@Robin Guilloux
Merci
pour votre réponse.
Oui,
je comprends, vous vous placez au point de vue du commentaire de
texte, pas au-delà.
Sans
doute Schopenhauer est incompréhensible sans Kant, Schopenhauer le
répète assez lui-même. Mais dès qu’il parle de génie,
Nietzsche se réfère implicitement à Schopenhauer, parce que la
théorie du génie joue un rôle énorme chez Schopenhauer, beaucoup
plus que chez Kant, et que Nietzsche est imprégné de Schopenhauer
jusqu’à la moelle. C’est à Schopenhauer que Nietzsche pense
dans ce texte, pas à Kant, et son postulat est le contraire de celui
de Schopenhauer, pour qui le génie était justement une faculté
contemplative, innée, non laborieuse, réservée à quelques-uns
(Goethe, lui-même). Vous avez raison, il y a un côté ado rebelle
chez Nietzsche, et là il se rebelle clairement contre Schopenhauer,
avec un peu de mauvaise foi peut-être, mais c’est à son honneur
car Nietzsche a toujours voulu tester les limites de sa propre
pensée.
Il
est très difficile d’isoler un texte de Nietzsche comme vous
l’avez fait, c’est une pensée en évolution, davantage liée à
des contingences biographiques que chez d’autres.
Sur
les relations Nietzsche-Wagner, je vous rejoins tout à fait. Il y a
quelque chose de vécu derrière la théorie, des ressentiments
multiples, peut-être d’ordre sentimental aussi. Nietzsche était à
l’évidence amoureux de Cosima Wagner, il lui écrit des billets
sans équivoque au moment de sa crise finale. Et on en revient à la
difficulté d’isoler la pensée de Nietzsche de sa vie. Ce qui est
sûr c’est que Nietzsche est resté absolument fasciné par Wagner
jusqu’à la fin, quoi qu’il ait pu écrire . C’est la
rencontre de sa vie, sans aucune commune mesure. Il y a de très
belles lignes à ce sujet dans Ecce homo : « Il faut que
je dise un mot pour exprimer ma reconnaissance envers ce qui m’a
toujours et de tout temps récréé le plus profondément et le plus
cordialement. Sans aucun doute, ce furent mes relations intimes avec
Richard Wagner. Je fais bon marché de tous mes autres rapports avec
les hommes. À aucun prix
je ne voudrais effacer de ma vie les journées passées à
Triebschen, des journées de confiance, de gaieté, de hasards
sublimes, de moments profonds… Je ne sais pas ce qui est arrivé
d’autres avec Wagner : au-dessus de notre ciel jamais un nuage
n’a passé. »
Merci
en tout cas de ne pas m’avoir bloqué, contrairement à d’autres
(Mervis Nocteau pour ne pas le nommer, qui supporte sans broncher le
flood de Mélusine et qui n’accepte pas un ou deux commentaires
maxi de ma part, sans le moindre flood. Bref, certains sont
chatouilleux).