Conflit à Gaza. Victimes et otages franco-israéliens, qui est responsable d’eux ?
S’agissant de franco-israéliens, on n’abordera pas les considérations juridiques compliquées sur fond d’obligation en général pour la France de porter assistance à ses nationaux. Il faudrait cependant répondre à ces centaines de juifs qui se sont réunis à la grande synagogue de Paris pour « la libération de tous les otages et demandé la libération immédiate de leurs proches. » Oui, mais à qui …
A la France, à Israël... ?
Pour les franco-israéliens victimes des récents événements se pose la question de la responsabilité de la France alors que ces personnes vivaient sur le territoire israélien avec la nationalité israélienne. Une responsabilité franco-israélienne serait-elle envisageable ? Avant d’y répondre, d’autres considérations s’imposent.
En Israël, des familles ont marché cinq jours de Tel-Aviv à Jérusalem pour manifester devant les locaux du Premier ministre pour rappeler leur priorité à celui qu’il considère responsable des otages. Imprégnés de leurs malheurs et probablement par dépit, ils ont incriminé aussi la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, un rabbin avec sa grève de la faim accuse de « passivité les organisations humanitaires ». Victimes d’une angoisse compréhensible, ils cherchent des soutiens pour appuyer leur douleur et des coupables pour ce qu’elle dure.
Si le Premier ministre israélien est responsable pour ces familles, qu’en est-il des franco-israéliens et vers qui nos familles doivent elles se tourner ?
Pour en prendre la mesure, retour en arrière.
2012 ; lors d’une conférence de presse avec François Hollande, Netanyahu disait « En ma qualité de Premier ministre d'Israël, je le dis toujours aux juifs où qu'ils soient : venez en Israël et faites d'Israël votre chez vous »
2014 ; la France devient le premier pays d'émigration vers Israël avec le départ de plus de 6.600 juifs.
2015 ; après les attentats à Paris Netanyahu redit aux juifs de France « qu’Israël était leur "foyer" » et qu'ils "seraient accueillis à bras ouverts en Israël. "
Netanyahu racoleur à Jérusalem lors d'une rencontre réservée aux franco-israéliens prolongeait son slogan ; « … juifs de France, votre avenir est ici, revenez dans votre patrie… Nous attendons une aliyah (immigration) massive des juifs d'Europe et de France en particulier… j’ai fait beaucoup de changements pour aider à l'intégration des juifs de France en Israël… Nous allons continuer à nous préparer à cette immigration massive… nous disons aux juifs, à nos frères et sœurs, Israël est votre maison et celle chaque juif. » En incitant les juifs à faire leur alyah, Netanyahu engageait les responsabilités morales et juridiques de son pays. L’alyah désigne l’acte par lequel un juif décide son immigration en Israël, il devient « olim ». Faire son alyah permet à un juif de bénéficier de la « loi du retour ». Il devra présenter son acte de naissance, ses documents d’identité et ceux de ses ascendants et un casier judiciaire vierge. Israël étant un état juif, l’impétrant devra préférablement fournir un document établissant son appartenance au judaïsme, la confirmation par un rabbin sera utile et probablement requise. Un processus qui devrait dégager la responsabilité de la France vis-à-vis de personnes qui ont choisi de la quitter en responsabilité par cette procédure.
Après les manifestations du prosélyte Netanyahu.
Octobre 2023 ; Yonathan Arfi président du CRIF estime que « ... Nous avons la responsabilité que la France prenne le leadership du combat pour la libération des otages … Il y a une vocation universelle de la France, celle qui fait que des Juifs du monde entier ont choisi la France pour venir y vivre depuis des centaines d’années… » Un contrepied qui tranche avec les avances du rabatteur Netanyahu.
Alors quels recours efficace pour nos familles ?
Notre Président a été fortement critiqué pour ne pas avoir participé à la marche contre l’antisémitisme, au point qu’on serait tenté de lui trouver un suppléant. Un personnage semble devoir s’imposer plus que d’autres pour recevoir les doléances légitimes des familles de français juifs.
Après son élection invalidée en 2022 par le Conseil constitutionnel pour cause d’« irrégularités », Meyer Habib a été finalement réélu. C’est un député français qui rappelait récemment devant l’Assemblée Nationale ses liens avec « son peuple » en parlant d’Israël. Membre du comité exécutif du Fonds national juif, élu au comité directeur d’un CRIF qui fait écho au gouvernement de Netanyahu, proche et ancien conseiller de Netanyahu il avait fêté son élection à l’Assemblée Nationale en se rendant au mur des Lamentations à Jérusalem, des qualités qu’ils devraient mettre au service de nos familles françaises. On suivra avec attention l’utilité de son entregent.
En attendant, la France doit-elle écouter le président du CRIF avec les priorités de ses coreligionnaires, ou poursuivre sur la voie circonspecte que semble avoir choisie notre Président en considération du sort des palestiniens ?
En 2017, Marine Le Pen avait anticipé la réponse à cette question ; "Moi, je suis contre la double nationalité extra-européenne", une position qui peut être difficile en mettant au pied du mur les impétrants. Elle avait provoqué la réaction d’Ariel Kandel qui l’accusait de vouloir « détruire l'identité des juifs de France qui est liée à la fois au judaïsme et à leurs relations avec Israël »
Nota : En France on ne doit pas connaitre le nombre de binationaux (3 ou 4 millions) au motif de « protection des origines raciales, ethniques ou religieuses. » François Fillon avait l’intention de « faire sauter le tabou des statistiques ethniques », un projet qui attend des émules.
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