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Accueil du site > Culture & Loisirs > Voyages > Sibérie : les radiotélescopes de Badary dans la vallée rurale, thermale et (...)

Sibérie : les radiotélescopes de Badary dans la vallée rurale, thermale et bouddhique de la Tounka

 

A l’Ouest du Baikal, s’étend un couloir sibérien qui fut, autrefois, un lieu de passage entre l’Asie du sud et l’Asie du nord. Aujourd’hui, cette enclave est un petit monde rural, traditionnel et bouddhiste. Si la vallée de la Tounka est célèbre pour ses montagnes, sa beauté et ses sources bienfaisantes, elle est aussi en relation avec les astres grâce aux moins connus radiotélescopes de Badary dont la remarquable technologie se marie heureusement avec cet environnement préservé si particulier.

Badary Archan radiotélescopes vallée de la Tounka par Bernard Grua

 

La Tounka, vallée rurale et asiatique

 

Une dépression large d'une trentaine de kilomètres et longue de 200 kilomètres relie la rive méridionale du Baïkal [1] à la Mongolie.

Vallée de la Tounka entre le lac Baikal (est) et le lac lac Khövsgöll (ouest) bordée par les massifs des Saïans orientaux et du Khamar Daban

 

En partant de Koultouk, situé sur le bord de la « perle de Sibérie », on arrive, 34 km plus loin, dans le village de Tibel'ti, où se dresse un large et haut tertre tellement régulier qu'il semble être dû à la main de l'homme. Peut-être s'agit-il d'un kourgane [2] ? Il se dit qu'il pourrait correspondre à la sépulture d'un chef de l'armée de Gengis Khan [3]. Guère éloigné, le stūpa « Dachi Gama » [4] marque l'entrée du parc national de la Tounka. C'est ainsi que débute cette superbe vallée rurale (Tunkinskaia Dolina), selon une orientation Est-Ouest.

 

Stūpa « Dachi Gama »à l'entrée du parc national de la Tounka © Bernard Grua
Le stūpa « Dachi Gama, limite de l'Oblast d'Irkoutsk et de la république de Bouriatie. Porte du parc national de la Tounka

 

 La vallée s'étend le long de la rivière Irkout [5] bordée, au sud, par les monts Khamar-Daban et, au nord, par le massif des Saïan orientaux.

 

Pont sur la rivière Irkout, vallée de la Tounka devant les monts Saïan orientaux © Bernard Grua
Pont sur la rivière Irkout qui serpente dans la vallée de la Tounka

 

Elle est majoritairement peuplée de représentants d'une population autochtone constituée d'ethnies mongoles vivant autour du Baikal et dont Hö'elün, la mère de Gengis Khan, pourrait être issue. Ces différents groupes furent rassemblés en une nationalité qui pris le terme de « Bouriates »[6] (venant probablement de la racine « bul » ou « bur »(?), « peuples de la forêt » en mongol) au cours des 17ème et 18ème siècles, après leur rattachement à l'empire russe et suite à la définition de limites territoriales avec l'empire chinois (traité de Nertchinsk, 1689). Ce qui fut, autrefois, un corridor, espace d'échanges, de transit, de raids, voire d'invasions devint une impasse du fait de sa fermeture en 1 722. Le bouddhisme de la branche tibétaine y est pratiqué comme chez les Kalmouks de la basse Volga. Les fidèles de cette religion sont ainsi des disciples du Dalaï-lama. A 210 km, c'est à dire juste à coté, à l'échelle sibérienne, la russe et quasi-européenne ville d'Irkoutsk est donc bien différente de cette vallée. En effet, cette dernière n'est pas asiatique uniquement en raison de sa situation géographique mais bien grâce aux femmes et aux hommes qui la peuplent. Pourtant, son extrémité y est toujours (officiellement) close aux étrangers, isolant en communautés séparées deux branches d'un même tronc commun. Seuls quelques touristes de citoyenneté russe traversent cette démarcation pour aller pêcher dans le lac Khövsgöll, version plus réduite de la « mer sacrée des Bouriates » mais très similaire à celle-ci par bien des aspects.

 

Badkhirkharma dastan, temple bouddhiste d'Archan © Bernard Grua
Badkhirkharma dastan, temple bouddhiste d'Archan au pied du pic Lybvi (pic de l'amour)

 

Archan, paisible retraite au pied du versant sud des Saïan

 

Stupas du Badkhirkharma dastan, temple bouddhiste d'Archan © Bernard Grua
Stūpas du Badkhirkharma dastan, Archan

 

Certains voient dans le rift [7] du Baikal un océan en formation. Laurent Touchard [8] précise qu'il s'agit du seul lac au monde qui ne se comble pas mais continue, au contraire, à se creuser. Les mouvements de cette activité tectonique se poursuivent à travers la Tounka jusqu'au lac Khövsgöl. Ces trois éléments géographiques appartiennent, en effet, au même système géologique. C'est pourquoi le volcanisme est à l'origine de sources minérales en différents endroits de la vallée. Elles ont donné son nom au bourg d'Archan (source curative en langue bouriate), apprécié pour son thermalisme, pour ses beautés naturelles et pour sa vie rurale ou forestière. Il est animé par la rivière Kyngyrga (tambour), un torrent courant sous la glace.

