Biden est-il vraiment marxiste et fasciste ?
Le 24 Juin dernier, date anniversaire de la suppression du droit constitutionnel à l'avortement par la cour suprême qu'il a mise en place, Trump a prononcé un discours-programme lors d'une conférence de l'église chrétienne évangélique, championne du « suprémacisme blanc », conférence dont le thème était "la foi et la liberté".
Parmi d'autres envolées évoquées plus loin dans ce billet, Trump a affirmé dans ce discours que le très catholique Joe Biden était anti-religieux et qu'il persécutait les chrétiens, et il a ajouté que la « gauche radicale » et « l'État profond » mondialiste, dirigé par des marxistes comme le susdit Biden et Merrick Garland (le procureur général des États-Unis poulain d'Obama), avaient mis sa tête à prix.
Il s'est ensuite engagé à relancer sa politique nataliste et à remettre en vigueur la séparation des enfants et de leurs parents à la frontière sud des États-Unis, mais surtout qu'il abrogerait la « citoyenneté du droit d'aînesse » qui fait que les personnes nées n'importe où sur le territoire américain, y compris Porto Rico, Guam et les îles Vierges, obtiennent automatiquement la citoyenneté américaine, ce qui nécessiterait la suspension du 14e amendement de la Constitution américaine qui intègre cette clause, mais qui garantit en même temps l'égale protection de tous ceux qui se trouvent sur son territoire, et du coup interdit la ségrégation dans les écoles publiques, assure aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes et abolit toute forme de discrimination entre les sexes faisant du mariage homosexuel un droit constitutionnel, par ricochet.
Sous les applaudissements d'un public enthousiaste, il s'est d'ailleurs félicité d'avoir entamé le processus lors de son mandat en mettant fin au droit constitutionnel des femmes à l'avortement instauré il y a plus d'un demi-siècle, tout en qualifiant ses ennemis du Parti démocrate d'entreprise de marxistes et de fascistes, deux termes qui sont sans doute synonymes pour lui qui se considère comme le parangon d'une "démocratie" dénuée d'idéologie, mais patriotique et dominante : "America Great Again".
Ces valeurs essentielles étant posées, il a continué avec la même ferveur dans la lignée du Maccarthysme dont il est nostalgique en affirmant que, s'il était réélu (ce qui, vu la tournure que prennent les événements ces derniers temps dans l'empire et ses colonies, n'est pas exclu) il ordonnerait des expulsions massives de personnes "de gauche" (ce qui aux États-Unis se situe à gauche de l’extrême droite), citoyens et non-citoyens. "En fin de compte, soit les communistes détruisent l'Amérique, soit nous détruisons les communistes ", a-t-il dit déclaré en ajoutant : « C'est la bataille finale. Avec vous à mes côtés, nous chasserons les mondialistes, nous chasserons les communistes. Nous allons vers le communisme. Il n'y a jamais eu une période comme celle-là dans l'histoire de notre pays. Et c'est ainsi que commence le communisme. Et nous ne pouvons pas laisser cela se produire."
Mais ce n'est pas tout. Pour lui, il ne suffit pas de réprimer pour corriger l'existant, il faut prendre des mesures préventives pour empêcher les mauvaises herbes de repousser en effectuant des expulsions massives d'immigrants ayant des opinions indésirables : « en utilisant la loi fédérale, l'article 212 (f) de la loi sur l'immigration et la nationalité, j'ordonnerai à mon gouvernement de refuser l'entrée à tous les communistes et à tous les marxistes. Ceux qui viennent rejoindre notre pays doivent aimer notre pays… nous allons empêcher les communistes, les socialistes et les marxistes étrangers qui détestent les chrétiens d'entrer en Amérique. Nous les gardons hors de l'Amérique". Il faut croire que les détecteurs d'opinion fournis par l'intelligence artificielle fourniront à la police des frontières américaine l'outil capable de démasquer les terroriste travestis en touristes, mais il y a un hic : "Ma question est, qu'allons-nous faire de ceux qui sont déjà ici, qui ont grandi ici ?".
Dans un élan spontané d'exaltation et de piété, Le public de la conférence intitulée "Foi et Liberté" s'est alors levé en chœur en réponse à la question de Trump, en scandant « Déportez-les ! Déportez-les ! ». Comme si l'élimination se limitait à la déportation !
Tout ça fait évidemment penser au célèbre poème (malheureusement trop souvent détourné de son véritable sens et instrumentalisé) de Martin Niemölle, pasteur luthérien allemand et théologien, dont une des versions est celle-ci :
« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Les électeurs du pays qui sert de modèle aux dirigeants de l'UE qu'il contrôle et à leurs valets vont être confrontés à un sérieux dilemme. Il faudra choisir entre ce grand humaniste et l'homme qui vient d'obtenir du Congrès le feu vert pour livrer des bombes à fragmentation à l’Ukraine.
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