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Accueil du site > Tribune Libre > Duel dans les friches industrielles

Duel dans les friches industrielles

Qu'il est doux d'avoir un maître à penser à qui l'on donne toujours raison. Qu'il est confortable de le suivre, l'approuver, s'enthousiasmer à ses moindres décisions.

Mais si, par quelques maléfices l'on en vient à critiquer et si, par quelque intuition on en vient à douter, alors, la déception et l'impuissance sourdent.

Notre ami Mélenchon, soudain, est devenu, un chef, un leader ! (commentaires blog)

Du jamais vu auparavant !

Ceux qui s'étaient laissés aller à quelques doutes, mouchés, contrits, battent leur coulpe et confient, avec toute l'humilité requise, que les explications données, que la semonce énoncée ont eu raison de leurs égarements.

Et voilà, un chef est né qu'ils suivront gentiment.

Ah ! Faiblesse humaine, à ton meilleur ami tu fais perdre son honnêteté. Car quoique cet ami décide, tu ne peux l'empêcher, mais devant ton hésitation il se doit d'expliquer. Et s'il ne le fait pas, c'est bien qu'il te méprise, qu'il te sent tout acquis, qu'il n'en fait qu'à sa guise, négligeant d'annoncer à la ronde ses desseins, il ne fera de toi qu'un triste fantassin.

J'aurais espéré d'un grand homme qu'il écoute les enfants. (blog JLM)

Si l'on jette un coup d'oeil, même rapide, sur l'Histoire de notre civilisation, on constate que les mêmes problèmes se posent sans cesse et que l'on tourne en rond à ne pas les résoudre.

La sagesse est connue des hommes depuis longtemps mais on a jamais pu l'inscrire dans nos gènes.

La science est impuissante en ce domaine.

« Même si dans une ville, il n'y a qu'un homme vulgaire à la place d'autorité, il peut accabler les hommes nobles.
Même si dans le coeur une seule passion reste nichée, elle peut obscurcir la raison. La passion et la raison ne peuvent coexister, c'est pourquoi un combat sans merci est indispensable si l'on veut rétablir le règne du bien.

Toutefois il existe dans le combat résolu du bien pour écarter le mal, des règles déterminées

qui ne doivent pas être perdues de vue si l'on veut obtenir le succès.

1.La résolution doit reposer sur l'union de la force et de la bienveillance.

2.Un compromis avec ce qui est mauvais n'est pas possible : le mal doit en toutes circonstances être discrédité ouvertement. De même les passions et les défauts personnels ne doivent pas être embellis.

3.Le combat ne doit pas être mené par la violence. Là où le mal est stigmatisé , il pense à recourir aux armes, et si on lui fait le plaisir de lui rendre coup pour coup, on a le dessous, car on est soi-même impliqué dans la haine et la passion. C'est pourquoi il importe de commencer par sa propre maison et prendre garde aux défauts que l'on a soi-même stigmatisés. Ainsi les armes du mal s'émoussent d'elles-mêmes quand elles ne trouvent pas d'adversaires. Et même nos propres défauts ne doivent pas être combattus directement . Tant que nous luttons contre eux, ils demeurent victorieux.

4. La meilleure manière de combattre le mal, c'est un progrès énergique dans le bien. »

Kouai La percée ( la résolution) Yi-King

Certes l'on peut supposer qu'une bataille ponctuelle et locale ( même si elle a des potentiels symboliques), dans l'immédiat, est plus gratifiante.

La pratique du jardinage m'a appris qu'on n'arrive jamais à éradiquer les mauvaises herbes à moins de mettre le jardin sens dessus dessous ou d'employer des produits qui empoisonnent tout !

Mais l'image du jardinage ne me plaît qu'à moitié parce que la mauvaise herbe ne nous gêne que parce qu'elle pousse dans notre jardin ; dans une pâture, elle est souvent la bienvenue, et la pire d'entre elle, le chiendent, en est la meilleure : adorée des chevaux, elle résiste au gel, à la canicule, aux sécheresses et aux inondations !

En fait, nombre d' électeurs d'extrême droite ont juste le défaut de s'en remettre un peu vite à un programme monté à l'emporte-pièce dont le coup des immigrés, surtout de ceux d'entre eux qui n'ont pas de papiers, ne tient pas la route une seule seconde : un clandestin, par définition, se tient à carreau, ne prend rien à personne et ne trouble pas l'ordre public. En effet il coûte cher, mais pas comme on le dit !

C'est le prix de la politique honteuse qui vise à le pourchasser, l'enfermer, le renvoyer chez lui.

(Mr. Hollande prendra-t-il des postes de fonctionnaires ici pour en mettre dans l'éducation ? La santé ?).

On ne nous en parle guère et bizarrement, la compassion qui fait flores, ne se porte jamais sur ces hommes, ces femmes et ces enfants meurtris, bafoués, humiliés ; il y a comme une impossible identification à la détresse de ces êtres perdus !

