Conte de Noël : Jean-Paul II visite les frères CASTRO
Le Pape Jean-Paul II après sa canonisation est invité par le Christ à intervenir auprès des humains pour ramener au bercail les brebis égarées. Il choisit de retourner à Cuba, seule nation des Amériques où la dictature reste visible et présente. La rencontre "éthérée" avec les frères Castro préfigure des évolutions dans les relations des USA avec Cuba et avec l'Amérique latine.
Le bon pape Jean XXIII et le dynamique Jean-Paul II se retrouvent au coeur d'une petite fête au sein du Paradis : les Autorités Ecclésiastiques de Rome viennent de reconnaître une évidence, l'accueil direct de ces deux saints auprès de la Trinité Divine du Père, du Fils et de l'Esprit-Saint. Abraham qui oeuvrait aux côtés de Saint-Pierre, révèle à Jean-Paul ses nouvelles prérogatives d'interventions auprès des humains. Sans plus attendre, Jean-Paul, dans une initiative confraternelle et pour remercier le pape François issu de l'Amérique latine, décide de rencontrer les frères Castro : il se recouvre de son habit de lumière éthérée. Cuba reste le dernier grand bastion des Amériques encore sous le joug d'une dictature, quand bien même le catholicisme bénéficie d'une certaine tolérance : rien à voir avec la Russie où Poutine est devenu un grand fidèle de l'Église Orthodoxe.
Jean-Paul apparaît dans le salon de détente des frères Castro, après un léger souper convenant à l'état de santé de Fidel. Ce dernier est à semi étendu dans un fauteuil adapté utilisé dans les premières classes des avions : il peut se transformer en lit et occuper toutes les positions intermédiaires. De plus, les ateliers de la présidence ont équipé ce fauteuil de roues motorisées et d'un pack de batteries électriques : ainsi, Fidel peu enclin à utiliser les avions bénéficie d'un maximum de confort dans ses déplacements dans la résidence présidentielle. Raùl se contente d'un simple fauteuil en cuir mais de grand confort. Les deux frères sirotent et dégustent lentement un vieux rhum. La venue inopinée de Jean-Paul ne surprend pas les frères, comme s'ils s'y attendaient. Raùl invite le visiteur de marque à prendre un fauteuil et lui propose un verre de rhum ou autre délicatesse à son choix : Jean-Paul refuse et fait comprendre que dans son état la boisson est inadaptée. Raùl s'excuse, sourit et demande :
-"Camarade Jean-Paul, quel est l'objet de ta visite ? Est-tu dans une mission définie par tes Ecclésiastiques du paradis des chrétiens ?"
-"Oui, je me considère en mission divine. Président Castro quand allez-vous libérer vos détenus politiques, restaurer le libre exercice du catholicisme, libérer le peuple cubain de votre dictature communiste et instaurer la démocratie ?"
Les deux frères se raidissent, croisent leurs regards, se sourient, se détendent. Puis Fidel d'une voix calme et posée se lance dans une diatribe, posant les questions et y répondant, tout en se délectant des mimiques approbatives ou réprobatives de Raùl et du spectre de Jean-Paul.
-"Camarade Jean-Paul, ta franchise, en tête-à-tête, ne me surprend pas : tu as vécu sous le joug de Staline, de se affidés et successeurs, et tu as développé un ressentiment profond envers le communisme stalinien. Je te félicite pour ta capacité de survie dans ce régime honni ; Raùl et moi, nous n'aurions pu supporter cette chape de plomb, cette déshumanisation et nous aurions rapidement disparu dans les goulags sibériens. La Révolution Cubaine a eu lieu sous le régime de Kroutchev, le procureur impitoyable de Staline et du stalinisme. Avec l'appui du peuple cubain par les grèves générales et d'un groupe de guérilleros nous avons chassé Batista et ses sbires d'un régime corrompu, dictatorial, tortionnaire et partisan des exécutions sommaires. Dès la chute du régime de Batista, les Etats-Unis ont reconnu début janvier 1959, notre gouvernement provisoire. Les ennuis ont commencé lorsque nous avons préconisé l'instauration d'un régime inspiré du communisme et procédé à la nationalisation des propriétés acquises grâce à la corruption par la clique de Batista. Naturellement comme après toute Libération, il y eu quelques procès et des sentences sévères : la France, l'Italie et la Grèce firent de même, après leur Libération, vis-à-vis de leurs collabos ! Nous ne craignons pas une comparaison des chiffres. Plus récemment, après la mort de Tito, grand résistant au nazisme et au stalinisme, les européens n'ont pas proposé fraternellement d'accueillir dans l'Union l'intégralité de la Yougoslavie. Ils ont suivi en spectateurs, proclamés impuissants, l'implosion de la Yougoslavie avec les bombardements et les massacres. A quand les repentances et les procès pour non assistance aux peuples en danger."
