@Gollum
« Il y a quand même bien plus de chances que l’influence vienne d’Inde »
L’interaction
entre cultures est un processus continu. Ne voir des emprunts que
d’un côté relève de la partialité et des préjugés. Penser
qu’une seule culture (Égypte, Inde, Chine, etc.) aurait engendré
toutes les autres n’a pas de base théorique ni de fondement
matériel.
La
linguistique comparée montre que la ligne de démarcation entre
l’Asie et l’Europe est purement imaginaire. Les mouvements
migratoires dans tous les sens sont passés partout depuis la nuit
des temps. Les traces historiques ne sont que partielles, mais
l’histoire des langues permet de combler les lacunes à travers un
important corpus lexical dit « indo-européen » pour les
éléments comme terre, eau, ciel, air/vent, soleil/feu, les termes
de parenté, les noms des nombres, le vocabulaire de la zoologie et
de la botanique. Les termes pour exprimer les concepts abstraits
comme les relations sociales, le droit, la religion et la
philosophie, montrent l’interaction entre les cultures orientales
et occidentales.
Or,
la tendance des historiens à mettre en valeur les aspects politiques
et militaires des événements passés a oblitéré leurs
conséquences culturelles en même temps que les échanges préalables
entre le peuples concernés.
L’invasion
de Darius , le roi achéménide qui a conquis des territoires en
Afrique du Nord, Europe de l’Est et du Sud-Est, Russie du Sud, Asie
centrale et une partie de l’Inde du Nord s’est traduite par une
présence des Perses dans cette zone pendant une période allant du
sixième siècle av. J.-C. au milieu du quatrième siècle, ce qui
n’a pas seulement rapproché entre eux les peuples de l’Empire,
mais a constitué un lien durable entre l’Asie et l’Europe. De
plus, l’empire qui a précédé et survécu à la dynastie des
Achéménides n’était pas monolithique et permettait localement
aux satrapes et aux peuples de continuer à vivre selon leurs
coutumes, ce qui a abouti à un important mélange des différents
groupes ethniques et de leurs langues.
L’influence
des idées d’origine orientale sur l’Occident et les échanges
entre les cultures des deux régions passe par les grands axes
géographiques qui reliaient la Chine et l’Inde à l’Europe et
permettaient la circulation des idées (philosophiques, scientifiques
et techniques).
Il
y a forcément eu des influences réciproques entre l’Inde et la
Chine, le monde arabe et le monde hellénique. C’est visible dans
l’histoire des mathématiques, de l’astronomie, de la médecine,
de la physique et de la philosophie. Comme on le sait, les chiffres
« arabes » sont en fait indiens, et le zéro, comme
l’algèbre, sont d’origine orientale, sans identité bien précise.
Le système duodécimal auquel nous devons la division de l’année en
douze mois et celle de la journée en vingt-quatre heures, supposée
avoir pour berceau la Mésopotamie se retrouve en réalité également
dans d’autres cultures orientales de l’antiquité.
Mais
contrairement aux traces matérielles qui permettent aux archéologue
de mettre au jour les différentes strates de l’histoire humaine, les
traces culturelles sont tellement intégrées les unes aux autres, et
toujours vivantes, qu’il est plus difficile d’en tracer la
généalogie.