Et le savoir-vivre ? Bordel !
Cochon, cantines, plats de substitution, halal etc...
TABOU
Le législateur ne devrait jamais prendre les sujets tabous à la légère, qu’ils fassent ou non partie intégrante de religions. A vrai dire, ils peuvent survivre à ces dernières ; autrement dit, la culture peut se montrer encore plus coriace que le culte. Les Anglais acquirent la cruelle expérience de ces choses-là, au milieu du XIXème siècle, lorsqu’ils fournirent des cartouches lubrifiées à la graisse de bœuf ou de porc à leurs soldats indiens : ce geste inconséquent déclencha la fameuse " Révolte des cipayes (1) ».
INTERDITS ALIMENTAIRES
Si l’ivrognerie se range parmi les péchés capitaux, la chrétienté impose peu ou prou d’interdits alimentaires (2). Cela provient sans doute de l’Evangile « Jésus appela à lui la foule et lui dit : Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui rend l’homme impur. » (Matt. 15.10-11). Il n’en va pas tout à fait de même dans l’islam. Par exemple, à l’instar du judaïsme, l’islam prohibe strictement la viande de porc : « Le halouf est haram (3) ». Cet interdit demeure très fort chez les musulmans. Personnellement, je me souviens d’un pays où les caissières musulmanes ne prenaient jamais une marchandise contenant du porc, même sous cellophane étanche, sans enfiler un gant. Dans ce même pays, les mauvaises langues disaient que les Chinois parsemaient certains terrains d’os de porc pour dissuader des musulmans d’acheter lesdits terrains.
L’interdit de l’alcool reste beaucoup moins fort que celui du porc. Je ne compte pas les fois où j’ai partagé du vin ou de la bière avec des amis plutôt bons musulmans qui n’auraient touché à une tranche de jambon pour rien au monde.
CANTINES LAIQUES
En France, il existe quelques millions (4) de Français musulmans et l’islam va devenir sans tarder la seconde religion du pays, après l’agnosticisme/athéisme et avant le catholicisme. Au risque d’en choquer beaucoup, je n’hésite pas à écrire que la laïcardie (5) ne parviendra jamais à bousculer l’islam outre mesure. Elle n’y réussira pas plus que l’eau ne parvient à éteindre un feu de friteuse (6). A coup sûr, les manips du petit père Combes auraient échoué face à l’islam. Il va donc falloir trouver des compromis et des gentlemen’s agreements si on veut éviter des conflits graves.
Hélas, la récente décision du maire de Châlon-sur-Saône ne présage rien de bon : ne pas proposer un plat de substitution aux élèves musulmans les jours où la cantine ne sert que du porc est tout simplement un manque de SAVOIR-VIVRE. S’il s’agit d’un problème économique, qu’on donne en plus, ce jour-là et à ces élèves, un pomme, un Gerlinéa d’Alessandra Sublet ou un œuf dur mais, de grâce, qu’on marque le coup ! Je n’ose penser qu’on pourrait en arriver à séparer les élèves musulmans des autres en ces temps de « vivre ensemble ». Croyez-moi, les difficultés à venir se révèleront autrement plus complexes que des histoires d'intendance de cantine.
Ô laïcité, Ô république que d’hypocrisies et de manœuvres clientélistes il faudra éviter de commettre en vos noms au cours des années à venir !
ABATTOIRS
Cela dit, reste le problème de la méthode d’abattage des animaux puisque, selon l’islam, seule la viande d’animaux trucidé selon un rituel précis est autorisée. Il n’y a aucune raison d’imposer une viande dite « halal » à tous. Le mardi 3 février dernier, Sihem, une auditrice musulmane des G.G. (7) déclare « Que vous mangiez halal ou non halal vous ne verrez pas la différence ». Pas d’accord madame ! Sur un blog, je lis « De toute façon on n'est pas obligé de manger du porc pour vivre , ce n'est pas la viande qui manque ». Pas d’accord là non plus ! Toutes ces affaires doivent se régler dans la transparence la plus totale : pas question de jouer au malappris qui sert du chat en annonçant que c’est du lapin ! On peut penser que des imans éclairés autoriseront progressivement la consommation de viandes d’animaux étourdis avant l'égorgement.
LE FUTUR
En 2015, il peut encore arriver, comme nous l’avons vu plus haut, que la culture survive à la religion (8). Toutefois, dans peu de décennies, des impératifs écologiques balayeront divers traits des cultures actuelles. Ainsi, aujourd’hui, on tue plus de cinquante milliards d’animaux terrestres (bovins, porcins, ovins, caprins, volailles) par an. Cela ne pourra pas durer. Il faudra donc trouver des solutions telles que le végétarisme et la viande synthétique in vitro. Chaque religion ne conservera alors que le cœur de son dogme, sans succomber nécessairement au syncrétisme ou au relativisme. Le problème traité ici paraîtra alors suranné.
Patience à tous donc !
(1) Soldats indiens (hindous et musulmans) de l’armée anglaise
(2) Ne pas confondre jeûne et interdit alimentaire
(3) « Le cochon est interdit ». Bien entendu, le mot halouf se prête à des nombreuses insultes. Noter que haram est le contraire de halal.
(4) Le politiquement correct n’autorise pas à les compter ! Mais, Dieu merci, on peut encore dénombrer les Bretons, les Corses et quelques autres…
(5) Expression d’Emile Poulat
(6) « La foi est une brûlure » a dit J.L. Mélenchon, un jour de grâce
(7) Grandes gueules, émission de RMC
(8) Par exemple, dans certains pays, des catholiques accomplissent, plus ou moins secrètement, des rituels vaudous
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