"Je reviens à Cuba : où sont les charniers de massacres de masse ? Où sont les goulags et les camps de rééducation à la chinoise ou à la vietnamienne ? Ah oui ! j'oubliais Guantanamo, ce haut lieu de résidence démocratique, ce Club Med pour gentils détenus opposés à la puissance américaine, retenus depuis une douzaine d'années sans procès même truqué à la sauce stalinienne. Guantanamo est une terre cubaine occupée de force par les USA. En dollars actuels, le montant cumulé des loyers à verser s'exprime en milliards, dette que les USA devront s'acquitter pour établir des relations diplomatiques ouvertes et coopératives. Alors camarade Jean-Paul tu me considères toujours comme le Staline des caraïbes ?"
-"Je ne l'ai jamais dit ni laissé entendre. Mais le pire et l'ignoble de Staline ne vallent pas alibi ni justification de votre régime politique."
-"Raùl et moi, nous ne voulons pas être assimilé au pire de Staline. Si nous sommes affublés de tous les maux de l'antidémocratie, cela est simplement dû au refus de nous transformer en colonie américaine, soumise à la toute puissance des entreprises, des mafias et des banques. Le peuple cubain refuse l'esclavage moderne à l'américaine, avec son cantonnement en femmes de chambres, en cuistots et barmen pour hôtels cinq étoiles d'une riviéra dite cubaine, aux portes de la Floride ; Il refuse aussi la prostitution pour boucler les fin de mois ou sous contrôle des mafias, avec les trafics de drogues."
"Oui, nous avons renversé le dictateur Batista ; ses partisans ont émigrés aux USA, pensant reprendre le pouvoir dans les bagages de l'armée US, toujours prête à imposer par la force sa "domination démocratique". Nous avons construit un système scolaire égalitaire pour tous les cubains, riches et pauvres. Notre enseignement supérieur est de qualité avec un système de santé performant, reconnu comme excellent dans toute l'Amérique latine. Le tourisme médical se développe avec même quelques clients venant des USA. Un cubain pauvre est nettement mieux soigné qu'un américain pauvre ou mal assuré malgré "l'Obama care"."
"Oui, nous assumons les dégâts collatéraux de la prise de pouvoir par le peuple cubain. Que nos accusateurs fassent les procès et les décomptes macabres des coups d'état de Pinochet, de Vidella et des juntes militaires avec le soutien actif des "conseillers" de la CIA envoyés par les gouvernements US successifs. C'était disent-ils pour défendre le monde libre, en fait pour les profits d'un monde asservi aux intérêts inaliénables du système économico-financier américain. Un monde irremplaçable dont les dérives et imperfections n'entraînent aucune culpabilité mais seulement l'obligation "morale" de corriger ses menus défauts afin de le rendre encore plus efficace au bénéfice des actionnaires et de ses hauts dirigeants !"
-"Mon frère dans le Christ, tu me comprends mal : je ne suis pas un thuriféraire du règne de la finance, je suis même désolé que l'argent, le profit et la finance soient devenus la nouvelle Trinité divine. Je suis ravi que François, mon dynamique successeur, revienne aux bases du christianisme, à l'Amour de Dieu et du prochain, de tous les humains. Je condamne l'embargo américain imposé à la majorité des nations pour "confiner le peuple cubain" et l'amener à se soumettre. Un confinement populaire de plus de cinquante ans c'est la persévérance dans le crime. Mais ce n'est pas une raison pour ajouter au confinement populaire des restrictions démocratiques."