Sans doute est-ce que parce que celle-ci est de notre fait !

Pour en revenir à notre jardin, la gauche et l'extrême-gauche sont des mauvaises herbes dans le jardin des nantis.

Le jardin du peuple, lui, est envahi, étouffé par l'ultra-libéralisme. Mais l'ultra-libéralisme n'est pas une mauvaise herbe : c'est le poison, qui a tué jusqu'aux racines de la diversité de la culture populaire.

Nous voici donc rendus à une lutte sans merci ?

Les adversaires de cette lutte me paraissent incertains ou plutôt indéfinis ; on ne sait plus trop qui est qui, il y a ceux qui se trompent et ceux qui sont trompés mais on ne peut attaquer l'un et épargner l'autre. C'est sans doute pour cette raison que s'attaquer à une tête de l'hydre paraît plus prudent. Tout en sachant que trois repousseront : l'immédiateté dans laquelle nous pousse le système libéral, la société du spectacle sont, j'en conviens, des ennemis difficiles à abattre tellement ils sont intériorisés.

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

Foutaises que tout cela, n'est-ce-pas ? Je veux tout, tout de suite, et que cela soit aussi beau que.. je l'avais rêvé.

Le climat qui s'instaure – et je ne prends pas là, mes rêves nocturnes pour des prémonitions- a des relents de guerre civile.

Des locaux de comités du parti Communiste ont déjà été saccagés ; et dans tous les cas, ce sont les petits qui trinquent.

Certes ces violences pourraient-elles faire prendre conscience à tous de l'extrême gravité du moment, et prendre conscience de l'extrême gravité du moment n'est pas une mauvaise chose, mais nous aurions pu espérer y contribuer avec plus de positive ardeur.

Avoir une force à l'Assemblée Nationale est plus qu'indispensable et c'est là le but déclaré de ce duel ; néanmoins j'aurais préféré la victoire du petit peuple, rempli d'humilité, comme à l'accoutumée, sans l'écran des projecteurs médiatiques braqués sur les célébrités.

Et puis, depuis le petit bout de la lorgnette de la petite histoire, j'aurais aimé que les règles édictées pour la base, provoquant des situations quasi insolubles, soit aussi respectées au sommet : d'abord, la Parité, dont on nous rabat les oreilles, ainsi que la juste répartition dans les circonscriptions, négociée il y a presque un an, de candidats du P C et du P G.

Partir en campagne ne veut-il pas dire se mettre sur le pied de guerre ?

Je voudrais citer ici ( bien que sans son autorisation) un court extrait d'une conférence de Jean- Claude Michéa au Centre Ascaso-Durruti, trouvée dans son ouvrage « La double pensée » :

« Ma seconde précision portera, quant à elle, sur l'essence même de la philosophie anarchiste. Je souligne en effet,..., que le point aveugle de toutes les entreprises révolutionnaires a toujours été le problème posé par l'existence- probablement inévitable quel que soit le type de société- d'un certain nombre d'individus habités par un besoin pathologique d'exercer une emprise sur les autres( que cette emprise soit intellectuelle, psychologique, physique ou politique).

Le souci de neutraliser la volonté de puissance de ce genre d'individu est évidemment l'une des origines de la sensibilité anarchiste. Mais ce souci ne devrait pas seulement conduire à développer une critique des limites du « régime représentatif » et donc à lutter pour la mise en place d'institutions réellement démocratiques.

Comme dit Stendhal...il nous faut également comprendre que, si l'on n'y prend garde, les meilleures institutions politiques du monde ( tout comme les idées généreuses qui en sont le fondement) seront toujours perverties et détournées de leur sens originel du seul fait de cette volonté de puissance de quelques-uns. Même et surtout, lorsque ces quelques-uns s'arrangent pour ne rien voir du désir de pouvoir qui les anime...

C'est malheureusement là un phénomène que la plupart des militants connaissent bien ( du moins tant qu'ils ne songent pas eux-mêmes à se hisser par tous les moyens au sommet de l'Organisation révolutionnaire)....

C'est à coup sûr de cet endroit précis qu'il faudrait repartir si l'on voulait réellement comprendre pourquoi ( et comment) tout au long de l'histoire, tant d'idées politiques généreuses ont été perverties, et tant de révolutions trahies.

Être capable de saisir intellectuellement l'essence du capitalisme constitue donc bien,..., la condition première d'une politique radicale efficace. Mais savoir reconnaître la volonté de puissance des uns et des autres partout où elle se manifeste et sous toutes les formes où elle se manifeste (y compris naturellement en nous-mêmes), voilà sans doute une condition au moins aussi décisive.

Il est vrai que cette dernière condition implique un travail sur soi psychologiquement complexe et moralement exigeant dont bien des militants, officiellement « dévoués à la cause » ont d'excellentes raisons personnelles de vouloir être dispensés (au motif, par exemple, qu'il « détournerait de l'action » ou témoignerait d'un « psychologisme » politiquement suspect).

