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Accueil du site > Tribune Libre > Eglise catholique : des leaders politiques en soutane au Congo (...)

Eglise catholique : des leaders politiques en soutane au Congo !

L’église catholique est sortie du bois, disons plutôt sortie de son rôle. Elle a choisi son moment : pendant le déroulement du procès Jean Marie Michel Mokoko et autres. La déclaration politique de l’église est faite au terme d’une réunion extraordinaire tenue les 8 et 9 mai 2018. Très clairement, les évêques ont pris la place de l’opposition. C’est, sans doute là, l’origine du mal congolais.

 Les évêques congolais doivent-ils penser que les Congolais, puisqu’ils sont majoritairement chrétiens, peuvent être facilement manipulés par l’église ? Si ce n’est pas le procès de Mokoko et autres, quelle est l’urgence qui pouvait justifier la tenue de la réunion extraordinaire de l’épiscopat congolais ? Le moment semble bien choisi, parce que l’attention de la communauté internationale, notamment des soutiens et complices de Jean Marie Michel Mokoko était bien attirée par le déroulement du procès à Brazzaville. 

 La déclaration des évêques évoque des questions politiques et socio-économiques qui remontent de loin, pour certaines et mondiales pour d’autres. Sans doute que les évêques se considèrent-ils comme trop proches de Dieu et donc, seuls détenteurs de la vérité. Si non, comment peuvent-ils lier la crise socio-économique que traverse le pays au référendum constitutionnel de 2015 ?

Les évêques du Congo, tels des leaders politiques en soutane sont convaincus que ce référendum constitutionnel est à l’origine de tous les maux du Congo : la crise du Pool, la situation sociale, conséquence, notamment, de la crise économique dont les évêques doutent de la cause (la chute brutale du prix du baril du pétrole), la gouvernance économique, bref les antivaleurs. Les négociations avec le FMI sont aussi à considérer comme causée par le changement de la constitution, selon l’énumération des évêques. A ce sujet, leur invitation au FMI de « tenir bon » n’est-elle pas une ironie qui tendrait plutôt à dire à cette institution financière internationale qu’il ne faut pas boucler ces négociations avec le Congo ? On sait que les amis du camp qu’ils ont choisi, celui de l’opposition, prient tous les jours pour leur échec. Ils sont donc en parfaite harmonie avec la bande à Bawao, Munari et autres de l’opposition. 

Les hommes d’église manient vraiment l’ironie avec habileté : en même temps qu’ils pourfendent le pouvoir, se mettant selon eux, du côté du peuple comme le disent souvent les politiciens, ils rassurent le président de la République de leur soutien. Ils s’affichent exactement, ici, comme des rats qui pour mieux ronger le talon d’un homme souffle sur ce dernier en même temps. 

Le problème du Congo, disons mieux les maux du Congo ne viennent-ils pas de l’église qui a, depuis trop longtemps, quitté son champ d’action ? Le mardi3 octobre 2017, le président de la République recevait à leur demande, les sages et notabilités du Pool. En rappel, le président de la République rappelait que « depuis 16 ans, (2000-2016), nous avons ensemble créé les conditions de paix, de sécurité et de reconstruction du pays. Rien ne pouvait donc justifier la violence déclenchée par Ntumi et sa bande de miliciens. Ni le débat démocratique sur le changement ou non de la constitution du 20 janvier 2002, ni le référendum constitutionnel de 2015, encore moins l’élection présidentielle de 2016 dont la campagne s’est déroulée dans la paix ne pouvaient justifier cette violence. Il est difficile de comprendre que cette violence vienne de Ntumi qui, lors de cette l’élection présidentielle de 2016, n’avait que soutenu un candidat, en l’occurrence Guy Brice Parfait Kolelas. Quelles sont les raisons des violences dans le Pool, alors que tous les rendez-vous politiques se sont déroulés dans la paix, sans incident majeur ? »

Comment et pourquoi l’église catholique congolaise ne peut pas se poser cette série de questions ? Comment et pourquoi les évêques qui veulent se présenter comme des détenteurs de la vérité, ne dénoncent pas le fils du Pool, Ntumi, du reste, cité au procès de Mokoko ?

L’opposition congolaise réclame depuis toujours, à cor et à cris, la tenue d’un dialogue. Quand le gouvernement le convoque, elle trouve tous les prétextes possibles pour le boycotter. L’église ne voit rien et n’entend rien, par conséquent ne dit rien. C’est normal, puisque c’est son camp (l’opposition) qui agit ainsi. Tel des leaders politiques en soutane, les évêques sortent, aujourd’hui, une nouvelle demande superflue venant de son camp sur la convocation d’un « dialogue politique le plus large possible » avec pour but de discuter d’un nouveau « modèle politique et institutionnel... », au Congo. Etonnant, non !