-"Confinement, confinement, confinement insulaire certes,mais pas confinement populaire ! Et qui nous a confiné ? Les peureux et couards yankees car ils manquent de confiance dans leur système : implicitement ils le sentent condamné. Avant la seconde guerre mondiale, le communisme était mal vu et considéré comme anti-américain, alors que le nazisme était fréquentable et facteur de relance économique ; Lindberg candidat opposé à Roosevelt ne cachait pas ses sympathies nazies ! Pendant la seconde guerre mondiale et surtout dès la victoire ce fut la chasse aux communistes devant les tribunaux. La France et l'Italie, elles, ont su se débarrasser démocratiquement du communisme et évoluer vers une démocratie sociale et de marché."
-"Camarade Fidel, vous exagérez. Même si le système américain n'est pas idéal, les peuples de la très grande majorité des nations en rêvent."
-"Je n'exagère pas. Les peuples rêvent, dans leur misère, d'un niveau de vie élevé ; ils rêvent de confort, de bien-être et d'emplois stables bien rémunérés. Ils ne rêvent surtout pas de licenciements économiques et financiers, de précarité institutionnalisée. J'en reviens à la peur viscérale du communisme fraternel et égalitaire, où les travailleurs, les exploités auraient les mêmes droits économiques et sociaux que les riches exploiteurs. La grande crise de 1929, due à la cupidité des acteurs financiers et des spéculateurs a surtout ruiné les pauvres et les classes moyennes en les condamnant au chômage de masse. Les idées communistes, dans le prolongement de la politique sociale du Ford des années de prospérité, ont alors trouvé un écho parmi le peuple américain victime d'un système prédateur. Les idées fascistes et nazies, d'ordre, de nationalisme et de relance des armements et des investissements nationaux ont alors prospéré et traversé l'Atlantique au point que la candidature républicaine de Lindberg ne faisait pas peur à la meute dominante du système américain : c'était compatible avec la soi-disante démocratie américaine ! Alors que les communistes étaient perçus comme une menace pour les voraces du système. Les sympathisants de l'idéal du communisme ont été victimes des purges débiles du Mac-Carthisme : la liberté de pensée et d'expression n'est autorisée qu'à l'intérieur du dogme du respect de la loi des marchés, de la loi des plus forts et des dominateurs. Si la masse, manipulée par les médias, supportant le système libéral et capitaliste américain a peur du communisme en particulier et du socialisme en général, c'est qu'elle doute de la justice et de l'efficacité sociale de son système ; elle n'a aucune certitude. Elle se résoud à défendre préventivement le système avec ses prérogatives d'exploitation éhontées des richesses mondiales et de dominations des autres peuples ! D'où ses multiples interventions militaires au nom de la démocratie et du droit des peuples (ou du peuple américain) avec ses centaines de milliers de victimes. A ce titre le blocus économique de Cuba pour affamer les populations jusqu'à la famine pour inciter aux révoltes, a été imposé jusqu'à ce que le peuple cubin réclame un statut d'esclaves gavés aux fast-foods. Nous avons résisté, nous et le peuple cubain dans son ensemble, solidaire de notre démarche. Certes, nous avons bénéficié de la solidarité des dirigeants soviétiques pas mécontents d'agacer et de provoquer la toute puissante Amérique et de nous transformer, à notre insu en ennemi primaire des USA."
-"Votre soumission à l'URSS et à son système a dénaturé votre image de héraut d'une politique économique sociale au service du peuple cubain."
-"Soumission, soumission, soumission imposée par les USA pour nous discréditer ! Le peuple cubain, dynamique et fier, était perçu comme une menace, non pour ses ses capacités et ses envies à ourdir des complots et à fomenter des attentats sur le sol des USA, mais du fait de son existence pacifique au nez et à la barbe des dirigeants américains. Par contre, sur notre sol, la CIA a incité ou fomenté directement des tentatives d'assassinats qui ont toutes été déjouées. Si nous étions des monstres honnis du peuple, nous aurions été éliminés physiquement par de courageux cubains. Les USA en 1962 ont même encouragé des exilés cubains à débarquer les armes à la main sur les côtes cubaines : leur marine et leur aviation militaires les ont accompagnés jusqu'à la limite de nos eaux territoriales dans la baie -la bien nommée- des cochons. Au dernier moment le président Kennedy s'est opposé à l'intervention directe des forces armées US : c'était de sa part un acte courageux et de bon sens. Kennedy, pour les thuriféraires du système américain, a trahi les idéaux de la grande Nation appelée à diriger le monde. Prévenus par des sources amies des préparatifs d'invasion à partir de la Floride, l'armée populaire cubaine a repoussé les guérilleros de pacotille."
