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Accueil du site > Culture & Loisirs > Voyages > Superbe et sauvage : l’île d’Ouessant

Superbe et sauvage : l’île d’Ouessant

« Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Sein voit sa fin ». Si l’on en croit la vox populi, les îles du bout du monde sont à éviter à tout prix si l’on ne veut pas exposer sa vie. Et de fait, la carte des naufrages en mer d’Iroise est impressionnante. La faute à des courants redoutables et à des récifs tranchants comme des lames de rasoir. Mais les équipements maritimes ont considérablement évolué, et l’on se rend de nos jours sans le moindre danger sur ces îles. Á commencer par la plus grande, la plus belle, la plus spectaculaire d’entre elles : Ouessant. Le moment est bien choisi : l’île est actuellement couverte d’ajoncs et d’armérias...

Disons-le tout net, si les côtes d’Ouessant ont gardé tout leur pouvoir d’attraction, l’intérieur de l’île ne présente plus le même visage que naguère. Non qu’il ait été mité par des constructions disgracieuses ou que des carrières l’aient défiguré, mais il a subi de plein fouet le mal qui, depuis des décennies, frappe les contrées les plus rudes : l’inexorable recul de l’activité agricole, accentué ici par une rentabilité quasiment nulle et le désir des jeunes d’aller voir si la vie est moins âpre sur le continent.

C’est ainsi que des centaines de parcelles, patiemment entourées de murets de pierres sèches par les Ouessantins – et surtout les Ouessantines – au fil des siècles pour en protéger la fine couche arable, ont progressivement été abandonnées. Livrées à la colonisation de la végétation, la plupart d’entres elles sont désormais envahies par les ajoncs et les fougères. Á tel point que de nombreux murets ont disparu à la vue des visiteurs, témoins enfouis de l’abandon des modestes cultures de céréales et de pommes de terre ; témoins également du recul de l’élevage de ces fameuses brebis ouessantines* qu’ils abritaient dans de petits enclos lorsque les animaux ne pâturaient pas dans la lande, avec, pour seule protection, des gwaskedou, sortes d’abris de pierre triangulaires permettant aux moutons de s’abriter des intempéries d’où qu’elles viennent.

Certes, l’on peut encore observer quelques-unes de ces brebis de petite taille, si bien adaptées à ce terroir particulier et aux herbages salés par les embruns. Séduisantes avec leur livrée marron d’où émergent une tête et des pattes noires, elles sont toutefois peu nombreuses et répondent plus à un souci patrimonial de préservation d’une race quasiment disparue il y a quelques décennies qu’à un impératif économique.

Les phoques gris de Cadoran

Mais revenons au point d’« atterrissage » sur l’île : le port du Stiff. C’est là qu’accostent les bateaux quotidiens de la ligne régulière en provenance de Brest via Le Conquet et l’île de Molène (Moal Enez : l’île Chauve) ; là également que viennent s’amarrer ceux qui amènent les touristes crozonnais venus du port de Camaret en saison estivale. Implanté à l’est de l’île dans une anse relativement protégée, le port du Stiff n’est qu’un mouillage sans prétention et sans charme, mais il est abrité des vents et des courants dominants, et c’est avec soulagement que l’on y accoste les jours de forte houle après avoir subi les assauts du Fromveur entre Molène et Ouessant.

Le Stiff, c’est aussi, à un kilomètre de l’embarcadère, le plus ancien phare de l’île. Construit en 1699 à l’initiative de Vauban et plusieurs fois modernisé, il a été l’un des tous premiers (dès 1831) à utiliser la lentille de Fresnel. Sa portée actuelle est d’environ 50 km. Tout près du phare s’élève depuis 1978 une spectaculaire Tour radar implantée après la catastrophe de l’Amoco Cadiz et celle, deux ans plus tôt, de l’Olympic Bravery. Haute de 72 m, et dominant les flots de 132 m, cette précieuse vigie, reliée au CROSS de Corsen, a considérablement amélioré la surveillance du fameux « rail d’Ouessant  », l’un des passages maritimes les plus fréquentés du monde et de ce fait, l’un des plus dangereux pour la navigation.

Pour la plupart des visiteurs, le Stiff n’est qu’un lieu de transit avant de rejoindre en vélo, en taxi ou en minibus le bourg de Lampaul, distant de quatre kilomètres. Pour d’autres, c’est un lieu de départ pour des randonnées pédestres : soit vers l’est de l’île et l’austère pointe de Penn ar Lann (le bout de la lande), sa croix de Saint-Pol, ses garennes de lapins et ses oiseaux nicheurs ; soit en direction du nord-est de l’île, vers la pointe de Cadoran (la petite chaise), dans l’espoir d’y observer, avec de la chance, l’un des phoques gris qui vivent dans ces eaux d’Iroise et qui se plaisent manifestement dans ce secteur.

Bienvenue à Lampaul. C’est là, au cœur du bourg ou à l’entrée de celui-ci, au lieudit Stang ar Glann (l’étang de la rive), que sont implantés les hôtels, les restaurants et les crêperies. Comme son nom l’indique, Lampaul (l’ermitage de Paul) est dédié à Pol Aurélien, l’homme qui, venant des îles britanniques comme tant d’autres prêcheurs ayant marqué l’histoire de la Bretagne, a christianisé Ouessant au VIe siècle. Rien de bien spectaculaire dans ce bourg, pas plus que dans son modeste port. Niché tout au fond de l’anse formée par les deux pinces de crabe qui caractérisent l’ouest de l’île, il n’offre pas un abri suffisamment sûr les jours de tempête. De nos jours, les rares bateaux de pêche d’antan y ont laissé la place aux plaisanciers amateurs de sensations fortes dans ces eaux souvent tourmentées ainsi qu’à l’indispensable canot de sauvetage de la SNSM.

