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Aux origines de la Révolution française de 1789. Volet N° 1 : les Physiocrates

L’ultra-libéralisme est né à Versailles.

C'est dans un contexte pré-révolutionnaire qu'un soir, au cours de causeries impromptues, dans un appartement du château de Versailles, situé juste sous celui de madame de Pompadour, que naquit un mouvement de pensée, une doctrine économique qui va complètement modeler, façonner la Révolution française et jeter les bases du capitalisme du XIXe siècle : le mouvement PHYSIOCRATE.

Louis XIV, le roi-soleil, avait pendant son long règne considérablement alourdi le système fiscal et son arrière-petit-fils Louis XV avait continué dans ce sens. Jusqu'au XVIIe siècle, la France avait été prospère du point de vue rural. Mais, considérablement affaiblie par la guerre de sept ans, elle vit son agriculture paralysée et les friches de multiplier. Un contemporain de Louis XV note et déplore : « La nature retourne à son état sauvage ». La condition paysanne se dégrade dans le royaume, les collecteurs d'impôts sont sans pitié. Ajoutés à cela, des hivers de plus en plus rigoureux avec de fortes gelées aux cours des deux années consécutives 1760-1761. Vignes et blés gèlent sur pied, réduisant la population à la famine ? Devant ce désastre économique qui inquiète toutefois le roi et ses ministres, des premières mesures seront prises par le gouvernement. Des intendants du roi seront chargés de distribuer des semences pour ré-ensemencer le sol, (blé, seigle, sorgho, etc...). La construction d'un réseau de routes supplémentaire est organisée et commencent à voir le jour, des sociétés d'agronomie qui distribueront maints conseils aux paysans. Ceux-ci s’obstinent à utiliser des outils archaïques et pratiquent des méthodes dépassées de labour. On créé des concours pour stimuler le monde paysan (les ancêtres des comices agricoles). Pour couronner le tout, devant l'indigence et les pertes matérielles considérables de cette période de « vaches maigres », il est demandé aux préposés des impôts de faire preuve d'humanité et de modération dans les collectes auprès des populations touchées, recommandations qui ne sont pas toujours suivies d'effet.

En 1774, 60 % de la population rurale française appartient encore au servage. Malgré tout, les conditions d'un développement économique commencent à voir le jour et les vieilles méthodes de culture et de production, petit à petit abandonnées. Le nombre de propriétaires terriens moyens augmente en même temps que l'accroissement de la production et la naissance d'une classe sociale rurale aisée un peu partout dans le royaume. Automatiquement même si le nombre de terres arables à la disposition de ces paysans moyens très demandeurs de propriétés supplémentaires s’accroît, la condition du serf, elle, perdure et constitue le gros de la main-d’œuvre rurale.

Depuis le début du XVIIIe siècle, l'industrialisation lente du pays est amorcée, elle continue à se développer. Marseille par exemple compte 35 fabriques de savon pour mille manouvriers. Lyon importe des machines à carder d'Angleterre, pour ses soieries, entre 1750 et 1770 et la navette va définitivement détrôner le rouet. Les populations paysannes dans le royaume sont prolifiques et l'on fait beaucoup d'enfants, (la mortalité infantile extrêmement élevée). Aussi, la misère paysanne ira alimenter les industries naissantes et prospères, où « des concentrations capitalistes et de grande envergure contrôlent à peu près tous les domaines de la métallurgie, des mines, des textiles ».

Les industriels français sont inventifs et ont le « génie de l'application », mais contrairement à l'Angleterre, ils manquent de capitaux frais pour développer encore plus leurs industries et leurs commerces. Il leur faut des finances toujours plus importantes pour le développement mécanique. On pense aux soyeux lyonnais, notamment. Plusieurs inventions de génie viennent se mettre au service de l'industrie française. Mais on continue à circuler à cheval (la machine à vapeur de Cugnot n'a pas eu de succès), on roule en carrosse ou on emprunte les canaux dont le réseau important permet la circulation des hommes et des marchandises. Le service des postes est perfectionné et à partir de 1760, il s'étend sur tout le royaume. Cependant le commerce est entravé par une kyrielle de douanes et d'octrois entre les Provinces françaises.

