Katrina : que ferions-nous dans des circonstances semblables ?

La catastrophe de La Nouvelle-Orléans est traitée dans nos médias avec beaucoup de critiques contre GW Bush et l’administration américaine qui semblent effectivement, au vu de ces images dramatiques, les mériter, en particulier sur leur rapidité d’intervention. Elles reflètent aussi, me semble-t-il, une certaine condescendance que certains pourraient prendre comme un signe de l’arrogance dont les Français sont crédités ici et là.

A mon sens, la vraie question que nous pose cette catastrophe et que nous devrions garder en tête avant toute critique est la suivante : que serions-nous capables de faire dans des circonstances semblables ?

Nous ne sommes heureusement pas placés dans une zone à cyclones comme les Caraïbes ou le Japon. Nous n’avons pas de volcans actifs mais un volcan endormi peut toujours se réveiller. Par contre, la France est située dans un zone sismique et comme Monsieur Haroun Tazief n’a cessé de le clamer un peu dans le désert, une ville comme Nice pourrait fort bien un jour subir un tremblement de terre majeur.

Or l’expérience des petites catastrophes récentes ne révèle pas toujours une maîtrise appropriée des risques chez nous. Oublions l’absence de maîtrise de la canicule de 2003 qui a fait 10 000 morts sans que notre administration s’en aperçoive et, a fortiori, n’intervienne vraiment. Reconnaissons, par contre, notre savoir-faire remarquable, même s’il ne permet pas tout le temps de faire face, dans la maîtrise des incendies de forêts, domaine dans lequel, je pense, nous sommes les meilleurs spécialistes européens. En revanche, souvenons-nous des inondations du Rhône pendant lesquelles les digues avaient cédé : nous n’avions pas été en mesure de les réparer. La noria d’hélicoptères lourds, que nous avons vu colmater dans un temps record les digues du Lac Ponchartrain, nous ont certainement manqué à ce moment-là.

Je ne suis pas sûr que nous ayons bien amélioré, depuis, la solidité de nos digues, ni que le même type d’inondation ne puisse pas se reproduire aujourd’hui, avec des conséquences aussi tragiques qu’à l’époque. D’ailleurs, les pluies diluviennes de la semaine dernière sur les régions de Nîmes et Montpellier ont bien montré que nous n’avions pas fait grand chose pour améliorer ou bien entretenir les infrastructures et les dispositifs d’évacuation des eaux.

Enfin, sommes-nous vraiment préparés, en moyens et en organisation, à faire face à un tremblement de terre majeur, à Nice ou ailleurs ? Je ne sais, mais je pense qu’il existe un plan Orsec quelque part qui prévoit une telle possibilité. Ce serait peut-être une occasion , néanmoins, de tirer les leçons de la catastrophe de La Nouvelle-Orléans, pour vérifier l’adaptation de nos moyens matériels et la réactivité de notre organisation administrative dans un cas de figure similaire.

Nos spécialistes de la sécurité civile y ont peut-être déjà pensé, et dans ce cas, ce message est sans objet, mais peut-être ce message peut-il les aider à soulever à nouveau les bonnes questions...