Lampaul, c’est avant tout le lieu de départ de randonnées pédestres. Vers la péninsule de Porz Doun (port profond) au sud-ouest, d’où l’on découvre en mer le phare de la Jument, mais surtout, à l’ouest, vers le site le plus spectaculaire de l’île d’Ouessant : la pointe de Pern et ses prolongements déchiquetés sur la côte nord en direction de l’île Keller.

Rose Héré, ou le courage d’une femme

Impressionnante et superbe sous le soleil, mais plus grandiose encore par gros temps, cette partie de la côte nord-ouest d’Ouessant est évidemment, et à juste titre, la plus prisée des visiteurs et des photographes, particulièrement lorsque la houle fait jaillir très haut les paquets de mer et d’écume sur le phare de Nividic ou les récifs du Créac’h (la colline). Peu de lieux donnent alors à ce point une impression d’humilité face aux forces de la nature et à l’extraordinaire puissance qu’elle déploie.

Perché au dessus des récifs dans le secteur le plus déchiqueté de la côte ouessantine, voici le phare du Créac’h (prononcer créar) et ses cinq bandes blanches et noires. Simple et élégant, cette vigie datant de 1863 est le phare le plus puissant d’Europe. Avec ses 61 km de portée, il est l’un des plus précieux auxiliaires des marins dans ces parages périlleux. Très photogénique, le Créac’h abrite en outre dans l’un des bâtiments qui l’entourent un intéressant Musée des phares et balises où est conservée une superbe collection de lentilles de Fresnel.

Découvrir l’environnement de ce phare un jour de « mer formée » dans les limbes de la brume, c’est également l’occasion de prendre conscience de l’incroyable audace manifestée naguère par une îlienne restée célèbre dans l’histoire locale. Dans Une héroïne au pays des naufrages, je racontais en janvier 2012 comment Rose Héré, au péril de sa propre vie, s’est jetée en 1901 dans les eaux glacées de la mer d’Iroise pour sauver 14 marins en péril de naufrage dans leur canot à la suite de l’échouage du cargo Vesper, venu éventrer sa coque sur les écueils de Pern. Mieux qu’un long discours, cet épisode montre à quel point les Ouessantines, confrontées à l’extrême rudesse de leur condition, étaient des femmes déterminées et courageuses. Comme dans les îles irlandaises d’Aran (cf. Extraordinaires îles d’Aran, janvier 2010), c’est à elles qu’il appartenait, tandis que les hommes partaient en mer, de gérer la maison et de l’entretenir, mais aussi de produire, dans les parcelles protégées, le blé, le seigle et les pommes de terre nécessaires à la survie sur l’île. Les hommes, quant à eux, répondaient par nécessité à l’appel du large. Très peu se faisaient pêcheurs, eu égard à l’immense danger de naviguer dans les eaux redoutables du Fromveur ou du Fromrust, mais tous ou presque s’engageaient – lorsqu’ils n’étaient pas enrôlés de force – sur des navires de la « Royale », ou partaient courir le monde dans marine marchande.

La visite d’une maison traditionnelle nous conforte d’ailleurs dans cette certitude. Au lieudit Niou Uhella, l’une de ces maisons est visitable dans le cadre du premier écomusée ouvert en France en 1969. Et c’est un véritable choc émotionnel de découvrir comment était organisé un intérieur ouessantin avec des meubles sommaires faits le plus souvent de bois d’épaves, faute d’arbres sur cette île trop battue par les vents et exposée aux tempêtes. Peints avec les restes de la peinture des bateaux, ces meubles se limitaient à l’essentiel : lits clos, armoire, berceau, table et bancs-coffres. Particulièrement émouvante est la référence aux « croix de proella » petites croix de cire conservées autrefois au domicile des disparus en mer avant d’être déposées au cimetière de Lampaul à l’occasion d’une cérémonie de mémoire lors de la visite de l’évêque. Une stèle du cimetière rappelle cet usage.

Ouessant, c’est avant tout une atmosphère à laquelle tous les visiteurs sont sensibles, et ce n’est pas un hasard si, parmi eux, beaucoup reviennent sur Enez Eussa (l’île haute). Pour les sites, bien sûr, mais aussi pour la flore maritime diversifiée, et surtout pour la faune aviaire particulièrement riche entre les 200 espèces endémiques et les 400 espèces migratoires qui font escale sur cette île : goélands, pétrels, gravelots, bécasseaux, chevaliers, sternes, fous de Bassan... Pour découvrir Ouessant, rien de plus facile : direction Brest ou Le Conquet pour un embarquement vers les îles du Ponant. Ou, pour les plus aisés, par la voie aérienne à partir de l’aéroport de Brest-Guipavas, excepté entre la mi-juillet et la mi-août.

Pour terminer cette escapade, mettons-nous dans l’ambiance maritime : après avoir enfilé nos indispensables cirés, embarquons pour une petite balade en mer d’Iroise. Gare au mal de mer !

En réalité, la race Ouessant avait bel et bien disparu dans les années 60, victime de nombreux métissages avec des races continentales plus grandes, principalement à laine blanche. Elle n’a finalement été sauvée que dans les années 70 grâce à un travail de sélection effectué à partir de bêtes conservées par des collectionneurs.

Liens photographiques :

L’île d’Ouessant par Hervé Inisan

Les pointes d’Ouessant par Gaël Kervarec

Documents joints à cet article

Superbe et sauvage : l'île d'Ouessant Superbe et sauvage : l'île d'Ouessant

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59 réactions à cet article    


  • alinea Alinea 1er juin 2012 17:47

    Merci pour cette émotion bienvenue : c’est comme ça que j’aime les hommes. Je suis manadière, c’est autre chose mais c’est cette même rudesse, à la fois une évidence et une nécessité.
    Je pars dès que possible voir mes amis à Sizun !


    • Fergus Fergus 1er juin 2012 18:11

      Bonjour, Alinea.

      Merci à vous. Manadière, voilà un métier pas banal et lui aussi très exigeant. Mais comme les métiers d’Ouessant, il se pratique dans un cadre superbe, et lui aussi riche en flore et en faune (notamment d’oiseaux limicoles), sans oublier les taureaux et les chevaux.