Le fait est que les hauts parleurs de l’opposition ne démontrent pas la relation entre la crise économique actuelle et le changement de constitution intervenu en 2015. Les institutions fonctionnent dans le pays. Il n’ya rien qui bloque la vie politique nationale. Il est possible que l’église ait constaté que les partis politiques de l’opposition ne font pas leur travail. Mais, doit-elle passer par un dialogue politique pour dynamiser les partis de son camp ?

A l’heure où tout le monde dénonce les antivaleurs, l’église ne devait pas briser les frontières entre son rôle et la politique politicienne. Il s’agit, pour elle, de constater que la baisse de l’éducation à son niveau aussi a contribué au développement des comportements déviants, dont les auteurs sont aussi les fidèles de l’église catholique. Elle a donc beaucoup de travail dans son champ d’action. Et si les évêques pensent qu’à l’église ils ne sont plus écoutés par les fidèles, ils n’ont qu’à créer un parti politique pour mieux s’adresser aux militants. Ainsi, personne ne s’étonnerait de leur déclaration.


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5 réactions à cet article    


  • njama njama 19 mai 2018 12:20

    Tant que les évêques agissent politiquement en leurs noms personnels, on ne voit pas où serait le problème, ils sont autant citoyens que tous les congolais

    par contre si leur posture politique est faite au nom de l’Église, ce n’est autre que l’ingérence d’une multinationale dans la vie politique du Congo


    • njama njama 19 mai 2018 12:41

      @cassini
      pas plus ni moins qu’un leader politique dans la conscience de ses électeurs
      mais peut-être pensez-vous que les fidèles seraient hypnotisés par leur gourou ...

      Je ne vois personnellement aucun inconvénient à ce qu’un clerc postule un mandat politique, local, régional, ou national en tant que citoyen bien sûr, et non en tant que prélat.
      Les cas ont existé, je pourrais citer l’abbé Lemire, ou l’abbé Pierre plus connu, tous deux hommes remarquables.

      mais la curie n’aime pas ça et a toujours décourager ses prêtres de s’engager politiquement, de même qu’elle a cassé les prêtres ouvriers.

      Elle doit avoir peur que ça (cha)vire à gauche... smiley


    • njama njama 19 mai 2018 15:09

      @cassini

      la politique se réfère peu ou prou à une idéologie, la religion a des opinions théologiques

      Merci toutre fois pour le Kir, qu’il apporte Felixité au genre humain ... et à votre santé !  smiley


    • njama njama 19 mai 2018 12:33

      Si ce n’est pas le procès de Mokoko et autres, quelle est l’urgence qui pouvait justifier la tenue de la réunion extraordinaire de l’épiscopat congolais ? Le moment semble bien choisi, parce que l’attention de la communauté internationale,...

      pour faire diversion peut-être, en détournant l’attention de le « communauté internationale » qui est une girouette, comme chacun sait ou peut le constater facilement ?

      L’Église est dans la tourmente ...
      Pédophilie : tous les évêques chiliens remettent leur démission au pape
      LE MONDE | 18.05.2018

      Le document dénonce ainsi « l’existence de gravissimes négligences dans la protection des enfants vulnérables de la part d’évêques et de supérieurs religieux ».
      -----------------
      François grand timonier de la barque de Pierre est d’ailleurs lui-même sur le pont à la manœuvre médiatique ...

      Le pape dénonce la finance mondiale, jugée amorale
      Les Échos le 18/05


      • Odin Odin 19 mai 2018 20:43

        « les maux du Congo ne viennent-ils pas de l’église »

        A force de dénigrer « l’église » comme vous le faites, un jour pourrait venir où le Congo, comme ses proches voisins du nord, n’aurait plus de problème avec l’église :

        Mali : 90 % de religion musulmane

        Niger 95 à 99 % de religion musulmane

        Tchad 54 % de religion musulmane (recensement 1993)

        Les procès ne se passeront plus à Brazzaville ou à Pointe-Noire mais au niveau local, « la charia ».qui codifiera les aspects publics et privés ainsi que la vie de chaque congolais et les interactions sociétales. C’est peut-être l’objectif de l’auteur ?

        En religion : « on savait ce que l’on perd mais on sait aussi aujourd’hui ce que l’on va trouver »

        Commentaire d’un agnostique.

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