Il y a également un commerce lucratif, très légal et parfaitement immoral qui va permettre l'enrichissement d'une multitude d'individus, issus de toutes les classes sociales, la traite négrière, le commerce du sucre, entre la France et les Indes Occidentales. Mondialement la production de l'or et de l'argent bat son plein et profite pleinement à des hommes d'affaires bien installés sur leur commerce de métaux précieux qu'ils vendent à des tarifs prohibitifs lorsque le prix de la matière première et la façon de l'exploiter par une main d’œuvre quasi gratuite ne leur coûtent rien.

Les fortunes augmentant à l'aune de ces conditions économiques au beau fixe, une classe moyenne se développe rapidement. Louis XV, dont le trésor royal diminue devient dépendant de ses banquiers. On retiendra le nom de Paris-Duverney qui en véritable acrobate financier faisait la pluie et le bau temps à la cour de Versailles.

Ce que l'on peut retenir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, alors que le pouvoir du roi est affaibli par les intrigues de toutes sortes et qui permet à des hommes de l'industrie, du commerce et de la finance d'asseoir leur pouvoir et leur autorité en la matière ?

Des pans entiers de richesses s'envolent des mains des aristocrates propriétaires terriens pour échouer dans les leurs. A ce propos, Voltaire en 1755 soulignera que grâce à ce, les écarts entre les classes sociales diminuent. Fait-il allusion aux classes rurales et ouvrières défavorisées ? Non ! Il s'intéresse surtout aux classes moyennes, dont il fait partie, à la Bourgeoisie, cette nouvelle classe, ces nouveaux riches qui grignotent de plus en plus, jusqu'à l'affaiblissement général de l'aristocratie de sang, les « grands », comme on les nomme au XVIIIe siècle. Et qui se laissent bercer d'illusions et déposséder petit à petit dans les fastes de Versailles et l'amollissement moral et intellectuel de toute une cour qui gravite pompeusement autour de Louis XV qui entretient ce climat comme le fit si bien son arrière-grand-père, mais pas pour les mêmes raisons. De cette brillance frivole de la cour, la gourmande bourgeoisie du XVIIIe siècle va tirer profit. Elle se met à imiter l’aristocratie de sang, elle se fait construire à son tour des petits palais, de belles demeures, et patronne et plastronne. Elle se cultive, elle se veut également protectrice des Arts et des Lettres, elle progresse...

Elle n'a peut-être pas le savoir-vivre et le raffinement poussés à l'extrême de l'Aristocratie de sang, mais elle tente de se ranger à son niveau, la roture se veut l'égale de l'aristocratie.

Or, il lui reste un écueil évident pour elle à surmonter. Pour qui de cette bourgeoisie veut faire carrière dans les hautes-fonctions administratives, militaires ou de robe, seuls le blason et l'arbre généalogique sont de rigueur. Ces nominations, ces charges sont héréditaires et réservées exclusivement aux aristocrates de sang. Or, le bourgeois même talentueux est parfaitement ignoré. Cela lui donne des aigreurs. Alors, il flirte !

Avec quoi, avec qui ?

Les idées nouvelles !

Das ce Paris flamboyant en surface et noir en ses profondeurs, il règne une effervescence des esprits. Et les plus remarquables du siècle. Rousseau dira de Paris que c'est la ville au monde où les fortunes sont les plus inégales, où la richesse ostentatoire et la pénurie effroyable se côtoient. Paris compte 600 000 habitants sur 22 millions dans tout le royaume. Tout se rencontre, se mêle et se croise dans cette immense ville, des milieux les plus distingués aux plus sordides et dépravés.

LES PHYSIOCRATES.

Depuis le XVIIe siècle, l'économie française contrôlée par les réglementations que Colbert avait mises en place, les commerçants et les facteurs d'industries pestaient contre ces restrictions et notamment contre les corporations très organisées en dedans et en dehors, soumettant les Bourgeois à un ordre économique très réglementé. Cet ordre, il fallait donc le remettre en question et ce sont des hommes tels que Gournay, du Pont, Quesnay, le père de Mirabeau, qui affirmeront ces dispositions « contre-nature » et des entraves insupportables au commerce, donc pas indispensables. Car ils prétendent étonner le monde par leur esprit d'innovation et de leurs capacité d’innovations.Le mot « physiocrate » vient de « physis » (nature) et de kratein (gouverner). L'homme doit rester libre d'inventer, de fabriquer et de commercer selon la nature de ses instincts, car l'instinct premier de l'homme c'est de commercer. C'est ainsi que pensent ces hommes du XVIIIe siècle. Il faut « laisser faire » martèle Gournay.