      Sizun et son enclos paroissial. Sans être aussi impressionnant que ceux de Guimiliau et Saint-Thégonnec, il ne manque pas d’allure. Sans doute écrirai-je prochainement sur ces enclos majeurs que je connais bien, moi qui ai vécu 10 ans à Morlaix.


    • brieli67 1er juin 2012 19:54

      Les hippophages , Madame vous remercie !


    • alinea Alinea 1er juin 2012 20:11

      brieli67 : C’est à moi que vous vous adressez ? Est-ce vous qui êtes hippophage ? Ou bien me soupçonnez-vous de l’être ? Dans ce cas, je réponds que je suis végétarienne et quand je mangeais un peu de viande, je ne mangeais ni vache, ni lapin, ni cheval !


    • alinea Alinea 1er juin 2012 22:59

      Brieli67 ! Ah ! Je viens de comprendre : vous pensez que les manadiers élèvent des chevaux pour la boucherie ?,
      Non, non, rien à voir !


    • COVADONGA722 COVADONGA722 1er juin 2012 18:25

      yep trugarez Fergus belle ballade
      tenez il parle d’une autre ile mais c’est tout comme

      Me ’zo ganet e-kreiz ar mor,
       Teir leo er-maez
       Un tiig gwenn duhont am-eus,
       Ar balan ’gresk e-tal an nor,
       Hag al lann ’holo an anvez.
       Me ’zo ganet e-kreiz ar mor,
       E Bro Arvor !




      Je suis né au milieu de la mer,
       A trois lieues au large !
       J’ai là bas, une petite maison blanche
       Le genêt pousse devant la porte,
       Et l’ajonc couvre le seuil !
       Je suis né au milieu de la mer
       Au pays d’Arvor






      jp Calloc’h


      • Fergus Fergus 1er juin 2012 19:21

        Bonjour, Asinus.

        Merci pour ce rappel du superbe poème de Calloc’h que nombre de musiciens bretonnants ont chanté, à commencer par Dan Ar Braz.

        L’île en question est évidemment Groix où Calloc’h est né. Encore une île où je prends plaisir à me rendre. Plus petite que Belle-Ile, un peu moins spectaculaire, elle est en revanche moins envahie par le tourisme et recèle de bien belles surprises minéralogiques, notamment sous la forme de grenats qui ont contribué dans les micaschistes prédominants à colorer partiellement la roche de l’île en certains lieux.


      • clostra 3 juin 2012 12:59

        @Fergus et @covadonga : merci pour l’âpreté des rochers et le piquant des ajoncs

        Car Fergus, votre citation est incomplète (et vous le saviez, je n’en doute) :

        Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Sein voit sa fin, qui voit Groix voit sa joie"


      • Fergus Fergus 3 juin 2012 13:38

        Bonjour, Clostra.

        Je n’ai cité que les îles d’Iroise. Mais la version la plus répandue concernant Groix n’est pas plus optimiste : le plus souvent on dit « Qui voit Groix voit sa croix ! »


      • clostra 3 juin 2012 20:58

        Fergus !

        Rendez-vous au trou de l’enfer !


      • Fergus Fergus 4 juin 2012 09:19

        Bonjour, Clostra.

        Au trou de l’Enfer, pourquoi pas ? Ou, plus prosaïquement, à la terrasse d’un bistrot de Port-Tudy. Mais sans doute pas avant 2014, eu égard à mes projets à venir.


      • clostra 4 juin 2012 11:21

        d’accord ! au Ty Mad à Port Tudy puis un petit tour à Port Lay en Groix dans le plus petit port de thonier, nous irons chez Félix prendre le café, s’il n’a pas baissé la garde.


      • clostra 4 juin 2012 11:28

        qui vaut franchement le déplacement... ici


      • Fergus Fergus 4 juin 2012 11:37

        @ Clostra.

        Merci pour ce lien sur Port Lay. A propos de port minuscule, le plus petit de France se trouve tout près de La Hague, au lieudit Port Racine. A vrai dire, il ne contient plus que quelques embarcations de plaisance.

        Bonne journée.


      • clostra 4 juin 2012 20:17

        Oui j’y suis allée faire un tour après avoir posté mon commentaire mais je n’ai pas trouvé de beau diaporama.

        Par ailleurs, il avait une toute autre fonction puisque des pirates avaient construit l’abri pour protéger leurs bateaux et leurs butins...

        Une toute autre atmosphère que celle des « dundees » de Port-Lay...


      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 1er juin 2012 19:09

        Une ile , entre le ciel et l’eau .....mon ile ....


        • Fergus Fergus 1er juin 2012 19:39

          Bonjour, Aita Pea Pea.

          Il existe un imaginaire de l’île, déjà présent dans l’antiquité, et qui ne s’est jamais démenti. L’île continue de faire rêver, quel que soit son caractère, et c’est très bien ainsi. 


        • brieli67 1er juin 2012 19:19

          Keller j’ai connu à Pâques 76 


          on glisse Ouessant dans http://recherche.cedre.fr/

          76 items 

          • Fergus Fergus 1er juin 2012 19:44

            Bonjour, Brieli.

            Tu as de la chance d’être allé sur Keller, cela ne m’est encore pas arrivé, faute de connaître les propriétaires de l’île.

            Merci pour le lien sur le Cedre, on peut y découvrir nombre des incidents ou accidents qui ont marqué l’histoire récente d’Ouessant.


          • gordon71 gordon71 1er juin 2012 20:10

            bonsoir 


            passionné de bateau (et de palmes tuba) je suis plus abonné à la méditerranée mais j’ai eu l’occasion de séjourner sur belle île et de nager près des poulains, glacial mais un souvenir fabuleux de belle sauvagerie, et la puissance des vagues ....

            ces endroits sont magiques et merci aux bretons d’avoir sauvegardé leurs côtes de l’urbanisation sauvages

            • Fergus Fergus 1er juin 2012 20:39

              Bonjour, Gordon.

