Comment les élus corses vont-ils définir ce qu'est « une autonomie dans la République », selon la formule d'Emmanuel Macron qui leur avait donné six mois pour trouver un consensus avec Darmanin ?
Les Corses n’ont pas la mémoire courte et ils ont la rancune Tenace. A peine élu, Macron a voulu humilier les élus insulaires lors de la cérémonie de commémoration de l’assassinat du préfet Erignac en 2018. Emmanuel Macron, au-delà de son pédantisme habituel, avait choisi l'arrogance jacobine dans les discours qu'il a tenus en Corse. Les élus ont même eu droit à des vexations, à des manquements au protocole. Gilles Simeoni a été placé au deuxième rang des élus insulaires, eux-mêmes placés à l'écart du carré VIP de la république française.
« Le meurtre du préfet Erignac, une infamie qui a déshonoré à jamais ses auteurs... ne se justifie pas, ne se plaide pas, ne s’explique pas », a déclaré Macron. Ce propos n’était pas anodin car tenu devant Gilles Simeoni, ancien avocat d’Yvan Colonna. Propos élyséen que condamnera, dans l'après-midi, le bâtonnier d'Ajaccio, y voyant « une atteinte aussi violente qu'infondée aux droits de la défense ». Comment peut-on ainsi attaquer un avocat qui est dans son rôle de défenseur prévu par la Justice ? Est-ce digne de la fonction de Président de la République de refuser toute plaidoirie à un mis en cause ? A l'époque la parole élyséenne de Nicolas Sarkozy était-elle celle de la Justice et devait-elle entraîner de facto la condamnation d'Yvan Colonna désigné comme l'assassin avant d'avoir été jugé ? Drôle de conception de la démocratie et de la justice ! Les propos sont allés plus loin lorsqu'il a dit que cet assassinat avait sali la Corse, comme si sa responsabilité devait être assumée par chaque Corse. C'est une humiliation parmi d'autres qu'avait infligée Macron aux Insulaires.
Non seulement Emmanuel Macron avait convié Jean-Pierre Chevènement pour la cérémonie mais il avait fait aussi l'éloge de son action en qualité de ministre de l’Intérieur à l'époque de cette tragédie. Chevènement, ce politicien raté que l'on nous avait sorti de la naphtaline pour en faire le président de la Fondation des œuvres de l'islam de France. A son âge il lui fallait encore un fromage. Sollicité par Macron et une partie de la Presse, il ouvrit encore son clapet pour cracher sur les Corses, allant jusqu'à traiter la Corse d'île maffieuse. En Corse, nul n'a oublié que c'est Chevènement qui avait nommé le méprisable préfet Bonnet en lui donnant carte blanche et en le désignant comme l'homme de la situation, c'est-à-dire mis en place pour mater les Corses. On connaît la suite et que les vieux enfants de la république n’auraient pas dû jouer avec les allumettes. Qui se souvient que Macron était dans le sillage du Mouvement chevènementiste des citoyens et de la campagne de Jean-Pierre Chevènement en 2002 ? Il ne récolta qu'un peu plus de 5% et vit donc sa pépinière se vider. On y trouvait, outre Macron, Florian Philippot et Apolline de Malherbe qui se sont distingués dans leurs propos anti-corses, lors du déplacement de Macron sur l'Île. On y notait aussi la présence d'un certain Eric Coquerel, venu de la ligue communiste révolutionnaire et actuellement député insoumis proche de Jean-Luc Mélenchon. Tout cela figure dans un article du journal L'Opinion. Jean-Pierre Chevènement, Monsieur Anti-Corse, avait été placé au côté de la "Madame Corse du gouvernement", une illustration risible du "en même temps" macroniste.