Jean-Vincent de Gournay peut-être considéré comme le premier « physiocrate » en exprimant clairement la pensée de ce mouvement économique qui donnera naissance au libéralisme, avec inscrit dans ses gênes : l’ultra-libéralisme d'aujourd'hui.

Considérant comme étouffantes ces réglementations royales, en s'appuyant sur les « Brief Observations concerning Trade and Interest », de Sir Josiah Child (écrit en 1668), Gournay les traduit en 1754. Or, avec l'ouvrage de l'Irlandais Richard Cantillon, paru autour de 1734, ou « comment organiser l'étude des ressources, production et distribution de biens », Cantillon dit : « La terre est la source où le matériel et la richesse sont extraits  », mais « Le travail de l'homme est la forme qui produit cette richesse  ».

C'est une définition révolutionnaire pour l'époque.

Qui était Gournay ?

Un homme d'affaires qui commerce avec l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne. Intendant de commerce en 1751, il parcourt la France en tournées d'inspection. Son élève, qui deviendra le célèbre Turgot, ministre de Louis XVI, résumera ses thèses après sa mort en 1759.

Pour lui, Gournay pensait qu'il était grand temps d'alléger les lois qui régissaient l'économie, le commerce, sinon de les supprimer. Chaque individu savait mieux que le Gouvernement comment s'y prendre pour augmenter le rendement du travail. Et chacun devait rester libre de suivre son bon instinct des affaires, il s'ensuivrait une augmentation de la production des biens par la force du travail. Et que l’État seul, ne devait pas se substituer au maître ou facteur d'industrie, que son rôle devait être contenu pour n'être que le protecteur de la propriété, d'encourager la production en quantité et en qualité, et en distribuant les récompenses et distinctions.

Qui était Quesnay ?

François Quesnay rajoute à cette nouvelle théorie économique, la Raison. C'est un dogmatique et très sûr de lui. Il participe à l'Encyclopédie de Diderot, en y ajoutant des écrits sur les « Fermes » et les « Graines ». Pour lui, les petites exploitations ne sont pas en mesure d'utiliser avec profit les meilleurs méthodes de production, il prône de vastes plantations dirigées par des « entrepreneurs ».Il demande l'affranchissement des taxes douanières sur le transport des produits agricoles et de toutes les restrictions dont ils sont frappés.

Le manifeste fondamental des physiocrates.

En 1758, Quesnay le fait imprimer à Versailles, mais sous le contrôle du roi. Il créé de toutes pièces, une série de classes sociales nouvelles :

1/ La classe productive : fermiers, mineurs, pêcheurs.

2/ La classe disponible des gens à disposition : militaires et administrations royales.

3/ La classe stérile : les artisans et commerçants.

Il revient sur le système des Impôts. Il est pour un impôts unique, perçu sur le profit annuel net de chaque parcelle. Système plus juste et scientifique.

Or, à l'étude, le système Quesnay pèche par la sous-estimation du travail de l'industrie et du commerce, soit de la plus-value, et du domaine de l'Art, des arts en général au vu des nombreuses manufactures royales.

A l'époque, il fait l'effet d'une « révélation lumineuse », selon les termes de Mirabeau, un de ses disciples avec le « Tableau Économique » de Quesnay, qu'il considérera comme une des plus nobles inventions de l'histoire.

Gagné par ses idées, Mirabeau rédigera son livre « l'Amitié des hommes, ou traité de la population ». Six volumes où se verront développer l'esprit des Lumières, et préparer les esprits à la révolution françaises de 1789.

Lemercier de la Rivière est aussi un des disciples de Quesnay, il rédige à son tour : « l'Ordre Naturel et essentiel des sociétés politiques ». Adam Smith, l'Anglais, le consacrera comme « le plus clair et le meilleur exposé systématique de la doctrine ».

Le mot est lâché : Doctrine !

Les rapports économiques seront soumis dès lors à des Lois analogues à celles de Newton, peut-on-dire, (en se remettant dans le contexte de l'époque). Des lois d'Airain, en matière économique que nul ne saurait remettre en cause. L'argument massu des concepteurs du libéralisme ! Liberté d'entreprendre, élément essentiel d'une activité industrieuse et le désir d'en jouir. Stimulation de la compétitivité et l'expérience scientifique qui s'y rattache. Chacun pourra agir pour son plus grand avantage, en contribuant par son intérêt particulier peu ou prou au bien général.