              Par chance, les côtes bretonnes n’ont pas subi les agressions immobilières de la côte méditerranéenne, encore que Le Morbihan ait été plus dégradé que les autres départements, notamment autour du golfe et à Carnac. Le Conservatoire du litoral et les conseils généraux du Finistère et des Côtes d’Armor doivent en être remerciés.


            • Pie 3,14 1er juin 2012 20:15

              Merci pour cette évocation de Ouessant.

              J’ai visité l’île, il y a quelques années et j’en garde un souvenir très vif.

              L’endroit est magnifique, l’écomusée très utile pour comprendre la vie qu’on y menait. Une île peuplée de femmes et d’enfants agriculteurs où les hommes enrôlés dans la marine revenaient une fois par an quelques semaines, le temps généralement de faire un gosse à leur femme. Une vie difficile sur une fin de terre isolée par les haut-fonds et des courants redoutables. Un endroit où il ne gèle jamais, Ouessant a le climat le plus doux de France mais quel vent !

              Je me souviens aussi du parc automobile réduit et préhistorique ( un véritable musée de la petite bagnole des années 60 et 70) et des maisons traditionnelles achetées et retapées par de riches parisiens qui viennent par les airs passer un WE.

               


              • Fergus Fergus 1er juin 2012 22:02

                Bonsoir, Pie 3,14.

                Voilà un commentaire fort bien venu car il complète utilement l’article.

                Pour ce qui est des maisons achetées et retapées par des gens extrérieurs à Ouessant, c’est un mal (du point de vue de certains) pour un bien car cela évite à ces constructions de finir en ruines du fait de l’exode progressif des îliens. Qui plus est, il faut reconnaître cela à ces personnes : elles sont des inconditionnelles d’Ouessant et s’en font parfois les plus brillants avocats.


              • Abou Antoun Abou Antoun 1er juin 2012 22:48

                Fergus, quand vous ne parlez pas de politique, vous êtes vraiment excellent ! (nobody is perfect...)
                Bravo pour ce nouvel article, intéressant bien écrit et motivant. Je n’ai d’Ouessant que des connaissance livresques mais vous me donnez envie de combler cette lacune et peut-être aussi plus tard de faire partager des émotions que des lieux très particuliers ont pu susciter mais je ne sais pas si j’aurais votre talent.


                • Fergus Fergus 1er juin 2012 22:58

                  Bonsoir, Abou Antoun.

                  Comme quoi l’on peut avoir des divergences sur le plan politique et se retrouver sur d’autres terrains !

                  Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à visiter Ouessant, cette île vaut vraiment une visite. Dans mon palmarès personnel des îles bretonnes, elle se situe d’ailleurs en 2e position, juste derrière Belle-Ile, à égalité avec Bréhat. Suivent à égalité au 4e rang Batz et Hoëdic, puis Sein et Groix, et toutes les autres... N’hésitez pas à écrire sur les lieux qui vous ont conquis : je serai parmi vos lecteurs.


                • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 2 juin 2012 01:34

                  Bonsoir Fergus.

                  Il y a de beaux endroits en France. Je ne connais pas l’île d’Ouessant mais tu viens de nous offrir une belle invitation au voyage. Un jour j’écrirai - peut-être - un article sur le Cambrésis, l’Arrageois, le parc naturel régional Scarpe-Escaut. Nos champs de batailles de la grande guerre, nos mines, nos terrils, nos vertes campagnes, nos canaux...

                   smiley


                  • Fergus Fergus 2 juin 2012 09:04

                    Bonjour, Peachy.

                    Excellente idée de faire un papier sur les aspects souvent – et injustement – méconnus de ces régions nordistes. Outre les thèmes que tu as soulignés, il ne faut pas oublier les trésors du patrimoine architectural présents non seulement dans des villes comme Arras, mais aussi au détour des petites routes de campagne, à l’image de cette ferme artésienne que j’ai peinte en 2000 du côté de Hesdin (tu reconnaîtras le style des rochers de la pointe de Pern, tableau que j’ai utilisé pour illustrer l’article).

                    Venant de Paris, le plaisir de la découverte commence dès l’Oise, avec le village de Gerberoy pour se terminer là-haut, aux caps Gris-Nez et Blanc-Nez, du côté de Marquise ou de Audinghen. Un véritable plaisir car tout cela se fait au contact de populations chaleureuses et à juste titre très attachées à leur région.


                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 3 juin 2012 12:30

                    Salut Peachy,et Fergus,oui dans le Nord-PDC existent de très beaux endroits !
                    Et le pays des 7 vallées ,avec Hesdin,toute mon enfance et une partie de ma jeunesse,la mer à portée,et à pied,en vélo,puis en mobylette ...........


                  • Fergus Fergus 3 juin 2012 13:00

                    Bonjour, Aita Pea Pea.

                    De Hesdin, je garde en mémoire, outre les paysages verdoyants de la région environnante et les vieilles maisons de la ville, l’étonnante poésie nocturne de l’aciérie et, chez un reestaurateur d’origine polonaise, l’un des meilleurs plats de poissons fumés que j’aie jamais dégustés ; mieux qu’aux Pays-bas ou en en Norvège !


                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 3 juin 2012 13:22

                    Il doit s’agir de la sucrerie,il n’y a pas d’aciérie .


                  • Fergus Fergus 3 juin 2012 15:43

                    @ Aita Pea pea.

                    Il est bien possible que je fasse une confusion avec une autre ville de la région.


                  • bakerstreet bakerstreet 4 juin 2012 17:19

                    Aita

                    Bonjour

                    Toutes les vagues du monde sont les mêmes, d’un endroit à l’autre, et nous envoient le même message de liberté et de sagesse qui nous dit :
                     "Pose toi, laisse tomber, repose toi un peu sur le rivage.
                    Si l’on n’arrive à mettre des bateaux en bouteille, et même Paris, on ne parviendra jamais à mettre la mer !