Macron avait étalé sa méconnaissance de l'histoire corse. Il avait même refusé toute présence de drapeau corse lors de ses interventions publiques. Il avait fait l'éloge vibrant du centralisme jacobin. Il avait lancé des incantations à la République. Sa religion hégélienne de l'État est apparue affligeante. Cela nous fait penser à un petit roman noir écrit par Jean-Bernard Pouy et portant le titre : "Spinoza encule Hegel", où les factions philosophico-idéologiques sont constituées en gangs s'entre-tuant dans une vaste compétition nationale. Julius Puech, alias Spinoza, ou même Spino, est le chef de la Fraction Armée Spinoziste (FAS). Armé, monté sur sa Guzzi 850 California, chaussé de bottes en lézard mauve, et poussé par son amour de l'éthique, ce héros va combattre son ennemi de toujours : Hegel et l'esthétique... Non ! En Corse il n'y a pas de Spino, chef d'une Fraction Armée Spinoziste. Toutefois, l'éthique de chaque insulaire y a une plus grande force que l'esthétique d'une île renvoyée à sa beauté. Les Corses ne se laissent pas abuser par la cosmétique d'un discours égocentrique qui cherche davantage à paraître qu'à comprendre et agir. Macron ne se taillera jamais une réputation de "dur-à-cuire" sur le dos des Corses en allant jusqu'à faire fouiller les élus insulaires venus pour l'écouter prononcer un discours paternaliste dans lequel la seule concession fut de se dire favorable à la mention de la Corse dans la constitution... La Corse mise au même rang que les territoires d'Outre-mer qui y figurent déjà aux articles 73, 72 et 74. Un avis qui ne coûte rien car la décision dépendra du parlement et du conseil constitutionnel.
En dehors de considérations économiques faites pour affirmer le rôle de l'Etat dans le développement de l'Île et donc marteler la dépendance des Corses, Macron avait promis la généralisation du débit 4G pour le réseau Internet. Qu'avons-nous surtout entendu ? Le renforcement de forces de police et de gendarmerie. Rien sur le rapprochement des condamnés corses, malgré l'intervention inattendue de l'épouse d'Yvan Colonna. Le détenu originaire de Cargèse ne reverra jamais la Corse. Il a été assassiné dans la prison d’Avignon par une autre détenu islamiste. La liberté d’aller et venue de ce détenu dangereux et l’absence de surveillance ont jeté la suspicion sur les conditions de cet assassinat.
Macron avait dit son opposition au statut de résident, tout en voulant assouplir les règles d'urbanisme de la loi sur le littoral et la montagne. Quelques maires voulaient accorder plus de permis de construire. Pour qui ? Il faut rappeler qu'un bien immobilier sur deux vendus est acheté par des "pinzutti" et que de nombreux insulaires n'ont pas les moyens d'être propriétaires devant la spéculation immobilière. Même les locations à l'année se sont raréfiées et sont souvent trop chères Pour régler la question du logement - et notamment du logement social - il fallait, selon Macron, adapter les lois littoral et montagne ! Quelle absurdité ! La loi littorale protège les sites et le bien commun qu'est le Domaine Public Maritime. Elle préserve donc les intérêts collectifs contre la spéculation immobilière. La question du logement est d'abord posée par l'absence de documents d'urbanisme locaux et de maîtrise publique d'opérations d'aménagement. L'OFC et l'AUE ne peuvent agir qu'à l'appui des initiatives de l'Etat, des maires ou des intercommunalités. C'est pourquoi la Collectivité de Corse avait demandé lors des discussions sur la Collectivité unique, la possibilité pour elle d'initier des Projets d’Intérêts majeurs, des Zone d'Aménagement Concerté, et autres Zones d'Aménagement Différé. Les ministres Baylet et Cosse avaient répondu favorablement à cette requête. Cependant, les dispositions n'ont pas été inscrites dans la Loi NOTRe. Et le ministre qui a pris la suite de ces questions au gouvernement, M. Mezard, n'a pas donné suite à cette demande.
