Voir
ci-dessous la véritable exégèse du récit des mages chez Matthieu.
Ce texte est issu d’un cours donné en 2020 par un éminent
bibliste que je ne nommerai pas, cours auquel j’ai assisté. Il s’agit d’un texte inédit,
que je partage en exclusivité sur Agoravox :
« Le
livre de Tobit est essentiel pour comprendre le récit des mages.
(...)
Il
a été déporté à Ninive où il a réussi à se faire une place
dans l’entourage du roi, mais il ne peut plus aller à Jérusalem
pour y sacrifier aux fêtes de pèlerinage ou pour payer les dimes
qu’il doit aux prêtres desservant le sanctuaire. (...)
Le
vrai culte est celui des œuvres de miséricorde, et la vraie
Jérusalem est partout où ces œuvres sont pratiquées. (...)
L’Evangile
selon saint Matthieu dialogue avec le livre de Tobit. Et ce dialogue
est précisément mis en place dans l’épisode des Mages. La
question du culte est posée dès le début du récit avec le verbe
προσκυνέω – se prosterner, qui est le verbe de
l’adoration devant le Seigneur, seul roi d’Israël. (...)
Les
Mages trouvent donc le Christ à Bethléem, le fils de David qui
règle le culte que les Juifs doivent rendre à leur Dieu. Ce culte
est celui des œuvres de miséricorde qui est institué dans le don
de la myrrhe, le parfum de l’ensevelissement de celui qui va être
condamné à mort et ressusciter. L’espérance portée par le livre
de Tobit s’accomplit à Bethléem, et non pas à Jérusalem. Cela
annonce ce qui se vivra ensuite au tombeau vide, présenté comme le
vrai sanctuaire où l’Ange du Seigneur, qui aura quitté le temple
de Jérusalem, fera sa résidence quand les saintes femmes viendront
y prendre soin du corps du crucifié. La miséricorde concrètement
pratiquée au tombeau vide est la porte d’entrée dans le mystère
de la résurrection annoncée par le don de la myrrhe à Bethléem,
laissant deviner que l’Evangile n’a pas été étouffé à la
croix et qu’il poursuit son œuvre dans le monde. »