                  • bakerstreet bakerstreet 4 juin 2012 17:31

                    Peachy

                    Le nord a des discrétions qui cache bien des trésors, vous avez raison.
                    Par bien des cotés elle ressemble d’ailleurs à la Bretagne.

                     Pour ma part, je suis toujours fasciné par les canaux, ces tranchées de beauté au milieu des paysages, sans doute plus aimables que celles qui marquèrent la pauvre terre.
                    Mais c’est une terre d’émotion !


                  • Fergus Fergus 4 juin 2012 19:26

                    Les watergangs, le Marquenterre... Superbe !


                  • kriké 2 juin 2012 11:24

                    .
                    .............Français dehors ... smiley


                    • Fergus Fergus 2 juin 2012 11:55

                      Bonjour, Kriké.

                      Blague à part, un slogan que l’on ne risque pas d’entendre en Bretagne où les gens sont parmi les plus accueillants de France comme j’ai pu le constater depuis 15 ans, moi qui ne suis pas breton et qui ai vécu dans la campagne morlaisienne - avec tutoiement et convivialité sincère à la clé - avant de venir à Rennes. Sans doute faut-il y voir la longue tradition maritime de cette région dont les habitants sont habitués depuis des siècles aux échanges avec d’autres pays et d’autres cultures.

                      Même les indépendantistes ou les bretonnants (j’ai connu notamment des militants de Sturm ar Brezhoneg*, ardents défenseurs de la langue régionale) se montrent accueillants et ouverts au dialogue.


                    • Fergus Fergus 2 juin 2012 11:56

                      Erratum : ... y voir la conséquence de la longue...


                      • aloha aloha 3 juin 2012 09:06

                        Bonjour Fergus,

                        Et un grand merci pour cette belle balade bien joliment contée. smiley

                        J’y vais cette année et ne manquerais sûrement pas d’y déguster un ragoût d’agneau sous la motte.... Miam !

                        Bonne journée à toi.

                        Gül


                        • Fergus Fergus 3 juin 2012 09:41

                          Bonjour, Gül.

                          Merci à toi. Pour ma part, j’y retourne en septembre, probablement pour 2 ou 3 jours couplés avec une semaine dans les abers. L’air du Finistère commence à me manquer, et celui d’Ouessant est particulièrement vivifiant.

                          Ma femme et moi serons également à Pont-Croix durant quelques jours, du 9 au 12 juillet. Peut-être pourrions-nous boire une verre si vous êtes disponibles à ces dates...

                          Amicalement.


                        • aloha aloha 3 juin 2012 09:52

                          Fergus,

                          Ce sera avec grand plaisir, nous sommes dispo. Appelle quand vous serez sur place ! smiley

                          Sympa Pont-Croix et tout son charme médiéval. Tu n’en profites pas pour prolonger et apprécier les « Temps Fête » de Douarn ?

                          A très bientôt alors.


                        • Fergus Fergus 3 juin 2012 11:31

                          @ Gül.

                          En fait, nous serons dans l’attente de pouvoir emmenager dans notre maison de Dinan (signature le 13 juillet et emménagement le 16) avec à la clé pas mal de boulot avec nos cartons.

                          Pour ce qui est de la rencontre, bien noté. A très bientôt, donc.

                          Bonne journée.


                        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 3 juin 2012 10:02

                          Bonjour Fergus,

                          à propos du phare de la jument, il y a une série fantastique de photos de Guichard prises je suppose lors d’une relève de gardien : http://www.google.fr/search?tbm=isch&hl=fr&source=hp&biw=933&bih=411&q=phare+de+la+jument+tempete&gbv=2&oq=phare+de+la+jument&aq=1&aqi=g3g-S5&aql=&gs_l=img.1.1.0l3j0i24l5.2728.10039.0.12865.18.12.0.6.6.0.245.1303.7j4j1.12. 0...0.0.BQ6wIBoAfCc Observez la hauteur du mur d’eau et le sang froid de l’homme devant sa porte...
                          Il vous reste 48 h pour revoir des racine et des ailes sur fr 3 pluzz.

                          Bon dimanche à vous et Aloha.


                          • gordon71 gordon71 3 juin 2012 10:09

                            merci du lien lisa 


                            dantesque 

                            on se demande comment fait le phare pour résister

                          • gordon71 gordon71 3 juin 2012 10:15

                            j’allais dire : sang froid ou inconscience ? 

                             mais 
                            sur l’animation de guichard on voit que le type rentre au sec ..
                             

                            pas si fou, (mais gonflé quand même)

                          • Fergus Fergus 3 juin 2012 12:00

                            Bonjour, Lisa.

                            Merci pour le lien. Les photos de tempête sur les phares de la Jument et d’Ar Men figurent dans les grands classiques du genre et sont, à juste titre, très prisées tant elle sont spectaculaires.

                            Personnellement, je n’ai connu que deux très grandes tempêtes : une à la pointe du Raz où il était quasiment impossible de tenir debout et bien entendu impossible de faire la moindre photo tant était grande la violence du vent ; une autre à Saint-Malo où l’eau, sous les coups de boutoir, surgissait en geysers par les bouches d’écoulement sur le rempart, 15 m plus haut ; ce jour-là, les paquets d’embruns et d’écume montaient à la hauteur du 2e étage des maisons de Paramé. Impressionnant !


                          • Fergus Fergus 3 juin 2012 12:02

                            Bonjour, Gordon.

                            Merci également pour cet étonnant lien.


                          • bakerstreet bakerstreet 4 juin 2012 10:01

                            Au début du siècle, Anatole Le Braz faisait le voyage sur « La Louise », un steamer de cinquante tonneaux, qui assurait la navette trois fois par semaine.

