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Accueil du site > Tribune Libre > De la démesure de l’ego, et de l’entêtement pour les méthodes (...)

De la démesure de l’ego, et de l’entêtement pour les méthodes qui faillissent

« Un fou est une personne qui recommence sans cesse les mêmes action, qui se comporte sans cesse de la même manière, en espérant obtenir un résultat différent. »

Nous avons eu le droit, ces dernières semaines et d’autant plus ces derniers jours, aux douces réminiscences suscitées par le retour de M. Sarkozy aux premières pages des médias, jusqu’au grand retour sur le plateau du JT de France 2, ce dimanche 21 septembre 2014.

Je me souviendrais toujours de cette petite phrase, début 2012, presque prononcée sur le ton d’un gamin de 8 ans un peu mauvais joueur, un peu maître-chanteur en herbe : « Si je ne gagne pas cette fois-ci, je me retire de la vie politique ». Je m’en souviendrais surtout parce que dès lors, je savais qu’il ne tiendrait pas parole. Un cheval de course est toujours fait pour courir, même s’il perd chacune de ses compétitions. Visiblement, lui aussi s’en souvient, puisqu’il arrange sa communication au gré des circonstances : le pays est dans un état tellement désastreux depuis qu’il a quitté la chaire suprême qu’il n’a de choix – c’en est presque à contrecœur !- que de revenir. C’est lui, la solution de tous les maux, le remède au mal qui éreinte le pays.

On aura difficilement vu égo plus développé.

Au risque de choquer quelques bien-pensants, quand j’entends « Sauver la France », je pense à Charles Martel, à Jeanne d’Arc, à De Gaulle, à Pasteur si l’on veut être moins dramatique mais tout aussi efficace dans le geste. Je ne pense pas à Nicolas Sarkozy. Je ne tomberais pas dans le marronnier facile qui veut porter à penser que son retour en politique lui permettrait d’étouffer les quelques affaires où se trouve son nom, qu’il soit tout en haut de la page de garde comme au milieu d’un des multiples feuillets du dossier. Ces casseroles ne sont un secret pour personne, tentons plutôt de nous concentrer sur le concret : les engagements de Monsieur Sarkozy, qu’il dissémine au gré des interviews.

Rassembler une droite divisée, et refonder un parti unifié. En gros, reprendre de façon analogue la voie de sortie du RPR qui s’est « dissout » dans l’UMP, voilà pile douze ans : le 21 septembre 2014 (à titre de comparaison, le RPR aura vécu 26 ans). Belle symbolique. Cela signifie tout de même que la tentative de faire oublier le marasme du RPR aux français aura fonctionné grâce à l’UMP, mais que ce nouveau parti aura quand même réussi à répéter les mêmes erreurs, et se retrouver, moins de douze ans plus tard, dans une situation similaire, voire pire. Et notre sauveur de proposer de recommencer tout à zéro.

Proposer un programme d’opposition constructif, pour alimenter le débat démocratique en France. Soit. On aura rarement vu plus constructif que le débat démocratique de deux représentants du peuple au sein de l’hémicycle, pourvu qu’ils soient de bords politiques opposés : attitude plus attendue de la part, encore une fois, de gamins de huit ans dans la cour de récréation qu’à l’Assemblée Nationale. Le débat démocratique ne doit pas être réduit aux seuls députés, sénateurs ou journalistes, ces derniers n’ayant visiblement qu’une culture politique et rhétorique limitée à la seule obligation de générer de l’audimat.

