Du mouron à la cour
An 09. La galaxie Sarkozy est en train inéluctablement de partir en vrille. Une sorte de météore fumeux qui s’écrase sur l’hexagone à l’aune de la crise. Où est donc la dream team qu’on nous avait vendue en 2007 ? Que reste-t-il du casting de rêve qu’on nous avait présenté en grandes pompes ? Pas grand chose assurément. Les étoiles filantes se sont éteintes une à une tandis que le roi Soleil ne les éclairait plus de sa magnificence. Restent une nébuleuse obscure et poussiéreuse, un aréopage de gaziers inertes, un vide interstellaire de ministères amers.
Le paradoxe dans ce chaos gouvernemental est que les stars déchus sont tombées en disgrâce les unes après les autres pour avoir appliqué en bon petit soldat, la politique exigée par l’omniprésident et ses conseillers élyséens. Marionnettes de l’hyper-pouvoir, elles sont rejetées par leur propre montreur après avoir joué la partition exacte que leur demandait le tireur de ficelles. Injustice quand tu nous tiens !
Qu’importe, la vie ingrate d’un fusible est de sauter un jour. En attendant le big bang du prochain remaniement, la liste des astres déchus s’allonge à vitesse grand V. Ainsi Rachida Dati, l’égérie tombée en désuétude. Le symbole a laissé place au ras-le-bol. Pourtant, elle avait exécuté le doigt sur la couture de son tailleur Dior, les ordres venus d’en haut. En Sarkozie, on aime à casser ses jouets préférés. L’ancienne muse de Chalandon est priée d’abandonner sa piteuse garde des sceaux pour continuer son ambitieuse ascension sur le toit de l’Europe. Un itinéraire bis en quelque sorte. C’est Catherine Nay qui va être contente…
Ainsi Valérie Pécresse, l’ancien bébé Chirac qui avait trahi son mentor pour les beaux yeux de Nicolas. Jusque là, un parcours sans faute. Et Patatras ! Triste fin de mandat pour la blonde à l’éternel sourire. L’agité de l’épaule la somme désormais de se coucher devant les chercheurs en colère. Encore une fois, elle n’avait fait qu’appliquer la politique du Prince. Le même qui avait mis le feu au poudre par un discours aussi provocateur que déplacé. Qu’importe, en Sarkozie, on ne se remet jamais en question. L’enfer, c’est les autres ajouterait Jean-Paul Sartre…
Ainsi Yves Jégo, le mister Bean des Antilles. Tandis qu’il parvient à trouver un accord avec le LKP, il est soudain rapatrié en urgence à Paris par ses chefs fous furieux. Comment a-t-il pu céder de la sorte aux incroyables exigences des guadeloupéens ? Quel est donc cet inconséquent qui n’a pas entrevu que leurs extravagantes revendications salariales pouvaient faire tâche d’huile en métropole et sur les autres îles ? Mis au rancart, humilié publiquement, le secrétaire d’état à l’outre-mer est assigné à ne plus s’occuper de rien. Un mort et un mois de grève plus tard, il constate en silence que l’accord trouvé avec le LKP est exactement celui qu’il s’apprêtait à signer…
Dati, Pécresse, Jégo. Trois exemples emblématiques d’un naufrage annoncé. Une liste loin d’être exhaustive. Au fil de la crise, le paquebot France ressemble de plus à un radeau de la Méduse. Même la très pieuse Christine Boutin qui s’accrochait encore aux planches vermoulues de son poste au Logement s’est vue intimer l’ordre de prendre la porte si elle avait des états d’âme. En Sarkozie, madame, on ne pense pas, on obéit…
Ruminances
Crédit dessin : Placide
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