L’anaphoriste et le menteur
Des bas et si peu de hauts.
Le débat à la loupe ....
Nous l'attendions, nous le redoutions, nous le craignions ce débat qui devait mettre un terme symbolique à cette campagne de tous les excès, de tous les abus, de toutes les manipulations. Notre démocratie s'est habillée depuis deux mois de formules alambiquées, de grands rassemblements ubuesques et de félonies ordinaires. Le point d'orgue devait achever en apothéose, en feu d'artifice ce qui restera au bouquet final comme une détestable démonstration de démagogie.
Peut-on raisonnablement qualifier de débat, ce duel de gens qui s'ignorent et se haïssent ? D'un côté un tenant du titre, acculé dans les cordes et qui pour s'en sortir usa de coups bas, de mensonges et de répliques à contre temps. Il attribuait à son adversaire, ce que, depuis cinq ans, le peuple lui reprochait. Soubresauts pathétiques d'un champion au tapis, groggy et pourtant si combatif encore qu'il en force malgré nous notre admiration exaspérée !
De l'autre côté, un challenger fort de sa supériorité technique, de son allonge et de sa fraîcheur. Quand le tenant frappe sous la ceinture, le favori avance, tête haute, regard fier, soucieux simplement de développer son projet. Il ignore les chausse-trappes, il néglige les crocs en jambe, il repousse les moulinets du petit paltoquet qu'il écarte d'une chiquenaude.
Nous espérions un débat de fond, nous ne pûmes, hélas, une fois encore que le toucher ! Le Président à bout de souffle nous joua la comédie du menteur si mal compris. Il prend mêmes ses délires hallucinés pour la réalité, affirme que la France a échappé à la crise, qu'il a montré ses gros biscoteaux au Monde entier et qu'il est sorti, seul vainqueur, du bras de fer que lui ont livré les marchés et la crise.
Hercule pitoyable, aveugle à la réalité de tant et tant de braves gens qui sont tombés sous les coups qu'il n'a pas semblé apercevoir : les chômeurs, les malades, les retraités, les enfants, les pauvres, les étrangers, les femmes, les petits contribuables, les fonctionnaires, les salariés, les jeunes, … la liste est longue de tous ceux qui ne peuvent plus croire en son discours de triomphe.
Les impôts auraient baissé pour nous aussi, les moins riches, nous qui n'avons pas eu le juteux privilège d'être du cercle des intimes ? D'autres bonnes nouvelles encore ? L'emploi a été préservé, le niveau de vie augmenté, l'école élevée, la crise évitée, la croissance maintenue, l'image de la France magnifiée, le pays grandi... Cela doit être vrai puisque le Président le dit le plus sérieusement du monde. Nous nous pinçons, nous sommes effarés de tant de mensonges tenus avec un aplomb sidérant. Mais il est possible que dans son Palais doré, le petit Homme ne se soit pas rendu compte des tourments du vrai pays !
Face à lui, imperturbable, le candidat débonnaire, feint le plus souvent de ne rien voir. Il taille sa route et son programme. Il multiplie les généralités et les bonnes intentions (ce qui après 5 ans de vilenies est plutôt appréciable). Il n'autorise pourtant pas un enthousiasme délirant, un optimiste délirant. Chacun devine l'ampleur de la tâche, la faiblesse des moyens, la fragilité des options proposées.
Nous en sommes rendus à nous satisfaire que d'un redressement moral, à nous contenter d'un retour à une éthique gouvernementale. C'est dire l'état de délabrement dans lequel le petit Homme a laissé la Nation. Nous sommes saoulés de coups, ivres de mépris, dégoutés de la déliquescence des mœurs politiques, des affaires, des promotions et des pressions, des dépenses somptuaires, des paroles de haine. Un peu de normalité, de respect, de cohérence suffirait à notre bonheur !
Voilà, les jeux du cirque sont terminés. Le fauve blessé n'a pas dévoré le martyr promis à sa roublardise légendaire. Demain, nous n'aurons pourtant pas plus de pain qu'hier. Nous n'avons pas vraiment de grand dessein pour une nation exsangue, pillée par les amis du petit Homme, livrée à la cupidité d'un système délirant et en fin de course.
Des bas, des très bas surtout, des mensonges, des mensonges énormes ! Pourtant, dans la grisaille de ce débat sans saveur ni tenue, l'anaphore de François Hollande semble réveiller les consciences, efface déjà les années noires du sarkozysme odieux. « Moi Président, je ne ferai pas … Moi Président, je ne serai pas .. Moi Président, je ne déciderai pas … Moi Président, je n'interviendrai pas … » Et de surgir alors devant nos yeux effarés le portrait en creux d'un mandat épouvantable, insupportable, méprisable, intolérable qui doit bien vite s'achever.
Nous savons désormais de qui ne doit surtout pas être fait demain. Il nous reste à conquérir par nos votes dimanche et surtout lors des législatives ce que pourrait être un avenir plus fraternel et radieux.
Débatteurement leur.
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