Géopolitique des Cryptomonnaies « Le bitcoin est la première pierre de la révolution monétaire du 21e siècle. » Volet n° 1
Les « cryptomonnaies » sont un phénomène émergent, inattendu et... mondial !
Représentent-elles des avantages par rapport au système financier international « verrouillé » si l'on se réfère au chantage exercé par les USA et ses « alliés », sur certains pays qui s’écarteraient de la ligne imposée par l'Empire ? En effet, il n'est pas question pour l'Empire que quiconque ait l'audace de remette en question la prédominance du dollar par des dirigeants soucieux de se libérer de ce « carcan » monétaire que favorise la planche à billets états-unienne qui tourne en permanence.
Les cryptomonnaies peuvent-elles contribuer à cette indépendance recherchée et à la paix mondiale ?
Peuvent-elles participer à la création de nouvelles sources de richesses tandis que beaucoup de pays, voire de continents stagnent, malgré les besoins de leurs populations ?
Nancy Gomez1 et Patrick Pasin2, auteurs de l'ouvrage paru en février 2018, aux Éditions Talma Studios : « Géopolitique des cryptomonnaies - Le bitcoin est la première pierre de la révolution monétaire du 21e siècle. », répondent à toutes ces questions.
Cet ouvrage, remarquablement bien documenté, complet et fouillé, plonge dans les profondeurs du système monétaire actuel et se projette dans les prochaines années à venir, en proposant des pistes de réflexion et des scénarios prospectifs ; les cryptomonnaies constituant une des alternatives au globalisme – unilatéralisme – imposé par l'Occident, si destructeur et inégalitaire que nous connaissons actuellement. Pour le moment, les cryptomonnaies, notamment le « bitcoin » échappent jusqu'à présent au monopole des banques et des gouvernements de « battre monnaie ».
Bien sûr, elles n'en sont qu'au premier stade et ne représentent encore qu'une goutte d'eau à l'échelle mondiale de la finance internationale. Certains pronostiquent leur disparition prochaine, en osant un parallèle avec la « crise de la Tulipe dans la Hollande du XVIIe siècle, considérée par les historiens comme le premier krach spéculatif de l'Histoire ». On peut toujours spéculer sur l'avenir du « bitcoin », comme en 2017, sur lequel « la spéculation s'est abattue ».
Mais les probabilités de la disparition des cryptomonnaies au regard des solutions puissantes qu'elles offrent, notamment au plan géopolitique restent faibles, voire nulles.
Les cryptomonnaies permettront-elles à l'humanité de se « libérer » de la tutelle de l'Empire, et du dollar ?
Permettront-elles de ne plus jamais avoir à entendre, par exemple, une Hillary Clinton, sûre de son fait, s'esclaffer, éclater de rire à la face du monde, dans une posture agressive en s'exclamant devant les journalistes de CBS : « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort » ! s'inspirant de la célèbre phrase de Jules César : Veni, vedi, vici !
De qui parle-t-elle ?
De Mouammar Kadhafi, dont elle vient d'apprendre la mort, plus exactement son « assassinat », suite à l'intervention militaire en Libye, du 19 mars au 31 octobre 2011, sous le prétexte de « prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne ».
Çà, c'est le discours officiel. Mais la réalité et le dessous des cartes de cette décision des US et de ses alliées, la France, l'Angleterre, l'UE, est sordide et dictée par des intérêts financiers.
Dans les e-mails de Hillary Clinton, déclassifiés par le Département d’État le 31/12/2015, nous découvrons une toute autre histoire que la vérité officielle nous cache et pour cause.
En effet, Mouammar Kadhafi, grâce à ses stocks d'or et d'argent (140 tonnes de chaque métal – en milliards de dollars) préparait la création d'une monnaie unique pour l'Afrique.
Les Africains, à la faveur d'une telle monnaie, une alternative au Franc CFA, et au dollar, auraient pû trouver une indépendance économique sans l'étau monétaire des Occidentaux : France, -Franca-frique, Royaume-Uni, UE et USA. Une telle initiative, de la part d'un dirigeant se détachant de la sphère monétaire internationale du dollar, c'est plus que n'en peuvent supporter les USA et ses supplétifs. Aussi déclenchent-ils une opération militaire contre la Libye, en semant chaos, mort et désolation, pour punir Kadhafi, de ce crime de « lèse-majesté » !
2eme exemple de la force de frappe de l'Empire par le biais de son système international financier.