 

Nastiya et Taya, sources thermales d'Archan, vallée de la Tounka © Bernard Grua
Nastiya et Taya boivent l'eau thermale d'une des sources d'Archan

 

Au cours d'un week-end du début du tout début du mois de mars, une villageoise y salue un groupe de promeneurs citadins et questionne « Vous admirez nos montagnes ? Elles sont belles, n'est ce pas ? » Elle a raison. Le pic Lyubvi (pic de l'amour, 2412 m) brille au dessus des pins et des isbas, d'où la fumée s’élève, paresseusement dans un froid transparent et immobile. Le stable anticyclone hivernal est une des marques de ce climat hyper continental (on dit aussi continental extrême).

 

Isbas dans le petit bourg thermal d'Archan, vallée de la Tounka © Bernard Grua
Isbas d'Archan (900 m) au pieds des conifères et de la chaîne des Saïan orientaux

 

S'en dégage une atmosphère intemporelle même si, non loin de là, à Badary, sont implantés deux domaines à fort contenu technologique. Ils seront visités, le lendemain, par l'équipe qui comprend Igor ainsi que Sacha (Aleksander), amis et chercheurs de l'institut d'Irkoutsk, Nastiya (Anastasia), fille d'Igor, Taya (Taïssiya), journaliste scientifique de NTS (télévision sibérienne), et l'auteur, voyageur breton originaire du Morbihan.

 

Badary, la mesure de l'infiniment lointain

 

Badary radiotelescope astronomique projet quasar, Tounka, Sibérie  © Bernard Grua
Envers de l'antenne du radiotéléscope astronomique de Badary

 

Le radiotélescope astronomique de Badary, inauguré en 2005, apparaît au bout d'un chemin enneigé. Le périmètre ceint de hauts murs n'est, normalement, pas visitable. De plus, il n'est exceptionnellement accessible aux étrangers que sur autorisation préalable du FSB, comme l'indique son directeur, Roman Iourievitch Sergeev. Mais, dans cet isolement très tranquille, le long bras des services de sécurité est inexistant et les visites des collègues de l'institut sont les bienvenues. Surtout quand elles sont encouragées d'une pertinente recommandation académique. L'accueil est cordial et spontané. Un bâtiment sert à l'hébergement des professionnels qui y travaillent. Il abrite aussi le poste de contrôle et de recherche. De là, est pilotée l'autre construction, un formidable radiotélescope astronomique pesant 900 tonnes, mesurant 32 mètres de haut, quand il est horizontal, et près de 50 m en position verticale.

 

Badary radiotelescope astronomique projet quasar, vallée de la Tounka, Bouriatie  © Bernard Grua
Antenne du radiotélescope astronomique de Badary devant la chaîne des Saïan orientaux

 

En ce milieu de journée hivernale, son disque immaculé et majestueux se dresse dans son environnement de neige sur le fond bleu saturé d'un ciel à la clarté de cristal. Le choix du site a été dicté par la volonté de créer une triangulation avec deux autres édifices similaires, Svetloe situé près de Saint-Pétersbourg et Zelenchukskiy dans le Caucase. Ce triple complexe réalise des travaux d'astrophysique et d'astrométrie. Il est capable de capter les ondes radios des quasars [9], situés infiniment loin de notre planète, au point qu'on puisse les considérer comme des éléments fixes de notre univers. Ils sont utilisés pour mesurer les distances entre les galaxies. Pour améliorer la pertinence des relevés croisés, il convenait que les trois emplacements d'observation soient, le plus possible, distants les uns des autres. Mais Le site de Badary a aussi été choisi pour son air sec, pour son ensoleillement et pour son niveau minimum, si ce n'est inexistant, de pollution. Par ailleurs, l'isolement minimise les risques d'interférences créées par des équipements électriques ou par des lignes à haute tension. Plus encore, la très grande profondeur de sable, en sous-sol [10], permet d’absorber les vibrations de la croûte terrestre, fréquentes dans ce secteur hautement sismique.