Enfin parmi les « Evangélistes » de la doxa libérale, Pierre-Samuel du Pont. Il diffusera la doctrine par des périodiques jusqu'en Suède et en Italie où il rencontrera du succès.

Mais les physiocrates n'ont pas que des amis. Les philosophes au début très en adéquation avec leur théories, finiront par les considérer comme arrogants et chimériques. Les grands féodaux s'insurgent de leur côté car exemptés du paiement des impôts sur les revenus du sol, voient d'un très mauvais œil d'avoir à en payer. Voltaire, Diderot les tourneront en ridicule, ainsi que l'Italien Galiani.

Cependant ces idées font leur chemin, y compris à l'étranger. Et c'est Adam Smith, un Anglais qui reprendra les idées de Quesnay en corrigeant les petites imperfections de sa théorie. Toute l'Europe bientôt se mettra à la physiocratie. Jusqu'en Amérique où une expansion industrielle et l'accroissement des richesses commencent à voir le jour après la guerre d'indépendance pour laquelle l'aimable Louis XVI, sous la pression de Lafayette avait consacré à aider les Américains à se débarrasser des Anglais, une partie non négligeable du trésor français, pour envoyer des troupes et de l'armement, et des bâtiments de la marine royale.

Quinze ans plus tard, la révolution française verra le triomphe des idées des « physiocrates ».


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29 réactions à cet article    


  • non667 22 décembre 2014 12:37

    et les judéo -franc macs dans tout ça ?


    • La mouche du coche La mouche du coche 22 décembre 2014 19:15

      Article politiquement correct dans la lignée gouvernementale bancaire. On ne s’étonnera pas que l’auteure ait reçu de nombreux prix : elle dit exactement ce que le pouvoir veut qu’elle dise. L’effondrement et la nullité de sa société de « physiocrates » que nous avons encore aujourd’ui devraient la remettre en question mais elle s’en fiche : ce qui lui importe est de recevoir des prix. smiley


    • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 15:35

      @ Non 667

      J’y viendrai, dans un prochain volet de mes articles consacrés à la révolution française, leur rôle ne fut pas négligeable.


    • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 15:37

      @ Mouche du coche

      Votre commentaire est ridicule ! Et n’apporte rien au fil de discussion.


    • La mouche du coche La mouche du coche 23 décembre 2014 22:48

      Vous décrivez l’ancien régime comme un peuple d’idiots et de barbares, c’est d’une pauvreté et d’un conventionnel inouï.


    • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 27 décembre 2014 09:24

      @ Mais... chère Mouche du Coche, je ne demande qu’à découvrir vos incomparables connaissances en la matière,je suppose, lorsque vous nous pondrez un article sérieux, documenté, étayé sur l’ancien régime ! Je ne demande qu’à m’enrichir de vos lumières !


    • La mouche du coche La mouche du coche 28 décembre 2014 23:57

      Facile pour moi mais pour vous ça va être très difficile.
      Si vous continuez de prendre pour des imbéciles des gens qui ont produit Rembrandt, Mozart et les cathédrales, et que vous considérez comme le summum de la civilisation un plug anal et un urinoir dans un musée, c’est que vous êtes dèjà dans la Matrice et nous ne pouvons plus rien pour vous. Désolé.


    • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 29 décembre 2014 06:58

      @ La Mouche du coche

      Facile pour vous ? Eh bien prouvez-le !


    • La mouche du coche La mouche du coche 1er janvier 2015 11:35

      ...Désolé...


    • Jean Keim Jean Keim 22 décembre 2014 15:47

      Donc les français auraient inventé l’économie libérale ... et la révolution de 1789 à été fomentée pour favoriser son développement en diminuant la puissance de l’aristocratie, les anglais sont responsables de l’essor du capitalisme, le décor actuel s’est mis en place à cette époque et la finance aves son outil : la banque internationale est montée en puissance dans le milieu du 17ème siècle, également principalement en Angleterre. Que manque-t-il pour que le tableau sont complet ? 

      En fait je ne sais pas si la nature de l’homme est de commercer mais de tout temps il a été cupide et a exploité le monde et ses semblables à outrance.

