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Accueil du site > Tribune Libre > Identité nationale : les vraies et fausses menaces

Identité nationale : les vraies et fausses menaces

Durant encore deux mois, notre cher ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du développement solidaire, Eric Besson, invite tous les Français à participer à un grand débat sur ce qu’est l’identité nationale française. A l’instar du dicton sur la culture et la confiture, je suis porté à croire que le degré d’utilité de son ministère est surement inversement proportionnel à la longueur de son intitulé et que son véritable nom devrait être Ministre de la Récupération de l’Electorat Populaire en Veille de Scrutin. Cependant ne boudons pas notre plaisir et puisqu’il est de mauvais gout de refuser l’invitation d’un ministre, je compte par cet article apporter ma pierre à l’édifice.

Un faux débat pour un vrai objectif électoral

Ne tournons pas autour du pot, l’objectif de ce débat est cousu de fil blanc ; tout comme le gouvernement a ressorti l’espoir d’une Europe qui protège lors des Européennes, aux Régionales, le gouvernement compte bien récupérer les voix de l’électorat populaire qui s’est naturellement dispersé suite aux scandales de l’affaire Jean Sarkozy puis Frédéric Mitterrand. La question de l’Identité Nationale est une posture que prend le gouvernement pour envoyer comme signal que l’UMP est le seul parti qui se soucie du sort de la nation à la différence, vous l’avez bien compris, de l’ensemble de la gauche. Le débat sur l’identité nationale est donc focalisé sur les populations immigrées.

La question me semble donc biaisé car le débat n’est malheureusement pas de savoir qu’est-ce qu’être français et quels sont les éléments menaçant cette identité française ? Ici tout le monde se pose la question de savoir si les populations immigrées et en particulier les communautarismes qu’elles engendrent sont une menace pour l’identité nationale.

Bien évidemment, le sujet est complexe et la tentation de se jeter dedans est grande (je développerai surement ce point dans un futur article). Néanmoins, il ne répond que très partiellement à la question car la réflexion se porte sur le degré d’intégration de ces populations et n’aide en rien le français moyen à savoir ce qu’implique le fait d’être français.

La France, un pays, une histoire, une constitution

Du haut de mon jeune âge, la France, que j’ai découverte dans mes livres d’histoire, est un pays unique par son destin. Si chaque pays est unique, la France peut se prévaloir d’être la fille ainée de l’Eglise, le pays des lumières, le foyer de la révolution, et l’inventeur de la laïcité. Tout comme un croyant se réfère à ses dogmes pour définir précisément sa croyance, le citoyen dispose de sa constitution, véritable héritière de toute l’histoire de France, pour savoir ce qu’est être français.

Etre français aujourd’hui, c’est donc affirmer haut et fort, sans la moindre retenue que :

- Je suis solennellement attaché aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale

- Mon pays est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale

- Je suis pour l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion

- Je respecte toutes les croyances

- Ma langue est le français

- Mon emblème national est le drapeau tricolore

- Mon hymne national est la Marseillaise

- Ma devise est Liberté, Egalité, Fraternité

- Mon principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et avec le peuple

Contester l’une de ses affirmations, c’est contester directement l’identité nationale de la France. Refuser une de ses propositions, c’est refuser d’être pleinement français dans son âme.

Je pourrais bien évidemment continuer l’exposé en me lançant dans une envolée lyrique, si coutume dans tous les articles traitant de ce sujet, dans laquelle je raconterai avec ma plus belle prose quelle est ma France à moi. Seulement ma France à moi, gaulliste, fils de père pied noir, de mère espagnole et opposé au principe de double nationalité, je la sais bien différente du militant d’extrême-gauche qui en aura une toute autre vision sans pour autant être moins français que moi. C’est pourquoi, il me semble essentiel, dès lors que l’on expose le fondement de l’identité nationale, rappeler son ossature et non s’épandre dans une dissertation autant personnelle que limitée dans le temps afin que l’on puisse exposer aussi clairement que possible pourquoi la France a une identité propre.

La véritable menace pour l’identité nationale : la perte de sa spécificité

En 2001, Jean-Marie Messier, ancien PDG de Vivendi, déclarait que « L’exception culturelle française est morte ». A l’époque, cette déclaration avait suscité un tollé général dans le monde politique. Aujourd’hui en 2009, seulement 8 ans plus tard, quel homme politique fait encore appel à la notion d’exception culturelle pour défendre les principes de notre pays ?

Voyez-vous, ce constat me parait bien plus grave à l’heure de mesurer les menaces qui pèsent sur l’identité nationale française.