"Oui, Kroutchev nous a apporté le soutien visible et tonitruant de l'URSS. Ni lui, ni nous ne souhaitaient la disparition de notre République populaire. La mise en scène de l'installation des missiles à Cuba, aux portes de l'Amérique confortait notre détermination tout en provoquant l'Oncle Sam. Les véritables ogives nucléaires ne sont jamais arrivées à Cuba : elles ne sont jamais parties car l'URSS ne voulait en aucun cas que des zigotos cubains puissent appuyer sur le bouton de mise à feu et surtout, nous les cubains, nous savions que la présence des ogives nucléaires nous condamnait les premiers à être réduits en cendres dès les prémisses d'un conflit, avant même qu'il ne se généralise ! Le psychodrame mondial s'est résolu par une double reculade : Kroutchev retirait ses fusées à capacité nucléaire et Kennedy s'engageait à respecter notre totale indépendance. Depuis, il n'y a pas eu de nouvelles tentatives de reconquête les armes à la main par les exilés cubains ; seule la CIA est restée active dans ses basses besognes. Nous avons conforté notre indépendance, et si Kennedy a levé le blocus militaire il n'a pu empêché le blocus économique de se poursuivre pendant plus de 50 ans jusqu'encore de nos jours."
-"Vous avez été accusé d'avoir fomenté l'attentat contre Kennedy."
-"Fadaise ! Remettre le sort de Cuba, de notre République dans les mains de cet écervelé d'Oswald c'est du ressort de la CIA ou des mafias : ce n'est pas des Castro ! la commission Warren a validé l'option miraculeuse d'un billard a trois bandes pour justifier le parcours de la balle ayant tué Kennedy, après avoir transpercé un autre passager. Les quelques personnes qui ont témoigné avoir perçu l'origine des coups de feu dans une autre direction ont été victimes de morts accidentelles ou inexpliquées dans les mois qui suivirent. Les Kennedy avaient suffisamment d'adversaires, dans les milieux mafieux et chez les honorables hommes d'affaires, déterminés et prêts à faire payer ses "mauvaises décisions". L'assassinat ultérieur de Bob Kennedy, non imputable à un cubain, vient étayer la thèse du réglement de comptes. Et surtout, camarade Jean-Paul, Cuba n'avait pas le moindre intérêt à abattre un président US : j'ai affronté successivement 10 présidents américains : ils font tous la même politique imposée par le système économico-financier ! ils sont interchangeables, ils font office de secrétaires actifs chargés d'appliquer les directives du système seul capable de maintenir le style de vie des américains, "l'American Way of Life", fait de prédations des ressources planétaires et d'assujettissements des ressources humaines mondialisées."
-"Mes amis dans le Christ, je partage votre analyse sur les méfaits de l'American Way of Life sur la planète entière. Notre planète et ses ressources sont prêtées et mises à la disposition de l'humanité, de tous les humains présents et à venir. Mais, mes amis dans le Christ ce n'est pas une raison pour assouvir le peuple cubain ; auriez-vous peur de la liberté ?"
-"Nous avons sorti le peuple cubain de la servitude à la dictature de Batista et à son asservissement aux prédateurs américains. Notre peuple a retrouvé son honneur et une grande part de sa liberté. Nous lui évitons la petite part de liberté, celle qui consiste à succomber aux sirènes impérialistes, pour in fine, retourner à un esclavage soft, à l'état de force de production jetable et corvéable. Au fur et à mesure que les États desserrent leur étau nous reprenons notre souffle démocratique et économique, notre ouverture au monde car nous ne faisons plus peur au monde, malgré la propagande américaine. Bien au contraire nous sommes même l'avenir de l'Amérique !