 

Roman Iourevitch radiotelescope astronomique de Badary projet quasar © Bernard Grua
L'aimable Roman Iourievitch Sergeev
premier directeur du radiotélescope
astronomique de Badary

Roman Iourievitch aime parler de son métier et du remarquable outil dont il a la charge. Il exprime son admiration pour ceux qui en ont effectué la construction en moins de 6 mois par des températures souvent inférieures à -35°C. Toutefois, sa plus grande difficulté est de recruter des collaborateurs compétents et sobres. Seule une sincère motivation justifie de choisir un tel ermitage et de faire face à un quotidien, qui peut être morose si l'on n'est pas un passionné.

Cela ne restreint pas l’enthousiasme patriotique de Sacha, demandant, devant la caméra de Taya, si l'occasion de voir, en France, une technique aussi sophistiquée s'était déjà présentée. On ne saura pas si la réponse mentionnant le centre d’entraînement de la force océanique stratégique, à Brest, a été retenue. Il sera communiqué plus tard, que le rédacteur en chef de la télévision n'a pas souhaité, que celui qui écrit ces lignes reçoive une copie du reportage pourtant diffusé publiquement. Peu importe. Un des attraits de la Russie n'est-il pas d'être parfois imprévisible et in-interprétable pour les Occidentaux ? N'oublions pas que nous sommes entre l'Extrême Orient et le milieu de l'Asie, bien loin de chez nous et de nos codes, qui n'auraient d'ailleurs probablement pas autorisé l'entrée, aussi peu formaliste, dans un tel établissement.

 

Badary, à la poursuite des éruptions solaires

 

Badary radiotélescope solaire, vallée de la Tounka © Bernard Grua
Une partie des antennes du radiotélescope solaire de Badary 

 

A deux kilomètres de là, le radiotélescope solaire sibérien est constitué de deux grandes rangées perpendiculaires se répartissant 256 antennes de 2,5 mètres de diamètre, espacées de 4,9 mètres.
Selon les explications d'Alexei, leur taille est plus réduite que celle que l'on peut trouver ailleurs, notamment aux Etats Unis. C'est pourquoi on a en multiplié le nombre. Elles sont reliées par deux tunnels, 300 m pour l'un et 600 m pour l'autre, permettant particulièrement d'éviter les variations de température des câbles de connexion. Il faut tenter de se représenter l'emprise, sous et sur terre, de ces aménagements. C'est une grande chance d'avoir des amis russes, scientifiques et « régionaux » permettant de pouvoir contempler une telle installation.

 

Un des tunnel du radiotelescope solaire de Badary, vallée de la Tounka © Bernard Grua
Un des tunnels reliant les 256 paraboles du radiotélescope solaire de Badary

 

De manière à ce que le système fonctionne correctement, le plus grand défi est d'assurer la parfaite coordination de toutes les paraboles, qui doivent strictement pointer dans la même direction en suivant la course du soleil. Les techniciens ne sont pas peu fiers, à juste titre, de leur expertise dans ce domaine, en dépit de certains instruments datant du tout début des années 1980, plus électriques, qu'électroniques ou qu'informatiques, selon la pratique soviétique de l'époque. La remarquable finesse de leur ardue synchronisation a suscité, disent-ils, l'admiration d'une délégation de spécialistes japonais qui pensaient une telle tâche impossible. Deux équipes de 20 personnes y travaillent par tranches de deux semaines.

 

Badary radiotélescope solaire, vallée de la Tounka © Bernard Grua
Toutes les 256 antennes du radiotélescope solaire de Badary pointent très exactement dans la même direction en suivant la course du soleil

 

Après ces belles et riches journées, il restera en tête de nombreuses images dont cette barrière lumineuse des Saïan orientaux semblant abriter un monde inaccessible mais désirable. Si Igor, rencontré auparavant dans le transibérien entre Moscou et Irkoutsk, fut à l'origine de la passionnante "excursion" dans la Tounka, d'autres amis locaux rendront possible la découverte de ce qui se tient derrière la ligne des crêtes enneigées. Ce sera l'occasion de retrouver des repères devenant de plus en plus familiers.

C'est en continuant vers l'Ouest puis en bifurquant au Nord, dans les Saïan, le long des gorges de l'Irkout, qu'il sera possible de rejoindre le plateau de l'Oka (Okinsky Raïon) et de prendre connaissance d'une aventure humaine étonnante, telle qu'elle a déjà été présentée sur Russia Beyond : "Botogol : la mine perdue d’un Français dans les monts Saïan sibériens".