De la même façon que j’ai grandi en voyant dans mes parents des êtres uniques et non des parents comme les autres et donc interchangeables, je vois dans la France, un destin unique qui réunit tous ces citoyens et qui ne saurait être le destin d’un autre pays. Par conséquent, les personnes ou les institutions qui veulent réduire sa spécificité et la réduire à un simple pays dans lequel nous sommes nés par hasard et qui ferait bien de s’aligner sur le modèle dominant me semblent être les plus grands fossoyeurs de l’identité nationale.

En reprenant ma constitution, fidèle boussole si peu sensible aux aléas du zapping médiatique permanent dans lequel nous vivons tous, moi y compris, je mets pèle-mêle parmi les dangers qui menacent l’identité nationale française à long terme :

- les signataires du protocole de Londres n’obligeant plus la traduction systématique des brevets en Français

- la mode qui tend, dans les entreprises, à systématiser les anglicismes et ringardiser les équivalents français

- toute attaque contre la souveraineté nationale, seule garante de l’esprit démocratique

- la volonté de passer outre la voie du peuple exprimée lors du référendum de 2005.

- les atteintes contre la laïcité tout comme les attitudes agressives à l’égard des religions

- les sifflements contre la Marseillaise

- les institutions qui ne respectent pas l’égalité devant le droit des citoyens français, comme par exemple le gel électoral en Nouvelle-Calédonie

- l’abandon des services publics, véritable maillage territorial garantissant l’égalité de traitement en tous lieux et en toutes circonstances, c’est-à-dire garantissant un état social

La liste n’est pas exhaustive…


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6 réactions à cet article    


  • Axior 2 janvier 2010 19:35

    « Ma France à moi, gaulliste, ... »

    Je suis tout ce qu’on veut sauf gaulliste, et pourtant je suis d’accord avec l’auteur sur de nombreux points. Le peu de points sur lesquels je ne suis pas d’accord sont d’ailleurs assez futiles.
    Preuve en est que ce débat sur l’identité nationale est vraiment inutile, puisqu’il ne provoque apparemment pas de débat.
    (inutile ne veut pas dire sans danger, je précise)


    • chapichapo 2 janvier 2010 22:22

      Etre français aujourd’hui, c’est donc affirmer haut et fort, sans la moindre retenue que :

      - Je suis solennellement attaché aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale

      - Mon pays est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale

      - Je suis pour l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion

      - Je respecte toutes les croyances

      - Ma langue est le français

      - Mon emblème national est le drapeau tricolore

      - Mon hymne national est la Marseillaise

      - Ma devise est Liberté, Egalité, Fraternité

      - Mon principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et avec le peuple


      Whao c’est sexe ça ! chaleureux incarné et tout ! passionné presque charnel ! surtout quand on le dit haut et fort ! J’y penserais quand je serais à l’étranger !


      « Bonjour Inga je suis français, je suis pour l’équilibre des pouvoir et la justice fiscale, voudrais-tu vivre avec moi une sexualité durable et citoyenne ? »

      Mefie toi petite danoise le loup arrive...



      • xray 2 janvier 2010 22:39


        L’identité nationale 
        (Le débat) 

        Politiques, Syndicalistes, Associatifs,  Patrons,  « Intellectuels »,  etc. 
        Encore un débat qui va réunir que des serviteurs du capital de la Dette publique. (Beaucoup de gens grassement financés avec du bon argent publique.) 

        Naturellement, les mesures qui en résulteront bénéficieront à ce même capital.  C’est évident. 

        On nous expliquera encore que tous ces asservis au fric, qui s’autorisent à parler au nom du plus grand nombre, étaient d’accord. Bien évidemment. 


        Ce faux débat est une énième provocation. 
        Naturellement, n’auront droit de participer au débat que les discours autorisés.  Le capital de la Dette publique gagne à pourrir la vie du plus grand nombre. 

        L’identité nationale (le débat) 
        http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2009/06/21/l-identite-nationale.html 


        De quoi se plaint-on ? 
        Tout va bien ! 
        http://mondehypocrite.midiblogs.com/media/02/00/1193171025.wmv 



        • jako jako 4 janvier 2010 11:08

          Pourtant simple, l’identité c’est : une carte avec photo, une feuille d’impots et lire tout les matins sur le fronton de l’école ce que pourrait être notre futur pays : liberté fraternite égalité


          • Brice MATINGOUT 7 janvier 2010 23:35

            J’ai beaucoup hésité avant d’écrire ces lignes tellement que ce débat sur l’identité nationale enchaîne des passions mêlées à la haine dans certains cas. L’identité nationale détermine ma place dans la nation ou encore la place de la nation en moi. Je vais y aller par quelques exemples.

