Décès d’Emmanuel Ratier, figure controversée de l’ultra-droite française

Il y a quelques jours, le journaliste d'investigation Emmanuel Ratier est décédé d'une crise cardiaque, à cinquante-sept ans, durant un séjour en Ardèche. La nouvelle de la mort de cet homme libre et rebelle, peu connu du grand public, n'a pas été relayée par ses confrères des médias officiels, et pour cause...

Ratier était un original, qui travaillait, réfléchissait, analysait et agissait hors des sentiers battus. Il a écrit au Figaro-Magazine, à Valeurs Actuelles ainsi qu'à Minute dans les années 80. Cela ne faisait pas de lui un "homme de droite" à proprement parler, car il ne se reconnaissait pas dans les clivages traditionnels. Il n'a jamais cessé, dans ses écrits, de s'en prendre au libéralisme sauvage, aux caids du grand capital ; contrairement à d'autres il n'est pas tombé dans l'antisocialisme primaire, sujet qui ne le préoccupait pas.

Paien dans sa jeunesse étudiante, il a gardé toute sa vie cet attachement pour la terre de France et ses belles provinces digne d'un Henri Vincenot. 

Son oeuvre sulfureuse fut prisée par tous ceux qui refusaient le baratin et le bourrage de crâne ambiants. Au coeur du pouvoir, son encyclopédie plusieurs fois rééditée où il dévoilait les cartes des princes qui nous dominent fut sa réallisation majeure. Sa lettre d'information Faits et Documents éclairait sur les enjeux d'actualité. Il s'est rapproché notamment de Thierry Meyssan et d'Alain Soral ces dernières années, d'où les foudres de la police politique à son encontre. Pourtant il ne fut membre d'aucun parti politique majeur, on ne connait à son actif qu'une participation sous l'étiquette UDF à une élection il y a trente ans... la mascarade électoraliste n'était pas sa tasse de thé. C'était l'information, l'éducation et l'éveil des consciences citoyennes qui le motivaient.

Bien entendu, il fut taxé d'antisémite par les idiots des service qui lui reprochaient son soutien à la cause palestinienne. Sa librairie parisienne fut vandalisée à deux reprises. Facta, située à deux pas de la gare St Lazare à Paris, est une excellente adresse, où l'auteur de l'article se rend de temps à autre. Ratier était parait-il sur le point de créer un centre documentaire numérique, que ses amis vont développer bientôt...

J'ai eu l'occasion de rencontrer Emmanuel Ratier il y a quelques années. Son intelligence et son érudition impressionnaient, ainsi que son dynamisme. Ce sont parait-il les meilleurs qui meurent avant l'âge ; sa fin tragique lors d'une randonnée ardéchoise en est une illustration. Il manquera aux esprits critiques et lucides...