@Fanny
"’antagonisme entre les exploités et les exploiteur. Ces concepts dépassés
n’opèrent plus grand-chose dans le monde d’aujourd’hui. Qui exploite
qui ?"
Ces concepts sont anciens mais il ne sont pas dépassés. Il n’y a rien de
plus actuels que l’exploitation et la résistance des exploités... Les arguments
que vous employez pour dire qu’on trouve une quantité de cas difficilement
classables entre ces deux catégories s’appliquaient du temps de Marx. C’était
d’ailleurs peut être encore plus complexe à son époque car on trouvait
davantage de survivance des systèmes féodaux. Alors, c’est vrai, des hommes se
soumettent au pouvoir de chefs de tribus. L’esclavage n’a d’ailleurs pas
complètement disparu. Et puis des artisans sont propriétaires de leurs moyens
de production et ils peuvent même employer des ouvriers tout en ajoutant
eux-mêmes de la plus-value à leur production. Les patrons payent une quantité
de vendus de toutes espèces pour assurer leur pouvoir : des traitres, des
jaunes et même de prétendus syndicalistes-délègués-du personnel qui sont en
fait davantage des délégués du patron auprès du personnel que l’inverse.
Ceux-là produisent-ils vraiment ? Ce n’est pas ce que le patron attend
prioritairement d’eux. Ajoutons que les CRS ne sont pas à proprement parler des
exploités bien qu’ils ne vendent que leur force de travail. Ajoutons encore que
ceux qui pratiquent une profession libérale ne semblent pas avoir de patron...
Tout cela n’est pas nouveau.
Mais Marx désignait des catégories parce que l’activité des hommes qui fonde
la possibilité de vivre se réduit à transformer des produits de la nature pour
se nourrir, s’habiller, se déplacer, se loger, se distraire et c’est toujours
le cas quand il produit des automobiles, des téléphones portables, des avions... Les
productions des hommes ont une réelle valeur qui n’est que le total du temps de
travail qu’il a fallu pour produire. Produire les biens que nous consommons
c’est donc travailler. Or les hommes n’ont jusqu’à maintenant connu que
l’exploitation pour produire. L’esclavage en était la forme la plus primitive
et le capitalisme en est la forme la plus élaborée. On a effectivement dans le
processus de production des exploiteurs dont les revenus viennent du fait
qu’ils possèdent les moyens de production et des exploités qui n’ont que leur
force de travail à vendre. Tous ceux qui semblent difficile à classer dans ces
deux catégories participent tout de même à ce processus de production des biens
matériels dont l’homme à besoin. Or ce processus est fondamentalement celui de
l’exploitation capitaliste. Bien sûr le capitalisme a évolué. Sa capacité globale à produire des biens utiles pour l’humanité s’est grandement développée au 19ème siècle mais elle a cessé de croitre. Le capitalisme produit maintenant énormément de forces destructrices dont, assurément, l’homme n’a pas besoin pour vivre. Les crédits d’armement des états sont gigantesques surtout ceux des USA . Mais le processus de production reste le même.
C’est depuis la naissance du marxisme qu’on trouve des discours pour dire
que le marxisme est dépassé. Qui dit antagonisme entre classes sociales dit
nécessairement : « lutte de classes ». Et nous voyons sans arrêt,
depuis qu’on nous serine que le marxisme est dépassé, l’expression de la lutte
de classe.
Je vous invite à jeter un coup d’œil à
la page de la Wikipédia intitulée « Chronologies de révolutions et de
rebellions ». Elle
répertorie environ 150 évènements de ce type entre 1950 et 2021 soit environ
deux « révolutions » ou « rebellions » tous les ans. Bien
évidemment, il faudrait apporter des nuances pour distinguer dans tout cela de
simples mouvements sociaux, des coups d’états ou autres complots et de réelles
rebellions et révolutions. Cela confirme cependant que la lutte des classes se
manifeste régulièrement sous des formes qui montrent que le prolétariat cherche
à prendre le pouvoir.
Il reste à expliquer pourquoi les
prises du pouvoir par les exploités n’ont jamais eu le résultat que nous
attendons. Les explications montreront aussi que le marxisme est complètement d’actualité...