      • Pere Plexe Pere Plexe 22 décembre 2014 23:37

        il y a un pas à franchir pour passer de « la RF à permit l’essor de » à la « RF à été fomenté pour... »
        Non ?


      • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 15:41

        @ Bonjour Jean Keim,

        Quelque part oui, ils auraient été les concepteurs de l’économie libérale, avec les Anglais, bien entendu. A une époque où les règlementations royales étaient strictes, et les corporations puissantes, il était de bon ton de penser qu’un des traits principaux de l’homme était de commercer. Maintenant les Physiocrates parlaient également de « nature » en se référant à la terre, ce que j’aurais dû préciser dans mon article.

        Cdt.


      • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 15:46

        à Pere Plexe

        Toute la problématique de la révolution française, c’est qu’elle est d’essence bourgeoise, ce qui fausse complètement la perception que depuis plus de deux siècles l’école de la république distille en nous faisant croire qu’elle est un soulèvement populaire, unanime et enthousiaste. Elle fut préparée de longue date d’abord dans les salons de causeries mondaines, ensuite dans les Loges et les Club. Le peuple a suivi, tout simplement.

        cdt


      • Richard Schneider Richard Schneider 22 décembre 2014 16:06

        Je pense qu’il y aura une suite.

        Certes, la conclusion, on la connaît : la RF est avant tout une révolution de la bourgeoisie libérale - avec un court intermède « robespierriste ».
        Attendons le volet 2 de cet thèse.

        • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 15:49

          @ Richard Schneider,

          Effectivement, mon premier volet consacré aux physiocrates et à leur rôle important dans les idées nouvelles qui donneront lieu à la Révolution Françaises, sera suivi par plusieurs volets sur les autres influences parfois contradictoires dans ce bouillonnement philosophique et culturel de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

          Cdt


        • Richard Schneider Richard Schneider 22 décembre 2014 17:34

          Mille excuses : Lire « de CETTE thèse » !


          • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 22 décembre 2014 19:28

            C’est en effet grâce à ces nouvelles idées, alors que depuis les débuts de l’humanité, la pauvreté était la norme et la richesse l’exception, que nous vivons dans des pays où c’est la richesse qui est la norme et la pauvreté qui n’est plus acceptable.

            En à peine deux siècles, une petite région du monde (l’Europe) est soudainement devenue extrêmement riche. Progressant dans tout les domaines : sciences, culture, santé, éducation.

            Cela lui donna une supériorité gigantesque sur le reste du monde.

            Heureusement, petit à petit, les valeurs humanistes (Droit à la liberté, droit à la vie, à la sureté, à la propriété et à la résistance à l’oppression - art. 2 de la DDH) se répandent, apportant aussi richesse et développement partout où ils se développent. Hélas, parallèlement, se développent aussi des idées mortifères, appauvrissant et maintenant en servitude de très nombreux humains.

            PS Le terme d’ultra-libéralisme n’a aucun sens : Personne ne s’en réclame, il n’englobe aucune philosophie, et cela n’a d’autant moins de sens dans un monde de moins en moins libéral et de plus en plus ultra-étatiste (part jamais atteinte jusque là du coût de l’état).


            • Pere Plexe Pere Plexe 22 décembre 2014 23:30

              Voir en l’enrichissement de l’Europe une preuve de l’efficacité des « Physiocrates » me parait bien présomptueux.
              Le pillage organisé des colonies et l’essor industriel,qu’on ne saurait attribuer à ce changement, ont sans doute pesé bien plus dans cette soudaine domination économique.


            • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 23 décembre 2014 12:09

              Le « pillage » n’a été possible que grâce à la richesse elle-même résultat des progrès de la science et de l’industrie, rendus possibles par la composition de capitaux suffisamment important pour financer les investissements nécessaires : Canaux, flotte, chemin de fer, usines, mines ...


            • Pere Plexe Pere Plexe 23 décembre 2014 15:23

              Ben voyons...

              Et pour l’extension de l’Empire Romain ? C’est aussi grâce au libéralisme ?

            • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 15:56

              @ Je suisunhommelibre.

              Le terme ultra-libéral date des années 1970, avec Giscard d’Estaing. Ce néologisme désigne en effet, la façon extrême d’envisager le Libéralisme né sous les « Lumières ». En fait, le Capitalisme dans son déroulement actif, ne pouvait donner naissance qu’à ce extrémisme économique d’aujourd’hui dont nous payons très fortement la note !