                            J’ai relu dernièrement « le sang de la sirène », une nouvelle écrite sur l’île d’Ouessant. Il livre des éléments d’un voyage qu’il a fait là-bas. « Sur le pont une dizaine de personnes, y compris le matelot, le mousse et le capitaine. Celui-ci svelte et vigoureux tout ensemble, le torse moulé dans un tricot de laine bleu, se tenait debout derrière la roue du gouvernail. »

                            Peut-être bien que les îles sont les endroits du monde qui se prêtent le plus à l’utopie, et aussi à l’exclusion, volontaire ou non. Robinson échoue sur une île dont il ignore le nom. Pétain finit à l’île d’Yeu, Napoléon à Sainte-Hélène, Victor Hugo choisit de s’exiler à Guernesey. Thomas Moore choisit de placer son utopie politique sur une île. L’aspect pratique n’échappe à personne. Les géomètres n’ont pas besoin ici de borner les frontières. Et les flics et les gardiens de prison ont le travail facile.

                            En 77, nous avions été à l’hôtel de la duchesse Anne, cette grande barque retournée et sombre qui surplombe la mer. Le prix de la chambre se montait à un prix ridicule : Vingt cinq francs. Même en cette époque désargentée, cette modicité nous avait surpris. Mais où était donc ce fichu hôtel ? 

                             

                             Nous nous souvenions de la chambre sous les toits où nous avions passé deux nuits, des coups de boutoirs de la tempête qui la transformait en cabine de navire. Elle était tout en lambris, vaste, flanquée de deux grands lits en fer. Le papier peint décoloré semblait ne pas avoir été changé depuis le siècle dernier. Par la fenêtre on voyait l’océan, et le rocher de Lampaul, balayé par les vagues. Les vagues donnaient des coups de canons rageurs contre la côte. La nuit, le puissant phare de Crea’ch  balayait les lambris de la chambre, et dégageait des ombres fantastiques.

                             Nous avions si peu d’argent que le soir, le seul repas que nous nous étions accordé à l’hôtel était une soupe de poissons. Nous l’ avions dégusté cuillère après cuillère, dans un long cérémonial. Nous nous amusions des reflets des couverts dans la pénombre. Le courant d’air passant sous la porte faisait trembler les flammes de bougies. La tempête redoublait au dehors et nous nous dévisagions sans rien dire en souriant.

                             Cette fois-ci, il était complet. C’est drôle, on l’avait à peine reconnue. Il avait été modernisé, repeint en rose comme une villa niçoise. La grande salle en véranda sur le coté n’existait pas en 78. Je n’ai pas noté le nom de l’hôtel que nous avons trouvé dans le bourg. Ah, oui, peut-être « l’escale ». Les prestations étaient bien différentes de celle que nous avions trouvé autrefois à la « duchesse Anne ». Il semble que le poste TV, et l’accès aux chaînes câblées, sont devenus pour les hôtels un gage de modernité et de confort. Le voyageur autrefois faisait son choix sur la promesse des toilettes à l’étage plutôt que dans la cour, puis dans la chambre plutôt que sur le palier. Qu’en sera t’il demain ? Quelle prestation magnifique digne du catalogue des mille et une nuit vous promettra t’on pour vous attirer ? …

                              Nous aurions autant préféré la vue sur la mer, mais la rallonge à donner était étonnante, pour une île saturée de côtes. Il faut faire des efforts ici pour éviter la mer. Pas moyen d’y échapper. Vous aurez beau courir, les vagues seront toujours arrivés avant vous.

                              La vue donnait sur une série de cours intérieures, d’appentis en fibrociments. Des chaloupes étaient posées à l’envers sur le gazon.. On refaisait un cabanon. Il y avait une forme d’esthétisme dans ce décor banal. Mais je crois que nous étions assez heureux pour esthétiser n’importe quel le forme de décor. Il existe dans le voyage une forme de lyrisme qui vous fait magnifier n’importe quel lieu, au moins dans les premiers temps. Les travers des gens locaux vous semblent pittoresques, les paysages banals paraissent sublimes.. Plus tard, en découvrant les photos, vous vous apercevrez que c’est plus votre enthousiasme que vous-même qui a appuyé sur le déclencheur.

                             Mais ne pensez pas au futur ! C’est le début de la relation amoureuse. Les choses se gâteront bientôt inévitablement. Profitez de cet état de bonheur béat. C’est la jeunesse qui vous revient, son insouciance et son optimisme.

                             Deux heures à marcher dans la Lande et je me suis endormi dans la mousse. La mer était tranquille, elle faisait sa Méditerranée. Rien à voir avec la furie d’il y a trente ans. Le temps a passé, la mer s’est assagie, et le pétrole a coulé sous les ponts. Moi-même, j’ai mis de l’eau dans mon vin et je ne monte plus les escaliers quatre à quatre.

                              A l’époque, un gigantesque pétrolier de deux cent mille tonnes était cassé en deux sur les rochers. Il sert maintenant de repère aux poissons. Il s’est englouti à la mi-78, à peine quelques mois après que nous étions passés. Je me souviens, la photo du désastre trônait dans tous les cafés. C’était un peu comme si les habitants de l’île étaient fiers de ce naufrage, et qu’ils exposaient leur photo comme un trophée de chasse.

                             Des cartes marines de l’île et de ses récifs font l’anecdote des naufrages. Cent cinquante, deux cent navires ? Des Grecs, des Américains, des Russes, des Anglais, des Espagnols. Des bateaux à voiles, à vapeur. Des cuirassés, des galères, des chalutiers, des gabares, des péniches ayant fui la lenteur des fleuves impassibles, des pédalos évadés des plans d’eau trop étroits, des trois-mâts arrogants ayant fait trois fois le tour de la terre avant de venir se planter là, faute d’avoir vu trop tard le phare de la Jument ou du Crea’ch, et même en l’ayant vu, incapable de dévier de la force des courants pervers.