Il y a, en Sibérie, un désir réel de connaître les Occidentaux. La France, de plus, y jouit d'une estime certaine. Mais pour tisser des liens, il faut voyager seul ou, au maximum, à deux. Il est indispensable de s'extraire de la bulle ou du microcosme que crée tout groupe de touristes. Il faut devenir un Voyageur. Il faut savoir "perdre du temps", s'imprégner des lieux et de ceux qui les habitent, vivre comme eux et, par exemple, utiliser les transports publics. Il faut y fuir ses propres compatriotes. Il faut accepter de ne JAMAIS parler de politique. A ce modeste prix, on quitte l'austère voire rébarbative "sphère publique" russe pour entrer dans la "sphère privée", qui est un univers de partage. Ensuite, il ne faut pas s'en aller comme un voleur mais, au contraire, approfondir la relation. Igor, sera revu de nombreuses fois en Sibérie et invité à Paris à l'occasion d'une mission à l'université de Potsdam. Sacha sera rejoint au cours de ses vacances dans un camp de géologues sur les bord de la Maloie More (petite mer du Baïkal). Taya réalisera son rêve d'être journaliste à Moscou. Avec elle et son mari Roman, originaire de Krasnoïarsk, ce sera l'occasion d'aller à Sergueiv Possad, Rostov Veliki et Iaroslavl avant la naissance de leur fils Platon. D'autres relations, toutes aussi riches, seront tissées à Irkoutsk ou bien plus au Nord, en Iakoutie, la République de Sakha.

Finalement, même en Russie d'Europe et en France, les vrais amis russes sont des Sibériens. Cela veut probablement dire quelque chose.

 

Bernard Grua, Nantes, 11/03/2019 - Artcile préalablement publié sur le blog "Regards sur le monde"

 

Notes :

 

[1]  La « Mer sacrée des Bouriates », la « Perle de Sibérie » sont les autres noms du lac Baikal, comprenant, de la latitude de Londres à celle d'Édimbourg, le plus grand volume d'eau douce du monde avec 20% des réserves hors glaciers.
[2]  Un kourgane, kourgan ou kurgan, (terme russe курган d'origine tatare) est un tumulus des steppes d'Asie centrale. Il s'agit donc de monticules, de tertres, voire de collines artificielles, recouvrant une tombe.
[3] Lire le « Le loup bleu » roman biographique de Gengis Khan parYasushi Inoué,  Éditions Philippe Piquier (19/05/1998)
[4] Un stūpa est un monument religieux bouddhique en forme de dôme plus ou moins ovale. Le stūpa « Dachi Gama » (les nombreuses portes du bonheur en tibétain) fut construit en 2004
[5] Irkout et Irkoutsk : la rivière Irkout ne se jette pas dans le Baïkal mais dans l'Angara, unique exutoire du Baikal. A leur confluent s'est construite la ville d'Irkoutsk.
[6] Bouriates et Baïkal : voir l'irremplaçable livret « Around Baikal/Autour du Baïkal » (en anglais) de Sergueï Volkov, édité par Natalia Bencharova, Irkoutsk 2006. Natalia doit pouvoir indiquer si cet ouvrage n'est pas épuisé et où il serait encore possible de se le procurer : [email protected], +7 (914) 895 78 65
[7] Un rift est une ligne où des plaques continentales se distancient les unes des autres, à l'exemple du rift atlantique séparant la plaque américaine de la plaque eurasienne.
[8] " Le lac Baikal », Laurent Touchard., Éditeur : L'Harmattan (01/01/1997)
[9] Un quasar (« source de rayonnement astronomique quasi-stellaire », "quasi-stellar astronomical radiosource" en anglais) est une galaxie très énergétique avec un noyau actif. Les quasars sont les entités les plus lumineuses de l'Univers. 
[10] La vallée de la Tounka résulte d'un affaissement de la croûte terrestre. A la différence des vallées fluviales ou glacières, elle n'a pas été creusée par de l'eau sous forme liquide ou solide. Il s'agit, au contraire, d'un espace qui s'est exhaussé en étant chargé de sédiments sur une épaisseur d'environ un kilomètre.


Annexes photographiques

 

Album de photos prises sur et autour du lac Baïkal en été et en hiver

Russie: Sibérie, lac Baïkal

 

Album de photos prises dans les monts Saïan orientaux

Russie: Sibérie, Raïon de l'Oka, Monts Saïan orientaux

 


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3 réactions à cet article    


  • Trelawney 14 mars 2019 09:22

    Merci pour ce reportage. je vais régulièrement à Archan (1 fois tous les 2 ans) pour y faire une cure de jeûne thérapeutique. Car c’est la grande spécialité de cet endroit . Je suis toujours époustouflé par la beauté de cet endroit 


    • Bernard Grua Bernard Grua 15 mars 2019 13:51

      @Trelawney
      Merci pour cette information ! Très heureux de voir que vous aimez vous aussi cet endroit. Vous avez, peut-être, des éléments à ajouter sur ce lieu ? Peut-être avez-vous, aussi, des photos de la Tounka visibles en ligne ? 


    • Bernard Grua Bernard Grua 3 avril 2019 13:48

      Cet article a été publié sur « Russia Beyond » dans une présentation un peu différente.
      Vallée sibérienne de la Tounka : fascinante héritière des mongols et observatrice des corps célestes

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