-" Camarade Fidel vous vous laissez emporter par votre lyrisme révolutionnaire !"
C'est à ce moment que Raùl prend la parole, il sent son frère fatigué par ses interventions ; il lui coupe la parole :
-"Ce n'est pas du lyrisme, c'est du bon sens, de l'analyse prévisionnelle. Nous sommes entrain de faire évoluer notre révolution vers cette seconde étape. Je m'explique : les américains ne se définissent que dans l'affrontement, ils se réalisent et se rassurent que dans la confrontation, dans la confirmation de leur supériorité. Pour eux le communisme "canal historique" et le socialo-communiste cubain sont dépassés et sortis de l'histoire. Leur adversaire prioritaire pour la suprématie mondiale c'est la Chine. Déjà dans une grande majorité de domaines la Chine est numéro un mondial ou fait jeu égal avec les USA. Elle n'a pas besoin de devenir le champion mondial dans les armements sophistiqués au vu des résultats désastreux des interventions militaires extérieures américaines. L'industrie américaine dépend des usines chinoises ; le maître est devenu esclave et l'esclave le maître en adoptant les méthodes capitalistes tout en conservant un état fort. La Chine retourne en sa faveur les lois du marché et du moins d'état des économies occidentales, en les accomodant à sa propre sauce ; Les USA n'ont été véritablement puissants qu'avec un état fort et mobilisateur : cela fut le cas pendant la seconde guerre mondiale avec l'organisation des productions d'armements et surtout dans le cadre ultra secret du projet gouvernemental "Manhattan" de mise au point de la bombe atomique. Dans ce projet pas le moindre appel d'offres concurrentielles, que des commandes directes et parcellaires. Dans le domaine civil, le projet Apollo de conquête de la lune est une réussite de la NASA, agence gouvernementale ayant les pleins pouvoirs, à l'époque. Dans les deux cas ce sont des démarches planificatrices dignes du collectivisme ! Quelle efficacité ! Pour Manhattan c'est 70 000 chercheurs, ingénieurs et techniciens travaillant dans le plus grand secret sous la supervision des militaires ; pour Apollo c'est la coordination de 300 000 (jusqu'à 500 000 en pointe) chercheurs, ingénieurs, universitaires, techniciens, ouvriers, gestionnaires."
"Aujourd'hui, les innovations de la Silicon Valley, des start-up de l'informatique et de l'intelligence artificielle, sont adoptées, adaptées et améliorées par des millions de chinois, ingénieurs, chercheurs et techniciens de haut niveau. De plus, le déséquilibre des échanges commerciaux dû à la recherche des hautes marges par les importateurs US, permet à la Chine de s'offrir les fleurons de la haute industrie américaine, tel IBM. Le gouvernement chinois mène une politique commerciale agressive dans le but d'offrir chaque année des emplois aux 10 millions de jeunes chinois arrivant sur le marché du travail. Cela dure depuis plus de deux décennies malgré la politique de l'enfant unique. Dans les économies occidentales la priorité est donnée aux profits, la casse des emplois étant la sanction des faibles. Le rebond des USA dû au gaz et pétrole de schistes ne durera pas. Pour éviter une crise massive, les USA et l'Occident doivent donner la priorité à l'humain, au citoyen et abandonner leur culte de la divine finance."
-"Certes, frère Raùl, je souscrit à votre analyse, mais je ne vois pas en quoi vous seriez un modèle et un sauveur pour l'Amérique."