Je reste cependant convaincu que tant que ce travail préalable – qui devrait concerner chacun d'entre nous comme sujet singulier- n'aura pas été mené à bien, aucune société décente ne pourra durablement voir le jour... »


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7 réactions à cet article    


  • Jason Jason 2 juin 2012 16:10

    Tempête sous les micocouliers en fleurs et les crânes chauves à l’intérieur de la tête.

    La sagesse est connue des hommes depuis longtemps mais on a jamais pu l’inscrire dans nos gènes.

    « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. On n’a jamais vu quelqu’un se plaindre de ne pas en avoir assez ». (D’après Descartes)

    La sagesse se redécouvre tout le temps. Elle est comme toute neuve, car elle a si peu servi.


    • alinea Alinea 2 juin 2012 16:49

      Jason : je ne sais que vous dire car je ne comprends pas le sens de votre intervention. mais je peux dire que Descartes n’est pas ma tasse de thé et d’autre part, si la sagesse est toute neuve, que l’on s’en serve ! Sûr que la sagesse est comme la vérité, mouvante, non préhensible, elle est l’adéquation au monde d’un sujet à un moment donné ; et alors ? Cette adéquation nous est refusée comme essence ; il faut effectivement la redécouvrir et même l’inventer continuellement ; mais, en même temps, elle existe !


      • Jason Jason 2 juin 2012 19:15

        C’était un billet d’humour.

        Je pense qu’il ne faut pas prendre un homme politique en campagne comme maître à penser. Je m’en garderai bien.

        « Être capable de saisir intellectuellement l’essence du capitalisme... »

        Quant à parler de l’essence du capitalisme qui n’est rien d’autre qu’un opportunisme de classe (ou de groupe professionnel), c’est aller un peu loin. Si on peut parler des buts de ce qu’on appelle capitalisme, c’est la recherche permanente et sans répit, le plus rapidement possible aujourd’hui, du profit pour lui-même. C’est un système amoral (et non pas immoral) comme l’est la géométrie ou l’astronomie. Pour certains c’est même une arme.


        • alinea Alinea 2 juin 2012 20:06

          C’est Michéa qui dit ça ; ce petit bout de texte ne dit rien de la profondeur de sa pensée ; il déconstruit de manière magistrale le libéralisme, il en explique les origines. Bref, je vous le conseille ;
          Moi non plus je pense, et j’essaie de dire, qu’il ne faut pas prendre un homme en campagne pour un maître à penser. L’esprit critique me paraît en tout et toujours essentiel ; malheureusement, il est rare et souvent mal compris !
          Merci de vos billets


        • hans 3 juin 2012 18:24

          Merci Alinea, manadière c’est quoi ? (je peux wikipédier mais je préfère votre réponse)


          • alinea Alinea 3 juin 2012 20:32

            Curieux ( et super !) comme commentaire à cet article !
            Un manadier élève des taureaux de race camargue, semi sauvages, pour les jeux dans l’arène ; c’est ce que l’on appelle « la bouvine » ; Courses camarguaises , avec des raseteurs, et dans les villages du sud, des reliquats de tradition : abrivado, encierro ;
            Je vous rassure, les taureaux sont heureux, les jeux les amusent et souvent ils y excellent. Le taureau camargue ne peut pas être toréé, car il est trop vif et trop intelligent : au bout de deux passes, il repère que la cape n’est pas le bonhomme et il fonce sur le bonhomme.
            Mais j’aime beaucoup aussi les taureaux espagnols !!
            Pour travailler avec les taureaux, on montent les chevaux Camargue et, aujourd’hui, de plus en plus les chevaux espagnols. Pour ma part, je suis fidèle aux Camargue. Voilà.


            • Loup Rebel Loup Rebel 8 mars 2013 00:11

              Bonsoir Alinea,

              Je réponds à votre invitation à lire votre article.

              Je trouve dommage qu’il n’ait pas eu l’audience qu’il aurait méritée.

              Peut-être le titre pas assez « accrocheur » ? Et publié dans un contexte où il a été noyé dans le flot d’autres sujets plus attractifs du moment ?

              Les commentaires montrent en tout cas la difficulté des lecteurs à percevoir la teneur exacte de votre billet.

              Est-ce une « bouteille à la mer » que vous avez lancée ? Un SOS adressé aux non des laissés sur le bord de la route ?

              Après les envolées lyriques des candidats en campagne et les moments euphoriques de leurs paroissiens, vient le temps des déceptions, dans tous les camps. Chez les perdants le soir des élections, et quelques mois plus tard pour les gagnants.

              Des mots que vous donnez pour vous définir, mes trois préférés, les plus indispensables à mes yeux sont : Liberté Amour et Écologie.

              Idéalisme et Nostalgie me semblent aujourd’hui loin derrière moi, et l’anarchie une force à dompter pour transformer son pouvoir destructeur en volonté d’éveiller les consciences endormies.

              À bientôt

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