Enfin, dernière proposition retenue, la « réintroduction » du référendum dans « le fonctionnement de nos institutions ». C’est bien évidemment la proposition qui m’intéresse le plus, étant personnellement convaincu de la portée démocratique de l’exercice… jusqu’en 2005 : malgré un refus d’une majorité de français de ratifier le projet de loi pour la constitution européenne, le pouvoir en place n’a pas tenu compte du souhait exprimé démocratiquement par le peuple. Deuxième point, notre nouveau démocrate (qui décidément enchaîne les titres, après celui de sauveur de la France et de réunificateur de la Droite) voudrait nous faire croire qu’il a été frappé par cette idée magnifique : non. Il l’a déjà « promis » en 2007, et, voyez mon sourire goguenard, il n’a jamais mis à exécution sa promesse pendant son mandat. Peut-on vraiment passer cinq ans sans soumettre une seule décision au choix éclairé du peuple ? Visiblement, oui. Le référendum est en réalité une épée à double tranchant que tout politique digne de ce nom redoute, à juste titre. S’il est une loi qui doit être appliquée ou non, et qu’on laisse cette décision au bon vouloir de la nation, il se présente alors deux cas de figure : ou le résultat ne conviendra pas au politique qui souhaitait cette loi (comme ça se serait très certainement passé si la loi Taubira et sur le Mariage pour Tous avaient été soumises à un référendum), ou alors le politique ne tiendrait pas en compte le résultat et agirait comme s’il n’y avait jamais eu de décision de la part du peuple : le cas 2005. Considérant l’état du pays, le référendum est effectivement une solution viable, mais tellement dangereuse pour le pouvoir en place (que beaucoup voient comme premier responsable dudit état) que ce dernier n’aurait aucun bénéfice à tirer de cet exercice démocratique.

Il semble évident que, malgré la désapprobation grandissante des français pour revoir la figure de M. Sarkozy sur les panneaux municipaux, (presque autant que pour Hollande, c’est dire !) celui-ci ne démordra pas. Il utilisera la même méthode que ses illustres opposants (dont l’actuel Premier Ministre) : agiter l’épouvantail FN, à la fois honte et horreur de la démocratie (sauf pour 25% du pays, mais c’est un autre débat). On en revient toujours au même point : plutôt UMP (qui change bientôt de nom) ou PS que le FN. Pour désamorcer cette situation, on voit Madame Le Pen (qui a plus hérité d’un parti plutôt que d’une réelle expérience politique) assouplir au maximum les angles pour mieux jouer dans la cour des grands, tout en cherchant à les discréditer au mieux (pas dur, en même temps, comme exercice !) alors qu’elle répète les mêmes erreurs de fond : chercher à ratisser large plutôt de de consolider ses positions.

Les principales options ont fait leur temps, pas leurs preuves, loin de là. Pourquoi donc se cantonner aux seuls choix de la grande droite ou de la grande gauche, sans considérer les plus petits partis ? Ceux-ci sont moins méritant médiatiquement, mais proposent peut-être une autre vision de la France que celle du « droit dans le mur », qui réfléchissent aux effets de la politique européenne qui limitent nos actions au plan national avec les différents articles de son traité, qui proposent d’autres méthodes pour relancer l’économie ou en tout cas limiter les dommages causés par les crises, et qui, quoi qu’il en soit, cherchent à proposer des réponses concrètes aux vrais problèmes des français : la criminalité qui touche de plus en plus de familles, l’accès aux soins de plus en plus difficile, l’assurance d’une source de revenus pour vivre avec décence, détails qui ne semblent pas toucher les futurs candidats à la présidentielle de 2017.

Dois-je d’ailleurs seulement rappeler que nous sommes qu’en 2014 ?

 

@Theo_tessa


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9 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 23 septembre 2014 10:45

    Je ne crois pas que Sarkozy souffre de cette folie là. Il est ce qu’on appelle une bête politique, qui est à la variété homme politique ce que les capitaines d’industrie sont à leurs collaborateurs. Est-ce que Sarkozy est plus fou que le PDG de Monsanto ou que le patron de la BCE ? Bonne question à mon humble avis. Si je leur reconnait quelque folie c’est parce qu’ils sont dans le déni de réalité ; et pour cause : ils créent la réalité.

    La chanson de Barbara ? Ne serait-ce pas plutôt Colette Renard ? ’’Ce que tu te goures, filllete fillette ...’’ ?


