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A quand un Sila à M’sila ?

Alors qu’en France le milieu littéraire attend avec impatience le lauréat du prix Goncourt 2007, en Algérie on achève bien les écrivains ! Le Sila (12e Salon international du livre d’Alger), qui se tient actuellement à Alger, à la Safex plus précisément, n’est finalement que de la poudre aux yeux. Selon les comptes rendus de la presse quotidienne, il y a, en fait, plus de livres de propagande religieuse que de littérature proprement dite.

Quant aux livres parascolaires, ils se taillent la part du lion. Cela ne nous étonne guère sachant que les programmes scolaires tels qu’ils sont conçus actuellement par le ministère de l’Education nationale ne répondent pas, mais alors pas du tout, ni à l’attente des enseignants ni à celle des élèves eux-mêmes. Par les temps qui courent, le marché du "livre parascolaire" est devenu d’ailleurs plus que lucratif. Il n’ y a qu’à voir, à chaque rentrée scolaire et même au-delà, les librairies qui sont prises d’assaut par les parents d’élèves pour se rendre compte que ces livres parascolaires sont très appréciés et se vendent, par conséquent, comme des petits pains.

L’école publique étant, quelque part, défaillante, on se rabat comme on peut sur le livre parascolaire pour combler un tant soit peu les lacunes de sa progéniture dans toutes les matières enseignées. Cela quand on ne fait pas appel, carrément, à des cours particuliers ou à l’enseignement privé. Bien sûr que cela grève lourdement le budget familial, en particulier de ceux qui n’ont d’autres ressources que le fruit de leur labeur. Mais peu importe... pourvu que l’enfant ou les enfants arrivent à suivre une scolarité plus ou moins normale.

Cela dit, voilà où je veux en venir en réalité.

Le Sila de cette année a été marqué par un incident très fâcheux qui mérite d’être rapporté aux lecteurs d’Agoravox et à ceux qui s’intéressent, d’une façon ou d’une autre, à l’actualité algérienne. En effet, Les Geôles d’Alger de Mohamed Benchicou, sorti en même temps en France et en Algérie, a été interdit d’exposition. Plus que ça, le stand où celui-ci devait présenter son livre a été fermé, cadenassé, mis sous scellé par le responsable de ce salon de... l’ire. Oui, j’ai bien dit l’IRE et non pas livre. Il se peut, peut-être, que certains internautes, certains lecteurs trouvent mon humour un peu déplacé mais qu’ils sachent que c’est l’ire qui s’est emparé, à cette occasion, de votre serviteur, qui lui fait dire ces choses-là. Qui le fait parler ainsi. N’ai-je pas dit d’emblée qu’en France on attend avec impatience le lauréat du Goncourt 2007 ? Et que fait-on en Algérie ? On interdit aux écrivains d’exposer leurs œuvres sous prétexte que celles-ci portent atteinte ou risqueraient de heurter la sensibilité de ceux qui tiennent les rênes de ce pays. En fait, ce n’est pas tout à fait ce prétexte-là qui a été invoqué mais... on y est presque. Car, par ces écrits sortis directement de ses tripes, Benchicou dérange. Il menace la sécurité de l’Etat, pense-t-on. Il porte atteint à l’ordre établi, croit-on. De ce livre de Benchicou, je n’ai lu, personnellement, que quelques extraits que celui-ci a eu la gentillesse de mettre à la disposition des internautes sur le site de son journal Le Matin, interdit de parution depuis plus de deux ans maintenant. Et apparemment toute la trame du récit est tissée autour des conditions qui avaient conduit à son arrestation et à son incarcération à la prison d’El Harrach, plus connue sous le vocable terrifiant de "Quatre hectares". Mis à part cela, il n’ y a pas, à mon avis, de quoi fouetter un chat. Rien qui n’est plus du domaine public et ce bien avant que Benchicou ne quitte sa cellule "douillette" d’El Harrach. Alors ? Pourquoi cette interdiction, dictée certainement d’en haut, d’un livre qui ne fait que rapporter des faits connus de tous ? Là est la question. Mais, je crois que dans ce pays, le mieux que l’on puisse faire est de faire sienne la formule de M’smar Djeha dont la photo orne justement l’en-tête du Matin : si tu parles tu meurs, si tu te tais tu meurs ; alors parle et meurs. Si tout le monde osait, si tout le monde écrivait, le pouvoir ne pourrait absolument rien faire. Ce livre de Benchicou est pourtant moins compromettant (pour l’auteur, cela s’entend) que celui écrit il y a quelques années et qui lui a valu d’être incarcéré à la prison d’El Harrach : Bouteflika, une imposture algérienne. Alors, pourquoi l’interdit-on ?

En tout cas la presse algérienne de ce matin est unanime dans la condamnation de cette interdiction.


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2 réactions à cet article    


  • Roche 6 novembre 2007 21:36

    Les autres journalistes ont il été relachés, j’ai parcouru votre site el wattan qui faisait échos de la pétition concernant leur incarcération, le livre debénicou estil en vanteici en france,dans ce cas, je dirai que à k’instar des vedettes de la chanson algrienne interdit en algéire, leur succès se vendent malgrè tout, donc il y a contradiction.

    de plus qui ne sait pas qui est ce dictateur et voleur qui a à la tete de ce pays. cordialement


    • antidactat 8 novembre 2007 22:50

      l’interdiction c’est justement dans le but de fermer toute opportunité devant un symbole de contre pouvoir qui pourrais déstabiliser le deroulement d’une manifestation qui est sensé être, comme est legion dans tout systéme autoritaire, un apport dans la monopolisation de la scene politiquo-sociale par les couards qui gouvenrnent et la satisfaction de la vengance haineuse et maladive du clan Bouteflika

      Quant au contenu de ce salon ; ça c’est une longue histoire qui ne finiras pas tant que les islamistes et les dictateurs tiennent toutes les ficelles pour perpetuer l’archaïsation de la société

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