Comme l'a écrit l'association U Levante : "Rien ne justifie un « aménagement » de cette loi pour « libérer du terrain à construire ». Une telle annonce ne peut que réjouir la mafia, le crime organisé, les divers groupes de pression qui espèrent justement que les terres agricoles et les espaces remarquables des communes du littoral deviennent constructibles, permettant ainsi de réaliser une plus-value fantastique" .Adapter la loi littorale c'est renforcer le risque spéculatif. En quoi cela aidera le logement social à moins que les logements sociaux puissent être construits dans des zones inconstructibles et des zones agricoles par exemple. Macron veut-il remettre en cause le Padduc et donner un signal favorable aux constructeurs de villas les pieds dans l'eau, de villages de vacances et d'hôtels ? Macron voudrait-il rendre légales des constructions illégalement construites comme celles de son ami Pierre Feracci dans la baie de Rondinara ? De toute évidence, d'aucuns sont fondés à penser qu'il veut urbaniser le littoral, urbaniser au maximum la Corse et y mettre le maximum de résidences secondaires, ce qu’on a appelé dans les années 90 faire de la Corse le « bronzodrome » de la France ».
Enfin, Macron s'était dit "tout à fait favorable à l'esprit du bilinguisme", ce qui peut apparaître comme un pas encourageant. À ceci près... qu'il est contre la co-officialité et qu’il n'est pas possible d'obtenir l'un sans l'autre. Comme le relève Michel Feltin-Palas dans l'EXPRESS du 7 février 2018 : "On aimerait croire en effet que l'on peut arriver à une situation de bilinguisme sans donner des droits égaux à la langue corse et à la langue française. Or, toutes les situations internationales montrent que ce n'est pas le cas, comme on peut le voir par exemple sur l'excellent site de l'université de Laval, au Québec. Quand, sur un territoire, deux langues cohabitent, mais que l'une d'elle est favorisée au détriment d'une autre, c'est naturellement vers la plus puissante que les populations se tournent".
« Un discours étriqué, minimaliste et néocolonial » : la phrase n’est pas celle de Gilles Simeoni ou Jean-Guy Talamoni, mais celle de Périco Légasse, rédacteur en chef de Marianne. Macron a été humiliant et absent de ce rendez-vous avec la Corse sur la forme et sur le fond. Autre exemple, il avait refusé de se rendre à la mairie de Bastia pour rencontrer les élus, préférant organiser un déjeuner dit républicain en préfecture. Tout un symbole qui avait entraîné l'absence des élus autonomistes et nationalistes à ce déjeuner. Dans un communiqué, le maire de Bastia, Pierre Savelli avait regretté le « refus » du Président, malgré des demandes réitérées, de s’entretenir à l’Hôtel de Ville avec le Maire et l’ensemble des élus.
En Corse, Macron s'était montré fidèle à lui-même : pédant et arrogant. Aux aspirations et aux difficultés des Corses, il avait répondu par le conservatisme et plus de centralisation avec, en filigrane, les subventions comme seuls intérêts de la Corse et de son économie. Lorsque l'on parle à Macron d'avenir humain, il répond par des chiffres et, lorsqu'il utilise les mots, il accumule les symboles, les lieux communs, les incantations et les fausses certitudes. Derrière l'écume de sa pensée, le fond est toujours le même. Il est jupitérien, jacobin, conservateur et ultralibéral. Son pacte girondin n'était qu'une expression, un leurre, le cache-sexe de ses convictions jacobines.
N'oublions pas que le produit médiatique Emmanuel Macron est coulé dans le moule de l'ENA (même s'il s'en défend). Il fait preuve de conformisme intellectuel, sans personnalité et sans convictions affirmées. Sa formule "en même temps" en est l'illustration. Il choisit le confort "apparent" des formules convenues reprises. Il a son propre vocabulaire. Il a tendance aussi à tirer les questions posées vers la restitution de "fiches" préalablement établies et étudiées. Il essaie de faire passer des vessies pour des lanternes. Il pratique la dialectique éristique pour avoir toujours raison per fas et nefas ( par tous les moyens possibles) et va jusqu'à la malhonnêteté intellectuelle.