  • Whackangel Whackangel 22 septembre 2014 14:38

    Bonjour ! Cherchant à limiter le cynisme naturel de mes propos, je me permets de répondre : je désigne fou autant les politiques qui nous servent la même soupe que les gens qui sont visiblement prêts à les réélire...
    Et pour aller plus loin, je dirais même que le jeu joué par les politiques est bien efficace en l’essence : diviser pour mieux régner n’a jamais autant fonctionné qu’aujourd’hui !
    Cordialement


    • foufouille foufouille 22 septembre 2014 16:04

      « Pourquoi donc se cantonner aux seuls choix de la grande droite ou de la grande gauche, sans considérer les plus petits partis ? »
      ils sont mieux ?


      • Vipère Vipère 22 septembre 2014 16:15


        Foufouille, mathématiquement aucune chance pour les petits partis d’être élus ! 

        • foufouille foufouille 22 septembre 2014 16:19

          bien sur que si.
          tous les partis ont commencè petit.
          il en suffirait d’un qui ne soit diriger par un ploutocrate et qui soit pour la majorité des citoyens.
          c’est pas demain


        • leypanou 22 septembre 2014 16:43

          N Sarkozy et consorts (F Hollande, etc, etc) sont partisans d’un référendum s’ils sont convaincus que le résultat qu’ils obtiendraient est ce qu’ils espèrent.
          Combien parmi eux étaient partisans de soumettre à un référendum la ratification du TSCG ou autres TCE ou Traité de Lisbonne ?
          Par contre, soumettre à référendum l’adhésion de la Turquie ou le vote des étrangers non européens aux élections locales sont parfaitement dans leurs « cordes ».


          • bourrico6 23 septembre 2014 12:47

            « Un fou est une personne qui recommence sans cesse les mêmes action, qui se comporte sans cesse de la même manière, en espérant obtenir un résultat différent. »

            Pourquoi cette phrase m’a fait penser à Morice ?


            • julius 1ER 24 septembre 2014 09:33

              .. à titre de comparaison, le RPR aura vécu 26 ans). Belle symbolique. Cela signifie tout de même que la tentative de faire oublier le marasme du RPR aux français aura fonctionné grâce à l’UMP, mais que ce nouveau parti aura quand même réussi à répéter les mêmes erreurs, et se retrouver, moins de douze ans plus tard, dans une situation similaire, voire pire 

              @l’auteur, 
              constat intéressant surtout au niveau de la symbolique des chiffres,( sous réserve de les vérifier) le RPR aura vécu 26 ans, l’UMP 12 ans pratiquement moitié moins donc le nouveau parti de Sarko devrait vivre 5 ou 6 ans avant de finir en eau de boudin.......
              car finalement ce parti(l’UMP) devenu inconsistant est le reflet de la société, c’est un parti qui finalement ne sert que les intérêts de ceux qui y sont adhérents, tremplin pour le pouvoir, on le voit avec les arguments développés par ces types appelés les jeunes loups les pelletier, sarkosy(fils), didier, si on observe le fond de leur pensée..
              que du formel, aucune idée force, le suivisme érigé en pensée révolutionnaire....
              quelle platitude, ce ne sont en fait que de jeunes conservateurs totalement réacs....
              et ils sont censés être les fers de lance du renouveau de la France......
              cela confine à être de l’escroquerie !!!!!!!!!!!!!!

              • Whackangel Whackangel 24 septembre 2014 09:50

                Bonjour !
                je vous confirme la véracité des chiffres : le RPR a été officiellement fondé le 5 décembre 1976, et dissous dans l’UMP le 21 septembre 2002 (date anniversaire du retour de NS à France 2) soit un peu moins de 26 ans.
                L’UMP existe officiellement depuis le 17 novembre 2002 : je n’arrive juste pas à expliquer ce délai de deux mois entre les deux.

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