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Décroissant 19 juillet 2022 15:03

Bonjour jjwaDal,


Il y a tout juste 50 ans paraissait « Les limites à la croissance », juste avant le premier choc pétrolier. Issu des travaux de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ce rapport dérangeant fut vite mis sous le boisseau au nom des solutions technologiques que l’on ne saurait tarder à trouver (argument toujours employé sans plus de vérification, comme celui de la théorie du ruissellement) et d’une addiction compulsive à la consommation effrénée. Il vient d’être réédité, mais gageons qu’il sera à nouveau largement ignoré par les pouvoirs politique et économiques comme le fut le précédent. N’a pas l’influence du cabinet Mckinsey qui veut !


Lors de la publication de ce rapport du Club de Rome, en 1972, une bifurcation était alors possible : la voie choisie, dont nous vivons les conséquences aujourd’hui, fut la fuite en avant de la consommation à outrance, le développement hors de tout contrôle étatique des multinationales qui imposent leurs objectifs à donf et pour les grandes puissances l’accaparement des ressources naturelles hors de leurs frontières et son cortège de guerres et de massacres…


Dans ces années 70, le mensuel, puis trimestriel Le Sauvage explorait de nouvelles thématiques antiproductivistes, en majorité individuelles, pour endiguer la surconsommation et la logique de croissance à tout crin, avec en contrepoint la bande dessinée de Claire Brétecher : Le Bolot occidental où un bâtard libidineux et entièrement tourné vers la satisfaction immédiate de ses désirs ruinait tous les efforts collectifs déployés. Prémonitoire !


On ne saurait passer sous silence l’impéritie de nos gouvernements et d’une technostructure au départ formée pour servir l’état et l’intérêt général, qui au fil des pantouflages et d’un entre-soi soigneusement entretenu, se sont révélés incapables de la moindre prospective digne de ce nom, butant à chaque fois sur les crises en proposant pour les résoudre la poursuite des politiques les ayant provoquées… Quid de la main invisible du marché censée réguler la mondialisation heureuse que nos économistes autorisés (dans les milieux autorisés, on s’autorise à dire…) continuent à nous vendre (dédicace spéciale à l’ennemi de la finance) ?


Pour répondre plus précisément à votre article, l’échelon national me paraît plus pertinent que l’européen où d’ailleurs, jusqu’à présent, chaque pays a mené sa stratégie énergétique en solo. Le nucléaire civil qui fut impulsé par Pierre Messmer pendant la maladie de Georges Pompidou, sans consulter la nation, devait à l’époque assurer « l’indépendance énergétique » de la France avec, après l’abandon de la filière française au graphite, la quasi totalité des centrales sous licence Westinghouse et un minerai presque totalement importé. Notre « Mozart de la finance » a ajouté la touche finale en laissant filer Alstom fabriquant les turbines Arabelle équipant l’ensemble de ces centrales au profit de l’entreprise américaine Général Electric !

Et on voudrait nous rajouter une couche de « souveraineté » (élément de langage mis à toutes les sauces) énergétique...

Alors, même en glissant sous le tapis la gestion des déchets, et l’incapacité actuelle d’Edf à mettre en fonctionnement l’ EPR de Flamanville, pas plus que celui vendu à la Finlande sans parler du contrat conclu pour les deux réacteurs de Hincley Point (le surcoût cumulé expliquant par ailleurs la nationalisation en cours), si l’utilisation du parc actuel sous réserve de mise à niveau s’avère incontournable, la réalisation d’un nouveau programme nucléaire exige au minimum 15 à 25 ans, un laps de temps ne permettrait pas de répondre aux attentes.


Le slogan «  l’énergie la moins chère est encore celle que l’on ne consomme pas » de l’association négaWatt qui propose depuis 2003 le scénario d’une trajectoire énergétique réaliste, conforme au principe central d’un développement soutenable, devrait nous inciter à une sobriété acceptée avant que de subir des restrictions imposées (j’entends déjà les cris d’orfraie) vu le retard pris dans la conception/réalisation de programmes énergétiques substituables.

Mais il est fort à parier que le gouvernement actuel ne va s’employer qu’à dérouler une communication ad hoc plutôt que de mettre en branle une batterie de solutions nationales cohérentes

(plan ambitieux de rénovation des logements, relocalisation des productions agricoles et industrielles, développement des échanges et transports locaux, abandon des chimères des véhicules électriques trop lourds et polluants, …). La ratification du CETA (en vigueur depuis 5 ans) et des nouveaux traités négociés par la commission européenne, dont celui avec la Nouvelle Zélande, devrait rapidement nous éclairer.


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