Pour reprendre des termes pédants utilisés par Macron, aucun signe de disruption, dans un discours où il fut beaucoup question de 4G et de fibre, de sécurité et d’hôpitaux, d’agriculture bio et d’Internet… Il avait récité un palimpseste, un discours éculé. Il n'a rien compris de l'ipséité corse. Il oppose un ultralibéralisme à l'illibéralisme, même en Corse, tout en se montrant illibéral lorsqu'il s'agit d'autonomie. Il est certain que l'on ne peut pas le taxer d'irénisme naïf car ce n'est pas la paix et la concorde qu'il est venu chercher en Corse. Par contre, il a tendance à prendre les Corses pour des naïfs et il est naïf de le penser. Il a fait preuve d'un œcuménisme poujadiste d'un autre temps. Macron n'est pas moderne, à moins de faire de la modernité un mot de la novlangue qui la présente comme un idéal supposant que soient intériorisées les précieuses valeurs occidentales du libéralisme économique. Macron a son vocabulaire, sa grammaire et sa syntaxe. Sa grammaire est l'ultralibéralisme. Il vide les mots de leur sens, en élimine et en réinvente d’autres. Pour cela deux langues lui suffisent le français et l'anglais. Pour lui, le corse doit faire partie du folklore. Il va jusqu'à dire que les résultats de l'apprentissage de la langue corse ne sont pas à la hauteur des investissements réalisés. Il met un prix sur tout. Là, encore c'est son cynisme qui ressort et sa manière de vouloir toujours culpabiliser les gens qui n'entrent pas dans ses projets si ce n'est pour les casser.
Dans la partie de bonneteau que Macron leur avait jouée, les élus corses n'avaient rien trouvé sous les gobelets de la co-officialité de la langue, du statut de résident et du sort des prisonniers corses. Ils avaient reçu comme une obole politique, l'avis favorable de Macron à la mention de la Corse dans la constitution. L’autoritarisme était la réponse globale aux revendications portées par la majorité territoriale de Corse. A la demande de « plus de responsabilités et plus d'autonomie », Emmanuel Macron apportait comme solution « plus d’Etat français », plus de contrôle administratif et plus de police.
Nous n’allons pas revenir sur tous les déplacements de Macron en Corse. Les quatre premiers ont été décevants. Il s’est passé quelque chose de nouveau au 5ème. Fin septembre 2023, le locataire de l’Elysée, ayant obtenu un second bail de 5 ans non renouvelable une troisième fois, est revenu en Corse. Il y est resté du mercredi 27 au vendredi 29 septembre 2023. Ce déplacement était l’occasion de poursuivre le cycle mémoriel consacré à la résistance comme manifestation de la résilience du peuple français. Cette visite était organisée dans le cadre des 80 ans de la libération de la Corse en 1943. La Corse a été le premier département libéré. De grands résistants insulaires avaient participé à la Résistance. Pour l’occasion, Macron a prononcé, pour la première fois, le mot « autonomie » mais une autonomie sous condition. Devant l’Assemblée de Corse. Il lançait : « Ayons l’audace de bâtir une autonomie à la Corse dans la République, a lancé Emmanuel Macron, jeudi 28 septembre, à Ajaccio, aux 63 élus de la collectivité insulaire. Ce ne sera pas une autonomie contre l’Etat, ni une autonomie sans l’Etat, mais une autonomie pour la Corse et dans la République. » Il ajoutait : « Je suis favorable à ce qu’une nouvelle étape soit franchie… Pour ancrer pleinement la Corse dans la République et reconnaître sa singularité, nous devons avancer et il faut pour cela l’entrée de la Corse dans notre Constitution. C’est votre souhait, je le partage et je le fais mien car je respecte et je reconnais l’histoire, la culture, les spécificités corses dans la République ». Il donnait 6 mois aux élus corses et à son premier ministre pour trouver un « consensus », mot qu’il affectionne et qui s’accommode du « en même temps » macronien.