            Quand je suis à Londres, c’est avec un réel plaisir que je salue des français que j’y croise par sentiment inavoué d’appartenance. Tout de suite les conversations s’engagent parce qu’on se sent si proches sans pourtant se connaître. Les mêmes français, croisés en France, je ne les aurai même pas regardé. 
            Deuxième exemple. Je ne fête le 14 juillet que lorsque je suis à l’étranger. La même fête en France, me laisse indifférent.
            Le drapeau français, en France je ne la regarde pas du tout. Et pourtant à l’étranger je passe mon temps à apprécier ses belles couleurs. En ce qui concerne l’hymne national que je n’apprécie pas du tout, je ne le chanterai jamais en France alorsque je la récite ailleurs.

            Eutre exemple sur le président Sarkozy. Je ne supporte pas le regarder ou l’écouter dans les médias. Cependant, une fois, j’étais à Brazzaville, je me suis déplacé pour répondre à l’invitation qu’il avait donné à tous les Français de la place.

            Je peux enchaîner des exemples.
            Il ressort un sentiment paradoxal qui se manifeste par mon appartenance à la France quand je suis hors de la France et un sentiment d’indifférence lorsque je suis en France. Cette indifférence peut s’expliquer par les regards des ceux qui se disent vrais français, un regard de rejet. Et l’inconscient réagit à ce rejet par une indifférence totale à tout ce qui touche à la France en France.
            Le problème dans mon cas viendrait des vrais français étant donné que je suis d’origine étrangère. C’est là qu’il faut soulever le sujet. 
            L’étude de l’histoire la plus reculée de ce pays montre que la France, considérée comme espace géographique n’appartient pas à un groupe particulier. Nous sommes tous immigrés que cela remonte à 1800 ans ou à 6 mois. Ceux qui se disent vrais français sont un groupe d’imposteurs qui nous prennent pour des cons et voudraient nous faire croire que la France est à eux. Et même si ce groupe venait à exister, pour leur mémoire, il avait perdu ce privilège dans la nuit du 4 Août 1789. A compter de cette date, les terres de ce pays relevaient du domaine public. 
             La France à ceci de particulier, très particulier, personne n’est français de sang mêmes pas les gaulois. La différence vient du fait qu’il y a des gens qui savent d’où ils sont venus et d’autres qui ignorent tout de leur origine. Mais, l’ignorance n’est pas un prétexte pour prétendre être un vrais français. Il s’agit d’une ignorance contre laquelle il faut lutter. Par ailleurs, c’est parmi ces imposteurs qu’on trouve un nombre élevé de racistes tellement qu’ils ont la certitude que ce pays leur appartient.
            Ils empêchent les autres de participer à la vie de ce pays ou tout simplement de l’aimer. Ils ignorent l’histoire et la géographie de notre douce France. O misérable ! Quel imposteur me définira les limites de la France de 1080 ? Et où était-il lui ou quelque de sien ? 


            • monpetitavis 8 janvier 2010 00:24

              Merci Brice pour votre témoignage. Il est toujours intéressant d’avoir l’avis de qqn qui voit la situation de l’extérieur.
              Votre attachement à l’extérieur / désintéressement à l’intérieur me fait penser à certaines relations humaine du style « Je me rends que je l’aime quand elle n’est plus là ». Même si la réaction est très humaine, j’ai tendance à considérer qu’elle n’est que le reflet d’une réaction communautaire (tout à fait normale au demeurant) mais ne permet de saisir la nature de l’identité française. Votre exemple pourrait s’appliquer à deux chrétiens en pays arabe, deux femmes dans un colloque d’une société informatique, vous voyez smiley

              Quant à la suite, c’est dommage qu’à la discrimination vous répondiez par l’insulte. Les gens dont vous parlez, que la vocabulaire actuel appelle « français de souche » ne sont pas des imposteurs, ce sont juste (pour quelques uns d’entre eux seulement) des gens peu disposés à s’ouvrir aux autres. Et moi qui suis à mi-chemin entre le français de souche et le nouvel immigré, je n’ai aucun problème à les considérer comme des héritiers de la nation française, car oui 1000 ans, pardonnez-moi mais ça compte. 
              Néanmoins, je pense que le plus grand piège est justement celui des origines. La particularité de la France, de par son histoire, sa culture, son code de la nationalité, est d’arracher les citoyens à leurs origines pour en faire des français à part entière.
              En ce sens, les principes de la constitution sont, loin devant les beaux discours, la meilleure arme anti-communautaire qui puisse exister. C’est ce que j’ai voulu expliquer implicitement dans mon article.

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