Biden a-t-il offert du territoire ukrainien à la Russie ?
Un journal européen cite un rapport attribué à une agence de presse russe selon lequel le président américain Joe Biden a envoyé le directeur de la CIA William Burns en mission secrète à Moscou et à Kiev à la mi-janvier. Le président russe Vladimir Poutine se serait vu offrir 20 % du territoire ukrainien dans le cadre d’une offre de paix et de fin de la guerre.
De son côté, la Maison Blanche a catégoriquement rejeté cette affirmation. Mais des questions demeurent sur le contexte et la vraisemblance de cette affaire. La réfutation est venue non seulement de Sean Davitt, secrétaire de presse adjoint du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, mais aussi d’un responsable du renseignement américain.
Il y a également une réfutation officielle du porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, qui a qualifié les informations de trompeuses et complètement fausses, et a nié que le directeur de la CIA ait effectué une visite secrète à Moscou.
Le rapport du journal reproduit ces allégations dans le contexte de l’explication des circonstances et du contexte de la déclaration du chancelier allemand Olaf Scholz et du président américain Joe Biden sur le déploiement de chars Leopard 2 et Abrams en Ukraine.
En parallèle, le Washington Post a rapporté que Burns avait effectué une visite secrète à Kiev avant l’annonce américaine d’envoyer des chars à l’Ukraine. Il aurait rencontré le président Volodymyr Zelensky et aurait discuté avec lui de l’évolution de la situation.
Les députés ont également cité un rapport d’un journal européen selon lequel l’offre de paix rejetée par la Russie et l’Ukraine a été faite dans le contexte d’une division dans les cercles décisionnels américains sur la façon de traiter la situation en Ukraine.
Le directeur de la CIA, William Burns, et le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, souhaiteraient rechercher une solution politique pour mettre fin à la guerre afin de concentrer leur attention sur la Chine, tandis que le secrétaire d’État Anthony Blinken et le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, restent déterminés à continuer de soutenir Kiev.
En analysant de tels rapports, on ne peut pas exclure catégoriquement l’hypothèse de leur crédibilité face aux démentis officiels, même s’ils proviennent de la partie russe, qui à première vue a des intérêts particuliers à annoncer de tels événements ou même à les laisser sans démentis officiels, également en termes de propagande et pour souligner la force de la position russe.
Il y a des raisons de penser que le déploiement de chars n’est rien d’autre qu’une tentative d’exercer une pression maximale sur la Russie.
L’efficacité opérationnelle de ces chars ne sera pas aussi élevée que certains l’imaginent, soit parce que le nombre de chars spécifié est limité (14 chars Leopard-2 et 31 chars Abrams), il est donc difficile de compter sur eux pour résoudre les batailles au sol, soit parce que ces chars, ou du moins les chars américains, n’arriveront pas aussi rapidement en Ukraine. De plus, l’absence de soutien aérien rend leur tâche sur le champ de bataille extrêmement difficile.
Le lien entre le déploiement de ces chars et le rejet par la Russie de la prétendue offre américaine ne semble pas convaincant. La suggestion a été rejetée non seulement au Kremlin mais aussi parmi les dirigeants ukrainiens, indique le rapport. Quelle que soit la véracité de ce rapport, la recherche d’une sortie de crise au niveau du renseignement devrait déjà être présente.
Il est presque certain qu’il existe des canaux secrets entre la Russie et les États-Unis pour envisager une solution à la crise ukrainienne, d’autant plus que la plupart des objectifs américains en Ukraine ont été atteints, tant militairement qu’économiquement.
Le meilleur intérêt stratégique des États-Unis à l’heure actuelle est d’empêcher la crise ukrainienne de dégénérer en une guerre à grande échelle en Europe, avec toutes les conséquences qui s’ensuivraient et qui seraient un désastre stratégique pour les États-Unis, qui pourraient être contraints d’intervenir pour défendre leurs alliés européens et d’abandonner l’idée de relever le défi croissant de la Chine en Asie.
Il est donc possible que les États-Unis tentent de prendre le pouls des parties russe et ukrainienne. Ces communications sont comme des ballons d’essai pour mesurer le degré d’acceptation de l’idée des deux côtés ou pour préparer l’opinion publique à accepter certaines concessions ou compromis, ce qui est une pratique courante pour les milieux du renseignement dans de telles circonstances.
La situation actuelle sur le terrain est si complexe qu’il est difficile de prévoir que l’une ou l’autre des parties résoudra le conflit militairement, ce qui implique une crise prolongée qui se terminera inévitablement par l’assise des deux parties à la table des négociations, comme dans la plupart des conflits militaires de l’histoire.
Dans le même temps, il est difficilement concevable que la Russie se retire complètement du territoire ukrainien, à moins d’une défaite militaire complète de l’armée russe.
Cela est également peu probable, car les dirigeants russes ont déclaré qu’ils refusent une défaite militaire de leur pays, même s’ils sont obligés de recourir aux armes nucléaires, de sorte qu’une victoire militaire ukrainienne sur l’armée russe est également difficile à concevoir dans les circonstances actuelles.
Le conflit reste donc dans un cadre d’attrition mutuelle s’il se poursuit à ce rythme. L’analyse ci-dessus ne signifie pas nécessairement qu’une offre américaine à Moscou est probable, pour la simple raison que le directeur de la CIA William Burns estime que les six prochains mois seront « très cruciaux » pour l’issue finale de la guerre.
Burns estime que la solution se trouvera sur le champ de bataille au cours des six prochains mois et que la nécessité de briser « l’orgueil de Poutine » est l’une des étapes nécessaires à la résolution de la crise ukrainienne. Il est désormais peu probable qu’il lui fasse une offre qu’il sait d’avance qu’il n’acceptera pas.
Ainsi, la décision d’envoyer des chars en Ukraine peut avoir été étroitement liée à la visite de Burns à Kiev en janvier.
Elle était également liée à sa conviction qu’il était important d’empêcher par tous les moyens la Russie d’avancer davantage sur le territoire ukrainien et d’envoyer un signal clair au Kremlin que le scénario de la perte des territoires capturés par les forces russes en Ukraine était envisageable, que l’Ukraine ne pouvait pas être conquise, que le soutien occidental à l’Ukraine ne faiblirait pas et que l’intimidation n’avait aucun effet sur les alliés occidentaux. Tout cela, selon les services de renseignement américains, pourrait briser la fierté du Kremlin et le contraindre à repenser son intervention en Ukraine.
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