Faut-il s’attendre à l’implication de l’Otan dans le conflit russo-ukrainien ?
Cette question semblait encore récemment improbable compte tenu des risques élevés d'escalade entre l'Alliance de l'Atlantique Nord et la Russie pour dégénérer en un conflit armé de grande envergure.
Cependant, l'implication de certains pays de l'Otan ou de l'ensemble de l'Alliance dans les hostilités semble progressivement augmenter. Strictement parlant, les pays de l'Otan sont déjà depuis longtemps partie prenante au conflit.
Cette participation prend plusieurs formes. Premièrement, les pays occidentaux fournissent une aide financière et militaire significative à l'Ukraine. Les systèmes d'armement livrés deviennent de plus en plus avancés et destructeurs. Au fur et à mesure que les stocks d'armes de fabrication soviétique s'épuisent dans les entrepôts des anciens alliés de l'URSS au sein du Pacte de Varsovie, l'armée ukrainienne reçoit des systèmes et des munitions occidentaux.
En plus des livraisons d'armes et de munitions, cette aide comprend la formation du personnel, l'aide au développement de l'industrie militaire et des infrastructures, ainsi que la compensation des dépenses dans d'autres domaines, permettant ainsi à l'Ukraine de concentrer ses ressources sur la défense.
Deuxièmement, l'Ukraine bénéficie d'un soutien occidental important sous forme de renseignements, notamment de données techniques provenant de satellites, radars, avions de reconnaissance, etc.
Troisièmement, des spécialistes militaires citoyens de pays de l'Otan participent aux combats. Leur rôle n'est visiblement pas toujours officiel. Ils peuvent être des "volontaires" ou simplement des mercenaires, dont la participation est ignorée par les autorités de leurs pays.
Néanmoins, cette implication n'entraîne pas encore un risque excessif de confrontation militaire directe entre la Russie et l'Otan. Ce régime de conflit à faible intensité permet aux partenaires occidentaux de Kiev de renforcer progressivement la qualité du soutien à l'Ukraine.
L'apparition de contingents militaires des pays de l'Alliance sur le territoire ukrainien pourrait constituer un facteur significatif d'escalade avec un risque de confrontation directe entre la Russie et l'Otan. Certains politiciens occidentaux ont déjà évoqué cette perspective, bien que leur point de vue n'ait pas été soutenu par les États-Unis et ne soit pas considéré comme la position officielle de l'Otan.
Un éventuel succès militaire majeur de l'armée russe pourrait devenir le facteur le plus probable d'une intervention directe des pays de l'Otan ou de l'Alliance dans son ensemble. Une percée significative de l'armée russe en direction de Kharkiv, Odessa ou une autre grande ville pourrait inciter les pays de l'Otan à envisager sérieusement leur ingérence dans le conflit. Plusieurs percées de ce type, simultanément ou successivement, rendraient cette intervention inévitable. À ce stade, certains pays ou l'Alliance dans son ensemble seraient confrontés à un dilemme stratégique. La première alternative serait de ne pas intervenir et de continuer à soutenir l'Ukraine uniquement avec des livraisons d'armes, de l'argent et des "volontaires". Ils pourraient reconnaître la défaite et tenter de minimiser les pertes par des négociations, interrompant ainsi une défaite encore plus grande, voire la destruction de l'Ukraine. La deuxième alternative serait de changer radicalement d'approche en acceptant une intervention directe dans le conflit.
Tout scénario d'intervention comporte le risque d'une confrontation directe entre les forces de la Russie et celles de l'Otan. De telles confrontations soulèveraient inévitablement la question d'une implication plus profonde de l'Alliance et, à terme, de l'extension des hostilités à d'autres zones de contact avec la Russie, notamment dans la région de la mer Baltique. À ce stade, arrêter l'escalade deviendrait encore plus difficile. Plus les pertes seraient élevées de part et d'autre, plus le tourbillon des hostilités s'amplifierait et plus les parties se rapprocheraient du seuil d'utilisation des armes nucléaires. Or là, il n'y aurait plus de vainqueurs.
Alexandre Lemoine
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