Plus insolite, ce dernier n'hésite pas à s'en prendre au Vatican, en 2013. Ainsi, apprend-on par la presse italienne, que le petit État pontifical vient d'être frappé d'interdit de « cartes et de distributeurs automatiques de billets ». Les services de paiement sont suspendus. Selon la version officielle, « La décision est motivée par l'absence d'autorisation de la banque centrale italienne donnée à la Deutsh Bank Italia, fournisseur des terminaux du paiement par carte bancaire sur le territoire du Vatican ».
La suspension dure plusieurs semaines.
La version officielle est cousue de fil blanc et ne paraît pas très sérieuse.
Mais :
Coup de théâtre au Vatican, à répercussion mondiale !
le 11 février 2013 le Pape Benoît XVI, à la surprise générale, démissionne et annonce qu'il « renonce au ministère d’Évêque de Rome, successeur de St-Pierre » ! Il n'y aura donc plus de pape à partir du 1er mars 2013. Cet événement exceptionnel et rarissime – la démission d'un pape – a un seul précédent dans l'Histoire, celui de la démission de Célestin V en 1294.
Les raisons données par Benoît XVI lui-même, seraient un manque de « vigueur » du corps et de l'esprit. En aucun cas, il n'évoque une « maladie » quelconque qui aurait pu motiver une telle décision hors norme.
Et le 12 Février, le lendemain donc, Miracle au Vatican ! Dès l'annonce pontificale faite, la « déconnexion du Vatican du système de paiement qui durait depuis des semaines est suspendue... Tous les services sont rétablis... »
Le cours normal des choses peut reprendre.
Pour quelles raisons la « démission du pape » provoque le déblocage et la reconnexion des systèmes de paiement ?
Il faut dire que Benoît XVI avait comme grand projet la « réconciliation de l’Église romaine avec le patriarche de Moscou »... « Son projet visait-il à l'intégration géopolitique euro-russe » ? s'interrogent Nancy Gomez et Patrick Pasin, les auteurs.
Selon toute probabilité, le Pape Benoît XVI proposait des initiatives très mal perçues par l'Empire. Alors, pressions et sanctions !
Comme nous le constatons avec ces deux exemples de sanctions, l'arbitraire de l'organisation du système financier international peut constituer une menace contre n'importe quel État aussi petit soit-il, efficace comme une intervention militaire, ou plus discrète comme les sanctions envers le Vatican.
3eme exemple :
l'Iran en tête de pont, pour une « mise à l'écart d'ordre financier ».
Février 2002 – Les USA décident de viser les banques iraniennes en frappant par les sanctions : interdire à Swift de servir les banques iraniennes. « … Toutes déconnectées du système, dès le mois de mars, y compris la banque Centrale, et ne peuvent plus effectuer aucune transaction d'environ 32 milliards de dollars ». Il faudra attendre janvier 2016, après la signature de « l'accord sur le nucléaire », pour la levée de ces sanctions.
4eme exemple :
La Corée du Nord.
En 2017, Swift annonce la déconnexion des dernières banques de Corée du Nord reliées à son système. « Les banques nord-coréennes qui étaient encore connectées au réseau ne respectant plus les critères d'appartenance de Swift... Ces entités n'auront plus accès au système de messagerie financière de Swift ».
Version officielle, la Corée du Nord « fait l'objet d'une attention internationale accrue ». On le voit, l'acharnement du système financier international soumet tous les peuples, tous les continents, tous les régimes, tous les États.
5eme exemple :
Pour la Russie, l'acharnement est à son comble : tous les prétextes sont bons pour les sanctions.
Version officielle et prétexte avancé : « l'annexion de la Crimée par la Russie, à la suite d'une intervention militaire ». Les sanctions pleuvent. Les USA décrètent et son écho, l'UE, demande « d'envisager l'exclusion de la Russie de la coopération nucléaire civile et du système Swift ». Toujours les mêmes termes lapidaires, et les décisions qui dans l'esprit des US + l'Ue sont des « coups très rudes portés à la Russie, qui verrait son système bancaire s'effondrer, au moins en partie... ».
Voila le monde suspendu au bon ou au mauvais vouloir du système financier occidental mondial.
C'est la raison pour laquelle l'apparition des cryptomonnaies souveraines risque de renvoyer dans les cordes, l' ingérence permanente du système financier international, piloté depuis les USA, l'UE et la City de Londres.
A suivre... Volet n° 2 « Panorama général des cryptomonnaies et cryptomonnaies souveraines » , et Volet n° 3 : « Géopolitique des futures cryptomonnaies ».
1Nancy Gomez est spécialisée en stratégie internationale et apporte son expérience dans les domaines du numérique et stratégie du développement durable.
2Patrick Pasin est éditeur, auteur et réalisateur. Il étudie depuis plus de 20 ans, les questions monétaires et financières ainsi que les thématiques géopolitiques et militaires.
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