                             Peut-être bien que cette île est comme un gigantesque aimant avide de tout ce qui passe à sa portée. Les habitants en ont longtemps profité. La récupération fait partie de la culture de toutes les îles, mais toutes ne sont pas autant naufrageuses. Les meubles de bien des maisons sont faites du bois des désastres marins. « Fortune de mer » disait-on, pour dire que dieu avait juste rattrapé son retard de livraison.


                            • Fergus Fergus 4 juin 2012 12:00

                              Bonjour, Baker Street.

                              Merci pour ces souvenirs à la fois très précis et chargés d’authenticité.

                              Ouessant, sur le plan touristique, a quelque changé depuis qu’elle est devenue une destination prisée, ce qui était guère le cas dans les années 70. Conséquence, les prix ont grimpé dans les hébergements de charme, sans être scandaleux pour autant. Actuellement l’hôtel qui attire le plus est le Ty Jan Ar C’hafé pour ses chambres personnalisées et décorées avec soin. Personnellement, c’est dans une chambre chez l’habitant très rustique que j’ai été herbergé la première fois sur l’île, chez un dénommé Ange Salinas dont le nom évoquait plus la Corse ou un roman de Steinbeck.

                              Les « fortunes de mer » ont toujours joué un rôle essentiel dans la survie des îliens en leur apportant notamment du bois sont ils étaient privés. Mais pas seulement : comme je le raconte dans « Une héroïne au pays des naufrages » (cf. lien dans l’article), c’est une manne de bougies et de barriques de vin qu’a apporté aux Ouessantins l’échouage du Vesper en 1901 !

                              Par chance, l’épave de l’Olympic Bravery (heureusement à vide lors du naufrage) a effectivement très vite disparu du chenal de Keller. Ce n’est pas le cas du Plassey, échoué sur les roches de l’île d’Inisheer (archipel d’Aran) et qui est devenu l’une des attractions préférées des gamins en visite sur cette île.

                              Pour ce qui est du rôle de mise à l’écart des îles, souvenons-nous également de la célèbre maison de correction installée naguère dans la forteresse de Belle-ïle.


                              • bakerstreet bakerstreet 4 juin 2012 16:05

                                Bonjour Fergus

                                C’est bien cet hommage à Ouessant et à la Bretagne.
                                Que d’histoires à raconter, dont les moindres noms géographiques font écho.
                                Vous parlez de cet ile Keller, si étrange de l’autre coté d’un chenal, avec cette étrange bâtisse que l’on croirait extraite des « hauts de Hurlevent »...
                                Ouessant, c’est la Patagonie, l’ile de Pâques et les Kerguelen réunis..

                                En 77, le bateau était plus petit, mais les images tout aussi grandes.
                                Mon vieux Canon, acheté aux Indes à un australien en déroute était tombé à l’eau à mon grand désespoir et je n’avais pu faire de photos.
                                 Néanmoins, je les avais toujours en tête, quand j’y suis revenu en 2008, et j’ai pu constater avec bonheur, que malgré quelques retouches de façade, l’ile n’avait pas changé d’un poil. Des habitants authentiques, sans entretenir de cliché, sympas et serviables. Un endroit où l’on n’avait pas besoin d’attacher un antivol à son vélo....

                                C’est malheureusement moins vrai de Belle-ile, qui est devenu une sorte de nouvelle ile de Ré, et dont les charmes indéniables sont quelques peu gommés.
                                Le touriste aura tout aussi d’avantage à s’arrêter à l’ile de Groix, juste en face de Lorient
                                Vous rappelez cette fameuse maison de correction, à Belle ile, qui mériterait sans doute un article : Poème à la Prévert, si l’on peut dire ainsi, puisque notre homme d’ailleurs illustra ce célèbre fait divers par son poème « la chasse à l’enfant », si je ne m’abuse du titre.
                                 Un film devait être fait sur cette histoire, l’équipe de cinéma était d’ailleurs sur l’ile, mais le film fut arrêté pour de mystérieuses raisons : Il racontait la mutinerie, la fugue des enfants de l’ile, loin du bagne, par tous les moyens possibles.
                                 Récupérés, ils furent fouettés, mis au cachot....

                                Si l’on avait d’abord entendu la voix des braves gens indignés par le sort trop facile de ces pauvres gosses à qui il fallait encore serré la vice, tout à coup s’enclencha en France une campagne d’indignation : « Comment pouvait on être si cruel encore en France dans les années vingt ?
                                Cet événement, une des premières campagnes de presse, fut suivi des premières loi de protection de la jeunesse, et d’une orientation éducative.. Si la maison de correction de Belle ile continua à trimballer sa sinistre réputation, au fil des années, et surtout après guerre, elle permit néanmoins à certains pauvres gosses de prendre appui sur l’aide d’éducateurs, qui s’étaient subtilisés aux gardes chiourmes, pour leur redonner confiance, tout en leur donnant un métier.
                                Mais j’ai vu que vous étiez éducateur. Sans doute je ne vous apprends rien.
                                Voilà longtemps à Belle ile que l’on entend plus la cloche, qui sonnait quand un gamin s’évadait. Alors c’était la chasse à l’enfant. Une prime était offerte. Gardiens et habitants s’entendaient parfois entre eux, dit-on, pour laisser échapper un gamin, le rattraper, et se partager la prime.
                                Ce genre d’histoire n’est pas disponible à l’office du tourisme. Son évocation dans ma belle famille laissait place aux silences embarrassés. Tout cela n’était que de vieilles histoires.
                                Une autre époque il est vrai....Je pourrais vous raconter celle des marins de Locmaria et du bourg, qui ne pouvaient pas se sentir, même quand ils étaient ensemble au foyer de personnes agées de Groix....
                                 »Certains ont été au bout du monde, m’avait dit une vieille centenaire, alors que j’étais stagiaire, mais ils n’ont jamais foutu les pieds à Locmaria !"


                              • Fergus Fergus 4 juin 2012 16:36

                                @ Bakerstreet.

