Fesses noires et imaginaire colonial
Le seul talent d'une artiste noire n'est plus suffisant pour réussir une carrière de chanteuse. Y ajouter des formes serait une cruelle réalité, c'est à dire "que les femmes noires se métamorphosent en vénus aux rondeurs démesurée". C'est chaud non, voire même raciste ! D'ailleurs le journaliste auteur de cet article sur Jeune Afrique, avait dû pour sauver sa peau, rapidement s'expliquer sur ses propos très mal perçus par les lecteurs du site. Le titre de son chef d'oeuvre contesté dans lequel il expliquait que les corps hypersexualisés renvoyaient à un imaginaire racial né de l'esclavage, était, "Hip-Hop et stars callipyges : quand le talent seul ne suffit plus".
En fait, si vous voulez prouver à vos lecteurs que l'explosion de la sexualité dans les clips de rap américains ont un rapport certain avec l'esclavage, la solution est toute trouvée. Vous invitez des chercheurs Français et Américains qui ont longuement étudié la question des "popotins joufflus", (si, si, cette spécialité existe) et ils vous expliqueront les effets retardés inattendus et sexy de la colonisation de l'Afrique.
D'après l'un de ces experts, "Les rappeurs noirs américains font doublement référence à cette imagerie dans leurs clips. D'abord parce qu'ils réaffirment la beauté des femmes noires, longtemps niée, se vengeant des anciens maîtres..." Et au passage le corps de ces plantureuses déesses fait rentrer l'argent dans les caisses, mais ce n'est qu'un détail.
Oui, car, "on imagine difficilement, lorsque l'on vit pas sur le territoire américain, à quel point là-bas les imaginaires sont encore structurés par l'esclavage, et à quel point la couleur de peau reste un marqueur social identitaire", répond l'autre spécialiste. Oui, pourquoi ne pas le croire, c'est du domaine du possible. Mais, sans oublier l'évolution de l'homme blanc, qui maintenant préférerait la femme noire au teint clair et les cheveux lisses. Voilà qui est franchement discriminatoire, autant que si les hommes noires préféraient les femmes blanches bronzées. Ce qui pourrait expliquer le succès des cabines de bronzage et de toutes ces crèmes bronzantes. Et aussi l'augmentation des cancers de la peau.
Finalement, cet article diversement apprécié avait au moins le mérite d'appeler un chat, un chat. Ou si vous préférez, il évitait d'appeler un homme noir, un homme de couleur. C'est que de nos jours on vous taxe de raciste pour un oui ou un non, alors que les goûts et les couleurs ne s'expliquent pas. Et puis les stars blanches sont aussi fréquemment à poil, bien que le plus souvent sans poils, que les noires ou les brunes. Mais par contre l'article ne fait qu'effleurer le sujet très sensible de la colonisation.
Vous souvenez-vous du temps passé où les millionnaires du dimanche buvaient du vin blanc sous les tonnelles... Après avoir été visiter un zoo humain. C'était le temps insouciant des colonies, où il fallait civiliser l'être inférieur et faire profiter des bienfaits de la civilisation à ces sauvages sanguinaires, anthropophages et polygames. Et pour convaincre le peuple du bien fondé de la mission humanitaire des colonisateurs, quel meilleur moyen que d'exposer quelques-uns de ces supposés attardés dans des zoos ou des cirques, voire dans des spectacles.
Ces zoos humains de la République coloniale, est un article assez long du Monde diplomatique qui raconte une Histoire autrement pertinente que la tentative précédente, censée analyser le pourquoi des chaleurs de Rihanna, Nicki Minaj et bien d'autres encore.
Pour finir, petit extrait en rapport avec la sexualité des noirs
Pour les « Noirs », le mythe d’une sexualité bestiale, plurielle, prend corps. Dans ce mythe, dans lequel entrent des considérations physiques (une grande vitalité, de même que des organes génitaux - chez l’homme et chez la femme - que l’on considère comme surdéveloppés), se cristallise cette ambivalence fascinée pour des êtres à la frontière de l’animalité et de l’humanité. Cette vitalité sexuelle renvoie elle-même à une vitalité corporelle d’ensemble - visible par exemple dans nombre de gravures des grands journaux illustrés de l’époque évoquant le combat vigoureux de « tribus » presque nues face aux troupes coloniales -, provoquant une fascination pour le corps du « sauvage ». Cette fascination est le produit de l’inquiétude, vive à la fin du XIXe siècle, de la « dégénérescence biologique » de l’Occident.
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