Aujourd’hui, où en est-on ? Lundi dernier Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin recevait des élus corses pour avancer sur le statut d'autonomie promis par Emmanuel Macron en septembre dernier. Pour cela, une réforme de la Constitution devra être engagée pour y inscrire la spécificité de l'île. La délégation corse a été conduite par Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis, respectivement président du conseil exécutif et présidente de l'assemblée de Corse. La réunion de lundi soir devait être déterminante parce que le processus n'aurait jamais été aussi loin pour aboutir à l'autonomie et qu'il pourrait s'interrompre à tout moment. Dans cette affaire, Darmanin montre la franchise de l’âne qui recule. Après l’occupation momentanée de la résidence corse du ministre de la Justice, il a refusé de retourner sur l’Île. Comment vont-ils définir ce qu'est « une autonomie dans la République », selon la formule d'Emmanuel Macron qui leur avait donné six mois pour trouver un consensus. Gérald Darmanin avait donné un coup de pression sur les élus corses dans Corse-Matin le 16 février et ils ont trouvé un accord sur le fil, en fin de semaine dernière. Ils sont unanimes sur une « communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle ayant développé au fil des siècles un lien fort et singulier avec sa terre : l'île de Corse ». Ces termes précis devraient permettre de donner plus de place à la langue corse, à côté du français. Ils veulent faire évoluer aussi le statut de résident pour faciliter l'accès à la propriété sur l'île. Ainsi, les élus réclament « la constitutionnalisation du lien à la terre et de l'accès équitable à la propriété foncière et immobilière », ce qui pourrait conditionner l'accès à la propriété sur l'île à une qualité de résident depuis une durée déterminée. Ils veulent aussi instaurer un « statut de la langue corse et la mise en œuvre d'un bilinguisme réel et vivant » et « le principe de l'autonomie fiscale ». Pour Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Corse, « il ne peut y avoir autonomie sans pouvoir législatif. C'est un corollaire ». Jusqu’à présent, Gérald Darmanin a parlé seulement de la possible attribution d'une "capacité normative" pour l'Assemblée de Corse. Les nationalistes veulent aller plus loin et obtenir un vrai pouvoir législatif sur l'île, pour adapter les lois à la Corse. Mais les forces de droite, majoritaires au Sénat s'y opposent et participent à toute modification de la constitution en congrès. En outre, la langue corse et le statut de résident sont des points de crispation pour Macron. Finalement, c’est le ministre de l’Intérieur qui, in fine, proposera un projet de texte constitutionnel permettant « l'autonomie » de la Corse. Ce n’est toutefois pas ce que réclament les Indépendantistes qui voient dans ce processus un abandon des revendications d’indépendance. Les indépendantistes n’ont pas pour objectif d’ancrer la Corse dans la constitution française ; Cet objectif est toujours le même : prendre le large. Pour eux, l’autonomie proposée est un abandon de leur combat et donc une trahison de leurs idéaux. Ils considèrent que l’autonomie est l’acceptation de la disparition du peuple corse favorisée par la spéculation immobilière. Pour eux, l’autonomie proposée est une forme de régionalisation. Ils réclament « une autonomie pleine et entière avec la possibilité d'un transfert de pouvoir législatif, même par étapes si elles sont connues et planifiées ».
Sous le titre Affaires de Corse, un ouvrage associé à la correspondance de Jean-Jacques Rousseau avec le capitaine Buttafoco, est une édition critique des manuscrits dans lesquels Rousseau a travaillé à un "plan de gouvernement bon pour la Corse". Sous le titre apocryphe « Projet de constitution pour la Corse », trois manuscrits avait été édités. Ils avaient été rédigés en 1765 par Rousseau, après que le capitaine Buttafoco l'eut invité à tracer le "plan du système politique" de la Corse. Ces manuscrits ne sont pas une œuvre de Rousseau mais des pièces successives et inachevées d'un dossier dans lequel il conservait sa documentation sous l'intitulé Affaires de Corse. Matteo (dit parfois Matthieu) Buttafoco, ou comte de Buttafoco, est un aristocrate et député corse, capitaine au Régiment Royal Corse puis Maréchal de camp, à l'origine du Projet de constitution pour la Corse dont il demanda la rédaction détaillée à Jean-Jacques Rousseau en 1764.
Il faut rappeler que, avant d’être achetée et conquise militairement par la France, la Corse avait écrit sa constitution adoptée par des représentants corses le 18 novembre 1755. Elle organisait les institutions de la République corse, proclamée au même moment. Initiée par Pascal Paoli, elle avait donc marqué l'indépendance corse. Elle établissait la séparation des pouvoirs : pouvoir exécutif, pouvoir à la fois judiciaire et législatif. Cette constitution fut en vigueur de 1755 à 1769 (bataille de Ponte-Novo et défaite militaire face aux troupes françaises).
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