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Accueil du site > Tribune Libre > Biden-Netanyahu : la nuit des morts vivants

Biden-Netanyahu : la nuit des morts vivants

"De guerre en guerre

De guerre lasse

La mort nous veille La mort nous glace..."

Ce sont des paroles de la chanson de Jacques Brel  "La Chanson de Van Horst qui se termine par :

"Je suis un mort Encore vivant"

Ces mots pourraient s'appliquer aux deux protagonistes qui président aux destinées des habitants de Gaza : Biden et Netanyahu. Le premier a finalement mis en danger ses chances de réélection pour apporter son appui au second qui ne lui marque aucun signe de respect, voire le méprise.

Contrairement aux premiers ministres israéliens précédents, Netanyahu ne cherche pas à complaire aux dirigeants américains, et encore moins leurs demandes, d'ailleurs pour le moins hypocrites, d'épargner les civils dans la bande de Gaza. La coalition des groupes intégristes hétéroclites qui composent le gouvernement d'Israël semble croire que leur petit pays surarmé (par les amis de Biden) peut faire cavalier seul, sans aucun soutien international, mais en fait, Netanyahu est un homme mort qui marche. Il est condamné à poursuivre la guerre à Gaza pour conserver son poste de Premier ministre car, quand la guerre prendra fin, le règne de la bande de Netanyahu prendra également fin.

 

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Avec Netanyahu, la nation israélienne est en régression sur les plans juridique, moral et économique. Les actions de la Cour internationale de Justice reflètent le déclin juridique et moral. Les investissements étrangers sont en baisse et l'agence de notation Moody's a abaissé la note d'Israël en devises étrangères et en monnaie locale. Or, par effet boule de neige, la perte de confiance des électeurs et épargnants américains pourrait entraîner également la défaite politique de Biden lors des élections de novembre.

Le point de départ de cette régression n'est pas d'hier. Il se situe au moment où, pour se maintenir au pouvoir, le conservateur Netanyahu s'est allié avec des mouvements qui l'ont fait déraper sur des terrains rendus glissants par la saturation de théories racistes ségrégationnistes, il y a dix ans. L’image d’Israël en tant que nation progressiste et laïque a alors commencé se ternir pour finir par laisser la place à un état religieux sectaire.

Toujours pour des raisons d'électoralisme opportunistes (machiavéliques serait un euphémisme), Netanyahu a dû introduire au gouvernement des fanatiques en croisade menés par Bazalel Smotrich (ministre des Finances) et Itamar Ben-Gvir (ministre de la Sécurité nationale). Le cap du navire Israël s'avère de plus en plus à droite, et le capitaine à la dérive ne s'en tient qu'aux vents dominants.

Les deux ministres sus-nommés sont des partisans déclarés de feu Meir Kahane, dont le parti fasciste "Kach" a été interdit en Israël en 1994 par le gouvernement israélien en vertu des lois antiterroristes de 1948 suite à ses déclarations de soutien à Baruch Goldstein qui a massacré 29 Palestiniens au Caveau des Patriarches. Kahane lui-même a été banni de la politique israélienne en 1988, mais lors des dernières élections israéliennes, six extrémistes de sa mouvance ont remporté des sièges à la Knesset.

La mutation d’Israël au cours des dix dernières années signifie que les dirigeants israéliens ne cherchent même plus à donner à leur pays le label homologué de "démocratie" et s'en tiennent à d'autres valeurs, en particulier celle affichée par l'intitulé de leur pays sous le vocable d"État juif". Le gouvernement ne se préoccupe pas de protéger les droits civils des deux millions de citoyens arabes à l'intérieur des frontières israéliennes, qui représentent environ 20 pour cent de la population du pays. Netanyahu ne se préoccupe nullement du contrôle judiciaire de la Cour suprême israélienne. Sa campagne pour neutraliser la Cour suprême avait provoqué une campagne de protestation qui a été stoppée net par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Alors, pour en revenir aux relations israélo-américaines, il peut paraître étrange que les dirigeants américains continuent de souligner l’importance d’une solution à deux états, alors que Netanyahu et ses acolytes ont déclaré formellement qu’il n’y aurait pas de négociations en vue d’une telle solution. Au cours des dix dernières années, toujours avant la guerre de Gaza, Netanyahu s’est efforcé de rendre permanente l’occupation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie. L’administration Trump a soutenu ces mesures, en déplaçant l’ambassade américaine à Jérusalem et soutenu la politique d’occupation d’Israël. Aujourd’hui, le gouvernement israélien est en train de rendre Gaza totalement inhabitable et de fait, au-delà des déclarations diplomatiques, l’administration Biden est complice des crimes de guerre de la campagne militaire israélienne.

Il n’y a aucune justification ni explication pour les horreurs que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont provoquées à Gaza, qui ont notamment entraîné la mort de 12 000 enfants palestiniens. Le fait que les Juifs israéliens, qui se sont unis autour du principe du « plus jamais ça » au lendemain de l’Holocauste, soient responsables de cette tragédie est particulièrement affligeant.

Rien n’indique que l’assaut israélien contre les Palestiniens diminuera en intensité, et encore moins s’arrêtera, et l’affaiblissement de l’environnement sécuritaire finira par créer de plus grands risques pour la sécurité sur le territoire-même d’Israël. L’éventualité d’une reprise de la guerre à la frontière nord avec le Liban n'est pas à exclure, car l'équipe en place risque de se montrer de plus en plus agressive pour maintenir Netanyahu au pouvoir.

Biden s’est déclaré "profondément préoccupé" par le sort des otages. Les otages américains et même israéliens malgré l'ingratitude de leurs dirigeants, mais pas les 2 millions d'otages Palestiniens à Gaza. Netanyahu ne s’est jamais préoccupé des cinq millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, et son objectif est de vider Gaza de ses habitants. L’administration Biden fait semblant de ne pas le comprendre, ce qui rend surréalistes les missions du secrétaire d’État Antony Blinken et du directeur de la CIA William Burns, ainsi que les conversations que Biden continue d’avoir avec Netanyahu au risque de plus en plus évident de mécontenter son propre électorat.

La partie d'échecs entre les deux compères risque de se terminer par un "pat", et ce ne sont pas les "instances internationales" manifestement réduites à de vaines protestations balayées par les vétos américains successifs qui vont fournir la cartes de la nouvelle géopolitique.

À la fin du film "la nuit des morts vivants", les zombies envahissent la maison de Ben qui va se cacher dans sa la cave. Harry et Helen se réaniment, et il est forcé de les abattre.

 


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