-"C'est l'évidence même ! du moins pour nous ; et l'évidence est toujours la chose la plus difficile à faire admettre. Les américains d'origine hispanique -les latinos chez nous et les américanos chez les yankees- sont de plus en plus nombreux par la natalité et l'immigration massive. Ils constituent déjà un tiers de la population, devant la minorité noire avec ses 15%. Ils font partie de la classe moyenne et des pauvres, avec une petite couverture sociale maladie. En attendant d'être majoritaires les américanos feront la loi dans les élections. La frontière Cuba/USA est appelée à s'ouvrir progressivement avec des réductions réciproques des contrôles aux frontières. Notre excellent système de santé va s'ouvrir au tourisme médical du fait de la qualité de ses prestations et des coûts faibles liés aux taux de change et à l'absence de super profits pour les cliniques et leurs dirigeants. Nous serons obligés de limiter le nombre de visas pour conserver la qualité des interventions, dans l'attente d'un développement progressif de cette activité. Nous serons une bénédiction pour les compagnies d'assurances américaines. Nous ne laisserons pas Cuba se faire envahir par des investisseurs yankees, avides de profits, pour construire des chaînes hôtelières et des réseaux de cliniques. Les investissements étrangers seront minoritaires dans les entreprises de droit cubain, le peuple cubain conservant toujours la majorité : cela se fait sans problème dans les pays du golfe arabo-persique, en Chine, au Vietnam et autres pays."
-"C'est une saine évolution, mais les cubains resterons privés de leur droit à la liberté et à la démocratie !"
-"Camarade Jean-Paul, intervient Fidel, pourquoi cette fixation sur des mots mythiques vidés de leur sens dans les pays occidentaux : nous avons déjà autorisé la propriété privée pour les cubains, sous certaines conditions restrictives, car ce droit à la propriété ne peut s'exercer au détriment d'autrui et du peuple. Nous préparons une évolution de la Constitution garantissant la pérennité des acquis de la Révolution. Nous ne voulons pas d'élections à l'américaine entre deux courants d'un même parti dévoué au système financier, capitaliste et mafieux, où l'importance des budgets de campagne pèse trop lourdement sur les résultats électoraux. Nous voulons un collège de sages, de fidèles à l'esprit de la révolution et au socialisme à la tête du pays : ce collège étant complété par des communautés de citoyens dans les quartiers, les coopératives et les associations professionnelles. Nous allons surprendre le monde entier, quand bientôt nous libérerons tous les prisonniers politiques : s'ils acceptent les lois de notre République ils pourront rester dans le pays, s'ils refusent ils auront la possibilité d'exhausser leurs rêves en s'exilant dans d'autre pays. En conséquence, nous sommes sûr qu'un grand nombre d'exilés ou de leurs descendants retournera au pays, en accord avec nos nouvelles règles démocratiques."
-"Ce n'est pas avec du tourisme médical que vous sortirz le peuple cubain de la misère. Vous simplifiez trop les problèmes."
-"Le peuple cubain n'est pas dans la misère ; certes il ne se gave pas de produits capitalistes souvent inutiles ; c'est le blocus économique qui nous a empêché de développer nos potentialités. Mais c'est aussi ce blocus qui nous a obligé à l'inventivité. L'absence de pesticides nous conduit à une agriculture écologique respectueuse des sols, de l'environnement et de la santé : nous n'avons nulle envie de nous vendre à Monsanto et autres agrochimistes. Notre haut niveau d'enseignement nous permet de développer une autonomie énergétique à partir du solaire, de la biomasse issue principalement de la canne à sucre, et des culture d'algues et de bactéries."
-"Cette voie alliant la simplicité et la performance me permet raisonnable. Il me reste une question prioritaire : comme l'homme a besoin de spiritualité, alors quand allez-vous supprimer toutes les restrictions sur la pratique du catholicisme ?"
-"Ah, camarade Pape, toujours partisan de l'endoctrinement religieux ! En absence de fraternité et d'humanisme la religion est bien utile ; c'est une nécessité pour que quelques-uns conservent leuurs pouvoirs. Nous lèverons quelques restrictions, mais les Autorités religieuses seront exclues du pouvoir politique en tant que telles ; il leur restera le pouvoir de guider les âmes sur le chemin du Paradis. Mais les Castro et leurs successeurs ne feront pas allégeance au clergé comme le fait symboliquement Poutine. Nous veillerons à l'instauration d'une stricte laïcité. Je crois que nous pouvons clore notre entretien.-"
-"Je vous remercie pour cet entretien franc et sincère. J'espère que ma nature spectrale ne vous dispensera pas de vos engagements."
Le Saint-Père se retire, disparaît dans une lueur irréelle et se retrouve au paradis. Dans son éveil en milieu paradisiaque, une interrogation permanente le mine : et si ce n'était qu'un rêve de saint !
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