              Mais, malgré ces « idées nouvelles » auxquelles vous semblez adhérer, je ne vois toujours pas d’amélioration notable à la condition humaine. Disons que les épicentres de la misère des populations européennes jusqu’au début du XXe siècle se sont déplacées et multipliées, notamment dans les anciennes colonies européennes. La Science, la culture et la santé, l’éducation sont des facteurs d’émancipation, certes, mais nous assistons à une régression actuelle de très forte envergure.

              Cdt


            • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 16:05

              @ Pere Plexe

              Avant les balbutiements d’une industrialisation de la France, il faut se référer à la mentalité du XVIIIe siècle, où l’économie était surtout basée sur les ressources de la terre, de l’Agriculture.
              L’audace économique de l’époque fut d’abord celle de la « liberté des grains », d’où la « libéralisation des »bleds« . Sous la pression de Quesnay, notamment, le chef de file des physiocrates. Cela va considérablement influer sur les idées nouvelles en matière économique. (je me permets d’insister).Ces réformes seront proposées par le Contrôleur général des Finances monsieur Bertin, ami de Quesnay et de Gournay.
              La déclaration royale du 27 mai 1763 autorisera la libre circulation des »grains« , farines et légumes dans toute l’étendue du royaume. Ces mesures affronchiront les ventes et les Achats de grains de toutes entraves et règlements antérieurs. Cet édit permettra également leur »exportation" par terre et par mer dans 27 ports désignés par décret royal. La richesse de la France depuis des siècles s’appuyait sur ses cultures des terres.

              Cdt


            • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 23 décembre 2014 16:37

              Je suis très surpris de votre analyse alors que vos connaissances en histoire ne font aucun doute.

              C’est le XIX siècle qui a été libéral, a partir de la première guerre mondial, il n’y a plus eu de gouvernement libéral en France.

              Vous devez aussi savoir que la pauvreté n’a jamais été aussi faible dans l’ensemble du monde, à la fois de façon relative qu’absolue.

              L’épicentre de la misère ne s’est pas déplacé, c’est au contraire la richesse qui s’est répendue. Le reste du monde était aussi pauvre que l’Europe avant le XVIIIe.

              Donc il y a bien eu une amélioration notable. Il est impossible de le nier honnêtement.

              Quant à la régression que nous vivons actuellement, je partage votre constatation, mais mon analyse des causes en est à l’exact opposé : Jamais l’état, en France, mais aussi aux USA, n’a été aussi omniprésent, réglementant tout. Il n’y a qu’à voir l’extraordinaire explosion des réglementations financières qui sont à l’origine de la crise de 2008 et surtout de la prochaine qui avance à grand pas. La règlementation, c’est ce qui sclérose, empêche toute évolution et surtout qui, en uniformisant augment considérablement les risques systémiques. Quand l’état s’approprie plus de 57% de la richesse nationale, il est très difficile de parler de libéralisme. Socialisme ou ultra-étatisme correspond mieux à cette situation.


            • Corinne Corinne 24 décembre 2014 00:29

              jesuisunhommelibre


              Jamais l’État, en France, mais aussi aux USA, n’a été aussi omniprésent, réglementant tout. Il n’y a qu’à voir l’extraordinaire explosion des réglementations financières qui sont à l’origine de la crise de 2008

              ----
              Non, la crise est due à un très grand mouvement de déréglementation en France à partir de 1993 : suppression de l’obligation pour les compagnies d’assurances d’avoir 1/3 de leurs réserves en pierre (en vrais immeubles locatifs), suppression de l’interdiction d’exercer simultanément les activités de banque et d’assurance, suppression de l’interdiction d’exercer simultanément les activités de banque de dépôt et de banque d’affaire, remplacement du Nouveau plan comptable français par un ersatz anglo-saxon, suppression de la loi punissant la spéculation (c’était un délit !), de la loi interdisant l’enrichissement sans cause (c’était une cause de nullité), modification de la définition pénale de l’escroquerie (qui interdisait les futures, les prêts toxiques,..), de la corruption (qui interdisait le lobbying), suppression de la loi punissant de mort la haute trahison (pour un homme politique de recevoir de l’argent d’une puissance étrangère pour servir ses intérêts ou la favoriser), ouverture des professions d’agent de change, de transitaires, de commissaires aux comptes aux grands cabinets internationaux, suppression du contrôle des changes, remplacement des emprunts obligataires d’état à taux fixes par des dettes révolving roulantes, etc.. Les exemples de déréglementations radicales depuis 1993 sont innombrables : suppression de la réglementation obligeant à commercialiser les produits conditionnés avec des poids et des contenances en unités de mesures, ou fractions simples d’unités : 1 kg, 500 g, 250 g, et donc interdiction de la commercialisation de pots de 238 grammes, ou contenant 3 pommes, suppression des bourses de fret pour le transport fluvial et routier, suppression des bourses locales agricoles, etc..