                                Entièrement d’accord avec vous : Belle-ïle est magnifique à bien des égard, et ce n’est pas un hasard si elle attire tant de touristes. Malheureusement beaucoup parmi eux exportent dans l’île le temps de leur séjour des habitudes venues de Paris comme c’est le cas également dans les villes et villages de la côte morbihannaise proche de l’embarcadère de Port Maria, entre Quiberon et Carnac. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je préfère m’y rendre au printemps : les migrations y sont encore limitées et l’île est couverte d’ajoncs en fleurs.

                                Pour ce qui est de la maison de correction de Belle-Ile et du sort réservés aux gamins qui y ont longtemps été affectés, le fait est que cela vaudrait la peine de rédiger un article. A cet égard, vous en parlez si bien et avec tant de justesse que la paternité d’un tel article semble devoir vous revenir de plein droit. Peut-être évoquerai-je un jour, pour ma part, le « Grand dérangement », autrement dit la déportation de population vers l’Acadie, qui a profondément marqué l’histoire de Belle-Ile. Une histoire, me semble-t-il, méconnue de beaucoup de nos compatriotes.

                                Bnne journée.


                              • bakerstreet bakerstreet 4 juin 2012 16:48

                                Fergus

                                L’histoire de France est une mosaïque de petites histoires, dont les échos linguistiques sont aujourd’hui parlants.
                                Bien des mots Belles Ilois encore utilisés aujourd’hui sont issus de l’histoire de ces acadiens qui s’installèrent à Belle Ile.
                                Je vous encourage dans ce travail passionnant, et c’est vrai bien peu connu, hors des autochtones.


                              • Talion Talion 4 juin 2012 13:53

                                Heu...

                                Message à tous ceux qui seraient amenés à lire cet article : L’auteur affabule complètement !...

                                Ouessant est une île au climat aussi dégueulasse que dans le reste de la Bretagne, vous perdriez donc votre temps à venir vous égarer par ici... Je suis par conséquent certain que vous trouverez bien mieux à faire de vos si courtes vacances !

                                Je vous promets que venir ici ne sera pas une bonne idée... La région PACA est surement beaucoup mieux.

                                ...

                                Message pour l’auteur : Ça va pas non ?!... Qu’est-ce qui te prend de vendre la mèche ?!!! A cause de toi on va se faire envahir par des parisiens en short alors qu’on était peinard chez nous !
                                Ça fait des années qu’on les intoxique avec l’idée que la Bretagne est une région pluvieuse, froide, humide et peuplée de gens à la limite de la barbarie !

                                Par ta faute ils vont se rendre compte que c’est des conneries et nous envahir !

                                Maudis sois-tu espèce de traitre !  smiley


                                • Fergus Fergus 4 juin 2012 16:12

                                  Bonjour, Talion.

                                  Tu as raison, il faut absolument éviter d’attirer là des gens qui ne sont pas de vrais mordus de la Bretagne. Mais honnêtement le risque est faible tant ces personnes-là restent accrochées aux bons vieux clichés météorologiques.

                                  Quand même, mieux vaut se méfier. C’est pourquoi je n’ai pas écrit que le légendaire crachin n’est plus qu’une légende, et que les îles bretonnes - et cela vaut pour Ouessant - bénéficient de l’un des plus doux climats de France en hiver, d’où la prolifération des palmiers à Batz et Bréhat, pourtant situés en Bretagne nord.


                                • Talion Talion 4 juin 2012 19:04

                                  « Mais honnêtement le risque est faible tant ces personnes-là restent accrochées aux bons vieux clichés météorologiques. »

                                  Il faut dire qu’on fait tout pour !... La tranquillité est à ce prix.  smiley 


                                • clostra 4 juin 2012 20:28

                                  mais il y a aussi ceux qu’il faut convaincre pour s’y retrouver avec quelques amis...

                                  A ceux-là je dis qu’il y a « les années Bretagne » et qu’on ne peut pas deviner...des années Bretagne avec des vrais feux de forêt...


                                • Taverne Taverne 4 juin 2012 15:06

                                  Salut Fergus,

                                  Je n’ai pas ton adresse mail ou je l’ai perdue. Je te contacte pour te faire part de mon projet « Humanitudes » qui a pour ambition de rassembler tout ce que l’homme a produit de plus beau. La devise : le minimum à lire, le maximum à regarder et à écouter. La charte : sur ce site, pas de polémique ni de querelles ni de politique.

                                  J’y ai inclus tes articles sur la musique classique (ainsi que les miens). Dis-moi ce que tu en penses, si cela te convient. Ce n’est que la première ébauche...Je n’ai pas recopié les articles : les liens pointent vers Agoravox. C’est mieux ainsi. Je ferai d’autres vidéos au fur et à mesure pendant mon temps libre...

                                  Paul


                                  • Fergus Fergus 4 juin 2012 16:16

                                    Salut, Paul.

                                    Promis, je vais aller voir cela de près... entre deux cartons car je prépare mon déménagement pour Dinan, « la perle des Côtes d’Armor » comme l’affirment les autorités costarmoricaines.

                                    En attendant, merci de ta confiance, et merci également pour les liens vers mes articles de musique classique.

                                    Bonne journée.


                                    • bakerstreet bakerstreet 4 juin 2012 17:23

                                      Il est vrai qu’il flotte sur cet article une grande sérénité !
                                      Pas d’invectives, de petits règlements de compte mesquins.
                                      Il semble que chacun écoute le bruit de la mer
                                      L’oreille collé au coquillage.

                                      Une alternative au portable ?


                                      • clostra 4 juin 2012 20:34

                                        Allez une petite histoire pour ceux à qui ça arriverait. Cette histoire m’a été contée.

                                        Se retrouver dans le raz de Sein avec une inversion de marée et/ou « le vent qui tombe »...
                                        Une inversion de marée qui place le bateau (à voile) sur un tapis roulant qui vous emmène droit sur les rochers, c’est très ennuyeux.

                                        Alors un petit conseil, pour créer un différentiel, pensez à l’ancre flottante...

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