              Toutes les règles multiséculaires (certaines sont attestées sous Saint Louis) interdisant la fraude ont été abolies.

              Le déluge incessant de normes nouvelles est dû au remplacement des normes françaises assez concises et auxquelles on ne faisait plus attention, par des nouvelles normes internationales qui sont dix fois plus longues. Les normes doivent être stables, il n’y a rien de pire que des normes qui changent en permanence, il est impossible de jouer à un jeu dont les règles feraient des milliers de pages et seraient en perpétuelle renégociation et modernisation.

            • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 23 décembre 2014 17:35

              @ Je suisunhommelibre

              D’accord avec vous, le XIXe siècle était un siècle « libéral ». Par contre, je n’adhère pas à la seconde partie de votre commentaire, car il me semble bien que la crise financière est bien dûe justement à la « dérèglementation », « dérégulation », bancaires et financières, sous la pression des lobbys.
              A mon sens, cela sclérose l’économie, puisque par un effet de basculement, la confiance n’est plus au rendez-vous. L’économie de tient plus que par des bulles spéculatives qui enrichissent une partie de la population les fameux 1 % contre le reste. Ces bulles sont fragiles et très volatiles. Mais n’étant pas économiste, je peux évidemment me tromper.
              L’excellent site LEAP/2020, spécialisé dans ce domaine, tout en dénonçant la déréglementation financière, avait prévu la crise de 2008, avecle fameux phénomène de Ponzi.


              • Corinne Corinne 23 décembre 2014 23:54

                En 1774, 60 % de la population rurale française appartient encore au servage.


                ----
                Le servage (c’est-à-dire la main-morte personnelle) était complètement aboli en France avant le XIIIe siècle. Le pamphlet de Voltaire sur les serfs du Jura portait sur une partie de la Bourgogne relevant de l’Empire germanique, donc où le servage n’avait pas été complètement aboli.

                Au XVIIIe siècle il ne restait que des propriétés en main-morte réelle, c’est-à-dire que le tenancier ne pouvait pas transmettre en héritage à ses enfants, c’était des locations à vie, en quelque sorte. Rien de scandaleux.

                En 1789, la France était le pays le plus prospère du monde, celui où les science, les techniques et les enseignements étaient les plus développés et les plus avancés du monde, celui où il y avait le plus de bibliothèques publiques, d’académies, d’universités, de grandes écoles, celui où le droit social était le plus protecteur, où il y avait le plus de propriétaires chez les paysans et les artisans, celui où il y avait le plus grand nombre d’institutions d’assistances (d’hôpitaux, d’hospices, d’asiles pour les aliénés, d’écoles gratuites pour les pauvres, d’institutions pour les aveugles, les sourds-muets.

                La France était le pays le plus prospère et le plus moderne, admiré et imité par tous les pays d’Europe.

                Il suffit de lire le Tableau de Paris de LS Mercier (1786), et le Voyage en France de l’agronome anglais Arthur Young (1789) pour se rendre compte de la prospérité et de la douceur de vivre dans les villes et les campagnes.

                La Révolution française a servi à instaurer le régime manufacturier et le capitalisme sauvage qu’il y avait en Angleterre où la bourgeoisie d’affaire avait pris le pouvoir depuis 2 siècles. Elle a permis d’envoyer les petites filles pieds nis et en haillons pousser des waggonets au fond des mines, comme en Angleterre.

                Jamais le peuple n’a été si mal traité en France qu’au XIXe siècle.

                • Richard Schneider Richard Schneider 24 décembre 2014 10:09

                  Toutes vos réflexions, Corinne, semblent pertinentes. Il est néanmoins incontestable que c’est sous la RF (Loi Le Chapelier) que le capitalisme - c.à.d. la bourgeoisie - met en place son système - effectivement « copié » sur le libéralisme économique anglais.

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